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nous portent, et nous les pansons; les bre- | bis nous nourrissent et vestent, et nous les paissons; la terre envoye des vapeurs à l'air, et l'air des pluyes à la terre; la main sert au pied et le pied porte la main ! O qui verroit ce commerce et trafic general que les creatures font ensemble avec une si grande correspondance, de combien de passions amoureuses seroit-il esmeu envers cette souveraine sagesse, pour s'escrier: (1) Vostre providence, ô grand Pere >> eternel, gouverne toutes choses! » S. Basile et S. Ambroise en leurs Examerons, le bon Louys de Grenade en son Introduction ou Symbole; et Louys Richeome en plusieurs de ses beaux opuscules, donneront beaucoup de motifs aux ames bien nées pour profiter en ce subject.

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Ainsi, cher Theotime, cette providence touche tout, regne sur tout, et reduit tout à sa gloire. Il y a toutesfois certes des cas fortuits et des accidens inopinez mais ils ne sont ny fortuits, ny inopinez qu'à nous : et sont, sans doute, tres-certains à la providence celeste, qui les prevoit et les destine au bien public de l'univers. Or ces cas fortuits se font par la concurrence de plusieurs causes, lesquelles n'ayant point de naturelle alliance les unes aux autres, produisent une chacune son effect particulier, en telle sorte neantmoins que de leur rencontre reüssit un autre effect d'autre nature, auquel, sans qu'on l'ait pu prevoir, toutes ces causes differentes ont contribué. Il estoit, par exemple, raisonnable de cha tier la curiosité du poëte Eschilus, lequel ayant appris d'un devin, qu'il mourroit accablé de la cheute de quelque maison, se tint tout ce jour-là en une rase campagne, pour eviter le destin ; et demeurant ferme, teste nue, un faucon qui tenoit entre ses serres une tortuë en l'air, voyant ce chef chauve, et cuidant que ce fust la poincte d'un rocher, lascha la tortuë droit sur iceluy; et voilà que Eschilus meurt sur-lechamp, accablé de la maison et escaille d'une tortuë. Ce fut sans doute un accident fortuit; car cet homme n'alla pas au champ pour mourir, ains pour eviter la mort; ny le faucon ne cuida pas escraser la teste d'un poëte, ains la teste et l'escaille de la tortuë, (1) Sap xiv, 3.

pour par après en devorer la chair : et neantmoins il arriva au contraire; car la tortuë demeura sauve et le pauvre Æschilus mort. Selon nous, ce cas fut inopiné, mais, au regard de la providence qui regardoit de plus haut, et voyoit la concurrence des causes, ce fut un exploit de justice par lequel la superstition de cet homme fut punie. Les adventures de l'ancien Joseph furent admirables en varieté et en passages d'une extremité à l'autre. Ses freres qui l'avoyent vendu pour le perdre, furent tous estonnez de le voir devenu vice-roy, et (1) apprehendoient infiniment qu'il ne se ressentist du tort qu'ils luy avoient faict; mais non, leur dit-il (2); ce n'est pas tant par vos menées que je suis envoyé icy, comme par la providence divine: « (3) Vous avez >> eu des mauvais desseins sur moy, mais >> Dieu les a reduits à bien. » Voyez-vous, Theotime? le monde eust appellé fortune ou evenement fortait, ce que Joseph dit estre un project de la souveraine qui range et reduit toutes choses à son service: et il est ainsi de tout ce qui se passe au monde, et mesme des monstres, la naissance desquels rend les œuvres accomplies et parfaictes plus estimables, produit de l'admiration, et provoque à philosopher et faire plusieurs bonnes pensées : et en somme ils tiennent lieu en l'univers, comme les ombres és tableaux, qui donnent grace, et semblent relever la peinture.

CHAPITRE IV.

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De la providence surnaturelle que Dieu exerce - envers les creatures raisonnables.

Tout ce que Dieu a fait, est destiné au salut des hommes et des anges: mais voicy l'ordre de sa providence pour ce regard, selon que par l'attention aux sainctes Escritures et à la doctrine des anciens, nous le pouvons descouvrir, et que nostre foiblesse nous permet d'en parler.

Dieu cogneut eternellement qu'il pouvoit faire une quantité innumerable de creatures en diverses perfections et qualitez, auxquelles il se pourroit communiquer : et considerant qu'entre toutes les façons de se (1) Genes. 1, 15. (2) Ibid. 8. XLY, (3) Genes. 1, 20.

communiquer il n'y avoit rien de si excel- | extraordinaire d'une femme sans homme, lent que de se joindre à quelque nature il delibera que la chose se feroit en cette creée, en telle sorte que la creature fust derniere façon; et entre toutes les femmes comme entée et inserée en la divinité, pour qu'il pouvoit choisir à cette intention, il ne faire avec elle qu'une seule personne, son esleut la tres-saincte vierge Nostre-Dame, infinie bonté qui de soy-mesme et par soy- par l'entremise de laquelle le Sauveur de mesme est portée à la communication, se nos ames seroit non-seulement homme, resolut et determina d'en faire une de cette mais enfant du genre humain. maniere; afin que comme eternellement il y aune communication essentielle en Dieu, par laquelle le Père communique toute son infinie et indivisible divinité au Fils, en le produisant ; et le Pere et le Fils ensemble produisant le sainct-Esprit, lui communiquent aussi leur propre unique divinité, de mesme cette souveraine douceur fust aussi communiquée si parfaictement hors de soy à une creature, que la nature creée et la divinité, gardant une chacune leurs proprietez, fussent neantmoins tellement unies ensemble, qu'elles ne fussent qu'une mesme personne.

Or entre toutes les creatures que cette souveraine toute-puissance pouvoit produire, elle trouva bon de choisir la mesme humanité, qui du depuis par effect fut joincte à la personne de Dieu le fils, à laquelle elle destina cet honneur incomparable de l'union personnelle à sa divine majesté, afin qu'eternellement elle jouyst par excellence des thresors de sa gloire in finie. Puis ayant ainsi preferé pour ce bonheur l'humanité sacrée de nostre Sauveur, la supresme providence disposa de ne point retenir sa bonté en la seule personne de ce fils bien-aimé, ains de la respandre en sa faveur sur plusieurs autres creatures; et sur le gros de cette innumerable quantité de choses qu'elle pouvoit produire, elle fit choix de creer les hommes et les anges, comme pour tenir compagnie à son Fils, participer à ses graces et à sa gloire, et l'adorer et louer eternellement. Et parce que Dieu veid qu'il pouvoit faire en plusieurs façons l'humanité de son Fils, en le rendant vray homme, comme par exemple, le creant de rien, non-seulement quant à l'ame, mais aussi quant au corps; ou bien formant le corps de quelque matiere precedente, comme il fit celuy d'Adam et d'Eve, ou bien par voie de generation ordinaire d'homme et de femme, ou bien enfin par generation

Outre cela, la sacrée providence determina de produire tout le reste des choses, tant naturelles que surnaturelles, en faveur du Sauveur; afin que les anges et les hommes peussent, en le servant, participer à sa gloire ensuite de quoy, bien que Dieu voulust creer, tant les anges que les hommes, avec le franc-arbitre, libres d'une vraye liberté pour choisir le bien et le mal; si est-ce neantmoins que pour tesmoigner que de la part de la bonté divine ils estoient dediez au bien et à la gloire; elle les crea tous en justice originelle, laquelle n'estoit autre chose qu'un amour tres-suave quí les disposoit, contournoit, et acheminoit à la felicité eternelle.

Mais parce que cette supresme sagesse avoit deliberé de tellement mesler cet amour originel avec la volonté de ses creatures, que l'amour ne forçast point la volonté, ains lui laissast sa liberté ; il previd qu'une partie, mais la moindre de la nature angelique, quittant volontairement le sainct amour, perdroit par consequent la gloire. Et parce que la nature angelique ne pourroit faire ce peché que par une malice expresse, sans tentation ny motif quelconque qui la pust excuser, et que d'ailleurs une beaucoup plus grande partie de cette mesme nature demeureroit ferme au service du Sauveur; partant Dieu qui avoit si amplement glorifié sa misericorde au dessein de la creation des anges, voulut aussi magnifier sa justice, et en la fureur de son indignation, resolut d'abandonner pour jamais cette triste et malheureuse troupe de perfides, qui en la furie de leur rebellion l'avoient si vilainement abandonné.'

Il previd bien aussi que le premier homme abuseroit de sa liberté, et quittant la grace il perdroit la gloire; mais il ne voulut pas traicter si rigoureusement la nature humaine, comme il delibera de traicter l'angelique.

C'estoit la nature humaine de laquelle il avoit resolu de prendre une pièce bienheureuse, pour l'unir à sa divinité. Il vid que c'estoit une nature imbecille (1), «un vent qui va et ne revient pas, » c'est-à-dire, qui se dissipe en allant. Il eut esgard à la surprise que Satan avoit faicte au premier homme, et à la grandeur de la tentation qui le ruina. Il vid que toute la race des hommes perissoit par la faute d'un seul si que par ces raisons il regarda nostre nature en pitié, et se resolut de la prendre à mercy.

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Mais afin que la douceur de sa misericorde fust ornée de la beauté de sa justice, il delibera de sauver l'homme par voye de redemption rigoureuse; laquelle ne se pouvant bien faire que par son Fils, il establit qu'iceluy rachetteroit les hommes, nonseulement par une de ses actions amoureuses qui eust esté plus que tres-suffisante à rachetter mille millions de mondes, mais encore par toutes les innumerables actions amoureuses et passions douloureuses qu'il feroit et souffriroit jusques à la mort, et la mort de la croix à laquelle il le destina, voulant qu'ainsi il se rendist compagnon de nos miseres, pour nous rendre par après compagnons de sa gloire; monstrant en cette sorte les richesses de sa bonté, par cette redemption copieuse, abondante, surabondante, magnifique et excessive, laquelle nous a acquis et comme reconquestez tous les moyens necessaires pour parvenir à la gloire, de sorte que personne ne puisse jamais se douloir, comme si la misericorde divine manquoit à quelqu'un.

CHAPITRE V.

Que la providence celeste a pourveu aux hommes, une redemption tres-abondante.

Or disant, Theotime, que Dieu avoit veu et voulu une chose premierement, et puis secondement une autre, observant ordre en ses volontez, je l'ay entendu selon qu'il a esté declaré cy-devant, à sçavoir, qu'encore que tout cela s'est passé en un tres-seul et tres-simple acte, neantmoins par iceluy, l'ordre, la distinction, et la dependance des choses n'a pas esté moins observée, que s'il y eust eu plusieurs actes

(1) Psalm. 1.xxvi, 39. (1) Psalm, cxxvix, 7.

en l'entendement et volonté de Dieu. Estant donc ainsi que toute volonté bien disposée, qui se determine de vouloir plusieurs objects egalement presens, aime mieux et avant tous, celuy qui est le plus aimable, il s'ensuit que la souveraine providence faisant son eternel project et dessein de tout ce qu'elle produiroit, elle voulut premierement et aima, par une preference d'excellence, le plus aimable object de son amour, qui est nostre Sauveur; et puis par ordre, les autres creatures, selon que plus ou moins elles appartiennent au service, honneur et gloire d'iceluy.

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Ainsi tout a esté faict pour ce divin homme, qui pour cela est appelé (1)« aisné >> de toute creature; possedé par la divine » majesté (2) au commencement des voyes d'icelle, avant qu'elle fist chose quelcon» que, creé au commencement avant les » siecles (5) car en luy toutes choses sont faictes, et il est avant tous, et toutes >> choses sont establies en lui, et il est le >> chef de toute l'Eglise, tenant en tout et » partout la primauté. » On ne plante principalement la vigne que pour le fruict; et partant le fruict est le premier desiré et pretendu, quoy que les feuilles et les fleurs precedent en la production. Ainsi le grand Sauveur fut le premier en l'intention divine, et en ce project eternel que la divine providence fit de la production des creatures, et en contemplation de ce fruict desirable, fut plantée la vigne de l'univers, et establie la succession de plusieurs generations, qui, à guise de feuilles et de fleurs, le devoient preceder, comme avant-coureurs et preparatifs convenables à la production de ce raisin, que l'espouse sacrée loue tant és cantiques, et la liqueur duquel (4) resjouit Dieu et les hommes.

Or doncques maintenant, mon Theotime, qui doutera de l'abondance des moyens du salut, puisque nous avons un si grand Sauveur, en consideration duquel nous avons esté faicts, et par les merites duquel nous avons esté rachetez? Car il est mort pour tous, parce que tous estoient morts; et sa misericorde a esté plus salutaire pous racheter la race des hommes, que la misere (1) Coloss, 1, 15. (2) Proverb. vi, 23. (3) Coloss, 16, 17, 18.-(4) Ps. cm, 16.

blement plus excellente, que celle de la neige de l'innocence, sortant, comme Naaman, (1) du fleuve de salut plus purs et nets que si jamais nous n'eussions esté ladres; afin que la divine Majesté, ainsi qu'elle nous a ordonné de faire, ne fust «< (2) pas vaincue par le mal, ains vainquist » le mal par le bien; » que « (3) sa misericorde, comme une huile sacrée, se >> tinst au-dessus du jugement, » et que (4) ses miserations surmontassent toutes

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» ses œuvres. »

CHAPITRE VI.

De quelques faveurs speciales exercées en la redemption des hommes par la divine providence.

d'Adam n'avoit esté veneneuse pour la perdre. Et tant s'en faut que le peché d'Adam ayt surmonté la debonnaireté divine, que tout au contraire il l'a excitée et provoquée, si que par une suave et tres-amoureuse antiperistase et contention elle s'est ravigorée à la presence de son adversaire ; et comme ramassant ses forces pour vaincre, elle a fait (1) « surabonder la grace » où l'iniquité avoit abondé : » de sorte que la saincte Eglise, par un sainct excès d'admiration, s'escrie la veille de Pasques : O peché d'Adam, à la verité necessaire, qui a esté effacé par la mort de JesusChrist! ô coulpe bienheureuse, qui a merité d'avoir un tel et si grand redempteur Certes, Theotime, nous pouvons dire comme cet ancien : nous estions perdus, si nous n'eussions esté perdus, c'est-àdire nostre perte-nous a esté à profit, puis-richesse incomprehensible de son pouvoir qu'en effect la nature humaine a receu plus de grace par la redemption du Sauveur, qu'elle n'en eust jamais receu par l'innocence d'Adam, s'il eust perseveré en icelle. Car encore que la divine providence ayt laissé en l'homme des grandes marques de sa severité parmy la grace mesme de sa misericorde, comme par exemple, la necessité de mourir, les maladies, les travaux, la rebellion de la sensualité, si est-ce que la faveur celeste surnageant à tout cela, prend plaisir de convertir toutes ces miseres au plus grand profit de ceux qui l'aiment, faisant naistre le patience sur les travaux, le mespris du monde sur la necessité de mourir, et mille victoires sur la concupis

cence : et comme l'arc-en-ciel touchant

l'espine Aspalathus, la rend plus odorante que les lys, aussi la redemption de NostreSeigneur touchant nos miseres, elle les rend plus utiles et aimables que n'eust jamais esté l'innocence originelle. «(2) Les » anges ont plus de joye au ciel, dit le » Sauveur, sur un pecheur penitent, que » sur nonante-neuf justes qui n'ont pas >> besoin de penitence. » Et de mesme, l'estat de la redemption vaut cent fois mieux que celuy de l'innocence. Certes en l'arrousement du sang de Nostre-Seigneur fait par l'hysope de la croix, nous avons esté remis en une blancheur incompara(1) Rom. v, 20. — (2) Luc. xv, 7.

Dieu certes monstre admirablement la

en cette si grande varieté de choses que nous voyons en la nature; mais il fait encore plus magnifiquement paroistre les tresors infinis de sa bonté en la difference nompareille des biens que nous cognoissons en la grace. Car, Theotime, il ne s'est pas contenté, en l'excès sacré de sa misericorde, d'envoyer à son peuple, c'est-à-dire, au genre humain, une redemption generale et universelle, par laquelle un chascun peut estre sauvé; mais il l'a diversifiée en tant de manieres, que sa liberalité reluisant en toute cette varieté, cette varieté reciproquement embellit aussi sa liberalité.

Ainsi il destina premierement pour sa tres-saincte mere une faveur digne de l'amour d'un fils, qui estant tout sage, toutpuissant, et tout bon, se devoit preparer une mere à son gré; et partant il voulut que sa redemption luy fust appliquée par maniere de remede preservatif, afin que le peché qui s'escouloit de generation en generation, ne parvinst point à elle, de sorte qu'elle fut rachetée si excellemment, qu'encore que par après le torrent de l'iniquité originelle vinst rouler ses ondes infortunées sur la conception de cette sacréc dame avec autant d'impetuosité comme il eust fait sur celle des autres filles d'Adam; si est-ce qu'estant arrivé là, il ne passa (1) IV. Reg. v. — (2) Rom. XII, 21. (3) Jac. 11, 13. (4) Psal. CXLIV, 9.

point outre, ains s'arresta court, comme fit anciennement le Jourdain du temps de Josué, et pour le mesme respect: car ce fleuve retint son cours en reverence du passage de l'arche de l'alliance; et le peché originel retira ses eaux, reverant et redoutant la presence du vray tabernacle de l'eternelle alliance.

De cette maniere doncques Dieu destourna de sa glorieuse Mere toute captivité, luy donnant le bonheur des deux estats de la nature humaine; puisqu'elle eut l'innocence que le premier Adam avoit perdue, et jouyt excellemment de la redemption que le second luy acquit; ensuite de quoy, comme un jardin d'eslite, qui devoit porter le fruict de vie, elle fut rendue florissante en toutes sortes de perfections, ce Fils de l'amour eternel ayant ainsi «(1) paré »sa mere de robbe d'or recamée en belle » varieté,» afin qu'elle fust la reyne de sa dextre? c'est-à-dire, la premiere de tous les eslenz qui jouiroient «< (2) des delices » de la dextre divine. » Si que cette mere sacrée, comme toute reservée à son Fils, fut par luy rachetée, non-seulement de la damnation, mais aussi de tout peril de damnation, luy asseurant la grace et la perfection de la grace; en sorte qu'elle marchast comme une belle « (3) aube, qui

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vouloit mettre hors du danger de la damnation, comme il est certain de S. JeanBaptiste, et tres-probable de llieremie, et de quelques autres que la divine providence alla saisir dans le ventre de leur mere, et dès lors les establit en la perpetuité de sa grace, afin qu'ils demeurassent fermes en son amour, bien que subjects au retardement et pechez veniels qui sont contraires à la perfection de l'amour, et non à l'amour mesme et ces ames, en comparaison des autres, sont comme des reynes tousjours couronnées de charité, qui tiennent le rang principal en l'amour du Sauveur après sa mere, laquelle est la reyne des reynes; reyne, non-seulement courounée d'amour, mais de la perfection de l'amour, et, qui plus est, couronnée de son Fls propre qui est le souverain object de l'amour, puisque les enfans sont la couronne de leurs peres et meres.

Il y a encore d'autres ames, lesquelles Dieu disposa de laisser pour un temps exposées, non au peril de perdre le salut, mais bien au peril de perdre son amour; ains il permit qu'elles le perdissent en effect, ne leur asseurant point l'amour pour toute leur vie, ains seulement pour la fin d'icelle, et pour certain temps preccdent. Tels furent les apostres, David, Mag

>> commençant à poindre, va continuelle-deleine, et plusieurs autres, qui pour un >>ment croissant en clarté jusques au plein

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jour. Redemption admirable, chefd'œuvre du Redempteur, et la premiere de toutes les redemptions, par laquelle le Fils, d'un cœur vrayement filial, «(4) prevenant »sa mere ès benedictions de douceur, il la preserva non-sculement du peché, comme les anges, mais aussi de tout peril de peché, et de tous les divertissemens et retardemens de l'exercice du sainct amour. Aussi proteste-t-il qu'entre toutes les creatures raisonnables qu'il a choisies, cette mere est « (3) son unique » colombe, sa toute parfaicte, sa toute chere » bien-aimée, » hors de tout parangon et de toute comparaison.

Dieu disposa aussi d'autres faveurs pour un petit nombre de rares creatures qu'il

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temps, demeurerent hors de l'amour de Dieu, mais enfin estant une bonne fois convertis, furent confirmez en la grace jusques à la mort de sorte que dès lors demeurant voirement subjects à quelques imperfections, ils furent toutesfois exempts de tout peché mortel, et par consequent du peril de perdre le divin amour, et furent comme des amies sacrées de l'espoux celeste, parées voirement de la robbe nuptiale de son tres-sainct amour, mais non pas pourtant couronnées; parce que la couronne est un ornement de la teste, c'està-dire, de la premiere partie de la personne. Or la premiere partie de la vie des âmes de ce rang ayant esté subjecte à l'amour des choses terrestres, elles ne peuvent porter la couronne de l'amour celeste; ains leur suffit d'en porter la robbe, qui les rend capables du lict nuptial de l'espoux divin, et d'estre eternellement bienheureuses avec luy.

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