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«Et ils se levèrent pour le faire roi. » Ces hommes appartenaient à ce même peuple qui peu de temps auparavant s'était laissé entraîner par Judas, fondateur de la secte des Zélateurs; ce même peuple qui, sous la conduite de ce chef, s'était révolté contre la domination romaine à l'occasion du recensement que Quirinius avait été chargé de faire. C'étaient des hommes partisans de la liberté, parmi lesquels se trouvait alors Simon le Zélateur, qui fut plus tard disciple de Jésus. C'était ce même peuple qui, moins de vingt ans après la mort du Christ, se révolta plusieurs fois sous Theudas le Magicien et d'autres faux messies. Dans ses idées de grandeur mondaine, il voulait encore aujourd'hui faire de son Messie un roi temporel et le chef d'une puissante armée, afin de conquérir par lui cette prospérité terrestre qu'il rêvait toujours. Mais le Christ avait bien d'autres pensées et un autre but. Il avait souvent autour de lui jusqu'à dix mille personnes; et la multitude qu'il avait nourrie miraculeusement pouvait bien monter à ce nombre, en comptant les femmes et les enfants. Un signe de sa part eût suffi pour soulever toute la Galilée et la Judée, où régnait une fermentation générale. Mais il avait déjà repoussé dans le désert la tentation de fonder un royaume temporel.

CHAPITRE IV

Jésus marche sur la mer.

« Jésus, remarquant qu'ils venaient dans le dessein de «<le prendre, et de le forcer à se déclarer leur roi, con

« traignit ses disciples à monter dans une barque et à << passer sur l'autre rive, pendant que lui resterait pour «< congédier le peuple. Et il se retira seul sur la mon«tagne pour y prier. Il y était seul encore, lorsque le << soir arriva. Les disciples descendirent donc vers la << mer, montèrent dans une barque et allèrent de Beth«saïda vers Capharnaüm. Il se faisait déjà tard, et le Sei<< gneur était encore seul et ne les avait pas rejoints. Or « la mer était furieuse, et la barque était violemment « agitée par les flots sur le lac, parce qu'un grand vent « s'était élevé. Et il les voyait faire de grands efforts pour << ramer. Mais vers la quatrième heure de la nuit, c'està-dire après le premier chant du coq, il vint à eux; et

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après qu'ils avaient déjà ramé l'espace de 25 à 30 stades, «< ils virent Jésus marcher sur la mer et approcher de la << barque comme s'il voulait venir à eux. Ils le prirent << pour un fantôme, furent effrayés, et dans leur effroi « poussèrent un grand cri. Mais lui, leur adressant aussia tôt la parole, leur dit: Prenez courage, c'est moi, ne « craignez point. Alors Simon - Pierre lui dit : Si c'est «vous, Seigneur, ordonnez-moi d'aller à vous sur l'eau. «Viens donc, lui dit Jésus. Pierre descendit alors de la << barque, et marcha sur les flots. Mais quand il vit le « vent si violent, il eut peur; et alors, commençant à << enfoncer dans l'eau, il cria et dit: Seigneur, sauvez« moi. Jésus lui tendit aussitôt la main, le prit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? Et pen<«<dant qu'ils le prenaient dans leur barque, le vent « s'apaisa, et dans un instant ils abordèrent au rivage << qu'ils voulaient atteindre. Ce miracle les plongea dans << l'étonnement et l'admiration; et ceux qui étaient dans

«la barque vinrent à lui, tombèrent à ses pieds, et lui << dirent Vraiment, vous êtes le Fils de Dieu. Et lorsqu'ils << eurent abordé, ils se trouvèrent dans la contrée de Gen<< nésareth, et c'est là qu'ils descendirent. »

Quel est celui qui marche sur les flots, apaise les vents et les vagues? C'est l'Éternel, c'est le Christ, le Fils du Père céleste. Quiconque met en lui sa confiance ne succombe point aux tempêtes de cette vie, mais il marche d'un pas ferme sur les flots irrités. Ceci a pour nous une vérité idéale; mais dans la vie du Christ l'idée et la réalité marchent toujours ensemble.

CHAPITRE V

Les pharisiens demandent à Jésus un signe au ciel.

<< Dès qu'ils eurent abordé et qu'ils furent descendus de « la barque sur l'autre rive, les habitants de ce lieu le « reconnurent. Ils coururent et envoyèrent dans tous les << environs, lui apportèrent tous leurs malades, le priant « de leur permettre de toucher seulement le bout de son « vêtement. Il les guérit et les congédia. » Ils le reconnurent d'une manière confuse encore, il est vrai; mais pourtant ils ne pouvaient s'empêcher de voir en lui le grand prophète qui leur avait été promis. Ils savaient que le temps de sa venue était arrivé, et ils étaient attentifs aux moindres choses qui pouvaient le leur découvrir. La contrée où il se trouvait alors était celle de Magdala, patrie de Marie, la grande pénitente. A une demi-lieue à peu près de Magdala s'élève une forteresse nommée autrefois

Mesilloth, et qui s'appelle aujourd'hui Calaat Hamam, ou le Château des Tourterelles. Elle est située tout près des ruines d'Irbid ou de l'ancienne Arbela, la ville de Dieu. Cette ville, imprenable par sa position, richement pourvue à l'intérieur de puits et de citernes, compte une histoire de plus de 26 siècles. Osée, en effet, parle déjà de Beth Arbeel avant que Rome existât. Les Syriens avaient réussi à s'y établir (Machabées, [er livre, ch. ix, vers. 2), et le roi Hérode avait repris par la ruse le château, qui était devenu une retraite de voleurs. Josèphe en fortifia de nouveau les cavernes dans la guerre des Juifs, et elles jouèrent aussi plus tard un rôle considérable dans les croisades.

En face et au bas de cette ville de Dieu sont situées les sources chaudes de Chammath et de Magdala. C'est là, d'après une tradition rapportée par le Livre d'Enoch, ch. Jer, et par Celse, que soixante-dix des enfants de Dieu descendirent vers les filles des hommes, et que de leur union naquit la race impie des Titans, qui, à cause de leurs péchés, furent enchaînés sous la terre, de sorte que de leurs larmes brûlantes sortirent les sources chaudes qui coulent en cet endroit. Les populations qui habitaient ces contrées au temps de Notre-Seigneur Jésus-Christ se distinguaient entre toutes les autres par leur impiété et leur libertinage; et, semblables à ceux qui les avaient précédés du temps de Noé et de Loth, ils méritaient d'être précipités dans les ténèbres extérieures, ou jetés dans la mer, une meule au cou.

« Les pharisiens vinrent le trouver, et commencèrent << à disputer avec lui. D'accord avec quelques docteurs de «la loi et quelques sadducéens, ils cherchèrent à le ten

« ter, et lui demandèrent un signe au ciel, en disant : << Maître, nous voudrions bien voir un signe de vous au « ciel. » On lit dans le Schabbat, fol. 139, que les disciples de José, fils de Kisma, lui ayant demandé quand viendrait le fils de David, il répondit: Je crains beaucoup que vous ne me demandiez un signe. Les pharisiens avaient appris par les disciples de Jésus le miracle qu'il venait de faire, et ils avaient été témoins des guérisons remarquables qu'il avait opérées. Ils ne pouvaient contester les prodiges qu'il avait faits sur la terre; il leur en fallait d'autres au ciel. Ce qu'il avait fait jusqu'ici ne leur suffisait pas, il fallait encore que, comme Moïse, il fit tomber le pain du ciel; que, comme Josué, il fit éclater des signes au soleil et dans la lune; que, comme Samuel, il fit gronder le tonnerre et pleuvoir la grèle; et que, comme Élie enfin, il appelât sur la terre la pluie et le feu du ciel. Ce qu'ils cherchaient dans les miracles, ce n'était pas une preuve de la divinité de Jésus-Christ, mais une occasion de disputer avec lui. Ils demandaient ce qui était en apparence impossible; mais, lors même qu'ils l'auraient obtenu, ils n'en auraient pas été plus convaincus pour cela, à cause de leur mauvaise volonté. Et c'est là ce qui arrive encore tous les jours sous nos yeux pour les incrédules plus on leur donne de preuves, plus, à la manière des Juifs, ils en demandent. Ce n'est pas assez pour les convaincre que nous leur montrions des signes qui ont paru, soit sur la terre, soit au ciel; ce n'était pas assez pour les pharisiens que l'étoile du Messie eût paru dans le firmament, et annoncé le terme de l'attente et des espérances du genre humain. Pour leurs cœurs endurcis, il fallait d'autres signes et d'autres merveilles. Ils vinrent,

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