Obrazy na stronie
PDF
ePub

complie. Ceci est arrivé par une coincidence remarquable, au moment où s'accomplissait le deux cent vingt-deuxième cours du cycle luni-solaire de dix-neuf ans et c'est de là qu'a pris naissance l'ère de l'Ascension, qui est encore usitée en diverses contrées de l'Orient. Ainsi la prophétie de Daniel, la plus sublime et la plus claire de toutes les prophéties de l'Ancien Testament, s'est accomplie jusqu'au dernier point. Les soixante-dix semaines nous servent non-seulement à préciser l'époque où le divin Médiateur a commencé sa carrière publique, et celle où il est mort, mais encore pour corriger notre chronologie en ce qu'elle a de défectueux. Nous avons donc ici une démonstration à priori que cette chronologie compte cinq années de moins jusqu'au baptême de Jésus. Nous voyons aussi par là pourquoi tant d'écrivains, dans tous les temps, se sont trompés plus ou moins dans le calcul des soixante-dix semaines, relativement à Jésus-Christ; et pourquoi, d'un autre côté, les vrais chronologistes ont cherché à présenter ces soixante-dix semaines de la prophétie de Daniel comme une grande semaine des étoiles fixes.

CHAPITRE XX

De l'année de la mort de Jésus-Christ et du jour de la Rédemption.

<«En ce temps vivait aussi Jésus, un homme sage, si on << peut l'appeler simplement un homme. Car il a accompli « des choses étranges; il était le docteur de ceux qui re«çoivent avec joie la vérité, et il s'est fait beaucoup d'i<<mitateurs parmi les Juifs et parmi les païens. Ce Jésus

« était le Christ que Pilate, sur les plaintes des princes de a notre peuple, condamna à mourir sur la croix. Cepen«dant ceux qui l'avaient aimé pendant sa vie ne cessèrent • point pour cela de l'aimer après sa mort. Car il parut « de nouveau vivant à leurs yeux le troisième jour après ⚫ son supplice, comme l'avaient prophétisé de lui les di• vins prophètes, qui racontent mille autres merveilles à

son sujet. Et le peuple qui a pris de lui le nom de « chrétien a duré jusqu'à ce jour. » (Antiq., 18, 3, 3.)

Tel est le témoignage que Josèphe rend de Jésus-Christ, dont la mort ne précéda que de huit ans la naissance de cet historien. Ce témoignage est d'autant plus remarquable que, parmi les contemporains de Josèphe, un grand nombre avaient été témoins oculaires des actions de Jésus. Aussi ce témoignage a-t-il été invoqué dans tous les temps, comme nous le voyons dans Eusèbe, saint Jérôme, Isidore de Péluse, Photius, Suidas, etc., et dans tous les lieux; car nous le trouvons partout dans les plus anciens manuscrits grecs, et dans une multitude de traductions latines. Si Josèphe appelle du nom de paradoxes ou choses tranges les actions de Jésus, c'est qu'il ne pouvait se les expliquer naturellement, et qu'étant pharisien, il ne pouvait les croire. Et pourtant les témoins oculaires de ces faits étaient là sous ses yeux. Son témoignage est, à cause de cela, suffisant pour dissiper et détruire toutes les explications que les rationalistes ont voulu donner de la vie et des merveilles de Jésus. Ce témoignage, sorti de la bouche d'un Juif, dans un de ces moments de sincérité comme il y en a dans la vie de chaque homme, même du plus incrédule, est pour nous de la plus haute importance.

Mais le paganisme ne pouvait rester muet dans une chose de cette gravité; il devait unir sa voix à celle dụ judaïsme, et proclamer avec celui-ci la haute dignité de Jésus et sa mort. En effet, le Fils de Dieu, en mourant sur la croix, abolit pour toujours et les sacrifices des païens et ceux que commandait la loi de Moïse. Cet événement, le plus grand de tous, et qui ébranla le monde jusque dans ses bases, ne pouvait rester un mystère ni pour les païens ni pour les Juifs. Si donc nous interrogeons les premiers sur ce grand fait, nous devons trouver chez eux la confirmation de l'époque où Jésus est mort. Plutarque, dans son livre de la Chute des oracles, chap. xvii, nous raconte à ce sujet une histoire merveilleuse. C'est un dialogue entre plusieurs philosophes romains, dont l'un s'exprime de la manière suivante :

[ocr errors]

Épitherse, le père du rhéteur Émilien, que quelques<< uns de vous ont entendu, et qui était mon compatriote << et mon maître de grammaire, racontait qu'il fit un « voyage en Italie sur un vaisseau qui avait à bord des << objets de commerce et beaucoup de passagers. Un soir, <«< comme ils étaient près des îles Échinades (aujourd'hui << Curzolari, Paros et Antiparos), le vent cessa, et le <«< vaisseau fut poussé dans le voisinage de l'île Parée. La « plupart des passagers étaient encore éveillés, et beau«coup buvaient après le souper, lorsqu'on entendit tout « à coup partir de cette île une voix, comme si quelqu'un << appelait Thamus. Ainsi s'appelait le pilote, qui était

Égyptien, mais dont très-peu de passagers connaissaient <«<le nom. Tout le monde fut plongé dans l'étonnement, « et le pilote ne répondit point à cette voix, quoiqu'elle « l'eût appelé deux fois. Cependant il répondit à un troi

sième appel, et la voix lui cria alors : Quand tu pas* seras près de Palodes, annonce à ce lieu que le grand « Pan est mort. Tous les passagers ne savaient que penser, « et se demandaient s'il était prudent d'exécuter l'ordre qui venait d'être donné, où s'il ne valait pas mieux ne € plus s'occuper de cette affaire. Mais Thamus déclara que, si le vent soufflait, il passerait devant Palodes sans ⚫ rien dire; mais que, si au contraire le temps était calme, il dirait ce qu'il avait entendu. Or, lorsqu'on fut près de Palodes, comme le temps était calme et la mer tranquille, Thamus, se plaçant sur l'arrière du vaisseau, et se tour«nant du côté de la terre, cria comme il l'avait entendu :

Le grand Pan est mort. A peine avait-il prononcé ces « mots, qu'on entendit une grande multitude qui poussait ⚫ un immense soupir. Comme il y avait beaucoup de passagers sur le vaisseau, cet événement fut bientôt connu à Rome, où il devint l'objet de toutes les conversations, si bien que l'empereur Tibère fit venir près de lui Thamus. Cette affaire fit même sur son esprit une telle impression, qu'il fit faire des recherches très-exactes • relativement à ce Pan, dont on avait annoncé la mort. * Mais les philosophes qui l'entouraient furent d'avis que ce Pan était le fils de Mercure et de Pénélope. Quant à Philippe (c'était le nom de celui qui racontait l'histoire), il trouva parmi les assistants plusieurs témoins qui ⚫ avaient entendu raconter ce fait par le vieil Émilien * lui-même. »

[ocr errors]

Sur les plateaux de l'Asie centrale, et particulièrement dans le désert de Kobi, on entend souvent descendre d'en haut je ne sais quelles voix sans qu'on puisse deviner leur origine, ni comment elles se forment. Vous diriez

tantôt des voix vivantes, tantôt des sons d'instruments, tantôt des plaintes profondes et pénétrantes, semblables aux musiques aériennes de l'île de Ceylan. Les voix dont il est question dans cette histoire étaient aussi des voix mystérieuses de la nature, dont les puissances infernales se servaient pour communiquer aux hommes cette nouvelle, objet de terreur pour elles. La mort du Fils de Dieu fut annoncée par toute la terre par des phénomènes étranges. Le paganisme ressentit jusque dans son fond le plus intime, dans ses oracles, le contre-coup de ce grand événement. De même qu'un signe paraissant au ciel avait annoncé au Sabéisme la naissance du Sauveur, ainsi la mort de Celui qui était descendu aux enfers est annoncée ici par les oracles de l'enfer, aux adorateurs des démons, jusque dans Rome leur capitale. Et de même qu'à l'arrivée des mages, Hérode réunit les sages d'entre les Juifs, pour les interroger sur la naissance du Messie, ainsi Tibère consulte ici les sages de son peuple sur la nouvelle de sa mort. Cet événement est d'autant plus remarquable que, peu de temps après, le rapport de Pilate sur la mort de Jésus arriva à Rome au palais de l'empereur. Et c'est de là sans doute qu'est venue cette tradition, que Tibère proposa au sénat de mettre Jésus au nombre des dieux, mais que le sénat rejeta ce projet. Tacite aussi, dans ses Annales (15, 44), racontant l'incendie de Rome fait mention de la mort de Jésus dans les termes suivants : « Pour dé« tourner de lui le soupçon d'avoir ordonné lui-même cet << incendie, Néron en accusa les chrétiens. C'est ainsi que « le peuple appelle cette race, objet d'horreur et de haine « à cause de ses crimes. Ce nom vient d'un homme • nommé Christ, qui fut condamné à mort et exécuté

« PoprzedniaDalej »