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Sauveur, et dont les habitants s'assemblèrent particulièrement en ces jours autour de lui, comprenait dix villes, parmi lesquelles Pline compte aussi Damas. Ces villes, au fond, n'étaient point rentrées dans la possession des Juifs depuis leur retour de la captivité, et, quoiqu'elles fussent situées dans la Palestine, elles étaient restées aux païens. Elles avaient une constitution municipale particulière, et étaient unies entre elles par des liens politiques. Aussi les Juifs les voyaient d'un mauvais œil. L'historien Josèphe nous apprend leurs noms lorsqu'il raconte comment, dès que la guerre des Juifs commença d'éclater, ceux-ci se jetèrent avec fureur sur les villes païennes de la Syrie, et Y mirent tout à feu et à sang. C'était Philadelphie, Sébonis, Gérasa, Pella, Scythopolis, Gadara, Hippos et Gamala. C'est à Pella que les chrétiens cherchèrent un asile avant la ruine de Jérusalem. Les rabbins ajoutent à ces villes Capharzémach, sur les frontières de la Cœlésyrie; Bethgubrin ou Gabara, à 40 stades de Jotapata, près de Zipporis et de Tibériade, l'une des principales villes de la Galilée; Caphar Carnaïm dans le pays de Basan. Cette ville était vraiment païenne, elle portait aussi le nom d'Astaroth Carnaïm, à cause d'un temple célèbre de la déesse phénicienne. Elle s'appelle aussi Carnion Atargation dans les livres des Machabées, à cause du culte qu'on y rendait à la déesse Dercéto. Il est certain que la Décapole comprenait plus de 10 villes, comme on le voit déjà chez Pline. Abila, entre autres, était considérée comme en faisant partie.

La Décapole, que Notre-Seigneur favorisa de sa divine présence, était située en face de l'ancienne Pentacole, que Dieu avait détruite dans sa colère. Les populations de

ces villes et de leurs environs, ayant appris que la vie de Notre-Seigneur était en danger, accouraient en foule vers lui. Il y avait parmi eux et des païens et des enfants d'lsraël. Ils venaient non-seulement pour l'entendre, mais bien plus encore pour le protéger contre les embûches dont ils le savaient entouré. C'était ce même peuple à qui Hérode avait enlevé son prophète Jean-Baptiste, et dont il craignait, à cause de cela, la révolte. Ils voulaient défendre le Sauveur, et le préserver du sort auquel avait succombé Jean-Baptiste, ou bien encore venger la mort de celui-ci. Et en effet la vie de Jésus était menacée, et c'est pour cela qu'il avait pris des chemins détournés; c'est pour cela qu'il s'était séparé de ses disciples, et qu'il les avait envoyés ailleurs, afin de mieux rester caché. Depuis qu'il était descendu du Thabor, la souffrance avait commencé pour lui. Il n'y était monté que pour être fortifié par son Père céleste, et accomplir ensuite la seconde moitié de sa vie publique.

CHAPITRE II

Jésus nourrit miraculeusement cinq mille hommes.

« Jésus, étant arrivé dans le pays, alla sur une mon<<<tagne solitaire, afin d'y être seul. Il s'assit avec ses dis«ciples, s'entretint avec eux du royaume de Dieu, et se << mit à leur enseigner beaucoup de choses. » Le peuple cependant ne cessa point de le chercher et de s'enquérir du lieu où il était; et ils le cherchèrent pendant trois jours. « Lorsqu'enfin il se montra, et qu'il vit la grande

<< multitude de peuple qui était venue vers lui, il en eut « une tendre compassion: car ils étaient épuisés et dis« persés comme des brebis sans pasteur; et il guérit leurs « malades. Ensuite il dit à ses disciples: La moisson est << abondante; mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le « maître de la moisson qu'il envoie des ouvriers dans sa « vigne. Et voyant qu'ils n'avaient point d'aliments, il « dit: Voilà déjà trois jours qu'ils m'attendent, et ils n'ont << rien à manger. » Ils avaient, pendant ces trois jours, épuisé leurs provisions. L'histoire des Juifs nous offre de remarquables exemples de' cette persévérance. Nous avons déjà vu plus haut qu'ils étaient restés une fois cinq à six jours sans boire ni manger devant le tribunal de Pilate à Césarée, le suppliant de faire disparaître de Jérusalem les enseignes des légions, qui étaient pour eux un objet de scandale.

«Mais comme le jour commençait à décliner, les douze « vinrent aussi à lui et lui dirent: Congédiez le peuple, « pour qu'ils aillent dans les bourgs et villages des envi<< rons trouver un gîte et des aliments; car le lieu ici est « désert, et il est déjà tard. Mais Jésus dit: Si je les ren« voie avant qu'ils aient mangé, ils tomberont en défail«lance sur la route; car plusieurs d'entre eux sont venus « de loin. Et, se tournant vers Philippe de Bethsaïda, « qui était du pays, il lui dit : Où acheter du pain pour « qu'ils aient de quoi manger? C'était seulemeut pour

l'éprouver qu'il parlait ainsi ; car il savait bien ce qu'il « voulait faire. Philippe lui répondit: Deux cent deniers << ne suffisent pas pour acheter du pain de quoi les nour«rir, même en n'en donnant que peu à chacun. Mais les

autres disciples dirent: Où pourra-t-on, dans ce lieu

« désert, trouver du pain de quoi nourrir une si grande « multitude? Il leur demanda : Combien avez-vous de << pains! Allez voir. Et lorsqu'ils l'eurent fait, André, « un de ses disciples et frère de Simon-Pierre, lui dit: « Il y a ici un jeune homme qui a cinq pains d'orge et «deux petits poissons; mais qu'est-ce que cela pour tant << de monde? Jésus leur répondit: Il n'est pas nécessaire « qu'ils s'en aillent; donnez-leur à manger. Et il dit : Apportez-moi les cinq pains et quelques poissons, et « faites asseoir ces gens par rangs; car il y avait beau« coup d'herbe en ce lieu. Ils firent donc asseoir la foule «< comme il le leur avait dit. Ils s'assirent tous sur l'herbe >> par tribus ou communes, ou comme cela se rencontrait, « par division de cent et de cinquante, et il se trouva « de quatre à cinq mille personnes. » C'était du moins l'estimation qu'avait faite dès le commencement Philippe. En effet, en supposant que chacun eût reçu pour un as de pain, la somme serait montée à 200 deniers ou à 90 fr. environ de notre monnaie.

« Jésus prit les pains, leva les yeux vers le ciel, rendit grâces, les bénit, les rompit et les donna à ses dis«< ciples pour qu'ils les servissent à la foule. Ses disciples « les partagèrent au peuple. Il en fit de même des pois«sons, les bénit et les fit distribuer. Or, après qu'ils «<eurent mangé et se furent rassasiés, il dit à ses dis

ciples Recueillez les morceaux qui sont restés; et on << en recueillit tant qu'on en remplit douze corbeilles. » Chaque apôtre, allant à la ronde, remplit sa corbeille. C'étaient des corbeilles de voyage comme les Juifs avaient coutume d'en apporter avec eux lorsqu'ils allaient aux fêtes. Aussi Juvénal, parlant des Hébreux pauvres, dit que

tout leur mobilier consistait en une corbeille et du foin: Quorum cophinus fenumque supellex. Cette corbeille, qu'ils remplissaient aussi de foin pour s'en servir comme d'oreiller la nuit, était en effet tout leur mobilier. Et nous savons d'ailleurs combien pauvre était la vie d'un Juif. Des poissons fumés et salés étaient son aliment ordinaire. Aussi le Talmud prescrit-il de prononcer d'abord la bénédiction sur le salé, déclarant qu'il est valable pour le pain lui-même. C'était aussi la coutume alors de réserver quelque chose de son repas pour celui qui servait; et c'aurait été manquer aux convenances que de manger tout ce qui était sur la table. Ces portions laissées dans le repas avaient même un nom particulier chez les Juifs. Elles s'appelaient Peah, et elles ont fourni à l'un des traités du Talmud et son titre et sa matière.

Le Seigneur du ciel prit du pain de la terre et en rassasia tout le peuple, renouvelant sur une plus grande échelle le miracle qu'avait fait le prophète Élisée (2e livre des Rois, chap. iv). Ce miracle était aussi comme un prélude de celui qui s'opère continuellement sous nos yeux dans l'Eucharistie. Il se donnait en effet, pour ainsi dire, soi-même en figure à la multitude: car le prix des pains nécessaires pour la nourrir était précisément celui pour lequel il fut vendu par l'un de ses apôtres.

CHAPITRE III

Le peuple veut faire Jésus roi.

<< La foule, voyant quel miracle avait fait Jésus, disait : « C'est là vraiment le prophète qui doit venir au monde.

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