Obrazy na stronie
PDF
ePub

« en ce jour où vous devez tous prendre part à ma joie, « et vous asseoir au festin splendide que j'ai préparé, je <«< ne veux pas que vous vous occupiez de vos travaux, « de votre commerce et de vos champs; mais vous devez « être tous préparés, parce que c'est ici mon jour. »

Il est fait si souvent mention des ténèbres extérieures dans les discours de Jésus, que cette expression doit avoir été familière aux Juifs. L'apôtre saint Paul voulait exprimer sans doute la même idée dans ce passage de ses Épîtres où il dit que « tout genou fléchira au ciel, sur la « terre et sous la terre. » On reconnaissait généralement à cette époque trois mondes, le monde supérieur, le monde inférieur ou celui des ténèbres, et le monde intermédiaire. Nous aurons plus loin occasion de parler de la Jérusalem céleste, qui, dans les idées des Juifs, devait s'élever avec son temple et son sanhédrin au-dessus de la Jérusalem terrestre. Mais la tradition des habitants de Jérusalem faisait et fait encore aujourd'hui mention d'une Jérusalem souterraine et c'est à celle-là que font allusion les paroles figurées de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

La ville sainte était dès la plus haute antiquité traversée par de larges grottes, dont on trouve encore aujourd'hui les traces. D'après la légende du pays, il y avait dans ces grottes souterraines, et particulièrement sous la montagne du temple, des voûtes gigantesques, soutenues par des milliers de colonnes, et des réservoirs d'eau creusés sous ferre, qui communiquaient avec les réservoirs supérieurs, et fournissaient la ville d'eaux pures et vives. Plusieurs écrivains de l'antiquité parlent de cette Jérusalem inférieure, dont le point central se trouvait sous la montagne du temple, mais dont les rues et les sentiers s'étendaient

[ocr errors]

sous la ville dans toutes les directions et jusqu'au delà des
murs. On peut lire à ce sujet Flavius Josèphe (de Bello,
8.5,
7, 2), Strabon (16, 2, 40), Dion Cassius
(66, 4), Raumer (Palæstina, 240 et 336), Schubert
(Reise in das Morgenland, 2,574). Les Juifs, dans le
dernier siége de Jérusalem, avaient plus d'une fois sur-
pris les assiégeants, lorsqu'ils venaient puiser de l'eau à
Siloé, en tombant sur eux à l'improviste du fond de ces
excavations souterraines, qui étaient à la fois et des cata-
combes et des labyrinthes, et dont les matériaux servaient
chez les peuples de l'antiquité à la construction de leurs
villes, comme nous le voyons à Rome, à Naples et à
Paris. C'est là que s'étaient retirés et qu'avaient enfoui
leurs trésors les assiégés dans les derniers jours de Jéru-
salem.

C'étaient là ces réservoirs creusés sous terre, celle source d'eau toujours vive dont parle Tacite. Une partie de ces cavités, en effet, servait à recevoir les eaux que le roi Ézéchias y avait amenées par des conduits souterrains jusque sous le mont Moria; et le nombre des réservoirs qu'il avait fait construire était si grand que, d'après le témoignage d'Aristée, ils se touchaient, pour ainsi dire, dans une étendue de cinq stades. Par des ouvertures qui n'étaient connues que des prêtres sacrificateurs, l'eau arrivait dans le temple pour les besoins du culte; et c'était Nicodème qui était à cette époque chargé de l'inspection et de l'entretien de ces eaux. Ces constructions souterraines furent connues des siècles suivants, quoiqu'une grande partie d'entre elles eût été détruite et fût ensevelie sous les débris. Et si l'on pouvait encore aujourd'hui suivre les traces de la source de Siloé, on fini

1

rait probablement par découvrir ces anciens réservoirs sous le mont Moria, et de là on pourrait pénétrer plus avant jusqu'au lit rocailleux du Gibon, sur la route de Bethleem.

C'étaient là sans doute ces ténèbres extérieures et ces abimes dont le Sauveur parle souvent en langage figuré, pour désigner l'enfer, où doivent être précipités les réprouvés. C'est là que devait, d'après la parabole, être jeté celui qui avait osé se présenter au festin sans avoir la robe nuptiale. Jésus-Christ, dans cette parabole, veut nous représenter les funestes effets de notre indifférence pour le royaume de Dieu. Ce qui dans l'ancienne alliance excluait du paradis, à savoir la concupiscence des yeux, celle de la chair et l'orgueil de la vie, en exclut encore aujourd'hui; et c'est ce que nous indique cette parabole. L'un a acheté une maison de campagne : il est pressé d'en jouir; le plaisir l'appelle : il y va, et refuse pour cela l'invitation qui lui a été faite. Un autre est absorbé par l'industrie; aucune pensée d'un ordre plus élevé ne peut arriver à son âme. Le troisième, enfin, est tellement emporté par les plaisirs des sens que l'amour de ce monde lui fait négliger les inspirations de la grâce, qui le porte à aimer Dieu. Ainsi Jésus-Christ, bien loin de souffrir que ses coopérateurs dans le royaume de Dieu s'engagent dans les liens du mariage, nous montre assez dans cette parabole que ces liens sont incompatibles avec les fonctions sublimes qu'il leur impose, et qu'ils seraient pour cux un danger continuel. Notre-Seigneur avait, dans ce voyage de Jérusalem, gagné les premiers prosélytes au royaume de Dieu, qu'il venait fonder: il les avait pris et dans les rangs les plus élevés et parmi les plus infimes:

et c'est ainsi que s'étaient écoulés les jours de la Pâque, qu'il était venu fêter à Jérusalem.

CHAPITRE VIII

Marthe et Marie.

« Jésus alla ensuite avec ses disciples dans la Judée, il ◄ y séjourna avec eux et y baptisa. (Év. saint Jean, 111, 22.) << Et comme ils parcouraient le pays, il entra dans un a village; et une femme nommée Marthe l'accueillit dans ⚫ sa maison. Elle avait une sœur nommée Marie : celle-ci se tenait aux pieds de Jésus, écoutant ses paroles. « Mais Marthe, qui se donnait beaucoup de mouvement pour le servir aussi bien qu'elle le pouvait, s'approcha de lui et lui dit: Maître, trouvez-vous bien que ma « sœur me laisse servir toute seule? Dites-lui donc qu'elle m'aide. Mais le Seigneur lui répondit: Marthe, Marthe, « tu te crées bien des occupations et des soucis. Cependant une seule chose est nécessaire: Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point enlevée. » (Luc, x, 38.) Marthe et Marie étaient sœurs de Lazare, que Jésus ressuscita plus tard. Les rabbins parlent d'un certain R. Lazare, faisant beaucoup d'aumônes, célèbre par son hospitalité, et qui offre beaucoup de traits de ressemblance avec saint François d'Assise. Mais il est douteux que ce Lazare soit le même que celui de Béthanie, dont il est parlé dans l'Évangile. Nous lisons dans le Pea de Jérusalem, fol. 21. 2, que le R. Lazare étant entré un jour dans sa maison, et ayant demandé ce qu'il y avait

T. 1.

12

de nouveau, on lui répondit : Plusieurs personnes sont venues ici, et, après avoir bu et mangé, elles ont prié pour vous. Ce n'est pas là, dit-il, une bonne récompense. D'autres vinrent une autre fois; et après qu'on leur eut servi à boire et à manger, ils répondirent par des injures à ce témoignage de bienveillance. Lazare dit alors: Voilà ce que j'appelle une bonne récompense.

Le nom de Marthe se trouve fréquemment dans les ouvrages des rabbins. Le Sauveur, voyant Marthe occupée à lui choisir les meilleurs mets, en prit occasion de dire que Marie avait choisi la meilleure part. Les deux sœurs, priant et servant comme les anges devant le trône de Dieu, appliquées, l'une à la vie contemplative, l'autre à la vie active, sont à la fois et le modèle et l'image de toutes les âmes qui devaient plus tard se consacrer à Dieu dans la vie religieuse. Ainsi, dès les commencements, ce sont des femmes qui s'attachent les premières au service de Notre-Seigneur, et qui forment comme les prémices de son Église. Cet honneur insigne accordé au sexe féminin se renouvellera bien des fois dans la suite des siècles. Combien de peuples, en effet, ont reçu le flambean de la foi par l'entremise d'une fille ou d'une femme de roi, convertissant sa famille d'abord, et puis la nation tout entière, par l'influence de ses prières et de ses vertus! Cet épisode si touchant de la vie de Notre-Seigneur eut lieu à la fin de la semaine de Pâques, lorsque Jésus-Christ, retournant de Jérusalem,passait par Béthanie, située près de la grande route, au milieu de collines ravissantes et entourées d'une ceinture d'arbres et de jardins. C'était probablement le 23 nisan ou l'avant-dernier jour du mois d'avril de l'an 29 après Jésus-Christ.

« PoprzedniaDalej »