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sostome parle aussi de l'existence de ces livres de Rome, quoiqu'il ne les ait pas vus lui-même. D'un autre côté, saint Justin le martyr, qui vivait encore du temps de l'apôtre saint Jean, s'en rapporte à saint Luc, qui écrit que le recensement a été fait par Cyrinus; et il en appelle aussi, lui, aux tables de recensement qui existaient à Rome. La critique de nos adversaires doit nécessairement chercher à profiter de cette contradiction apparente: mais ici une connaissance plus approfondie de l'histoire profane nous donne une solution complète de cette difficulté.

César, après avoir réuni le monde entier sous son empire, avait, peu de temps encore avant sa mort, lorsqu'il était consul avec Marc Antoine, l'an 710, ordonné un recensement de tout l'empire romain. Cette mesure avait pour but d'introduire dans toutes les provinces une assiette uniforme pour l'impôt. Le recensemeut fut fait en Orient par un certain Xénodore, dans l'espace de vingtun ans cinq mois et huit jours, et achevé en 731. Il fut fait en Occident par Théodote, en vingt-neuf ans huit mois et dix jours, et fut terminé en 739. Polyclète le fit dans les pays du midi en trente-deux ans un mois et dix jours; de telle sorte qu'en 742, peu avant la naissance de Jésus-Christ, le cadastre de tout l'empire romain avait été achevé par un nombre considérable de géomètres qui avaient parcouru la terre, et avait été envoyé au sénat. C'est en effet ce que nous trouvons clairement énoncé dans Frontin (de Coloniis, p. 142, 178, 207), qui écrivait vers la fin du premier siècle, et dans Ethicus Ister, qui nous a laissé l'extrait d'un recensement du monde fait par Jul. Honorius, puis un catalogue et un itinéraire des provinces romaines. Pline de son côté témoigne la même

chose relativement à l'Italie, et son témoignage est confirmé par Cassiodore, Isidore de Séville et Suidas, qui avaient puisé dans d'autres sources encore. Pour achever l'œuvre commencée par César, il manquait encore un dénombrement général de la population; et c'est pour cela que César Auguste, trois fois pendant son règne, avait ordonné un recensement, comme Suétone nous l'apprend dans sa Vie, ch. 27. Ce triple recensement de la population dans l'empire coïncide avec la triple fermeture du temple de Janus, et le troisième tombe dans l'année de la mort d'Auguste.

Le premier recensement fut fait en 726, lorsque César Octave était consul pour la sixième fois, et Agrippa pour la seconde, c'est-à-dire trois ans après la bataille d'Actium. Le Christ à cette époque n'était pas né encore; et d'ailleurs ce recensement était plutôt partiel que général, et n'avait pour objet que Rome et l'Italie, par lesquelles on dut commencer. Le troisième se fit l'an 767 sous le consulat de Sextus Pompée et de Sextus Apuléius. D'après Dion, il commença l'an 766, sous le consulat de C. Silius Népos et de L. Minutius Plancus, par l'envoi d'émissaires dans les différentes parties du royaume; et d'après Tacite (Annal., 1. 1, ch. 31) il fut entrepris un an après dans les Gaules par Germanicus, à une époque par conséquent où le Christ avait atteint déjà l'âge de la jeunesse. La date de ces recensements ainsi que celle du second se trouvent dans les fameuses tables d'Ancyre, qui, après une mention sommaire du règne d'Auguste, indiquent en ces termes le nombre des citoyens romains existant à cette époque :

Consulari cum imperio lustrum..... (censumque) feci

Censorino et Asinio Coss. quo lustro censa sunt civium romanorum..... (capita) quadragiens centum millia et ducenta triginta tria millia.

Il s'agissait de rétablir l'ordre dans l'État, troublé depuis longtemps par la guerre civile. Auguste envoya de son propre chef, d'après le témoignage de Dion Cassius (51, 21, 33), des sous-censeurs pour aider les censeurs dans le dénombrement de la population. Suidas en compte vingt. Après ce premier recensement, l'empereur fit dresser un écrit appelé : Rationarium imperii, que Suétone (ch. 28, 101) nous a fait connaître. Ce document et d'autres semblables fournis par le second recensement servirent de matériaux pour une statistique générale en quatre volumes, dont le troisième, sous le titre de Breviarium totius imperii, indiquait combien il y avait de soldats sous les étendards, et d'argent, soit dans le trésor, soit dans ce qui restait d'impôts à payer. C'est Suétone qui nous fournit ces données. C'est encore de ce recensement qu'il est fait mention dans le livre dont parle Tacite (Annal.,1,2), qu'Auguste avait écrit lui-même de sa main, et qu'après sa mort Tibère fit lire publiquement dans le sénat. Ce livre indiquait toutes les ressources de la république, combien il y avait de citoyens et d'alliés sous les armes, de flottes, de royaumes, de provinces, de tributs ou d'impôts, etc. Le troisième recensement, dont les tables d'Ancyre nous donnent le sommaire, fut, selon Tacite (An., 2, 6), continué après la mort d'Auguste; et il se faisait encore l'an 769 dans les Gaules, sous la direction de Germanicus, par P. Vitellius et Cantius.

Le second recensement fut donc entrepris l'an 746, sous le consulat de Marius Censorinus et d'Asinius Gallus,

et il dut naturellement demander plusieurs années encore. L'Evangile arabe de l'enfance de Jésus (§ 2) fait mention de ce recensement, et le place l'an 309 de l'ère d'Alexandre, par conséquent quatre ans avant le commencement de la chronologie de Denys. La guerre contre les Parthes allait commencer : Auguste ne fit donc point faire promptement en Judée un recensement des richesses du pays, puisqu'il était sous la domination du roi Hérode, mais seulement un dénombrement du peuple, peut-être pour s'assurer des troupes que les provinces alliées pourraient lui fournir dans le cas d'une guerre.

Ce recensement, le second pour Rome, mais le premier pour la Judée, doit donc avoir eu lieu lorsque Cyrénius, ou bien lorsque S. Saturninus était gouverneur en Syrie. Mais comment concilier ces deux choses? Nous avons la suite des préfets de Syrie. M. Titius suivit Agrippa, C. Sentius Saturninus suivit Titius; puis vint P. Quinctilius Varus, puis Sabinus, puis L. Volusius Saturninus; puis enfin Cyrénius ou Quirinius. Or Volusius était certainement encore en possession de cette dignité en 757, sept ans par conséquent après la mort d'Hérode, comme nous l'indique une monnaie du temps de son gouvernement, qui porte la date de l'an 35 après la bataille d'Actium, comme on avait coutume de compter en Syrie. Nous devons croire aux documents que nous fournissent les saintes Écritures, lors même que leur vérité ne nous apparaît pas au premier coup d'œil, et, dans le cas dont il s'agit, nous pouvons nous assurer de l'exactitude des renseignements qu'elles nous donnent, malgré l'obscurité dont cette question est enveloppée. L'an 742 nous trouvons au consulat Valérius Messala, Barbatus Æmilianus,

et le sénateur Sulpicius Quirinius. D'après une loi établie par Pompée, et que l'empereur Auguste, suivant en cela. les conseils de Mécène, se fit un devoir d'observer, un magistrat ne pouvait devenir gouverneur d'une province que cinq ans après la fin de sa magistrature. Aussi nous ne retrouvons plus notre consulaire Quirinius jusqu'à l'an 748, où il nous apparaît tout à coup en Cilicie. Il avait été envoyé en Orient comme légat de l'empereur avec les pleins pouvoirs de celui-éi; et Muratori, dans son Thesaurus inscriptionum, 1, p. 670, nous a conservé une inscription où il est fait mention du rôle qu'il a joué dans ces provinces, comme surintendant du recensement, et qui nous fait connaître deux faits de son gou

vernement.

(1) Idem jussu Quirini censum fecit Apamena provincia millium hominum civium CXVII.

(2) Idem jussu Quirini adversus Ituræos in Libano monte castellum eorum cepit.

Celui dont il est fait mention dans ces deux inscriptions est Q. Æmilius, Q. Palicanus Secundus.

Les pleins pouvoirs et la surintendance de Quirinius dans le recensement de la population s'étendaient donc sur la province de Syrie, où étaient situés Apamée, le Liban et l'Anti-Liban, patrie des Ituréens. Or à cette époque Sentius Saturninus était gouverneur de la Syrie, à laquelle appartenait la Judée, d'après la division de l'empire romain établie à cette époque. L'an 753 Quirinius accompagnait Caius César, depuis empereur sous le nom de Caligula, dans sa guerre contre l'Arménie, et l'assistait comme ministre dirigeant. Ce fut à lui aussi qu'Auguste confia depuis ce temps le gouvernement de ces provinces,

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