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LES PAGES.

Tant mieux; gare de devant!

COMPAN, å Montgaillard.

Faites donc attention, vous me poussez.

MONTGAILLARD.

Ce n'est pas là votre place.

CRUCE.

Jésus Maria, voici un terrible drôle !

CHATEAUNEUF.

N'avez-vous pas assez crié? le gosier doit vous faire mal.

CRUCE.

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Qui m'a bâti un misérable valet comme celui-là? — Je ne sortirai pas.

MONTGAILLARD.

Avez-vous envie de coucher ici?

CRUCE.

Mort-Dieu! j'y coucherai s'il me plaît. Je suis député aux États.

MONTGAILLARD.

Restez, monsieur le député, restez jusqu'à demain, si vous aimez les nuits fraîches. Mais à la porte la canaille. Allons, vite.

CRUCE.

La canaille! Jésus Maria, canaille! Ce mot-là ne tomberait pas par terre à Paris! Les imbéciles! ils se laissent chasser!

Le peuple sort par le pont-levis. Crucé et Compan sortent aussi.

RENAUDET.

Il est fou, le vieux député !

MONTGAILLARD.

Parbleu! c'est pour cela qu'ils l'ont élu.

Allons, Goudard, tes fleurets! une, deux... A toi, Châteauneuf! une, deux...

GOUDARD.

Un peu plus loin, messieurs, s'il vous plaît. Les Guisards vont descendre, j'en suis sûr, et vous me briserez encore

mes pauvres vitraux. Entrez dans votre cour; chacun

chez soi, messieurs.

MONTGAILLARD.

Nous sommes bien ici...

--

Une, deux....

GOUDARD..

Bon Dieu! bon Dieu! voilà les Guisards qui descendent!

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Sauve-toi, si tu veux.... Nous restons là. (Aux pages du roi.) Attention, camarades. (Aux pages du cardinal de Bourbon.) Ah çì, Bourbons, mes amis, ne bronchez pas! roides comme piquets.... Ne faites pas semblant de les voir.

CHATEAUNEUF, à Zampini.

Toi, prends ton luth, et chante-nous le second couplet du vieux rondeau.... tu sais....

MONTIGNY, premier page de M. de Guise, entrant par la grande porte. Par sainte Ursule de Lorraine! maître Goudard, mon ami, tu te feras tirer les oreilles !

GOUDARD.

Comment, monsieur de Montigny, comment?

MONTIGNY.

Nous t'apprendrons à mettre à la porte les gens qui nous rendent visite.

GOUDARD.

Mais, messieurs, ce n'est pas moi; vous l'avez dû voir... ROBERTZ, second page du duc de Guise.

Ces coquins de bourgeois nous amusaient.

PETITBOURG, troisième page du duc de Guise.

Il est un peu singulier qu'on se soit permis de les mettre dehors sans prendre nos avis.

MONTGAILLARD, bas à Zampini. Eh bien! chante donc, maudit poltron!

ZAMPINI.

Je n'ai pas peur.... J'accorde mon luth.

Allons, vite.

CHATEAUNEUF.

ZAMPINI, chantant.

De vieux matin qui hurle,
De cheval qui recule,
De femme trop friande,

De VALET qui commande,

De PAGES freluquets,

Dieu vous garde à jamais!

ROBERTZ, sans avoir l'air d'apercevoir les pages du roi et de Bourbon.

Quel est ce chat qui miaule?

MONTIGNY.

En effet, j'entends comme le faux-bourdon d'une gre nouille enrhumée.

CHATEAUNEUF, bas à Montgaillard.

Faut-il répondre?...

MONTGAILLARD.

Non, pas encore... Chantons tous.

Il chantent tous en chœur :

De VALET qui commande,

De PAGES freluquets,

Dieu nous garde à jamais!

MONTIGNY, se retournant vers Montgaillard.

Il me semble qu'on a envie que nous nous fâchions.

ROBERTZ.

Hola ! mes bleuets, on dit que c'est vous qui vous mêlez de faire les concierges ici?

MONTGAILLARD.

Voilà, pardieu! un plaisant muguet! Ne faudrait-il pas lui rendre des comptes?

MONTIGNY.

Avant de chasser ces braves bourgeois, vous deviez, me semble, vous informer s'il n'était pas parmi eux certaines petites filles qui avaient affaire à nous.

CHATEAUNEUF, riant.

Ah! ah! ces messieurs les prennent belles, à ce qu'il paraît.

RENAUDET.

Parbleu! ganaches de Sologne et mâchoires de Lorraine sont bonnes pour casser la noisette ensemble!

MONTIGNY.

Et les épées de Lorraine sont bonnes aussi pour casser la

tête aux sansonnets.

PETITBOURG.

Allons, Montigny, il faut se ruer sur ce petit monde-là.

MONTGAILLARD.

Un instant, messieurs de la double croix, ne venez pas ici faire la roue comme des paons qui muent; nous sommes chez nous, et vous n'êtes qu'à l'auberge.

ROBERTZ.

Tudieu! raison de plus pour que vous soyez nos valets!

MONTGAILLARD.

Ouais! commandez qu'on vous serve, nos maîtres, vous goûterez notre cuisine.

CHATEAUNEUF.

On a des étrilles à votre service.

ROBERTZ.

Oh! pour le coup, la flamberge a besoin de prendre l'air.

MONTIGNY.

Paix là! Robertz; tu vas t'embourber, camarade.

ROBERTZ, faisant le geste de rengaîner son épée.

C'est vrai; ne nous embourbons pas.

PETITBOURG, riant.

Ils n'ont pas compris!...

ROBERTZ.

Ces pauvres enfants! il faut leur dire que ça se conjugue. Écoutez, mes petits: je bourbe, tu bourbes, il bourbe, nous bourbons...

CHATEAUNEUF, lui donnant un soufflet.

Sang de Dieu! voilà qui te débourbera!...

ROBERTZ, étourdi par le coup.

Holà!

CHATEAUNEUF, tirant sa dague.

Eh bien! ventrebleu! on dégaîne...

M'y voilà,

ROBERTZ.

CHATEAUNEUF, aux pages des deux partis.

Place, messieurs...

Châteauneuf et Robertz se battent.

GOUDARD.

Miséricorde pas de bataille, messieurs, ou battez-vous plus loin.

Entrent Loignac, Sainte-Malines et autres des quarantecinq ordinaires.

LOIGNAC.

Qu'est-ce cela? combat de coqs! Bravo! Bourbon contre Guisard, très-bien! Courage, Châteauneuf! bien paré! bon! - (A ceux qui regardent le combat.) Eh! que diable faites-vous là, vous autres? Allons done, la dague au poing... Grande mêlée.

GOUDARD.

Mon Dieu! monsieur de Loignac, vous n'êtes pas raisonnable! ils vont tout briser, ils vont se tuer; séparons-les.

LOIGNAC.

Veux-tu te taire? ne faut-il pas qu'ils s'exercent, ces enfants?

Les pages des deux partis se chargent.

Nous y voilà! bien, courage, mes petits hérissons.

Le bruit attire quelques soldats du poste du pont-levis, ainsi que plusieurs laquais de la maison des princes et du roi.

Mais, cap-dé-diou! vous avez là des broches à alouettes pour épées ! piquez donc; un peu de

sang, corbleu!

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- Êtes

vous rembourrés de son? - Tiens, Châteauneuf, prends ma dague, elle fera son trou...

CHATEAUNEUF, prenant l'épée de Loignac.

Elle est lourde, capitaine!...

LOIGNAC.

Mets-y les deux mains, mon enfant. Bon, c'est cela.

Châteauneuf donne un grand coup de dague à Robertz, qui tombe baigné dans son sang.

Aïe à moi, Montigny...

ROBERTZ.

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