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ce qui n'est point en contradiction, comme si l'une des volontés était en opposition avec l'autre; sans quoi la consommation du péché serait par le fait contraire à la volonté de Dieu. Sa volonté de décret n'est pas la même, dans le même sens, que la volonté de commandement, en sorte que l'une peut facilement différer de l'autre, p. 354. Et comme la conscience repousse avec horreur de pareils raisonnements, si ce n'est pas leur faire trop d'honneur que de les désigner ainsi, ils ajoutent : « Une conscience coupable s'apaise lorsqu'il s'opère dans le cœur un changement subit; la conscience de cet homme est bonne, quoique le vieil homme vive en lui et l'inquiète; sa justification est complète dès le premier moment, il est absous pour toujours de la peine du péché; il n'a rien à faire, la paix et un saint repos règnent en lui, p. 134. »

que

Après ces exemples, il serait superflu de songer à en ajouter d'autres : on voit dans quel excès on peut tomber lorsqu'on exclut la raison des matières de foi; et j'ajoute avec confiance, toutes les fois l'on foule aux pieds la raison, on combat l'Évangile, on prépare des adversaires au Christianisme, et on lui fait un tort peut-être pour long-temps irréparable.

CHAPITRE III.

REGLES A SUIVRE ET CONCLUSION.

Après avoir prouvé que la raison a des droits imprescriptibles, qu'elle peut et doit, sur un sujet aussi important que la révélation, s'assurer de son origine, constater son autorité, puis l'étudier elle-même, peser la valeur des mots, le sens des phrases, l'ensemble des enseignements, juger leur nature, leur sagesse, leur tendance, et s'affranchir de toute autorité usurpée, je me hâte de convenir qu'elle a des limites à respecter, dont le mépris entraînerait de funestes conséquences.....

L'homme abuse quelquefois des plus beaux dons de son Créateur, et il n'a pas su toujours poser de sages limites à la raison. Les uns n'ont pas voulu distinguer entre les enseignements supérieurs à la raison humaine et ceux qui étaient en pleine contradiction avec elle, et ils ont refusé leur assentiment à des leçons claires et précises, parce que le sujet, envisagé en lui-même, leur offrait des difficultés; les autres ont rejeté des faits, lors même qu'ils étaient appuyés sur des témoignages multipliés et au-dessus du soupçon d'altération ou de fraude, les miracles, par exemple. Ceux-ci ont mis de la subtilité dans la dispute et ont pris à tâche d'embrouiller ce qu'il im

portait d'éclaircir. Ceux-là ont voulu chasser toute obscurité d'un enseignement et donner un sens clair en lui-même en dépit de la difficulté du sujet, de la grammaire et de la langue; d'autres, trop pleins d'eux-mêmes, ont prétendu expliquer les causes, les effets, et dévoiler tous les secrets de Dieu; d'autres ont abusé de l'analogie, et se fondant sur elle, ont inventé des systèmes, afin de tout ramener à leur opinion personnelle; d'autres, enfin, se jetant dans un excès contraire, ont méconnu les prérogatives de la raison, ont calomnié cette puissance que le Créateur leur a donnée; ils l'ont méprisée, insultée et foulée aux pieds.

La raison a été trop exaltée d'un côté et trop déprimée de l'autre, témoins les Encyclopédistes, il y a soixante ans, et les Méthodistes aujourd'hui. Les premiers divinisaient la raison et portaient ses statues en triomphe; les seconds les mettent en pièces et en jettent les débris dans les ruisseaux.

Notre première règle sera d'éviter les extrêmes, d'assigner à la raison sa place et ses fonctions, d'en constater les droits, d'en fixer les limites, de lui dire: Tu viendras jusqu'ici et tu n'iras pas au-delà; de l'écouter dans tout ce qui est de son ressort, de l'éclairer, de la fortifier, comme la faculté qui nous rapproche de notre Dieu et qui est en nous un des rayons de son image, mais aussi de savoir ignorer quand il s'agit de questions impénétrables.

Seconde règle. Il faut se défier également des préventions et des préjugés qui offusquent la raison,

de l'enthousiasme qui dénature les objets et fausse le jugement, d'un respect exagéré pour l'autorité qui s'oppose au développement de la raison, à l'exercice de son influence et qui lui inspire d'elle-même une défiance dont les suites seraient une hésitation interminable et le scepticisme.

Troisième règle. Il faut rechercher par une méthode régulière le sens naturel des mots, afin de ne pas faire dire à un auteur ce qu'il n'a point dit. Si cette règle importe dans les études profanes, elle importe bien plus encore dans l'étude de la religion où l'ordre, ou bien l'enseignement d'un docteur inspiré peut avoir des conséquences incalculables. Pour cela il faudra prendre plusieurs précautions. Ainsi, il est bon de repasser tout à la fois ce qui est enseigné sur une matière, et de ne pas se contenter d'une partie de ce qui la concerne; il faut s'attacher avant tout aux endroits où le dogme est enseigné directement, et non à ceux où on le rappelle en passant, où on y fait allusion; il faut savoir quel est l'auteur, ceux auxquels il s'adresse, le but qu'il se propose. Si, après ces précautions, il reste encore quelque obscurité, il faut expliquer ce qui est obscur par les passages clairs, où l'auteur a développé sa pensée avec le plus de soin; la Révélation doit s'éclairer elle-même et devenir son meilleur interprète. Ainsi, le dogme de la transsubstantiation ne peut tenir à cette épreuve; qui est-ce qui parle? à qui s'adresse Jésus? que tenait-il dans sa main? quel était son but? quel est le sens ordinaire des termes qu'il em

ploie dans la langue grecque : Ceci est mon corps. On voit que le pain ne peut être à la fois du pain et un corps; ce pain rompu est l'emblême du corps qui va être brisé sur la croix. Cet examen lève tous les doutes. Ainsi pour les mots du Sauveur : Celui qui ne hait pas son père et sa mère n'est pas digne de moi, on constate le sens du mot haïr, on examine les autres sentences dans lesquelles le Sauveur explique sa pensée et donne des préceptes sur des idées semblables ou analogues, et on comprend aisément en quel sens et dans quelles limites on doit entendre ces paroles et les faire concorder avec les préceptes positifs où il est enjoint aux enfants d'aimer leur père et leur mère. Ces précautions appliquées à des expressions poétiques, aux détails d'une parabole, conduisent à cette conclusion, c'est qu'il est un sens caché sous les figures et dans les discours allégoriques, une idée mère, un but principal auquel il faut s'arrêter sans trop presser les images. Il serait facile de prouver à quelles puérilités on peut descendre lorsqu'on néglige ces principes que la critique et la raison conseillent de concert.

Quatrième règle. Il faut réprimer les écarts de l'imagination, et la resserrer dans de justes limites; autrement, il y a grand risque de se tromper. L'homme doit se diriger par la lumière de l'Evangile, ne pas donner ses opinions pour des dogmes et ne pas les proclamer à la légère nécessaires au salut; il ne doit pas se croire d'autant plus pieux qu'il admet plus de choses obscures et incompréhensi

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