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Ob! pêcheur des mortels, des héritiers du salut, toi « qui par ta douce vie pêche les poissons purs du milieu « des flots ennemis. » Et encore aujourd'hui l'on retrouve çà et là gravé sur les anciens fonts baptismaux, particulièrement dans le Nord, le signe des Poissons.

Au reste, ce qui démontre que l'étoile du Christ est vraiment cette grande constellation dans le signe des Poissons dont nous avons parlé plus haut, et que cette opinion n'est point un rêve de savant, comme tant d'autres spéculations de notre époque, c'est que déjà l'antiquité chrétienne semble avoir remarqué ce fait, et avoir considéré l'étoile du Messie comme le résultat de cette grande conjonction des deux planètes et ce n'est que plus tard que cette interprétation a été oubliée et négligée. C'est ce dont on peut se convaincre par un passage de Tertullien, de Idololatria, chap. 9, où ce grand homme, tout en improuvant ce fait, témoigne de son existence : «Les mages • et les astrologues, dit-il, vinrent d'Orient. Nous savons « qu'il y a un rapport intime entre la magie et l'astro«logie. Ce furent donc les interprètes des astres qui les premiers annoncèrent la naissance du Christ. La religion ⚫ de ces mages peut-elle servir de justification aux astrologues? Car aujourd'hui l'astrologie a pris le Christ pour objet de ses spéculations. Elle parle de l'étoile (on lit, dans certains manuscrits, des étoiles) du Christ. Mais Dieu a permis l'usage de cette science jusqu'à l'é< poque de l'Évangile seulement, et depuis que le Christ ⚫est né, il n'est plus permis d'interpréter la naissance de qui que ce soit par des signes du ciel. »

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C'est du même point de vue que saint Chrysostome considère le récit des évangélistes et reconnaît dans le voyage

des mages un présage de la conversion des païens. Et dans sa huitième homélie, il s'exprime ainsi : « Comme <«< c'étaient des mages, et qu'ils étaient occupés à consi« dérer les astres, Dieu fit briller à leurs yeux une étoile, << afin d'élever plus haut leurs pensées. Une étoile les at«<< tire pour les détourner désormais de ce qui avait fait

jusque-là leur occupation habituelle, et pour dé<< truire ainsi la tyrannie de l'astrologie. » Telle est donc la véritable manière d'expliquer l'étoile de Jésus-Christ, et la plus propre à résoudre toutes les objections que pourrait soulever le récit de l'Évangile. Mais, à côté de cette explication, il en est une autre toute mythologique, et voici ce qu'elle nous raconte.

Au moment où sonna la dernière heure des temps anciens, une étoile, sous la forme d'un enfant portant à la main droite une croix, apparut au firmament, et annonça aux mages l'accomplissement des anciennes prophéties. Cette interprétation se trouve dans le livre de Seth, et dans un commentaire sur saint Matthieu connu sous le nom d'Opus imperfectum. Elle est passe dans la légende du mont Vaus, dont nous avons parlé plus haut. C'est à elle que se rattache encore ce récit apocryphe d'après lequel, à l'époque de la naissance du Christ sous Auguste, les païens auraient vu à Rome dans le ciel une étoile sous la forme d'une vierge portant dans ses bras un enfant lumineux. Il faut reconnaître simplement ici un mélange de mythologie, d'astronomie et d'astrologie, et dans cette vierge qui paraît au ciel, Astrée avec son fils, ou la Vierge, un des signes du zodiaque.

D'après une autre explication, un ange apparaissant aux mages et aux bergers, enveloppé de lumière, aurait

montré aux premiers le chemin qu'ils devaient suivre. Cette interprétation semble sourire à saint Augustin, à saint Chrysostome, à saint Léon, à saint Césaire, à Théophylacte, à Euthymius, etc. C'est celle qu'admet l'évangile arabe de l'enfance de Jésus. A côté de ces explications, il en est d'autres qu'on peut appeler populaires, comme celle qui reconnaît dans l'étoile des mages cette même colonne de feu qui guida les enfants d'Israël vers la terre promise; ou encore comme celle de Sohar, qui parle d'une colonne, d'une flamme paraissant au ciel à la naissance du Messie.

D'autres ont cru voir dans cette étoile une comète, comme Origène contre Celse (1, 12). Une comète, en effet, apparut l'année même de la naissance du Christ, ou, d'après les calculs de Lubiniezki, de Hevel et de Casius, à la fin de l'ère sainte et jubilaire de la Rédemption, composée de quatre mille trois cent vingt années lunaires, ou de quatre mille cent quatre-vingtonze années solaires. Cette comète, d'une dimension trèsgrande, apparut dans le signe du Bélier, et fut visible pendant trente-deux jours. Waser considère l'étoile des mages comme un phénomène céleste particulier, qui a paru de l'an 4175 à 4177 de l'ère jubilaire de Frank, c'est-à-dire de l'an de Rome 747 à 749, puisque Frank, de même que Gatterer, comptent 4180 ans jusqu'à l'an 752 de Rome.

Enfin, d'après une interprétation plus matérielle encore, et qui a passé dans un grand nombre de traditions populaires, l'étoile de Bethlehem ressemblerait à cette étoile nommée Catherine, qui apparut au xve siècle, et qui excita tellement la curiosité, que plusieurs Allemands

T. I.

allèrent pour la voir jusqu'au Sinaï, où elle était visible. Elle n'aurait été qu'un météore inaccoutumé, ou, comme pensent Grégoire de Nysse et Pierre Chrysologue, une espèce de feu aérien ou d'aurore boréale, qui apparut au ciel comme signe du Fils de l'homme, et qui, après avoir achevé sa course, s'enfonça dans un puits près de Bethléhem, et là, visible longtemps encore, jetait un éclat si brillant, qu'elle pouvait paraître aux yeux des pieux pèlerins comme une étoile parcourant les cieux en plein jour, précisément parce que le ciel étoilé se réfléchissait vers midi dans la profondeur obscure du puits, par un phénomène analogue à celui du puits astronomique de Krems Munster. Grégoire de Tours, dans l'introduction de ses Histoires merveilleuses, attribue cette conjecture à l'un de ses diacres, qui en 573 avait, en compagnie de quatre autres, visité la terre sainte. Nous laissons au lecteur de décider s'il convient d'accumuler ainsi sans motif les miracles. Il faut aussi remarquer que, dans toutes ces interprétations, il est impossible d'admettre que les mages alent pu reconnaître l'étoile par des calculs faits d'avance. Quant à nous, en trouvant la véritable époque de la naissance de Jésus-Christ par le moyen du corps lumineux qui parut alors, nous n'avons fait que confirmer cette ancienne opinion, qu'aux grands événements du monde moral correspondent toujours des faits aussi considérables dans le monde physique. Et le résultat de toutes nos recherches, c'est que Jésus-Christ est né vers la fin de l'an de Rome 747. Par où l'on voit ce qu'il faut penser de ceux qui regardent comme apocryphes et comme un mythe les deux premiers chapitres de saint Matthieu.

CHAPITRE VIII

Sur le jour de la naissance de Jésus-Christ.

« Le roi Hérode, se voyant trompé par les mages, « entra dans une grande colère. Il envoya des gens pour « tuer tous les enfants de Bethléhem et de la contrée a voisine, dès l'âge de deux ans et au-dessous, d'après « l'époque que lui avaient fournie les mages. Joseph se leva donc, prit pendant la nuit l'enfant et sa mère, et a s'enfuit en Égypte. Enfin, Hérode étant mort, il revint « dans la terre d'Israël. Mais, ayant appris qu'Archélaüs « régnait en Judée à la place d'Hérode son père, il des« cendit dans le pays de Galilée. »

C'est là le massacre de Bethlehem, dont fait mention Macrobe, auteur païen, qui, parmi les mots plaisants de l'empereur Auguste, rapporte que celui-ci, ayant appris qu'Hérode, dans le massacre des enfants de deux ans fait par son ordre en Syrie, n'avait pas épargné son propre fils, dit par ironie : « Il vaut mieux être le porc d'Hérode • que son fils. » C'était une allusion à la loi qui défend de tuer aucun porc. La personne du Christ contient dans sa réalité un mythe si puissant et si large, que même les plus petites circonstances de sa naissance ont été connues aux contrées les plus lointaines, depuis l'Orient jusqu'à l'Occident, et que ni les empereurs romains ni les auteurs païens ne les ont ignorées. Au reste, si Tacite et Suétone ne nous disent comparativement que peu de chose du Christ, c'est que la nation juive était très-peu connue des peuples classiques, et qu'ils l'estimaient trop peu pour la

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