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GENÈVE,

IMPRIMERIE A. L. VIGNIER, succ' de J. BARBEZAT ET COMP.

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PRÉFACE.

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Je me propose d'examiner successivement plusieurs points de religion ou de théologie. Tous seront loin d'avoir la même importance; mais tous méritent l'examen, ne fûtce que parce qu'on a voulu les transformer en articles essentiels à la foi.

Depuis quinze ans on a multiplié les journaux et les ouvrages théologiques; à trois ou quatre exceptions près, tous ceux qui ont paru sur le continent sont écrits dans un même esprit; ils ont la même tendance, ils aspirent à faire triompher une foi exclusive et trois, quatre ou cinq dogmes sur lesquels on n'est pas d'accord depuis quatorze siècles.

S'il s'agissait uniquement de spéculations et de théories, s'il devait seulement résulter des opinions diverses, l'adoption de telle formule préférablement à telle autre, il ne vaudrait pas la peine de prendre en main la plume; mais la religion, la religion du Christ est un bien si précieux, un trésor si cher et si nécessaire dans le passage de cette vie et pour la vie à venir, qu'il vaut la peine d'élever la voix quand on sent que cette religion est défigurée. Or, je suis convaincu que les écrits dont je parle nuisent à la réformation, soit dans l'esprit des Catholiques instruits, soit dans l'esprit des Réformés qui ne veulent pas reculer vers le Catholicisme.

Il importe aujourd'hui plus que jamais de montrer aux membres indécis de la communion romaine ce qu'est la ré

forme, envisagée sous son vrai jour, lorsqu'elle demeure fidèle à ses principes; et l'on dirait qu'on a fait vœu d'éloigner ceux qui seraient tentés de se réfugier auprès d'elle, comme dans un asile sacré. Je pourrais citer malheureusement des exemples récents et déplorables; et qui pourrait s'en étonner? Je me suppose né dans la communion romaine et frappé de quelques-unes de ses erreurs; en lisant les écrits prétendus protestants ou en écoutant les discours auxquels je fais allusion, je me dirais : A quoi bon quitter l'autorité et l'exclusion pour retrouver sous d'autres formes l'exclusion et l'autorité? A quoi bon publier l'examen, si on ne l'admet que sous la clause d'arriver toujours au même résultat? Le Catholicisme pose en principe l'autorité et il la suit. Le Calvinisme et le Méthodisme partent du principe oppose de la liberté et de l'examen, puis ils reviennent à l'autorité. C'est se dire Protestant, et par le fait être Catholique, avec l'inconséquence de plus.

Quand, à leur tour, les Réformés voient que l'on concentre tout le Christianisme, non pas dans son esprit, dans ses enseignements clairs, dans ses préceptes utiles, dans sa tendance et dans sa charité, mais dans quelques systèmes qu'il est impossible de comprendre; et toutefois qu'on enjoint d'admettre sous peine de condamnation, ils demandent si c'est là le Christianisme, et quand on le leur affirme, ils se retirent et se jettent dans l'incrédulité.

Le premier essai que je publie roule sur une question à laquelle, selon moi, on a mis beaucoup trop d'importance; je veux dire la nature de la personne de Jésus et ce qu'on nomme la Trinité.

J'avais espéré que les découvertes et les progrès de la critique sacrée, qu'un coup-d'œil plus étendu sur le but du Christianisme et sur l'esprit de la réformation auraient en

pêché d'enjoindre des opinions que les docteurs avaient soutenues de leur crédit, dans un temps où l'on voulait soumettre tous les esprits à un joug uniforme, et que l'examen aurait conduit à la liberté. Mais depuis 1815, aussitôt que la politique n'a plus absorbé l'attention par la mobilité de ses phases et la grandeur de ses résultats, on a réveillé des questions que sagement on avait laissé dormir depuis longues années. On a payé, on a écrit, on a voyagé, on a ému, on a accusé, on a damné; enfin, on a vu une seconde représentation du moyen âge avec ses prétentions et ses exigences.

Pourquoi vous plaindre, me dira-t-on? On défère à l'opinion de vos Réformate urs.

Jamais, sans doute, je ne renierai les principes de ces grands hommes; mais je me plains de ce qu'on n'y est pas plus fidèle, qu'ils ne l'ont été eux-mêmes et de ce qu'on veut en faire des papes. Croit-on que si Calvin et Luther vivaient de nos jours, ils ne profiteraient aucunement des progrès des sciences, et qu'ils se montreraient de tout point tels qu'on les vit en 1530 ? Pense-t-on qu'ils feraient une sainte-alliance contre la raison, et qu'ils ne trouveraient, en parlant d'elle, que des épithètes flétrissantes? Veut-on nous faire croire que fort en avant de leur siècle, au moment où ils vécurent, ils seraient en arrière de cent ans en 1830, et qu'ils renieraient les travaux et les conclusions d'un Jean-Alphonse Turrettini, pour rétrograder vers les anathèmes de François Turrettini son père? Ils ont trouvé le système que je combats dans ce premier essai, enregistré au nombre des dogmes de l'Église romaine; ils l'ont conservé, et peut-être n'ont-ils pas sondé les dogmes qu'ils retenaient aussi profondément que ceux qu'ils ont cru devoir abandonner. La foi du Réformé ne doit pas être un héritage qu'il accepte

avec les biens de son Père, il doit examiner, juger et conclure.

J'ai à cœur d'éclaircir quelques matières, de repousser quelques principes étroits, de prémunir contre une autorité aveugle ceux qui ont eu la sagesse de ne pas donner droit à ces docteurs, qui, depuis 15 ans, parlent toujours et tout seuls. Je n'accuse personne et je respecte les intentions: mon désir sincère est de rencontrer la vérité, et de ramener par la persuasion au Christianisme ceux que l'on en repousse, en ne peignant pas tel qu'il est, le plus beau présent le ciel ait fait à la terre.

que

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