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la Bible prises dans leur sens authentique et naturel; l'esprit de mensonge se retira vaincu. Toute cette fantasmagorie qui n'était pas seulement dans l'imagination de notre divin Sauveur, mais que Satan lui avait réellement représentée, disparut. Jésus se trouva seul dans le désert: les anges descendirent, et lui offrirent leurs services. Il était au milieu des bêtes fauves; mais les lions et les chacals du désert ne lui faisaient aucun mal. Marc, 1, xш.)

Le rapport qui existait à l'origine entre le premier Adam, plus tard dans l'arche entre Noé, seconde souche du genre humain, et les animaux, se retrouve ici entre ces derniers et le Sauveur du monde. Ils se sentent attirés vers lui, et semblent reconnaitre son empire. Au reste, ce phénomène s'est reproduit dans la vie de plusieurs saints, chez qui la puissance de la grâce avait fait disparaître en quelque sorte jusqu'aux dernières traces du péché, comme dans saint Françoise d'Assise et saint Ignace. L'historien Josèphe remarque avec raison que Caïn est le premier qui se soit fait craindre des bêtes sauvages. Et dans cette circonstance, que nous raconte saint Marc, nous trouvons la réalisation de cette paix, de cette concorde universelle que le Messie devait apporter avec lui sur la terre, et que plusieurs, entre autres le juif Philon, étendaient jusqu'aux animaux.

C'est ce même esprit de l'enfer qui, à la mort de Jésus, s'avoua vaincu par la bouche de ses oracles, et qui, plus tard, parut éclatant de lumière devant le prophète de la Mecque dans la grotte du mont Héra. Mahomet succombant dans cette épreuve suprême, se prosterna ébloui devant Satan, principe du mal: et substituant dans la vie, soit ici

bas, soit après la mort, le culte des sens à l'abstinence chrétienne; remplaçant dans sa doctrine la divine Providence par le destin des païens, il confia au glaive la mission qu'il croyait avoir de soumettre à son empire tous les peuples de la terre. En un mot, il se montra en toutes choses l'esclave docile de l'esprit de ténèbres, qui lui avait dit à lui aussi : « Si tu veux te prosterner devant moi et « m'adorer, je te donnerai tout cela. » Ainsi le roi de l'abîme, renversé du trône d'où il tenait sous son joug l'univers tout entier, se consola de sa défaite en arrachant à son vainqueur la moitié de la terre, et vengea dans la personne de Mahomet l'affront qu'il avait reçu de Jésus-Christ dans ce même désert de l'Arabie.

Après que le judaïsme et le paganisme se furent concentrés au Midi dans la secte de Mahomet, l'esprit de l'enfer ne resta pas oisif pour cela. Ne pouvant reconquérir son ancienne puissance, il essaya du moins de faire de nouvelles brèches au royaume de Celui qui l'avait vaincu dans le désert, et d'arrêter ainsi, s'il était possible, l'œuvre de la rédemption. Après avoir, pendant tous les siècles, attaqué l'Église de Dieu par diverses hérésies, il entreprit de ramasser et de réunir dans une immense confusion toutes les sectes qu'il avait jusque-là détachées du tronc, l'arianisme, le sabellianisme, le pélagianisme, le manichéisme, etc.; et en face du panthéisme positif des disciples de Mahomet, il entreprit d'opposer à l'Église, dans le nord, une puissance formidable, fondée sur une négation universelle, et de crucifier ainsi de nouveau le Christ entre deux larrons, l'un au nord, l'autre au midi. Le tentateur approche de nouveau, et paraît dans le Wartbourg devant le moine de Wittemberg. Il l'attaque d'abord par

la

concupiscence de la chair: « Si tu es le grand réforma«teur, lui dit-il, commande que cette chair devienne viavante. » Et le moine, succombant à la tentation, abolit le jeune et l'abstinence, par lesquels le Christ lui-même avait vaincu Satan. Lâchant la bride à toutes les passions humaines, il permit aux prêtres de prendre des femmes, et leur donnant lui-même l'exemple, il entraîna à sa suite la moitié du clergé. Puis, passant dans le domaine de la volonté, le tentateur lui montre du haut de la montagne tous les pays du nord, et lui dit : « Vois! Je te donnarai tout ⚫ cela, si tu veux me prêter hommage, et confier à l'épée ■ la propagation du nouvel Évangile. » Et le moine ambitieux, cédant aux suggestions du démon, livra l'Église à l'Etat, jeta au milieu de l'empire d'Allemagne le brandon de la discorde, et excita la noblesse à établir aristocratiquement le nouveau principe. Il leva l'épée dans la lutte gigantesque dont les bords du Rhin furent le théâtre, afin de constituer à la nouvelle Église une riche dot d'évêchés et de couvents. Des princes la tentation passa aux sujets; eux aussi, prenant la réformation dans un sens démocratique, voulurent l'exploiter à leur avantage. De là cette guerre sanglante des paysans qui se soulevèrent pour répandre et propager la doctrine du moine apostat. Mais les princes leur arrachèrent l'épée des mains pour conquérir et assurer à la monarchie le riche héritage de l'Église, et une guerre fratricide de trente ans assura la victoire du nouvel Évangile.

Le tentateur prit encore le moine du côté de l'orgueil : Si tu es le nouvel apôtre, lui dit-il, élève-toi au-dessus « de toute autorité, et jette-toi dans l'abîme de sagesse et « de science que contient la Bible; car il est écrit: La foi

« seule justifie. » Et le moine ébloui céda encore à cette nouvelle tentation. Ouvrant le livre aux sept sceaux, il fit de la lettre morte la règle de la foi. Pour lui, la grâce agit sans condition et d'une manière absolue dans les élus ; elle donne à chacun l'intelligence des Écritures, et rend les bonnes œuvres superflues: elle devient ainsi comme le fatalisme de cette grande association de sectes et d'erreurs qui s'est liguée au nord contre l'Église, pendant que l'islamisme l'attaque au midi. Il raconte lui-même comment il a été pressé d'abolir le saint sacrifice de la Messe par celui-là même devant qui le catholique se signe avec horreur du signe de la croix. Luther, il est vrai, irrité que la tentation l'ait entraîné plus loin qu'il n'avait pensé d'abord, jette au tentateur le calice magique de la nouvelle doctrine, l'écritoire, qui va souiller la muraille de son encre impure. Mais il est trop tard; il s'est livré au mal et le nouveau principe destructeur, semblable à une puissance aveugle, étend autour de soi ses ravages, et répand partout cet esprit de révolte qui semble avoir coulé de toutes les sectes dans le protestantisme et s'y être concentré. La tentation du Christ dans le désert, bien loin d'être un mythe, est, au contraire, un fait qui se représente toutes les fois qu'un nouveau mouvement des esprits se produit dans l'histoire. Tous les réformateurs, vrais ou faux, bons ou mauvais, doivent traverser cette épreuve, qui les conduit ensuite soit au bien, soit au mal.

Le même tentateur s'approcha aussi plus tard de Zwingle. Le conseil de Bâle et de Zurich, pour prévenir les troubles qui menaçaient le repos de ce pays, prohiba les écrits de Carlstadt, où il rejetait la présence du Christ dans l'Eucharistie. Zwingle prit hautement la défense de

cet écrit en présencé du conseil. On remit au lendemain la décision définitive. Pendant la nuit, une personne inconnue parut à Zwingle dans une vision nocturne, et lui donna une explication toute nouvelle des paroles de la consécration. Le sens de ces mots : «Ceci est mon corps,>> était : « Ceci signifie mon corps, » ce à quoi il n'avait encore jamais pensé. L'apostat parlant de cette vision, dit : * Je ne me souviens plus si celui qui m'apparut était blanc ou noir. »

CHAPITRE VIII

Les envoyés du grand conseil.

Cependant le grand conseil envoya de Jérusalem une députation de prêtres et de lévites à Jean, pour lui demander qui il était : car le sanhédrin avait droit d'inspection sur tous ceux qui enseignaient publiquement. Jean confessa sans détour qu'il n'était pas le Christ. Ils lui demandèrent s'il était Élie ou le Prophète, c'est-à-dire Hénoch, qui prophétisa le déluge: car ces deux prophètes devaient, dans l'opinion des Juifs, reparaître sur la terre, d'où ils avaient été enlevés vivants, afin de préparer les voies au Messie. Ce fait prouve à lui seul que tout le peuple d'Israël était alors convaincu que le Messie allait venir, et que les signes précurseurs de la rédemption devaient bientôt paraître. Ces paroles des députés du grand conseil expriment encore la croyance à la métempsycose, qui était alors très-répandue chez les Juifs, et qui se rattachait à d'autres doctrines pythagoriciennes. Et nous trouvons

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