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bergers arabes, ceux de Cilicie et de Phrygie. La Genèse (ch. xxx, 40) nous donne à entendre qu'il en était ainsi en Mésopotamie. Il n'en pouvait donc être autrement dans la terre promise, voisine de ces pays, et d'un climat bien plus chaud que les nôtres. S'il en est autrement aujourd'hui, on doit l'attribuer à cette malédiction qui depuis la mort de l'Homme-Dieu pèse sur le peuple juif et sur le sol qu'il habitait autrefois.

Dans la campagne de Bethlehem était aussi cette tour où les pasteurs de la contrée s'abritaient, et dont parle le prophète Michée (iv, 8): « Tour nuageuse de la fille de

Sion, où les troupeaux s'abritent, elle viendra vers toi, ⚫elle viendra vers toi, l'ancienne domination, le royaume ■ de la fille de Jérusalem. » C'est cette tour près de Bethléhem où Israël avait autrefois dressé ses tentes, la tour où s'abritaient les troupeaux pendant la nuit, et dont on lit dans le Targum de Jonathan sur la Genèse (xxxv, 21): « Au ⚫ delà de la tour d'Éder, qui est le lieu d'où se mani

festera le Roi Messie à la fin des jours. » Nous pouvons, en substituant le passé au futur, dire : « qui est le « lieu où le Messie est né. » Il y avait de ces tours d'observation dans les campagnes et sur les hauteurs, comme dans ce vignoble dont il est parlé en saint Marc (xu, 1); et elles sont encore aujourd'hui nécessaires aux Arabes, pour prévenir les attaques des Bédouins. Mais il y avait sous ce rapport quelque chose de particulier pour les campagnes situées entre Jérusalem et Bethlehem, car c'était là qu'on élevait les troupeaux d'agneaux, de brebis et de jeunes taureaux qui étaient destinés pour les sacrifices journaliers du temple. Les bergers qui rendirent les premiers hommages au Sauveur du monde gardaient ces sortes

de troupeaux; ils faisaient leur tour de veille, réunis autour d'un feu de bivac.

Une veille de nuit comprenait, chez les Grecs et les Romains, la quatrième partie, et chez les Hébreux la troisième partie de la nuit entière: elle alternait donc toutes les trois heures pendant l'été, et toutes les quatre heures pendant l'hiver. La première durait jusqu'à dix heures de la nuit, la seconde jusqu'à deux heures après minuit, et la troisième enfin jusqu'au matin. Les gardiens se retiraient à mesure qu'ils étaient remplacés. C'est donc un fait parfaitement établi qu'au 25 décembre de l'an 747, à l'époque où tous les peuples étaient dans la plus vive attente, Jésus naquit comme le Messie promis depuis longtemps aux Juifs et aux païens; et c'est là l'heure où ont commencé les temps nouveaux.

CHAPITRE IX

Suite du même sujet.

A peine les bergers de la montagne eurent-ils entendu le message de l'ange et le chant des chœurs célestes, qu'ils coururent vers la sainte grotte, et y trouvèrent l'enfant dans une crèche. Aidés par eux, les parents de Jésus le placèrent plus commodément dans l'étable. C'est là que l'enfant fut circoncis le huitième jour, c'est-à-dire le premier jour de l'an 648, par les mains du patriarche Joseph, et qu'il reçut le nom de Jésus. C'est là aussi que le trouvèrent les mages, ces pasteurs des peuples, prémices des païens. Une légende orientale nous représente le lieu de

la naissance de Jésus comme un caravansérail en ruine, avec un toit à l'entrée pour abriter les troupeaux et les bêtes de somme. D'après une autre légende, c'était une grotte ouverte au flanc de la montagne, qui servait de parc pour les troupeaux. Nous examinerons plus tard la première de ces légendes: la dernière a quelque chose de plausible; mais elle a rapport à une époque postérieure, et au second asile où s'abrita Marie. La Palestine tout entière était pleine de grottes et de cavités qui, après avoir servi autrefois de demeure aux Troglodytes cananéens, servirent plus tard de refuge aux solitaires comme Élie et Jean-Baptiste, ou aux guerriers, comme aux jours de Josué, des Machabées et des Romains. Mais sous Hérode et dans les derniers jours du peuple juif, elles devinrent des repaires de voleurs. On représente ordinairement le lieu. où est né le Sauveur comme une grotte en ruines. D'après les indications de l'Évangile, ce pourrait être tout aussi bien une grange adossée à une maison, et en formant le fond, d'après la coutume alors en vigueur dans le pays.

Le Messie vivait ainsi au milieu des familles de bergers de Bethlehem, inaperçu du monde, protégé par le silence de ces lieux et par sa pauvreté; et lorsque ces bergers, après le départ des mages, connurent le danger qui menaçait Jésus, il ne se trouva pas un seul espion ni un seul traitre parmi eux; mais ils le cachèrent avec soin, et le préservèrent ainsi de la fureur d'Hérode, dont la défiance jalouse avait atteint avec l'âge une nouvelle activité, comme nous le raconte l'historien Josèphe (Antiq., 16, 7, 3, 8, 2, 5). Ce tyran, occupé alors du recensement, et entouré des populations qui se pressaient pour lui rendre hommage à lui et aux Romains, ne pouvait, dans

son orgueilleux dédain, et d'après les croyances populaires qui régnaient alors en Judée, soupçonner que le Maître de la terre, le rejeton de David, fût né dans un tel abaissement. Aussi congédia-t-il les mages avec indifférence et dérision, pour les laisser aller vers les grottes de Bethlehem, leur disant que, s'ils pouvaient trouver le roi des Juifs, il irait aussi lui rendre ses hommages, et qu'après tout il arrivait quelquefois que de grands personnages naissaient avec des signes célestes dans une condition obscure. Puis, irrité et inquiet de leur prompt départ, il ne sut pourtant jamais fixer ses incertitudes à l'égard du nouveau-né. N'avait-il donc rien vu qui annonçât la venue du Messie et sa gloire? N'est-ce pas par lui que le sceptre avait été arraché de Juda? Et la prophétie de Jacob à cet égard (Genės., XLIX, 12) avait une grande valeur alors auprès des Juifs, comme nous le voyons dans les livres qui contiennent leurs traditions. L'époque où le sceptre avait quitté la tribu de Juda ne coïncidait-elle pas avec la fin des soixante-dix semaines de Daniel? Lui-même, fier de sa puissance, ne voulait-il pas se faire reconnaître comme le roi légitime et le Messie des Juifs, qui leur avait bâti un nouveau temple sur le mont Moria? Illusion facile à comprendre dans un tyran de cette sorte, au milieu d'une cour brillante et de flatteurs esprits forts (les Hérodiens) qui, semblables aux francs-maçons de nos jours, voyaient dans le pouvoir royal la plus haute manifestation de la Providence divine, et l'accomplissement des bénédictions promises à l'humanité.

Peut-être pensait-il que les mages n'avaient rien trouvé, et n'osaient revenir à Jérusalem. Peut-être aussi tarda-t-il de lancer l'arrêt de mort qu'il méditait, afin d'avoir le

temps d'achever le recensement de la tribu de Bethlehem, et de pouvoir mieux trouver ensuite, d'après les registres, les victimes qu'il voulait frapper, en faisant égorger tous les enfants de Bethlehem inscrits jusqu'à l'âge de deux ans, de sorte qu'aucun ne pût échapper. En un mot, la Providence fit ici ce qu'elle fait toujours. Toujours, en effet, elle aveugle l'esprit et confond la sagesse de ceux qui veulent mettre obstacle à l'exécution de ses desseins : et son action se manifeste précisément en ce qu'elle fait de grandes choses avec de petits commencements et de faibles moyens; tandis que c'est le sort et le signe en même temps de toute action purement humaine, de n'aboutir à rien avec de grands efforts. Ainsi les yeux d'Hérode furent frappés d'aveuglement, et trente jours après le départ des mages sa colère ne s'était pas fait jour encore, et l'arrêt de mort n'était pas porté. Cependant on trouve çà et là dans de vieux livres une tradition d'après laquelle Marie avec Jésus, pour échapper à Hérode, aurait quitté sa première retraite, et cherché un refuge dans la grotte d'un rocher comme il y en a beaucoup aux environs de Bethlehem, afin d'y vivre plus en sûreté sous la protection des bergers: et ce lieu s'appelle la Grotte de lait.

CHAPITRE X

Purification de Marie, et Présentation de Jésus au temple.

Quarante jours s'étaient écoulés, et le temps était venu où Marie devait être purifiée, où le Messie devait paraître pour la première fois dans le temple sur les bras de sa

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