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renoncement. Les pauvres par nécessité sont ceux qui, par la condition de leur naissance, ou par quelque accident ménagé par la providence, se trouvant sans biens, ou avec peu de biens, vivent à l'étroit, et ressentent les rigueurs de l'indigence. Ceux-là sont pauvres d'esprit, si, contens de leur sort, ils le portent avec résignation et humilité, s'ils ne désirent point de le changer, et n'ambitionnent point celui des riches. Enfin, les pauvres d'affection sont ceux qui, par une espèce de nécessité, se trouvent engagés dans les richesses. Ceux-là sont pauvres d'esprit, s'ils possèdent les richesses sans attachement de cœur, sans orgueil et sans inquiétude pour les augmenter; s'ils sont prêts à les perdre sans murmurer; s'ils n'en usent qu'avec crainte, sobriété et modération; s'ils les font servir au soulagement du prochain, à l'accroissement de la foi, au service de Dieu et non au faste, au luxe et aux délices de la vie. Sommes-nous du nombre de ces différens pauvres d'esprit ?

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2. Il est des pauvres d'esprit par rapport aux biens qui sont dans l'homme. 'Il ya, ou il peut y avoir dans l'homme trois sortes de biens, dont la pauvreté d'esprit doit le détacher. Les premiers. sont les biens du corps, tels que la force, la beauté, la santé. Les seconds sont les biens naturels de l'ame, tels que la science,

les lumières, les talens, et ce que ces avantages nous procurent de la part des homines, comme l'amour et l'estime. Les troisièmes sont les biens surnaturels de l'ame, qui ne sont pas nécessaires à notre perfection, comme les consolations spirituelles, les goûts sensibles, et les douceurs de la dévotion. On doit recevoir toutes ces sortes de biens avec reconnoissance de la main de Dieu, comine un pauvre reçoit l'aumône. On doit lesposséder avec humanité, comine étant à Dieu et non à nous. On doit en user avec crainte et ne les faire servir qu'à la gloire de Dieu. On doit en souffrir la perte avec résignation, et songer que nous ne sommes pas à nous-mêmes mais à Dieu, et que ce n'est pas à ses dons, mais à lui seul que nous devons nous attacher. Plus nous avancerons dans cette pauvreté d'esprit, dans cet entier dépouillement de nous-mêmes, et plus nous avancerons dans la perfection et dans les voies de Dien.

3.0 Du bonheur des pauvres d'esprit. Les pauvres d'esprit sont heureux, parce que le Royaume des Cieux leur appartient. Le Royaume des Cieux peut signifier, 1.0Dans le Ciel la possession de Dieu avec toute sa gloire. Les pauvres d'esprit y ont un droit assuré par la promesse de Dieu même. Quel bonheur ! quel échange un peu de terre, dont

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l'inquiète possession ne dure qu'un moment, pour un Royaume éternel! 2. Dans nos cœurs, la grace sanctifiante, la justice habituelle, l'état de grace par lequel Dieu, son amour et sa justice. règnent en nous. Ce sont les pauvres. d'esprit qui possèdent ce Royaume céleste, qui prennent soin de s'y affermir, de s'y perfectionner, de s'y enrichir par des œuvres de piété et de vertu et par le saint usage des Sacremens ; tandis que les riches du siècle, tout occupés des biens de la terre, vivent dans l'oubli de Dieu, avec une conscience chargée pour l'ordinaire de crimes et d'injustices. 3. Dans l'Eglise, l'Evangile de J. C. C'est aux pauvres d'esprit que ce Royaume de Dieu a été annoncé ; eux seuls l'ont reçu, et en conservent la foi avec simplicité. L'amour des richesla crainte de perdre leur fortune, ont empêché une infinité de Payens d'embrasser le Christianisme, une infinité d'Hérétiques de revenir à l'Eglise, et empêchent encore une infinité de ceux qui se glorifient d'être Catholiques, de onserver l'intégrité de la Foi, de s'insser à ce qui regarde la Foi, de se rer pour la Foi, et d'en prendre fense dans les occasions où ils y le plus étroitement obligés. O malreuses richesses, qui ne doit vous ind ad yous détester! O sainte pau

ses,

vreté, qui ne doit vous aimer, vous rechercher, vous ambitionner! Heureux et saint détachement de tout ce qui n'est pas Dieu, vous êtes la première leçon que Jesus nous donne, et la première béatitude qu'il nous propose, parce que lorsqu'on vous possède, il est aisé d'acquérir tout le reste.

TROISIÈME POINT.

Seconde béatitude.

Bienheureux ceux qui sont doux parce qu'ils posséderont la terre! Le

second caractère du Fidelle est la douceur. Apprenons à la connoître dans toute son étendue.

1.° Considérons en quoi consiste la pratique de la douceur; et d'abord quelle est la manière de la pratiquer. Elle doit être chrétienne, avoir pour principe la charité et l'humilité, non f'humeur, le tempérament, la politique, l'intérêt, le désir de plaire ou de séduire elle doit être sincère, et non feinte ou apparente elle doit se montrer dans toute la personne, dans l'air du visage, dans les gestes, dans les paroles, dans le ton de la voix, et sur-tout résider dans le cœur. Est-ce ainsi que nous pratiquons cette vertu? 2. Dans quelles occasions faut-il la pratiquer ? Ces occasions sont fréquentes et journalières. C'est dans les petits comme dans les plus

grands événemens qu'il faut exercer la douceur. Il faut souffrir ce qu'ils ont de fâcheux, sans s'aigrir, sans s'irriter. 3.o Envers quelles personnes faut-il pratiquer la douceur? Envers nos supérieurs, nos inférieurs et nos égaux, envers les grands et les petits, envers tous les homines en général, et chacun des hommes en particulier. Ils ont tous droit d'être supportés de nous dans ce qui peut nous choquer et nous déplaire de leur part, comme nous désirons nous-mêmes qu'ils nous supportent.

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2.° Examinons quels sont les prétextes dont on tâche de couvrir le défaut de douceur. D'abord, c'est l'objet qui nous choque on le trouve si fâcheux, si incominode, qu'on se persuade qu'il est impossible, ou du moins très-difficile de le supporter; mais c'est le propre de la yertu de vaincre les difficultés: sans ces difficultés même, y auroit-il de la vertu et par conséquent du mérite? 2.° C'est son propre naturel on est, dit-on, naturellement vif. Mais prétendons-nous ne pratiquer les leçons de Jesus-Christ qu'autant qu'elles seront conformes à notre naturel? Ce qu'il exige de nous, n'est-ce pas d de vaincre ce même naturel, de mettre un frein à nos passions, 'd'en arrêter les saillies, de détruire nos mauvaises habitudes, et d'en substituer de bonnes qui ne fait pour cela que

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