cement de leur jubilé, dont Jésus-Christ était le but prophétique. Le jour des trompettes avait, pour ainsi dire, son écho dans la voix de Jean criant dans le désert; et le Nouveau Testament commençait avec lui. Cette fête durait deux jours. Huit jours plus tard, c'est-à-dire le 10 du même mois, arrivait la fête des Expiations, où le grand prêtre entrait dans le Saint des saints; et le 15, juste six mois après la Pâque, on célébrait la fête des Tabernacles, qui, comme la Pàque, durait aussi huit jours pleins. Il en est encore ainsi chez les Juifs de nos jours. Depuis le commencement de l'année jusqu'à la fête des Expiations, les Juifs célébraient par le jeûne et la prière ce qu'ils appelaient le temps du pardon ou de l'indulgence: aussi ce temps s'appelait les dix jours de pénitence. A cette époque, d'après la croyance populaire des Juifs, devaient se tenir les grands comptes de l'humanité dans le ciel et sur la terre. Voici comment s'exprime à ce sujet le R. Cruspedoi, dans un des traités du Talmud intitulé: Rosch haschana : «Trois livres sont ouverts dans le sanhédrin céleste au << jour de la nouvelle année : l'un pour les hommes « pieux, le second pour les pécheurs, et le troisième pour «< ceux qui sont seulement médiocres ou tièdes. Les pre<<miers sont inscrits aussitôt pour la vie, et les seconds « pour la mort. Quant aux derniers, Dieu les attend jus<< qu'au jour des expiations; et alors ils sont inscrits défi<<nitivement dans le livre de vie ou dans celui de la « mort, selon qu'ils se convertissent. >>

C'est à cette époque aussi qu'avait lieu tous les sept ans le jubilé, où toutes les propriétés revenaient à leurs anciens maîtres, et où les esclaves recouvraient leur liberté. Or l'année jubilaire, l'année du pardon et de l'indul

gence, n'a-t-elle moment où Jésus-Christ a manifesté aux hommes sa mis

pas commencé pour le monde entier au

sion divine?

En général, le septième mois ecclésiastique avait chez les Juifs une signification très-élevée et un sens prophétique. C'est dans ce mois que le monde, d'après les traditions juives, avait été créé. La fête des Expiations avait été placée au jour où l'on croyait qu'avait eu lieu la première faute d'Adam. C'est dans ce mois que les patriarches étaient nés, et qu'ils étaient morts. C'est dans ce mois que Sara, Rachel, Anne, mère de Samuel, et Élisabeth avaient reçu du ciel la fécondité. C'est dans ce mois que Dieu avait contracté avec Abraham une alliance plus intime par la circoncision. C'est dans ce mois que Joseph était sorti de prison, et qu'avait cessé la captivité d'Égypte. C'est dans ce mois que les tables de la loi brisées par Moise avaient été renouvelées, et que le temple de Salomon avait été consacré. C'est dans ce mois enfin que, d'après les traditions du Talmud, exprimées par R. Éliéser, le Messie devait commencer sa mission. Et cette tradition s'est en effet accomplie car c'est en ce mois que le Sauveur parut au milieu des hommes, dont il était resté jusque-là éloigné, et qu'Israël tout entier se pressa sur les bords du Jourdain autour de Jean-Baptiste pour faire pénitence.

Les interprètes des saintes Écritures ne sont pas d'accord sur l'àge qu'avait Jésus au moment de son baptême. Les uns lui donnent un peu plus, les autres un peu moins de trente ans. Le plus grand nombre croient qu'il avait vingt-neuf ans et quelques mois : tels sont Clément d'Alexandrie, Origène, saint Jérôme, etc. Saint Irénée, saint

Grégoire de Nazianze, Théophylacte et Euthymius, plaçant le baptême de Jésus au 6 janvier, lui donnent vingt- neuf ans et treize jours. Quelques-uns lui donnent seulement vingt-huit ans. Saint Ignace le Martyr, saint Chrysostome et Baronius parmi les modernes, sont pour trente-un ans; Petau, Tirin, sont pour 32, de même que tous ceux qui, plaçant la naissance de Jésus et la quinzième année de Tibère dans l'an 749, donnent pour date à son baptême l'année 782. Noël Alexandre est pour trente-quatre ans, et Hardouin pour trente-cinq. Il serait trop long d'énumérer ici les raisons sur lesquelles s'appuient les partisans de ces diverses opinions.

Nous pouvons, d'après tout ce que nous avons dit plus haut, donner comme à peu près certaine la proposition suivante : Jésus-Christ avait trente ans et un peu plus de neuf mois à l'époque de son baptême, qui doit avoir eu lieu le 10 du mois de Thisri 778. En d'autres termes, le Christ est vraiment né en 747, et a été baptisé en 778.

CHAPITRE XVI

De la construction du temple d'Hérode.

«La Pâque des Juifs étant proche, Jésus s'en alla à Jé«rusalem. Et ayant trouvé dans le temple des gens qui << vendaient des bœufs, des moutons et des colombes, «< comme aussi des changeurs qui étaient assis à leurs << bureaux, il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous « du temple....... et il dit : Détruisez ce temple, et je le << rebâtirai en trois jours. Les Juifs lui dirent: On a déjà

■ travaillé quarante-six ans à ce temple, et vous voulez « le rebâtir en trois jours? » (Év. saint Jean, 11 13.)

Six cent quatorze ans s'étaient écoulés depuis que Nabuchodonosor avait détruit le temple de Salomon. Salomon avait bâti ce temple sur la montagne de Moria, dans l'espace de sept années. Après le retour de Babylone, la reconstruction de cet édifice sacré, à partir du moment où l'on mit la main à l'œuvre jusqu'à son achèvement, sous Esdras et Néhémie, avait duré quarante-six ans, c'est-àdire sept semaines d'années. Mais ce second temple avait été renversé comme le premier, et devait être remplacé par un troisième plus magnifique encore, sous le roi Hérode. C'est ainsi que nous devons comprendre ce que les Juifs nous disent de la construction du temple par Hérode. Voici ce que Josèphe écrit à ce sujet (Antiq., 15, 11, 1):

« Dans la dix-huitième année de son gouvernement, Hérode commença une œuvre considérable : il voulut rebâtir à ses frais le temple du Seigneur, sur un plan « beaucoup plus vaste que celui qui avait été détruit. Il voulait que cette œuvre surpassât tout ce qu'il avait fait « jusqu'ici, et acquérir ainsi une gloire immortelle. >> Hérode avait été nommé roi dans l'automne de l'an 714; trois ans après, il était monté sur le trône. Josèphe compte ici les années du règne d'Hérode à partir de celle où il prit vraiment possession de la royauté. Il commença donc à rebâtir le temple l'an 734, vers l'époque où naquit la bienheureuse Vierge Marie. Voici maintenant ce que le même Josèphe nous raconte sur l'achèvement de cet édifice. (Ch. 11, 5, 6.) D'après lui, les ouvrages extérieurs furent terminés dans l'espace de huit ans, et le

temple intérieur fut élevé par le concours des prêtres dans l'espace d'un an et demi. Mais ceci ne veut pas dire que ce grand ouvrage ait été achevé par là; car autrement les Juifs n'auraient pu répondre à Notre-Seigneur : « On a mis quarante-six ans à bâtir ce temple. » Josèphe, dans le vingtième livre de ses Antiquités judaïques (ch. 11, 7), écrit peu de temps avant la dernière destruction du temple, fait cette remarque : « Alors (c'est-à-dire l'an 817) « fut achevé le temple, dont l'empereur Claude avait con«fié la reconstruction au roi Agrippa. Le peuple, voyant « que plus de dix-huit mille ouvriers, qui gagnaient aupa<< ravant leur vie en travaillant à cet édifice, étaient privés

d'ouvrage, et cherchaient quelques moyens de vivre, « pria le roi de faire reconstruire les parvis du temple « vers l'Orient. » De cette manière la reconstruction du temple, depuis le commencement de cette entreprise jusqu'à son achèvement parfait, a duré, non pas quarante-six ans, mais quatre-vingt-huit ans; et nous avons eu raison de traduire la réponse des Juifs à Jésus de cette manière : «On a déjà travaillé quarante-six ans à ce temple. »>

D'après le témoignage de l'évangéliste saint Jean, qui avait assisté lui-même à cette fête, dont il parle au chapitre i de son Évangile, c'était la première fois que Jésus fêtait la Pàque avec ses disciples, et qu'il se donnait publiquement comme le Messie dans la ville même de Jérusalem. Ainsi, son premier acte public en cette qualité fut la purification de la maison du Seigneur. Il est vrai que les autres évangélistes ne parlent pour la première fois de cette scène qu'à l'occasion de la dernière fête de Pâques. Mais, comme dans leur récit ils ne s'attachent point exactement à l'ordre indiqué par les fêtes pascales, et qu'ils ne