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Notre-Seigneur, dans ses paraboles, faisait allusion à cette attente d'un festin céleste au royaume des cieux, et il présentait à ses disciples le royaume de Dieu sous la figure d'un repas nuptial, ou d'une table devant laquelle les élus seraient couchés. Pour élever l'esprit de ses disciples et des Juifs vers lesquels il avait été envoyé, et pour les amener à comprendre la doctrine sublime qu'il devait leur annoncer, il s'abaissait en quelque sorte par une condescendance admirable jusqu'à leur point de vue, quelque bas et étroit. qu'il fût; et il trouvait dans sa sagesse le moyen de rattacher à leurs préjugés grossiers les hautes vérités qu'il voulait leur apprendre.

< Comme il était accompagné dans la route d'une a grande foule de peuple qui s'en allait à Jérusalem pour

la fête de Pâques, il se tourna vers eux et leur dit : « Quiconque ne hait pas son père, sa mère, sa femme « et ses enfants, ses frères et ses sœurs et même sa propre vie ne peut être mon disciple. Si quelqu'un veut venir « après moi, qu'il se renonce soi-même, prenne sa croix et me suive. » Tacite raconte que quiconque passait au judaisme devait mépriser et quitter non-seulement les dieux, mais encore sa patrie, ses parents, ses enfants, ses frères et ses sœurs. Il avait bien compris la formule que Notre-Seigneur Jésus-Christ employait si fréquemment avec ses disciples; de sorte que ces expressions n'avaient rien de choquant pour ceux qui les entendaient. C'est au milieu de ces discours et de ces leçons qu'ils arrivèrent à Jérusalem.

CHAPITRE III

Judas Iscarioth.

Parmi ceux qui se réunirent à Jésus pendant son voyage à Jérusalem était Judas Iscarioth. Non loin de l'ancienne Gomorrhe, au rivage occidental de la mer Morte, dans la tribu de Juda, était une petite ville nommée Cariot ou Kerioth, dont parlent le livre de Josué (xv, 25) et Josèphe dans ses Antiquités juives. Une autre petite ville du même nom se trouvait dans le pays de Moab, sur la rive orientale de l'étang du Dragon. (Jérémie, xlviii, 24, 41.-Amos, п, 2.) C'est dans la première de ces villes qu'était né Judas, fils de Simon; et c'est pour cela qu'il s'appelait Iscarioth, c'est-à-dire l'homme de Kerioth. Mais ce nom renfermait en même temps un présage funeste pour celui qui le portait; car il peut signifier aussi l'homme de l'usure, du mensonge, le traitre, l'homme de la ceinture de cuir, c'est-à-dire celui qui porte la bourse. D'après saint Jérôme, il signifie : c'est là sa récompense. II peut même signifier le pendu, comme nous le verrons plus tard. Toutes ces significations, renfermées dans un même mot, sont certainement caractéristiques. Il y a dans ce nom quelque chose de mystique et de prophétique qui se reproduit au reste dans toutes les circonstances de la vie de Jésus-Christ. La version syriaque de Philoxène, codex 69 et 124, au chapitre vi de saint Jean, vers. 72, indique à la marge la signification principale et propre de ce mot, c'est-à-dire l'homme de Carioth. C'est ainsi que Josèphe appelle Jephté Ischtobos, c'est-à-dire l'homme de

Tobes. Peut-être ce genre de qualification avait-il quelque chose d'outrageant. Madeleine aussi tirait son nom du lieu de sa naissance, et nous trouvons dans le Talmud le nom de Ischsocho, c'est-à-dire l'homme de Socho donné à Antigone.

Il est très-probable que Judas s'attacha à Jésus pendant ce voyage qu'il fit à Jérusalem, et que c'est alors que fut complété le nombre de douze dans le collége apostolique. C'est l'opinion d'Origène que Judas ne passa pas trois années entières avec Notre-Seigneur. Il lui confia la bourse, et le chargea du soin de veiller aux besoins de la petite communauté, et de distribuer les aumônes aux pauvres. Les rabbins, s'appuyant sur un passage de Néhémie (x, 32), croyaient que chaque Israélite était obligé en conscience de distribuer chaque année aux pauvres au moins la troisième partie d'un sicle, ce qui équivaut à peu près à un franc cinquante de notre monnaie, et qu'il devait, particulièrement à l'époque des fêtes, se montrer miséricordieux et bienfaisant, afin que ceux qui étaient dans le besoin pussent aussi se réjouir en ces jours. Ce qui prouve que Notre-Seigneur a voulu accomplir cette prescription, autant que ses facultés le lui permettaient, c'est que parmi ses apôtres il en choisit un pour distribuer les aumônes. Cette fonction était du reste une épreuve continuelle pour celui qui en était chargé, et cette épreuve devint funeste à Judas; car d'avare qu'il était il devint voleur. Il volait les pauvres, et ne donnait à Jésus et aux apôtres que le moins qu'il pouvait.

CHAPITRE TV

Purification du Temple.

« Jésus, étant arrivé à Jérusalem avec ses disciples, <<< entra dans le temple. Il vit qu'on y vendait des bœufs, « des brebis et des colombes, et que les changeurs y << avaient établi leurs bureaux. » Sous le règne d'Hérode, pour qui la religion n'était qu'une affaire de police et un moyen de gouverner plus facilement le peuple, bien des abus s'étaient introduits. Le Talmud de Jérusalem nous raconte, entre autres choses, que Bava ben Bota, qui jouissait auprès du roi d'une grande faveur, avait entrepris d'établir dans les portiques mêmes du temple un marché, où il faisait vendre des bœufs et tous les autres animaux servant aux sacrifices. Dès le commencement, il avait fait vendre trois mille brebis de Cédar; de sorte que les bêlements et les mugissements de tous ces animaux retentissaient jusque dans le sanctuaire. Il en fut bientôt de même des synagogues répandues dans le pays. Par un abus qu'explique facilement le caractère vénal et cupide du peuple juif, pour qui le trafic fut toujours un objet de prédilection, ces maisons destinées à la prière devinrent bientôt des lieux de commerce. Les talmudistes accusent particulièrement, sous ce rapport, la synagogue d'Alexandrie, où un rabbin nommé Éliézer ben Sadoc avait établi son comptoir. Cet abus dura tant que la construction du temple ne fut pas achevée, personne n'ayant le courage de s'y opposer. On ne se contenta pas de vendre des bœufs et des agneaux, mais on y ajouta encore des colombes et

toutes les espèces d'oiseaux qui pouvaient servir aux sacrifices.

Aux deux côtés de la porte orientale nommée Suzan, il y avait depuis très-longtemps déjà des échoppes et des bureaux, qui allaient jusqu'aux portiques de Salomon. Mais comme l'abus se mêle facilement à l'usage, ces boutiques furent bientôt continuées jusque dans l'intérieur du temple, qui devint ainsi comme un marché perpétuel pour toutes les nations, et où l'on vendait toutes sortes de marchandises. Les changeurs avaient établi leurs bureaux en face des portes du vestibule des Juifs. On reconnaît ici déjà l'influence de la domination romaine et des mœurs étrangères. Chez les Romains, en effet, les orfévres et vendeurs d'argent s'établissaient près des statues des dieux, aux pieds de Janus, dans les sanctuaires les plus sacrés, dans les portiques des basiliques, près des chapelles et des temples, Pone ædem Castoris; et Horace lui-même s'écrie: O cives, cives, quærenda pecunia primum est: virtus post nummos!

Vingt jours avant la pâque, on commençait régulièrement dans le temple à recueillir l'impôt sacré d'un demisicle, que chaque Israélite devait payer annuellement à la maison de Dieu. Les plus pauvres eux-mêmes n'étaient pas exempts de cet impôt, et devaient pour le payer vendre, s'il le fallait, leur tunique. Les changeurs se tenaient donc depuis le 25 du mois d'Adar dans le vestibule des païens, devant les portes intérieures du temple, et y établissaient leurs bureaux. Ils retiraient un agio des Juifs qui arrivaient de tous les pays, et qui avaient besoin de changer les monnaies romaines, grecques et autres pour se procurer le demi-sicle exigé par la loi. Pour

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