Obrazy na stronie
PDF
ePub

CHAPITRE IX

Jean-Baptiste à Aënon.

Jésus parcourut donc la Judée, baptisant les populations par les mains de ses disciples. D'après les nombreux récits des Juifs, il doit avoir été aussi à Lydda et à Nobe, villes sacerdotales situées toutes les deux à l'ouest de Jérusalem. «Mais Jean baptisait encore à Aënon dans le

voisinage de Salim, parce qu'il y avait là beaucoup ⚫ d'eau. » Cette remarque de l'évangéliste est très-naturelle; car Aënon signifie en hébreu œil ou source. Au reste, Jean ne pouvait baptiser que dans les lieux où il y avait beaucoup d'eau, parce qu'il baptisait par immersion. Et l'on peut conclure de ces paroles de l'évangéliste que Jésus, ou plutôt ses apôtres baptisaient d'une autre. manière, c'est-à-dire comme nous baptisons encore aujourd'hui, et qu'ils pouvaient à cause de cela baptiser partout indistinctement.

Aënon est un lieu peu connu, à huit milles romains au sud de Scythopolis, près de la grande route, dans la vallée du Jourdain, que les Arabes appellent maintenant Gor, c'est-à-dire plaine profonde, et près de la ville de Salim, connue dès la plus haute antiquité. C'est à Salen ou Salim, en effet, que le patriarche Jacob avait demeuré, et construit un autel au Seigneur, lorsqu'il revenait d'Haran en Mésopotamie. C'est là que Saul, cherchant les ânes de son père, avait été sacré par Samuel premier roi d'Israël. Au reste, Salim a la même signification que Aenon. Mais l'évangéliste indique que ce lieu est près de

Salim, pour le distinguer des autres qui portent le même

nom.

CHAPITRE X

Division entre les disciples de Jésus-Christ et ceux de saint Jean.

Pendant que Jésus baptisait ainsi dans la Judée, « il << s'éleva une dispute entre les disciples de Jean et les « Juifs au sujet de la purification. Ils vinrent vers Jean, «<et lui dirent : « Maître, celui qui était avec vous au « delà du Jourdain, et à qui vous avez rendu témoignage, << voici qu'il baptise, et tout le monde court à lui. Jean « leur répondit: Personne ne peut s'arroger ce pouvoir, << s'il ne l'a reçu du ciel. Vous êtes témoins vous-mêmes « que je vous ai dit: Je ne suis pas le Christ. Celui-là est « le fiancé qui a la fiancée; mais l'ami de l'époux se tient << debout et l'écoute, et se réjouit hautement de la voix « de l'époux. » Admirons ici de nouveau la grandeur d'âme du Précurseur. Il s'était acquis par sa vie merveilleuse une telle considération qu'il pouvait par son nom seul mettre en mouvement toute la Judée, comme nous l'apprend l'historien Josèphe. Et sa renommée était telle encore après sa mort que le peuple croyait qu'il était ressuscité dans la personne du Christ. Et cependant il se déclare le serviteur du Messie, et indigne de délier les cordons de sa chaussure. Dans son humilité, il ne veut pas même se regarder comme le paranymphe, qui doit conduire à Jésus sa fiancée, c'est-à-dire l'Eglise mosaïque; et cependant ce fut là sa fonction; mais il

s'appelle seulement l'ami de l'époux, qui marche devant lui au milieu du chœur de ses compagnons, qui entend de loin sa voix, et reçoit avec joie ses ordres.

Il continua en ces termes : « Ma joie est remplie maintenant il faut qu'il croisse, et que je diminue. Celui « qui vient du ciel est au-dessus de tous; mais celui qui ■ est de la terre reste de la terre, et parle des choses de a la terre. Il rend témoignage de ce qu'il a vu et entendu, « et son témoignage n'est reçu de personne. Mais celui • qui reçoit son témoignage confirme par là la véracité de Dieu. Car celui que Dien a envoyé parle la parole de Dieu or Dieu ne donne pas son esprit d'après • certaines mesures.

« Jésus, de son côté, se mit à parler de Jean au peuple, en disant : Qu'êtes-vous allés voir dans le « désert? Un roseau agité du vent? un homme vêtu mollement? Ceux qui ont de riches habits et qui vivent ⚫ voluptueusement sont dans les palais des rois. » C'était une censure d'Hérode, tétrarque de Galilée, et de sa vie licencieuse, et le tyran sut bien s'en venger plus tard. • Ou êtes-vous allés voir un prophète? Oui, je vous le dis, et plus qu'un prophète. C'est de lui qu'il est écrit: « J'envoie mon messager devant ta face, afin qu'il te • prépare les voies. Car je vous le dis: Entre tous ceux « qui sont nés de la femme, il ne s'est point élevé de prophète plus grand que Jean-Baptiste. La loi et les prophètes vont jusqu'à Jean; mais à partir de lui l'évangile du royaume de Dieu est annoncé. » Les pro«phètes et la loi montrent Jean du doigt, et si vous • pouviez entendre leur langage, vous verriez que c'est

a

Élie, celui qui doit venir. « Que celui-là entende qui a

<< des oreilles pour entendre. Et tout le peuple qui l'écou<< tait, même les publicains qui avaient reçu le baptême << de Jean, rendaient gloire à Dieu. Les pharisiens seule«ment et les docteurs de la loi rendirent inutiles les « décrets de Dieu sur eux; eux seuls aussi n'avaient pas «< voulu se faire baptiser par Jean. » Le Sauveur ne descendit pas lui-même à Aënon, et depuis son retour du désert il ne se retrouva plus avec Jean-Baptiste.

CHAPITRE XI

Jésus et la Samaritaine.

« Jésus ayant appris que les pharisiens avaient entendu « dire qu'il baptisait plus et faisait plus de disciples que « Jean, quoique Jésus ne baptisât pas lui-même, mais « que ce fussent ses disciples, il quitta la Judée et re<< tourna en Galilée. Or il dut passer par la Samarie, et << vint à une ville de Samarie nommée Sichar, près du «< domaine que Jacob avait donné à son fils Joseph. » Sichar est le nom symbolique de la ville de Sichem, et signifie sépulture. C'est là en effet que reposaient les os du patriarche Joseph. (Josué, XXIV, 32.) Et, d'après la tradition, confirmée par les Actes mêmes des Apôtres, vn, 16, c'est là aussi qu'avaient été ensevelis les corps des douze patriarches du peuple d'Israël, dans le lieu que Jacob avait acheté pour sa sépulture, des enfants d'Hemor, père de Sichem. C'est encore là, d'après l'opinion des nouveaux Samaritains, que reposaient les cendres des soixante-dix anciens d'Israël, tels que Jethro, Josué,

Caleb, Eldad et Medad, et tous les prophètes qu'ils ont honorés, entre autres Éléazar, Élisée, Abdias et JeanBaptiste lui-même. Sichem ou Flavia Neapolis (Nauplus), comme s'appelle la ville depuis Vespasien, était située à moitié chemin à peu près de Jérusalem à Nazareth. C'était là ordinairement que passaient la première nuit les Galiléens qui retournaient dans leur pays après les fêtes.

Là aussi était le puits de Jacob. Les rabbins font mention de cette source de Sichar dans la vallée du même nom, près du bois des Térébinthes. Aujourd'hui, nous rencontrons en Orient plus de tombeaux et de ruines encore, puis, à côté de ces tombeaux, quelques sources d'eau vive avec de frais palmiers, dont le chameau recherche l'ombrage. C'est ici, près de cette source, qu'avait été élevé le patriarche Joseph: aussi Jacob, dans ses bénédictions, s'écrie: « Voici Joseph, mon fils, qui a grandi près de « la source. » (Genėse, XLIX, 22.) Ce pays était échu en partage aux descendants de Joseph.

On était alors dans les grandes chaleurs de l'été, et Jésus, fatigué du voyage, s'assit près du puits. Ses disciples allèrent dans la ville pour acheter de quoi manger. Judas, qui portait la bourse, se trouvait déjà alors parmi eux. C'était vers la sixième heure du jour, c'est-à-dire vers midi, au moment où le soleil est le plus ardent, comme le remarque l'évangéliste saint Jean. Une femme vint de Samarie pour puiser de l'eau. Comme Sichem était peu éloignée de l'ancienne ville de Samarie, dont elle n'était en quelque sorte qu'un faubourg, l'évangéliste lui donne le nom de Samarie. «Or Jésus lui dit : Donnea moi à boire. Et la Samaritaine lui répondit : Quoi! vous êtes Juif, et vous me demandez à boire, à moi

« PoprzedniaDalej »