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qu'il employait souvent des expressions dont il ne sentait pas toute la portée, que son système est assez obscur pour que des hommes habiles comme Jansénius aient employé trente années de leur vie à les comprendre, sans en venir complètement à bout, et qu'il a été exposé de manières assez différentes.

Ils passent en revue les passages cités par les Calvinistes, et prouvent, par des sentences claires et directes de l'Écriture, qu'on ne doit pas imputer au fils l'iniquité du père (Deut., xxiv, 16; Ézech., XVIII, 14, 20). Ils ajoutent que si nous devons comparaître devant le tribunal de Christ, c'est pour y recevoir, non selon ce qu'Adam aura fait, mais selon le bien ou le mal que nous aurons fait nous-mêmes.

Ils ne croient pas nécessaire de répondre à ceux qui disent que nous avons été rebelles avec Adam parce que nous étions dans ses reins au moment où il pécha; à ceux qui veulent que nous soyons coupables, parce que nous sommes punis, et que s'il n'en était pas ainsi, Dieu serait injuste; à ceux qui prétendent que ce qui nous paraît injuste pourrait bien ne pas l'être aux yeux de Dieu; ils s'en remettent, pour ces points, au sens commun des hommes. Mais quand on prétend que leur interprétation ne vaut guère mieux que celle des Calvinistes, et qu'il importe peu à l'homme de naître coupable ou vicieux, puisque dans l'un et l'autre cas son sort est le même, voici ce qu'ils répondent en substance: 1o Leur système est d'accord avec la raison, tandis que l'autre lui est contraire. Quand on dit, les hommes naissent

avec des inclinations vicieuses, cette idée est claire, et on la saisit sans difficulté; mais quand on dit, les hommes sont coupables à cause d'un péché qu'ils n'ont pas commis, personne ne peut comprendre ou croire une assertion semblable, car il y a contradiction. Pour qu'une action ait lieu, il faut un agent; mais si l'homme est censé avoir été coupable avant sa naissance, c'est avouer qu'une action a eu lieu avant l'existence de l'agent. 2o Dans le système de la culpabilité, l'infortune de l'homme est nécessaire; ses fautes n'y contribuent en rien; les promesses, les menaces sont inutiles, l'homme naît coupable et condamné. Dans le système de la faiblesse transmise par Adam, l'homme naît vicieux, mais libre. S'il fait le mal, il n'y est pas forcé. L'espoir et les promesses peuvent fléchir son cœur; la justice est observée, et d'ailleurs la bonté de Dieu est là pour donner le remède; et si la condamnation est promise, la grâce divine l'est aussi,

C'est déjà un progrès bien notable que de voir des Chrétiens religieux et habiles déclarer contraires à la raison des doctrines erronées qui pendant des siècles ont été enseignées comme des vérités qu'il n'était pas même permis de combattre. Tout en reconnaissant que le système d'Augustin et de Calvin est bien inférieur à celui-ci, je développerai dans le chapitre suivant les raisons pour lesquelles cette dépravation de la nature humaine ne peut avoir été l'effet de la désobéissance d'Adam et d'Ève,

CHAPITRE III.

EXAMEN DE CES SYSTÈMES.

§ I. Observations sur le système de Pélage.

Le système de Pélage est raisonnable sur quelques points, il est fort exagéré sur d'autres. Pélage était fondé quand il niait que les hommes fussent coupables et condamnés à cause d'une désobéissance dont ils n'étaient point responsables.

Il avait raison quand il soutenait que la Bible n'enseigne pas que la mort du corps soit la peine de la première faute commise en Éden; que ce fait est contraire à la nature des choses, et qu'Adam serait mort quand même il n'aurait pas péché, Pélage avait raison quand il disait que l'eau du baptême n'avait pas la puissance de nettoyer l'ame de son péché, qu'elle était le signe de la purification de l'ame, de l'introduction du Chrétien dans l'Église, et que les enfants morts sans baptême n'étaient pas condamnés.

Pélage avait raison quand il refusait de faire de l'homme une machine, organe matériel de la puissance et de la volonté divines, incapable par luimême de faire aucun bien; en un mot, lorsqu'il défendait la liberté; mais il allait trop loin.quand il niait le besoin que l'homme éprouve de l'assistance

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divine, et quand il assurait que l'homme pourrait vivre ici-bas sans péché : c'est contredire outre mesure l'expérience et son propre cœur.

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Ce sont ces exagérations qui donnèrent naissance aux semi-Pélagiens dont j'ai fait connaître rapidement les principes (p. 265); ils eurent raison quand reconnurent que l'homme ne pouvait mériter le salut par ses œuvres, qu'il était libre de céder ou de résister à la grâce; mais ils eurent tort quand ils nièrent que Dieu pût prévenir l'homme, l'encourager à bien faire, et lui en faciliter les moyens. Qui peut limiter ainsi l'action d'un Dieu bon et ami de l'homme, lorsque cette influence est circonscrite dans les bornes de la liberté humaine, et que celui qui agit est pleinement maître de sa conduite?

SII. Observations sur le système de Calvin et des Orthodoxes. mitigés.

Nous allons reprendre les principales idées dont la réunion forme le système d'Augustin et de Calvin, en commençant par examiner l'histoire de la faute du premier homme, telle que Moïse la raconte dans la Genèse; car c'est ce chapitre qui, mal interprété selon moi, a servi de fondement à la doctrine que je combats. Nous examinerons s'il est vrai que l'homme ait été créé parfait ou seulement très-supérieur à ses descendants; s'il est vrai que l'image divine ait été effacée dans l'homme et la nature humaine dépravée par la chute d'Adam; s'il est vrai que les hommes aient été condamnés, comme Adam et en

Adam, aux misères de la vie et à la mort physique; s'il est vrai que la majorité des hommes ait été condamnée à des peines éternelles, à cause du péché d'Adam. Nous répondrons en même temps aux Orthodoxes mitigés sur les points qui leur sont communs avec les plus rigides, dans le § V.

$ III. Histoire de la transgression d'Adam telle qu'elle est racontée par Moïse.

L'Éternel Dieu avait pris l'homme et l'avait placé dans le jardin d'Éden pour y habiter et pour le cultiver; Adam pouvait manger du fruit de tous les arbres du jardin et de l'arbre de vie; l'arbre seul de la science du bien et du mal lui était interdit. Ne mange point de son fruit, lui avait dit l'Éternel, car le jour que tu en auras mangé, tu mourras de mort. Le serpent, le plus rusé des animaux que l'Éternel Dieu avait placés sur la terre, voulut persuader à Ève de manger de ce fruit. Vous ne mourrez point, dit-il; vos yeux au contraire seront ouverts et semblables à Dieu; vous connaîtrez comme lui le bien et le mal. Les deux habitants d'Éden enfreignirent l'ordre; leurs yeux s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nuds et ils réunirent des feuilles de figuier pour se faire des ceintures, et vers le soir, quand ils entendirent la voix de l'Éternel Dieu qui s'avançait dans le jardin, ils se cachèrent entre les arbres; mais l'Éternel appela Adam et lui dit : Où es-tu? Alors Dieu ayant interrogé l'homme et entendu ses réponses, maudit le serpent: tu ramperas sur ton ventre et tu mangeras

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