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<<ments divins, vous repoussez les mystères qui sur<< passent votre intelligence, vous rationalisez l'E

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vangile, et vous lui dérobez ses caractères de di«vinité. » Non, nous ne repoussons pas les mystères que l'Evangile enseigne, nous ne repoussons que les mystères faits de main d'hommes, les erreurs que l'on fait passer pour des vérités, et qui sont en contradiction avec les perfections que l'univers et l'Evangile nous prouvent exister en Dieu. Nous admettons les mystères; mais il faut appeler la raison à son aide pour s'en faire une idée nette et pour les classer.

De même que le mot foi a des significations diverses, le mot mystère signifie, 1° une vérité que la religion nous fait connaître, et qui nous fût restée inconnue si la révélation ne nous l'eût enseignée : comme la vocation des Gentils au Christianisme (Rom. xv1, 25, 26; Col. 1, 26, 27), et la doctrine qu'il y aura des hommes vivants sur la terre et qui ne passeront point par la mort, lorsque Jésus viendra juger le monde (1 Cor. xv, 51, 52).

On appelle mystères des dogmes qui ne nous présentent pas des idées nettes dans toutes les parties des objets qu'ils offrent à notre foi; comme le gouvernement de la Providence dont le fait est hors de doute, et dont le mode nous échappe.

3o On donne le nom de mystère à ce qu'il y a d'obscur et de caché dans des événements qui se rattachent à des vérités clairement révélées; ainsi les Païens, les Mahométans embrasseront l'Evan

gile, le monde sera jugé, mais l'époque de ces évé– nements nous est absolument inconnue, c'est pour nous un mystère.

4° On appelle mystères l'ensemble des vérités de la religion : c'est dans ce sens que Jésus disait à ses Apôtres (Matth, XII, 11): Pour vous, il vous a été donné de connaître les mystères du royaume de Dieu. Saint Paul disait aux Corinthiens (1 Ép. IV, 1): Que chacun nous regarde comme les dispensateurs des mystères de Christ.

La raison a un rôle à jouer et des idées à saisir, à éclaircir, à distinguer, relativement à ces mystères. Pour les vérités que la raison n'eût jamais pu nous faire connaître et que nous devons à la révélation, l'office et le devoir de la raison est de les accepter, une fois que la divinité de la loi révélée est reconnue et constatée.

Quant aux mystères dont toutes les parties ne sont pas claires, la raison considère et médite ce qui est clair et applicable, puis confesse son ignorance, et suspend tout jugement sur la face obscure, qui est le plus souvent métaphysique et abstraite.

Les faits sur lesquels la révélation n'a point prononcé, sont des mystères impénétrables que la raison respecte et sur lesquels elle n'a rien à faire ou à dire, puisque étant absolument inconnus, ils ne peuvent être l'objet de notre foi.

Nous admettons toutes les vérités que le Christianisme enseigne positivement; mais nous repoussons les dogmes qui sont en pleine opposition avec la rai

son et la nature des choses, comme la Transsubstantiation, la Trinité, l'imputation du péché d'Adam, la Prédestination absolue. Nous savons qu'il ne peut Ꭹ avoir dans l'Évangile des mystères qui entraînent après eux une contradiction manifeste, et que la révélation ne peut pas les enseigner; car Celui qui a donné la raison à l'homme pour être l'un de ses guides, ne peut lui révéler par un autre moyen des choses contraires à celles qu'il lui a fait connaître et adopter par un raisonnement clair et certain. Celui qui a foi à quelque chose unit des idées qui sont l'objet de sa foi; mais on ne peut allier les idées d'un dogme contradictoire, il suffit de l'exposer, pour le réfuter, au jugement de tout homme impartial et non prévenu. Si je dis, le même corps est à Rome, à Paris, à Vienne, et dans cinquante mille lieux à la fois, j'associe des mots, mais les idées cachées sous ces mots s'excluent; dire que ce corps est à Rome, c'est nier qu'il soit à Paris, ou dans tout autre endroit qu'on pourrait citer. Les efforts que l'on fait pour rapprocher ces idées ne servent qu'à mettre leur contradiction dans un plus grand jour.

Nous admettons les mystères lorsque leurs idées ne s'excluent pas les unes les autres, lorsqu'ils sont expressément enseignés, bien qu'ils surpassent notre intelligence. Ainsi, un corps humain et mortel a été associé à l'ame divine de Jésus-Christ; cela est clairement annoncé, et nous en concluons que les actions et les paroles de Jésus doivent être reçues comme les actions et les paroles de Dieu lui-même,

agissant et se communiquant aux hommes par son Fils. Mais que croire sur le mode de cette association, sur la manière dont Dieu agissait en Christ, puisque nous n'y pouvons rien comprendre. Qu'estce que la foi à des choses dont on ne peut se faire aucune idée?

Il est très-fàcheux que le théologien croie avoir pulvérisé toutes les objections et anéanti toutes les difficultés, quand il a dit : C'est un mystère! Ce mot ne peut protéger et faire passer ce qui est en soi déraisonnable et absurde. «Quand nous disons mystère, répètent nos exagérés, nous faisons allusion à quelque chose d'incompréhensible; que la raison s'humilie et que la foi agisse! » Ah! si nous aimons l'Evangile et si nous redoutons les effets de l'incrédulité, gardons-nous d'une semblable logique. Car, ou l'on n'affirme et l'on ne nie rien sur ces mystères, c'est-à-dire, on ne forme aucune proposition affirmative ou négative pour être crue, ou bien l'on affirme, l'on nie quelque chose, on énonce des propositions. Si l'on n'affirme rien, si l'on ne nie rien, il n'y a point d'objections à élever, puisqu'il n'y a rien à recevoir ou à rejeter; mais si l'on énonce une proposition quelconque, s'il y a quelque article à admettre, c'est différent. Y a-t-il quelque idée sous les termes que l'on emploie, on a le droit de demander quelles sont ces idées? dans quel sens doit-on les croire? si ces idées se combattent, si elles s'excluent, en un mot si elles sont contradictoires, suffira-t-il de me dire: Monsieur, c'est un mystère, pour que je

doive m'abstenir de raisonner et ne rien approfondir? Qui ose soutenir cela? Alors le mot mystère est un talisman dont l'effet est de me faire recevoir pour des vérités révélées et divines les dogmes les plus absurdes; « Le tout n'est pas plus grand que sa partie. »—-‹ Un, plus un, plus un, ne sont pas trois, ils sont un. » Ce ne sont pas de vains songes, on connaît le mot fameux, credo quia absurdum, je crois parce que cela est absurde; il se répète de nos jours et l'on s'en fait gloire; il est des sociétés chrétiennes où l'on enseigne comme la vérité, des dogmes qui attaquent de front ce que partout ailleurs on regarde comme des axiomes. Quand un théologien est poussé par un interlocuteur, et qu'on l'accuse de bouleverser toutes les idées reçues, il est tenu de prouver que dans son enseignement il n'y a rien d'absurde et de contradictoire. Car c'est se moquer des

gens que de prétendre qu'ils doivent croire une proposition sous peine d'être condamnés, et que de leur avancer une proposition inintelligible; quand on dit que la foi nous propose des mystères, cela veut dire que la foi nous enseigne des choses que la raison ne connaissait pas, et non point que l'une enseigne une chose et l'autre le contraire. Le fameux Pascal a défendu cette manière de voir, et a parlé dans ses Provinciales comme nous parlons; voici ses paroles : « La foi dit bien ce que les sens ne disent pas, mais jamais le contraire, La foi, la raison et les sens, ont leurs objets séparés et leur certitude dans cette étendue, Comme Dieu a voulu

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