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confiance, et partagea ses dépouilles. Toute la Judée fut bouleversée et le peuple infidèle dispersé par toute la terre; car ainsi l'avait mérité cette race perfide. Toutes les paroles de Notre-Seigneur, nous le voyons, sont des prophéties; elles renferment en elles le présent, le passé et l'avenir.

D'après la croyance des Juifs, trois démons, chefs de tous les autres, répondaient aux trois princes de la hiérarchie céleste, Raphaël, Michel et Gabriel: ces trois démons étaient Sammaël, l'ange de la mort, Beelzebul et Asmodée. Sammaël avait séduit les anges dans le ciel et nos premiers ancêtres au paradis terrestre; Asmodée était occupé continuellement à perdre les hommes. Pour Beelzebul, le fort de l'abîme, c'était lui qui fermait les portes de l'enfer. Son nom seul le désignait déjà comme le maître de la maison, ou bien encore comme le démon de l'impureté, c'est-à-dire, dans la pensée des Juifs, du paganisme. Ainsi, lorsqu'ils accusaient Jésus d'être possédé par Beelzebul, ils voulaient le faire passer pour un pythonicien, et le confondre avec ces jongleurs de bas étage et ces magiciens qui devaient à l'influence des puissances infernales l'art perfide qu'ils exerçaient pour séduire les hommes. Les contemporains de l'Homme-Dieu, ne pouvant se refuser à l'évidence des miracles qu'il opérait sous leurs yeux, se voyaient contraints, par suite de leur aveuglement et de leur méchanceté, à les attribuer aux influences du démon; car on n'avait pas encore appris à les expliquer par le magnétisme. Cette triste ressource était réservée à notre époque. Les pharisiens cherchaient à persuader au peuple que Jésus avait appris la magie pendant son séjour en Égypte, et qu'il l'en avait rapportée par le moyen

d'une incision faite dans sa chair, comme on le lit en plusieurs endroits du Talmud.

Notre-Seigneur tourne cette accusation contre les disciples de ces pharisiens qui étaient en opposition directe avec les anciennes écoles de prophètes fondées par Élie. Flavius Josèphe nous raconte effectivement (Antiq., vIII, u, v) qu'il y avait de son temps des magiciens juifs, et que l'un d'eux, nommé Éléazar, qu'il avait connu luimême, donna des preuves remarquables de son art mystérieux en présence de l'empereur Vespasien, de ses fils et de toute l'armée romaine, à peu près comme l'avaient fait autrefois les mages d'Égypte sous les yeux de Pharaon et de Moïse. Il tenait, par exemple, sous le nez des pythoniciens qu'il avait à son service un anneau renfermant une racine enchantée; et au même instant ces hommes s'affaissaient et tombaient. Mais le démon, sur son commandement, passait du corps de ces possédés dans un vase d'eau qui était là tout près, le renversait et faisait mille autres tours de cette sorte.

C'est contre ces hommes que Jésus-Christ dirige ses paroles, leur reprochant d'être eux-mêmes les esclaves des puissances aveugles de la nature, et, en conjurant un démon d'en faire venir sept autres, d'empirer ainsi les choses au lieu de les améliorer. Il est remarquable, au reste, que, d'après l'aveu de l'historien juif lui-même, quoiqu'ils fissent leurs conjurations au nom de Salomon, qui, disaient-ils, avait appris de Dieu cette science, leurs formules n'avaient plus la même vertu que celle de ce grand roi. Les païens aussi avaient leurs conjurations, et les rabbins nous apprennent eux-mêmes la manière dont ils faisaient leurs exorcismes. Nous lisons, en effet, dans

le traité intitulé: Bammidbar Rabba, sect. 19, fol. 238, et dans le traité intitulé: Tanchuma, fol. 70, 1 : « R. Jo«< chanan, fils de Sachée, dit à un prosélyte : As-tu été << quelquefois obsédé du mauvais esprit? I le nia. Le << docteur lui dit alors: As-tu vu quelquefois un possédé? << Sur son affirmation, le rabbin lui dit : Que faites-vous « à un possédé? Le Gentil lui répondit: Nous employons « des herbes, et nous excitons la fumée sous lui; puis << nous l'aspergeons d'eau, et le démon s'enfuit. »> Dans les Actes des Apôtres (xIx, 14) nous voyons que les sept fils du grand prêtre Scevas cherchaient à conjurer les démons au nom de Jésus, en disant sur le possédé ces paroles : « Je te conjure au nom de Jésus, que prêche << Paul. » Mais le démon leur répondait : « Je connais « Jésus, et Paul aussi; mais vous, qui êtes-vous? >>

Jésus continua et dit : « Qui n'est point pour moi est « contre moi, et qui n'amasse point avec moi dissipe. En « vérité, je vous le dis, tout péché et tout blasphème que « les hommes commettront contre les enfants des hommes « leur sera remis. Si même quelqu'un parle contre le << Fils de l'homme, son péché peut lui être pardonné : « mais celui qui blasphème le Saint-Esprit n'obtiendra « rémission ni en cette vie ni en l'autre, mais encourt la « peine éternelle. Race de vipères, comment pouvez« vous dire de bonnes choses, puisque vous êtes mé<< chants? Car c'est de la plénitude du cœur que la bouche « parle. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on « le raisin sur des épines, ou les figues sur des ronces? « Une source salée peut-elle donner une eau douce? Le « figuier peut-il donner des raisins, ou le cep des figues? «Puise-t-on de l'eau douce et de l'eau amère d'une même

<< source? Non; on ne cueille point de figues sur un « buisson d'épines, ni de raisins sur une haie; mais on « distingue l'arbre aux fruits. Ainsi l'homme qui est bon «tire le bien du bon trésor de son cœur, tandis que <«< celui qui est méchant tire le mal du mauvais trésor de « son cœur. Mais, je vous le dis, les hommes au jour du « jugement rendront compte de toute parole mauvaise; << car tu seras justifié par tes paroles, et tu seras con« damné par tes paroles. >>

S'il n'y a point aux yeux de Dieu de juste-milieu, et si tous ceux qui ne sont pas pour le Christ sont contre lui, combien plus sévère devait être le jugement de ces hommes qui, méconnaissant l'esprit de Dieu, principe de tant de miracles d'amour, les attribuaient à l'esprit de l'abîme, traitant de possédé celui qui avait reçu d'en haut le pouvoir de délivrer les démoniaques? Aussi le Christ prononce sur eux la sentence de réprobation; et c'est aux objets qui s'offraient à sa vue qu'il emprunte les images sous lesquelles il exprime sa malédiction. Le pays de Gennésareth, en effet, était planté de figuiers et de vignes; et près de Magdala et de Chammath en particulier il y avait une multitude de sources chaudes et salées, qui n'ont disparu que depuis quelques années par un tremblement de terre. C'était là aussi que coulait la source de Mirjam, si célèbre chez les rabbins. La vallée de Gennésareth porte sur son sol, composé en partie de basalte, les traces d'anciennes révolutions volcaniques. Encore aujourd'hui plusieurs volcans éteints, placés à quelque distance les uns des autres, forment comme une longue ligne qui s'étend au delà du Jourdain, du côté de la mer Morte, et qui, à travers le désert, continue jusqu'en

Égypte, indiquant ainsi le chemin que les tremblements de terre ont coutume de prendre en partant de la Syrie. C'est pour cela que l'on trouve en ce pays beaucoup de sources chaudes ou autres; et ce sont elles qui ont fourni à Notre-Seigneur une partie des images qu'il a employées en cette circonstance en parlant aux Juifs.

« Et il arriva que, pendant qu'il parlait ainsi, une « femme éleva la voix du milieu du peuple, et lui cria : « Heureux le corps qui vous a porté, et le sein qui vous « a nourri. Et lui répondit : Oh! bien plus heureux ceux « qui écoutent la parole de Dieu et qui l'observent. »

CHAPITRE XVI

Le Christ en extase.

Sa mère et ses frères.

Cette femme avait parlé ainsi parce qu'elle avait aperçu la mère de Jésus qui approchait. En effet, « les siens en<< tendant ces choses, » c'est-à-dire les blasphèmes des pharisiens contre lui, « vinrent pour l'arrêter; car ils disaient est hors de lui. » (Marc, m, 21.) Le Christ hors de lui! Et ce sont les siens qui parlent ainsi! Comment faut-il donc entendre leurs paroles? Il s'agit ici certainement d'un état d'extase, où l'âme, arrachée à la vie des sens, est transportée dans une sphère plus élevée. Mais, de même que l'âme est le lien qui unit la partie inférieure et la partie supérieure, l'esprit et le corps, ainsi il existe un double rapport entre cette région intermédiaire et le ciel ou le bien, d'un côté, et l'enfer ou le mal, de l'autre. Il y a une extase naturelle ou tellurique.

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