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l'a dit, si j'ai foi à son rapport, je crois qu'il sait les détails du fait qu'il m'importait de connaître, qu'il est véridique, qu'il n'a aucun intérêt à me tromper, et je suis convaincu de l'exactitude de son récit.

C'est la même chose pour les objets qui se rattachent à la foi du Chrétien. Je désire savoir si Jésus-Christ est ressuscité, parce que cet événement, bien constaté, emporte la divinité de sa mission et les conséquences les plus importantes sur ses enseignements et sur ses promesses. Quand je réfléchis sur ce fait, ma raison ne peut rien m'apprendre de satisfaisant; elle se refuserait plutôt à l'admettre à cause de son opposition avec l'expérience et la nature des choses; cependant, comme Dieu est le maître de la vie et de la mort, comme sa volonté est toute puissante, je puis être convaincu de la réalité de cette résurrection, mais seulement sur un témoignage irrécusable, bien constaté et au-dessus de tout soupçon de fraude.

Je veux savoir encore si je ressusciterai quelque jour. Les sens, l'analogie et l'expérience, se taisent sur ce point, mais je pourrais être convaincu à cet égard, si des témoins fidèles, auxquels Dieu a révélé ses décrets, m'attestent que sa volonté arrêtée est que les hommes recouvrent un jour la vie et soient unis à un nouveau corps.

J'étais donc fondé à dire que notre foi repose sur le témoignage, et qu'elle est le résultat de toute une chaîne de raisonnements qui portent la conviction dans notre esprit.

Mais ce n'est pas assez; la foi est plus encore que la conviction de l'esprit et que l'assentiment de l'intelligence par lequel nous en venons à conclure l'existence de quelques faits, la crédibilité de plusieurs témoins ou une loi de la physique; cela, c'est une croyance; mais la croyance ne s'élève jusqu'à la foi et ne mérite véritablement ce nom que lorsqu'elle agit fortement sur les facultés de l'ame, et qu'elle devient pour elle un principe d'action et de vie. Je suis, en cela, d'accord avec l'opinion d'un ecclésiastique romain, dont je me plais à transcrire les paroles [1]: « La foi chrétienne, dit-il, appartient au cœur du moins autant qu'à l'esprit ; c'est véritablement une conviction de l'esprit, mais c'est une conviction de l'esprit que le cœur opère, et qui retourne au cœur pour opérer sur lui. » Avoir la foi dans ce sens, c'est se confier à la parole de Dieu, c'est se reposer avec douceur sur ses promesses, c'est repasser avec amour la vie et les enseignements de Jésus, c'est se plaire à se réfugier auprès d'eux et à leur rendre hommage. Quand l'Évangile nous parle de la foi, comme nécessaire au salut, il ne s'agit pas seulement d'un assentiment donné à des faits ou à des doctrines, il s'agit d'avoir le cœur persuadé, pénétré, ému, disposé à l'obéissance; il s'agit d'admiration, de reconnaissance, de confiance et d'amour. C'est là ce que l'Écriture appelle croire du cœur, et de tout son cœur. Il s'agit alors de la foi qui porta le père des croyants

[1] L'abbé Clément, sur la foi, Carême, tom. 11.

à se résoudre à immoler le fils unique sur lequel reposaient son espoir et les promesses de Dieu; il s'agit de la foi qui rendit la pécheresse dont parle saint Luc, vii, 37-50, supérieure à la raillerie, à la honte d'un aveu public, et qui lui valut le pardon du maître; il s'agit de la foi du Centenier et de la Cananéenne (Matt., VIII, 5-10; xv, 21-28), de cette foi qui soutint saint Paul dans les situations les plus terribles, de cette foi qui était la nourriture et la vie de son ame. Quand il est dit que sans la foi on ne peut être agréable à Dieu, il est question de ce sentiment qui donne aux actions leur seul prix, et dont Jésus tient compte. D'après cela, ce n'est nullement l'admission de tel ou tel dogme qui peut sauver; on peut admettre tous les dogmes que l'Évangile enseigne, tous ceux que les docteurs ont fait entrer dans les symboles, et manquer de foi. Mais ceux qui, avec des opinions diverses sur des points que l'on juge plus ou moins importants, suivant les leçons qu'on a reçues, selon l'éducation, les préjugés, la tournure d'esprit ou de caractère, savent au milieu des plus cruelles peines chercher et trouver le céleste consolateur qui verse la paix dans leur ame; ceux qui, à l'heure de la tentation, résistent avec courage, mus par l'amour de la vertu, par le respect du devoir, par la crainte de Dieu et par la soumission à leur Sauveur; ceux-là peuvent fort bien n'avoir pas démêlé le vrai sens de plusieurs passages, mais avoir la foi et recueillir un jour les promesses qui lui sont faites.

J'insiste sur cette dernière idée : l'obéissance aux

lois divines est un caractère essentiel de la foi; sans elle il n'y a point de foi; son action n'a point pénétré dans l'ame, Jaq. III, 14: Si quelqu'un dit qu'il a la foi et qu'il n'ait pas les œuvres, de quoi cela lui servira-t-il? cette foi pourra-t-elle le sauver? de même qu'un corps sans ame est mort, de méme aussi la foi sans les œuvres est morte. Le Chrétien, qui croit aux promesses de l'Évangile, n'hésite pas entre les tentations du péché et les richesses à venir, entre les difficultés du combat et les joies saintes de la victoire. Il est vrai que les objets présents exercent sur nous un puissant empire; mais la foi, représentation des biens qu'on espère et démonstration de ceux qu'on ne voit point, rend présentes à l'ame les récompenses célestes, et fait pâlir tout ce qui est imparfait et passager devant ce qui est excellent et éternel.

Après avoir indiqué ce qu'était la foi, je vais prouver directement qu'il est nécessaire de consulter la raison et de se fonder sur elle pour avoir cette foi nécessaire au Chrétien.

CHAPITRE II.

LA RAISON DOIT ÊTRE CONSULTÉE EN MAtière de foi.

§ Ier. Preuves.

La raison est cette faculté de l'homme par laquelle il établit des rapports entre les êtres et les idées, pose des principes, argumente, tire des conséquences,

discerne le vrai du faux, le certain de l'incertain, ou quand il ne peut conclure à la certitude, il estime et détermine les degrés de probabilité en faveur de telle ou telle thèse; ou autrement, c'est cette faculté de notre ame au moyen de laquelle elle peut connaître la vérité et porter un jugement sur elle. Maïntenant, quand j'applique la raison à la foi, je ne sais pas voir pourquoi cette même faculté ne serait pas admise à prononcer sur des propositions dont on peut découvrir la vérité ou la fausseté par les sens ou par l'intelligence, sans recourir à une autorité humaine.

La seule définition que jai donnée de la raison, établit qu'on doit en faire usage dans les objets qui concernent la religion et la foi. Pour concevoir une assertion, un précepte, une vérité, il faut assembler des mots, les lier, de manière à en faire des idées, en concevoir le sens, les admettre ou les rejeter. Pour repousser la raison de tout ce qui se rattache à la foi, il faudrait qu'elle fût incapable de saisir les objets dont l'ensemble compose la foi du Chrétien; mais alors que serait la révélation? une énigme, un jeu indigne de la sagesse et de la bonté suprême, et l'homme serait cruellement trompé ; il n'aurait point sujet de se réjouir d'avoir reçu la révélation.

Il est sans doute beaucoup d'idées dont nous ne pouvons atteindre la profondeur; le comment de bien des choses nous échappe; mais il n'est pas besoin d'avoir des idées distinctes de tout l'objet sur lequel nous affirmons ou nions quelque chose; sans cela,

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