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et la guerre pour son occupation favorite : il aime l'honneur et tient à sa parole. C'est l'habitant des montagnes, le Galiléen, qui s'est établi sur les plateaux élevés du nord, que l'on reconnaît déjà à la rudesse de son dialecte; qui, du haut de ses montagnes, a vu passer les tempêtes de Basbylone et d'Assyrie sans qu'elles aient pu le déraciner entièrement du sol, de sorte qu'encore aujourd'hui c'est chez lui que le sang d'Abraham s'est conservé le plus pur. Le Galiléen est naturellement querelleur, intrépide, façonné dès la jeunesse aux combats. C'est de ces montagnes qu'est sorti Samson. Il s'est toujours noblement conduit, et s'est défendu vaillamment dans la dernière guerre qui précéda la ruine complète du royaume. Le troisième enfin s'est choisi le sol : il appartient à la terre et à la culture. C'est le Samaritain ou le Chuthéen, qui habite le sol gras et fertile d'Ephraïm et de la grande plaine de Samarie. C'est le Chamite de la famille juive, et qui, dans sa constitution physique, offre le plus d'analogie avec les descendants de Cham. Le Juif l'exploite et est devenu son marchand, comme il l'est encore aujourd'hui pour tout l'univers.

De même qu'autrefois Dieu promit à Japhet qu'il dominerait Chanaan, et qu'il entrerait dans les tentes de Sem, ainsi les Galiléens arrachèrent aux fils de Juda leurs priviléges. Ce sont eux qui furent trouvés dignes de garder au milieu d'eux le berceau du Sauveur, et de le soustraire ainsi aux persécutions dont il était l'objet. Ce sont eux qui lui ouvrirent leur pays comme un asile où il put, pendant tous les jours de sa vie jusqu'à son dernier voyage à Jérusalem, échapper à la fureur des Juifs. C'est parmi eux aussi que furent pris les premiers gardiens de la nouvelle

citadelle de Sion et de son temple, je veux dire de l'Église chrétienne; et c'est un pêcheur de Galilée qui, fixant son siége dans la nouvelle cité de Dieu, gouverna de là le premier toute l'Église. Ce sont eux enfin qui, par les apôtres, formèrent comme la table ronde du nouveau roi des Juifs.

CHAPITRE II

Jean-Baptiste.

Lorsqu'une grande révolution doit s'accomplir dans le monde, et qu'un nouveau jour dans l'histoire doit succéder au jour qui finit, il se remue souvent dans le sein des peuples je ne sais quel sentiment prophétique qui leur révèle cet avenir prochain, et leur fait deviner en quelque sorte le lieu d'où doit venir l'homme que la Providence a choisi pour instrument de ses decrets éternels. Aussi à cette époque les yeux de toutes les nations étaient tournés vers l'Orient, d'où l'on attendait le fondateur du nouveau royaume. C'est cet instinct qui explique cette tradition contenue dans les livres des Juifs, à savoir que le Messie paraîtrait en Galilée. Beaucoup de Juifs encore aujourd'hui croient fermement que le Messie viendra un jour de Capharnaum ou du lac de Gennésareth à Tibériade; et c'est pour cela que beaucoup de Juifs se rendent à cette dernière ville, des contrées les plus éloignées du monde, afin d'attendre dans ce lieu sacré pour eux l'arrivée du Messie, ou d'y être du moins ensevelis.

C'est au milieu des montagnes de la Judée qu'a com

mencé la nouvelle histoire du genre humain. Là, au sudouest de la ville sainte, à deux lieues de Bethlehem, dans un lieu sauvage qui s'appelle encore aujourd'hui le désert de saint Jean, vivait ce nazaréen dans une retraite si complète qu'il ne connaissait pas même personnellement Jésus ni ses plus proches parents. « Il grandit dans le dé«sert, et son esprit se fortifia jusqu'au jour où il parut en << Israël. » (Saint Luc, ch. 1; saint Jean, ch. 1.) On montre encore la caverne où il demeura et la source où il buvait. Le pèlerin visite encore aujourd'hui la solitude où ce grand prophète prêcha la pénitence à tous ceux que le bruit de sa renommée avait attirés vers lui.

Il portait un vètement de poils de chameau; car c'était celui que l'on croyait avoir été donné de Dieu aux premiers hommes après la chute aussi on ne devait pas y apercevoir un fil de lin. Une ceinture de cuir serrait ses reins, comme autrefois au prophète Élie. Jamais le ciseau ni le rasoir n'avaient touché sa chevelure ni sa barbe: car il s'était voué à Dieu comme nazaréen pour toute sa vie. Jamais il n'approcha ses lèvres d'aucune boisson fermentée. Dans ce pays où coulaient le lait et le miel, suivant l'expression des cantiques anciens, sa nourriture était le miel que les abeilles sauvages préparaient dans leurs rayons pour le prédicateur du désert, et que l'on trouve encore souvent dans le pays : dons simples de la nature, que les traditions de tous les peuples nous représentent comme l'aliment du premier âge du monde. Il se nourrissait encore de sauterelles, comme le permettait la loi (Lévit., x1, 22), aliment peu délicat, il est vrai, quoiqu'il fût considéré comme gras. Les rabbins ne comptent pas moins de 800 espèces de sauterelles pures dont ils ne

donnent pas les noms. Encore aujourd'hui on apporte au marché dans les villes arabes de ces sauterelles, que l'on fait bouillir comme les écrevisses, ou même rôtir au feu. Elles ressemblent pour la forme à de petits chevaux; elles atteignent quelquefois une longueur de 5 pouces ; et lorsqu'elles s'abattent par troupes avec la rosée sur les champs, comme cela arrive particulièrement au printemps dans les plaines d'Hauran, on les prend facilement avec les mains. Nous trouvons un peu plus tard, dans la même contrée, un autre solitaire, nommé Banus, qui vivait comme JeanBaptiste, et auprès duquel Josèphe l'historien s'exerça pendant trois ans dans la vie ascétique.

Là où David encore berger gardait autrefois ses troupeaux contre la dent des ours et des lions, là retentit la voix de celui qui criait dans le désert : « Faites pénitence,

car le royaume de Dieu est proche. » C'est ainsi que prêchait en ces jours Jean-Baptiste dans le désert de la Judée. Il demeurait au milieu des animaux sauvages, et sa voix retentissait comme la voix du lion, roi du désert, au fond des taillis et le long des haies. On montre encore sur un rocher l'endroit d'où le solitaire prêchait la multitude qui accourait autour de lui. Car tout le peuple le regardait comme le prophète du nouveau règne de Dieu, sinon pour le Messie lui-même, tant on était persuadé que les temps prédits étaient accomplis.

Mais dans la quinzième année de Tibère, » à partir de l'année où Auguste le choisit pour son collègue dans l'empire, ou dans la douzième année de son règne comme seul empereur, c'est-à-dire l'an de Rome 778 et 25 de l'ère chrétienne, « la parole du Seigneur se fit entendre • dans le désert à Jean, fils de Zacharie, » comme autre

fois aux prophètes : « Va trouver mon peuple d'Israël. » Et il sortit du désert après avoir accompli la trentième année de son vou. « Et il parcourut toute la contrée en<<vironnante le long du Jourdain, prêchant le baptême de << la pénitence pour la rémission des péchés. » Déjà sanctifié par le Saint-Esprit dès le sein de sa mère, il convertit au Seigneur un grand nombre des enfants d'Israël, Revêtu de l'esprit et de la force d'Élie, il cherchait à faire refleurir dans le cœur des enfants les sentiments de leurs ancêtres, à instruire les incrédules dans la sagesse, et à élever un peuple parfait en présence du Seigneur. Ainsi s'accomplissait ce que l'ange de Dieu avait annoncé à Zacharie déjà vieux, au pied de l'autel. Zacharie n'avait pas cru à cette parole; et il était devenu muet, parce qu'au lieu d'entonner, comme Marie, un cantique de louanges en l'honneur de Dieu, il avait osé douter de la promesse qui lui était faite. Il était devenu muet, pour prouver que ce mystère divin que les anges désiraient contempler devait rester caché au reste du monde jusqu'à la grande manifestation. Mais sa langue avait été déliée le jour où naquit celui dont la voix devait remplir, comme celle du lion, les déserts de la Judée.

CHAPITRE III

État des choses au moment de la prédication de Jean.

Pilate, nommé par l'empereur gouverneur de la Judée, venait d'arriver en ce pays. Dans la première ferveur de son zèle pour sa nouvelle dignité, il conduisit aussitôt son

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