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bon d'observer, combien on doit estre zelateur de leur integrité.

parce qu'ils ne le prononçoient point assez grassement, les Galaadites les egorgeoient sur le bord du Jordain.

Quand un testament honorable est confirmé par la mort du testateur, il ne faut La seule difference de cette prononciation pas ajouter, diminuer ny changer en quoi faisoit l'equivoque en parlant, et en escrit, que ce soit, car celuy qui le feroit seroit la transposition d'un seul point sur la lettre sans doute tenu pour un faussaire; les scin, faisoit l'equivoque en changeant le sainctes Escritures ne sont-elles pas le vray | jamin en semel, qui au lieu d'un epic de Testament (1) de Dieu eternel, bien scelées bled, signifie un poids ou une charge; en son Fils, signées de son propre sang, et ainsi celuy qui change ou varie le moindre confirmées par sa mort? Que s'il est ainsi, accent du monde en l'Escriture, est sacricombien se faut-il garder d'y remuer aucune lege et merite la mort, non moins que chose?« Le Testament, » dit le grand (2) celuy qui ose mesler le prophane au sacré.' Vulpien, « est une juste et derniere senLes arriens, comme nous l'apprend sainct tence de volonté, de ce que quelqu'un veut Augustin (1), corrompoient cette sentence estre fait après sa mort. » Nostre-Seigneur, du premier chapitre de sainct Jean : « In par les sainctes Escritures, nous montre principio erat Verbum: et Verbum erat ce qu'il nous faut croire, ce qu'il nous faut apud Deum, et Deus erat: » sans y faire esperer, aimer et faire, et ce par une juste autre chose que remuer un point: car ils sentence de sa volonté immuable; si nous lisoient ainsi; « et Verbum erat apud y ajoutons, si nous y levons, ou changeons Deum, et Deus erat. » Puis ajoutoient : quelque chose, ce ne sera plus la juste sen<«< Verbum, hoc erat in principio apud tence de la volonté de Dieu : le Fils du Pere Deum » ce qu'ils faisoient de peur d'aceternel a luy-mesme ajusté la saincte Es- corder que le Verbe fust Dieu; ce qui fait criture à sa volonté ; si nous y ajoutons du voir qu'il faut bien peu pour alterer cette nostre, nous ferons la sentence plus grande sacrée parole; celui qui manie des grains que la volonté du testateur; si nous en de verre, sans discretion, s'il en perd ostons, nous la ferons plus courte; si nous quelques-uns, c'est peu de chose; mais si y changeons, nous la rendrons oblique et c'estoient autant de perles orientales, la courbe, et ne pourra plus se joindre à la perte seroit grande. Quand le vin est meilvolonté de l'autheur, ny n'en sera plus la leur, il se ressent plutost du goust etranjuste sentence; par quel droit l'alteronsger, et la douceur d'un excellent tableau nous? Nostre-Seigneur (3) met en conte ne peut souffrir le melange de nouvelles dans son Escriture jusques au moindre ïota. couleurs. Telle est la discretion avec laQuelle punition donc ne meriteront pas quelle nous devons contempler et manier ceux qui violeront son integrité?<«< Mes le sacré depost des Sainctes Escritures. freres,» dit sainct Paul, « je parle selon l'homme, mais personne ne meprise le testament confirmé d'un homme, ny n'ordonne outre cela. » Et pour montrer combien il importe de laisser l'Escriture en sa naïfveté, il met un exemple. (4) « Abrahæ dictæ sunt promissiones, et semini ejus, non dicit, et seminibus, quasi in multis, sed quasi in uno, et semini tuo, qui est Christus.» Voyez-vous combien la variation du singulier au pluriel auroit gasté le sens? Les Ephrateens disoient (3) Sybollet, et n'oublioient pas une seule lettre, mais

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DISCOURS XXII.

Celuy-ci correspond au 18e, et traite le mesme sujet, avec quelque varieté d'ordre et de pensées.

La qualité, la quantité, et le nombre des livres

sacrez.

Tout de nouveau le concile de Trente nous propose au regard du vieux Teştament, ces livres icy pour sacrez, divins et canoniques: La Genese; l'Exode; le Levi

(1) Lib. i, de doct. Christ. cap 2.

tique; les Nombres; le Deuteronome ; Josué; les Juges; Ruth; les quatre livres des Rois; les deux livres des paralipomenes; deux livres d'Esdras; le premier et le second, qui est appelé de Nehemie; Tobie, Judith; Esther; Job; 150 Pseaumes de David; les Paraboles; l'Ecclesiaste; Isaïe; | Jeremie, avec Baruch; Ezechiel; Daniel; Osée; Joel; Amos; Abdias; Micheas; Nahum; Abacuc; Sophonias; Aggée; Zacharie; Malachie; deux des Machabées, le premier et le second. Au regard du Testament nouveau, les quatre Evangiles, selon sainct Matthieu, sainct Marc, sainct Luc, et sainct Jean; les Actes des apostres par sainct Luc; les quatorze Epistres de sainct Paul aux Romains, deux aux Corinthiens; aux Galates; aux Ephesiens; aux Philippiens; aux Colossiens; deux aux Thessaloniciens; deux à Timothée; à Tite; à Philon; - aux Hebreux; deux de sainct Pierre; trois de sainct Jean; une de sainct Jacques; une de sainct Jude, et l'Apocalypse. Le concile de Florence, il y a environ cent soixante ans, proposa et receut tous les mesmes, du consentement unanime de toute l'Eglise, tant grecque que latine; mais longtemps auparavant, il y a douze cents ans, ou environ, au troisiesme concile de Carthage où sainct Augustin se trouva, (1) tous les mesmes livres furent receus. Avant le temps de ce concile de Carthage, ils ne furent pas tous proposez pour canoniques, par aucun decret special de l'Eglise generale; mais il y en a quelques-uns de l'authorité desquels les anciens peres ont douté; à sçavoir; d'Esther; Baruch; Tobie; Judith; la Sapience; l'Ecclesiastique; les Machabées; l'Epistre aux Hebreux; celles de sainct Jacques; la seconde de sainct Pierre; la seconde et troisiesme de sainct Jean; l'Epistre de sainct Jude, et l'Apocalypse. De plus, en quelques-uns des livres (mesme de l'authorité desquels jamais on n'a douté en l'Eglise), il y a certaines parties que les anciens n'ont pas toutes tenuës pour authentiques; comme l'histoire de Susanne en Daniel; le Cantique des trois enfans; et l'histoire de la mort du dragon au quatorziesme chapitre du mesme prophete douta aussi pour un temps du dernier cha

(1) Cant. XLVII, au recit de Prosp. in Chron.

on

:

pitre de sainct Marc, (1) comme dit sainct Jerosme, et de l'histoire de la sueur de Nostre Seigneur au jardin d'Olivet, qui est de saint Luc, chap. 22, au rapport du mesme sainct Jerosme et au chapitre 8 de sainct Jean, on a douté de l'histoire de l'adultere, ou au moins quelques-uns ont soupçonné, qu'on en a douté; comme du verset 7 du dernier chapitre de la premiere de sainct Jean. Voilà tout ce que nous pouvons sçavoir des livres, et des parties desquelles on a eu quelques difficultez, parmi les anciens neantmoins après un examen tres-serieux et canonique, tous ces livres, avec toutes les parties susdites, ont esté enfin approuvez et receus en l'Eglise catholique.

:

Mais voicy ce qu'on peut opposer : Si ces livres ne furent pas dès le commencement en l'Eglise d'une foy indubitable, comme est-ce que le temps leur a pù acquerir cette authorité? Pour vray, l'Eglise ne sçauroit rendre un livre d'authorité divine, s'il ne l'est de soy-mesme mais l'Eglise peut bien declarer, en un temps, qu'un livre est canonique, qui n'estoit pas tenu pour tel d'un chacun, en un autre temps, et ainsi le mettre en credit dans le christianisme, non pas en changeant la substance du livre, qui de soy estoit canonique, mais en determinant la persuasion des chrestiens, et rendant tres-assuré, ce dont elle n'estoit entierement certaine auparavant. Mais, dira quelqu'un, comme se peut-il faire que l'Eglise declare de nouveau qu'un livre soit canonique? car elle n'est pas conduite par de nouvelles revclations, mais par les traditions apostoliques. On repond qu'elle a l'infaillibilité d'interpretation. On fait instance, que si les anciens n'ont pas eu cette revelation de l'authorité d'un livre, comme donc la peutelle sçavoir de nouveau? On replique que l'Eglise pesc et considere le temoignage de l'antiquité, la conformité que ce livre a avec les autres qui sont receus, et le commun goust que le peuple chrestien y prend; car comme on peut connoistre quelle est la viande propre et profitable aux animaux, quand on les y void prendre goust, et s'en nourrir sainement ainsi quand l'Eglise

(1) Hieron. ad Hedib, quæst, m, 1. 3. contra

¡ Pelag.

:

void que le peuple fidelle reçoit un livre pour canonique, et en fait son profit, elle peut connoistre que c'est une pasture propre et saine pour les fidelles; et de mesme que quand on veut sçavoir si un vin est de mesme crû qu'un autre vin, on les eprouve et on les examine en regardant si la couleur, l'odeur et le goust sont pareils en tous les deux : ainsi quand l'Eglise a bien examiné un livre, qu'elle en a discerné le goust, la couleur et l'odeur, la sainteté du style, de la doctrine et des mysteres, et que tout est semblable aux autres livres canoniques, et que d'ailleurs elle a le temoignage de plusieurs bons et irreprochables temoins de l'antiquité, elle peut declarer le livre pour frere germain des autres canoniques, et il ne faut pas douter que le Sainct-Esprit n'assiste de son inspiration ce jugement de l'Eglise car vos ministres mesme confessent que Dieu luy a remis en garde les sainctes Escritures; et ils avouënt que c'est à cette intention que sainct Paul l'appelle colomne et fermeté de verité Or comme les garderoit-elle, si elle ne les sçavoit connoistre et tirer du melange des autres livres? certes il est tresimportant à l'Eglise, qu'elle puisse juger en temps et lieu, quelle Escriture est saincte, et quelle non; car si elle recevoit une Escriture pour saincte, qui ne le fust pas, elle nous conduiroit à la superstition: et si elle refusoit l'honneur et la créance qui est due à la parole de Dieu, et à une Escriture saincte, ce seroit en elle un mepris et une ingratitude. Supposé done que Nostre-Seigneur defend son Eglise contre les portes d'enfer, et que le Sainct-Esprit s'est obligé de l'assister, pour pouvoir dire avec luy « Visum est Spiritui sancto, et nobis, il faut fermement croire qu'il l'inspire, principalement en ces occasions de si grande consequence; car ce seroit bien la laisser au besoin, s'il l'abandonnoit en cette rencontre; d'où depend non-seulement un article ou deux de nostre foy, mais le gros de nostre religion. Quand donc l'Eglise a declaré qu'un livre est canonique, nous ne devons jamais douter qu'il ne le soit, nous avons mesme en ce fait le sentiment de nos adversaires, car les bibles de Calvin, de Geneve, et des Lutheriens,

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reçoivent plusieurs livrés pour saincts, sacrez et canoniques, qui n'ont pas esté avouez par tous les anciens, pour tels, et desquels l'on a esté long-temps en doute (1). Si l'on en a douté cy-devant, quelle raison peuvent-ils avoir pour les rendre assurez et certains aujourd'huy? sinon celle que produict saint Augustin: « Ego verò Evangelio non crederem, nisi me catholicæ Ecclesiæ commoveret authoritas. » Ou, comme il dit ailleurs : « Novum et vetus Testamentum, et illos libros numero recipimus, quos sanctæ Ecclesiæ catholicæ tradit authoritas. »

DISCOURS XXIII.

Ce discours est pareil au 19e et traite la mesme matiere, avec un ordre different.

Les reformateurs de l'Eglise pretendue onl violé l'integrité des sainctes Escritures.

Enfin, après les choses cy-dessus dites, comme pourroit une bonne ame s'empescher de donner cours à l'ardeur d'un saint zele, et d'entrer en une chrestienne colere, (2) sans pecher? considérant avec quelle temérité, ceux qui ne font que erier, l'Escriture, l'Escriture, ont meprisé, avilly, et profané ce divin Testament du Pere eternel; comme ils ont falsifié ce sacré contract d'une si celebre alliance. O Calvin Luther! comme osez-vous biffer, tronquer, et mutiler tant de nobles parties du sacré texte des Bibles? Vous ostez Baruch, Tobic, Judith, la Sagesse, l'Ecclesiastique, les Machabées pourquoy demembrez-vous ainsi la saincte Escriture? qui vous a dit qu'ils ne sont point sacrez? l'on en douta en l'ancienne Eglise, mais (5) n'a-t-on pas douté en l'ancinne Eglise, « d'Esther, de l'Epistre aux Hebreux, de celle de sainct Jacques, de sainct Jude, de la seconde de sainct Pierre, et des deux dernieres de saint Jean, et surtout de l'Apocalypse? » Que ne rayez-vous aussi bien ceux-cy, que vous avez fait ceuxlà? avoüez franchement, que ce que vous en avez fait, ce n'a esté que pour contredire l'Eglise. Il vous faschoit de voir dans

(1) Contra Epist, fundam, c. v.—(2) Ps, iv, (3) Euseb. lib. hist. c. xxvI. lib. m, o. xxv et c. xxvi. Hieron, in Epist. ad Dardanum,

les Machabées, l'intercession des saincts, de mettre ces livres au rang des canoniet la prière pour les trepassez : l'Ecclesias-ques, si elle n'eust eu quelques avis par la tique vous picquoit, en ce qu'il attestoit du liberal arbitre, et de l'honneur des reliques des gens de bien: plutost que de forcer vos cervelles, et les ajuster à l'Escriture, vous avez violé leur intégrité, pour les accommoder à vos erreurs et à vos passions: vous avez retranché la saincte parole pour ne retrancher point vos phantaisies: comme vous laverrez-vous devant Dieu de ce sacrilege? avez-vous degradé les Machabées, l'Ecclesiastique, Tobie, et les autres, parce que quelques-uns des anciens peres ont douté de leur authorité? Pourquoy recevez-vous donc les autres livres desquels on a douté, autant et peutêtre plus que de ceux-cy? que leur pouvezvous opposer, sinon que leur doctrine vous est malaisée à concevoir? Ouvrez le cœur à la foy, et vous concevrez aisement ce dont vostre incredulité vous prive; parce que vous ne voulez pas croire ce qu'ils enseignent, vous les condamnez: condamnez plutost vostre temerité, et recevez l'Escriture; je veux mettre l'eponge sur les mesmes livres qui vous faschent le plus. Clement Alexandrin, Cyprien, Ambroise, Augustin, et le reste des peres, tiennent l'Ecclesiaste pour canonique. Sainct Cyprien, sainct. Ambroise, sainct Basile, honorent Tobie, et le tiennent pour Escriture saincte. Sainct Cyprien encor, saint Gregoire de Nazianze, sainct Ambroise, en ont autant cru des Machabées: sainct Augustin atteste, que

libros Machabæorum non Judæi, sed Ecclesia catholica pro canonicis habet. »> Que direz-vous à cela? que les Juifs ne les avoient pas en leurs catalogues, sainct Augustin le confesse: mais estes-vous Juifs ou chrestiens? si vous voulez estre appellez chrestiens, contentez-vous que l'Eglise chrestienne les reçoit: la lumiere du SainctEsprit s'est-elle eteinte avec Nostre-Seigneur? les apostres n'ont-ils pas eu autant de pouvoir que la synagogue? quoy que l'Eglise n'ait pas pris l'authorité de ces livres de la bouche des scribes et des pharisiens, ne suffira-t-il pas qu'elle l'ait prise du témoignage des apostres? Or il ne faut pas penser que l'ancienne Eglise et ses tresanciens docteurs, eussent pris la hardiesse

tradition des apostres et de leurs disciples,
qui pouvoient sçavoir en quel credit ils les
tenoient, sinon que pour excuser vos phan-
taisies, nous accusions de prophanation et
de sacrilege ces tres-saincts et graves doc-
teurs avec toute l'Eglise ancienne; je dis
l'Eglise ancienne, parce que le concile de
Carthage et le pape Pelage, in decreto de
libris canonicis, qu'il fit avec le conseil de
septante evesques, Innocent premier en l'e-
pistre ad Exuperium, et sainct (1) Augus-
tin, ont vescu devant sainet Gregoire, de-
vant lequel Calvin confesse que l'Eglise
estoit encor en sa pureté; et neantmoins
ceux-là font foy que tous les livres que
nous avoüons pour canoniques quand Lu-
ther commença sa reforme, estoient deja
tels en ce temps-là. Si vous vouliez lever
le credit à ces saincts livres, que ne le leviez-
vous aussi à l'Apocalypse, de laquelle on
a tant douté, et à l'Epistre aux Hebreux?
Mais je reviens à vous, messieurs de Tho-
non, qui avez presté l'oreille ci-devant à
telles gens; je vous prie, disons en cons-
cience, y a-t-il de l'apparence que Calvin
sçache mieux quel fondement avoient ceux
qui doutoient anciennement de ces livres,
et quel fondement avoient ceux qui n'en
doutoient point, que les evesques et les
conciles de ce temps-là? et neantmoins
toutes choses bien considerées, l'antiquité
les a receus; qu'alleguerez-vous au con-
traire? O Dieu ! s'il estoit loisible aux
hommes pour mettre leurs opinions à che-
val, de se servir de l'Escriture comme
d'etrieux, les allonger et accourcir chacun
à sa taille, à quoy je vous prie serions-nous
reduits? ne connoissez-vous pas le strata-
geme du malin esprit ; on leve toute autho-
rité à la tradition, à l'Eglise, aux conciles
et aux pasteurs; que demeure-t-il plus?
l'Escriture; l'ennemy des hommes est bien
fin, s'il la vouloit arracher tout-à-coup,
donneroit l'alarme ; il en leve une grande
partie tout au commencement; puis une
autre, enfin il vous mettra tout à nud, sans
Escriture et sans parole de Dieu. (2) Calvin
leve seplivres de l'Escriture. Baruch, Job,
(1) Aug. 1. 2. de Doct. Christ. cap. vi.
(2) Calvin, in prologis Bibliorum ei alibi,

il

:

mes. Vous dirai-je encore ce mot: vostre belle Eglise ne s'est pù contenter de retrancher de l'Escriture, les livres, les chapitres, les clausules et les mots entiers; mais ce qu'elle n'a osé lever du tout, elle l'a corrompu et violé par ses traductions. Un exemple ou deux suffiront pour le jus

de poursuivre le reste: helas! ils vous tra-
hissent, pauvres gens, quand ils vous font
chanter au psaume 8 :

Tu l'as fait tel, que plus il ne lui reste
Fors estre Dieu: mais tu l'as quant au reste, etc. (1).

Judith, la Sagesse, l'Ecclesiastique, et les Machabees. (1) Luther a osté l'Epistre de saint Jacques, celle de saint Judes, la seconde et troisiesme de S. Pierre il se mocque de l'Ecclesiastique, il tient Job pour une fable: accordez un peu, je vous prie, ce feint es prit, cet esprit de divorce, qui oste dans l'esprit de Luther, ce qu'il remet dans l'es-tifier; je n'ay ny la commodité ny le loisir prit de Calvin ; vous semble-t-il que ce soit une petite discorde entre ces nouveaux evangelistes? Vous direz que vous ne tenez pas grand conte de l'esprit de Luther; les siens ne se soucient non plus de celuy de Calvin: mais voyez le progrez de cette belle Eglise reformée? voyez comme elle avance tousjours ses desseins! Calvin avoit levé sept li res, il a osté encore celuy d'Esther : en Daniel il retranche le cantique des trois Enfans, l'histoire de Susanne, et celle du dragon tué par Daniel. En l'Evangile (2) de (3) saint Jean, ne met-on pas en doute, parmy vous, l'histoire de la femme adultere? Saint Augustin (4) avoit bien dit autrefois, que les ennemis de la foy l'avoient biffée de leurs livres, mais non pas de tous, comme dit sainct Jerosme : ne veuton pas lever ces paroles de sainct Luc: qui pro vobis fundetur? parce que le texte grec montre clairement, que ce qui est dans le calice n'est pas du vin, mais le vray sang de Nostre-Seigneur : comme qui diroit en françois Cecy est la coupe du nouveau Testament, en mon sang, laquelle sera repandue pour vous: « car en cette façon de parler on voit clairement, que ce qui est en la coupe, doit estre du sang, non du vin, puisque le vin n'a pas esté repandu pour nous. En l'Epistre de saint Jean n'ontils pas osté ces sainctes paroles : « Qui solvit Jesum, ex Deo nor est. » Que dites-vous, messieurs! si vostre Eglise poursuit en sa liberté de conscience, ne faisant point de scrupule d'oster ce que bon luy semble, bientost l'Escriture vous manquera, et il faudra se contenter des institutions de Calvin, qui parmy vous doivent estre je ne sçay quoy d'excellent dans vostre estime, puis qu'elles censurent les Escritures mes

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O que vous estes glorieux de pouvoir psalmodier et chanter ces pocsies françoises admirablement marrotées; il vaudroit bien mieux le faire en latin que de blasphemer je vous donne; quand vous chantez ce en françois : prenez en gré cet advis que verset, dites-moy, de qui pensez-vous parler! vous parlez sans doute de NostreSeigneur, sinon que pour excuser la temerité de Marot et de vostre Eglise, vous vouliez encor biffer l'Epistre aux Hebreux de la saincte Bible, car sainct (2) Paul y expose clairement ce verset du Fils de Dieu : or si vous parlez de Nostre-Seigneur, pourquoy diles-vous qu'il est tel, qu'il ne luy reste plus que d'estre Dieu! certes, s'il lui reste encore maintenant d'estre Dieu, il ne le sera jamais que dites-vous, pauvres Dieu ? Voyez-vous comme ces gens-là vous abusez? qu'il reste à Jesus-Christ d'estre font avaler le poizon de l'arrianisme, en chantant cette rimaillerie : je ne suis plus etonné si (3) Calvin confessoit à Valentin

Gentil, que le nom de Dieu par excellence,

n'appartient qu'au Pere. Voilà les belles versions de l'Escriture, auxquelles vous vous plaisez tant: voilà les blasphemes que vostre Eglise chante encor, et qu'elle vous fait repeter si souvent. Aux (4) Actes, où il y a « Non derelinques animam meam in inferno, ils tournent (3) Non derelinques cadaver meum in sepulchro : » qui vid ja

(1) Ces vers sont de la traduction de Marot, sur le Ps. vill.

(2) Ad Heb. 1, 6, 7 et 8.

(3) Lib, advers. Gentil, in refulat 10. parentheseos.

(4) Act. 11, 27.

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