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du royaume; et par suite ils étaient aussi les conseillers habituels des rois, les instituteurs des princes, et exerçaient en cette qualité une grande influence dans les affaires de l'État. Pythagore avait été leur disciple, comme le reconnaissait toute l'antiquité; Démocrite d'Abdère avait aussi reçu leur enseignement. Ce n'était donc pas sans raison que l'antiquité plaçait en Orient la source de la sagesse qui avait illustré ses grands hommes. Ce sont aussi ces mêmes sages qui sont les premiers témoins du Verbe manifesté dans la chair, qui les premiers arrivent du fond de l'Orient avec leur troupe pour adorer le Dieu qui s'est révélé d'abord dans la création, et duquel Zoroastre rend des témoignages prophétiques si nombreux dans tous les écrits qui nous sont restés de lui. Les mages ont été appelés rois par la tradition, parce qu'on leur a appliqué littéralement la prophétie d'Isaïe ch. Lx, v. 3, et du psaume LXII, v. 10, qui annonçait qu'un jour les rois de tous les peuples tomberaient aux pieds de l'oint du Seigneur pour l'adorer; et parce que, d'un autre côté, ils vinrent à Bethleem au nom et comme envoyés du roi. C'est l'opinion de Hyde, et une tradition des livres sacrés des Indiens. Nous ne devons donc pas être étonnés lorsque Cicéron (liv 3, de Natura Deorum) et Philon, contemporain de Jésus-Christ (de Special. leg., p. 792), nous disent, à propos des mages, que la vraie magie, cette science spéculative qui nous permet de plonger nos regards dans les œuvres de la nature, est quelque chose de si noble et de si digne de tous nos efforts, que non-seulement des particuliers, mais même des rois, et les plus grands de tous les rois, ceux des Perses, se font un honneur de l'étudier, et que chez ce peuple aucun ne par

vient à la dignité royale s'il n'est devenu mage d'abord.

Dès les temps les plus anciens du royaume de Chine, l'empereur, au temps de la nouvelle lune, montait dans l'observatoire et fêtait religieusement l'accomplissement du petit cycle qui venait de s'écouler, et qui était la figure et comme le prélude de cette grande période sacrée de l'année prophétique de Dieu que les peuples attendaient. Nous lisons aussi que Darius Hystaspe, sous le gouvernement duquel vivait Zoroastre le jeune, s'occupait de l'astrologie, et se glorifiait d'enseigner lui-même les mages.

CHAPITRE VII

Suite du même sujet.

Les temps étaient accomplis; et comme les mages étaient à peu près au même degré de civilisation que les Juifs, selon cette sentence de l'oracle de Delphes: « Les Chaldéens seuls et les Hébreux ont acquis la sagesse,» ils rattachèrent aussitôt l'apparition de l'étoile à la venue du Rédempteur. La conjonction prophétique s'était faite sous leurs yeux, et ils savaient par la tradition que c'était la même sous laquelle Moïse, quinze cents ans auparavant, avait tiré d'Égypte le peuple d'Israël. Ils virent donc là un messager de la venue du Sauveur des peuples, et ils se préparèrent à suivre la lumière merveilleuse qui brillait aux cieux, comme autrefois Israël avait suivi la colonne de feu, qui, marchant devant eux, leur montrait le chemin de la terre promise. L'étoile leur montrait la Ju

dée mais, pour aller de la Perse en ce pays, une caravane a toujours besoin de cinq à six mois. (Chrysost., in Matth., homil. 7.)

A peine s'étaient-ils mis en route, que la seconde conjonction s'accomplit. Ils suivirent ce signe céleste pendant la nuit, comme les marins suivent la petite Ourse; et dans les commencements ils étaient forcés sans doute par la chaleur à voyager pendant la nuit. Ils partirent ainsi d'Iran ou d'Ur en Chaldée, au delà de l'Euphrate, patrie d'Abraham, et suivirent ainsi à travers les déserts la même route que ce patriarche avait faite longtemps auparavant. Ils arrivèrent au pied du mont des Oliviers, où l'on bâtit plus tard une chapelle en leur honneur; puis ils entrèrent à Jérusalem. En effet, l'étoile tout en guidant leurs pas, ne leur apprenait rien de certain sur le lieu précis où était né le Messie: autrement ils n'auraient pas eu besoin de prendre à Jérusalem des informations plus positives sur ce sujet. Une fois arrivés en cette ville, ils demandèrent, non s'il était né, car ils le savaient d'une manière certaine, mais où il était né. Ils espéraient sans doute trouver dans la ville royale le nouveau roi qu'ils cherchaient. Venus de si loin, ils ne connaissaient rien de la cruauté d'Hérode. Ils ignoraient que le nouveau dominateur devait naître pauvre dans la petite ville de Bethlehem. Au reste, ils devaient en tout cas traverser Jérusalem. Ils se présenterent donc au palais. Leur présence inquiéta grandement le tyran, et la ville entière fut consternée avec lui, ne sachant encore sur qui se déchargerait sa colère. Cependant, pour mieux cacher son jeu, Hérode fit semblant de n'attacher aucune importance aux prophéties des mages; il leur accorda, à eux et à leur suite seulement, la faculté

de continuer leur voyage, en leur recommandant toutefois le plus grand secret. Il avait dû être blessé de leur question: Où est né le roi des Juifs? Car il était lui-même un usurpateur. Mais cette question nous montre en même temps combien ils étaient étrangers aux événements de ce pays.

<< Et voilà que l'étoile qu'on avait vue dans l'Orient les « précédait, jusqu'à ce qu'elle s'arrêta sur le lieu où était « l'enfant. Et lorsqu'ils revirent l'étoile, ils furent rem<< plis d'une grande joie. » Au moment où ils quittaient Jérusalem, les deux planètes nommées plus haut entrèrent pour la troisième fois vers le soir en conjonction dans la partie du ciel située vers le sud. L'étoile se leva dans la partie située vers l'Orient; et, avançant dans la direction de Bethlehem, elle leur montra le chemin qu'ils devaient suivre.

C'est un fait incontestable que les mages suivirent la nouvelle étoile, et que le Christ naquit à l'époque où les deux planètes étaient encore dans le signe des Poissons, et si proches l'une de l'autre que leur lumière se réunissait, pour ainsi dire, dans un seul rayon; ce qui eut lieu à la fin de l'an 747. Kepler a reculé cette époque d'un an, la plaçant en 748, probablement afin de s'écarter moins de l'usage commun alors, qui plaçait en 749 l'année de la naissance de Jésus-Christ. Mais un an plus tard, en 748, la constellation n'était plus la même; et d'ailleurs l'opinion de Kepler contredit l'ancienne tradition Juive. Mars, qui, dans les premiers mois de l'an 748, se trouvait voisin des deux planètes, n'était plus à la fin de cette même année que comme un astre insignifiant, déjà enfoncé dans les profondeurs du ciel à l'occident. Il en était ainsi

de Jupiter et de Saturne à cette époque; et lorsqu'en avril 749 ils reparurent à l'horizon, de l'autre côté du soleil, ils étaient déjà à une distance considérable l'un de l'autre.

Or l'étoile marchait devant eux. Pendant qu'ils marchaient, ils la virent continuellement dans la même direction au-dessus du lieu où était l'enfant. Cette expression de l'évangéliste est confirmée par la position des lieux, En effet, le chemin qui va de Jérusalem à Bethlehem traverse une vallée profonde nommée Gihon ou l'Enfer, qui forme en même temps la limite entre les deux tribus de Juda et de Benjamin. Bethlehem elle-même n'est qu'à dix kilomètres à peu près de distance au sud de Jérusalem. Elle est située sur une haute montagne, et par conséquent l'horizon au sud derrière la petite ville devait paraître très-borné à l'observateur. Les mages trouvèrent enfin le divin enfant, et le saluèrent comme roi. En Orient, et particulièrement en Perse, on fait des présents au roi qu'on visite: ils offrirent donc au nouveau roi leurs présents. Melchior, le vieillard, fils de Sem, offrit l'encens, symbole du prêtre; Balthasar, le Parse, couvert de la cuirasse, offrit l'or, ce roi des métaux; Gaspard, le noir Éthiopien des bouches de l'Euphrate, offrit la myrrhe, symbole de la vie et de la mort. De là cette vieille sentence d'un poëte: «Gaspar fert myrrham, thus Melchior, Balthasar

aurum. » Les dons des mages répondaient aussi à la triple dignité du Messie. Ils lui offraient l'encens de la prière, parce qu'il était Dieu : l'or de la foi comme à un roi, et la myrrhe, symbole des bonnes œuvres, comme au Rédempteur du monde. Ils ôtèrent de leurs têtes leurs couronnes d'or, et les mirent humblement à ses pieds. La myrrhe reparait plus tard au crucifiement de Jésus

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