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DE LA

THÉOLOGIE CATHOLIQUE

C

lointaine et magnifique du Grand-Kan, dont Marco Polo avait rapporté des choses si extraordinaires au retour de ses voyages. Il rappelait que ce Grand-Kan avait manifesté de bonne heure le désir d'adopter a foi chrétienne, que des Papes et des rois lui avaient envoyé des

Pinstruire, ut et ses peuples, de la doctrine de l'Évangile. Or, disait-il, les nouvelles découvertes qu'on pouvait espérer permettraient de former une alliance avec ce grand empire, donneraient l'occasion d'incorporer à l'Église d'immenses régions et de propager ainsi la foi jusqu'aux confins de la terre.

COLOMB (CHRISTOPHE) (Colombo, Christoval Colon, en espagnol) naquit entre 1435 et 1446 († 1506). Sa vie politique est plus connue que sa vie morate et religieuse. Cependant l'enthousiasme avec lequel il conçut et exécuta le plan de son expédition dans la mer occidentale était essentiellement religieux. Co-ambassadeurs et des missionnaires pour lomb, dit Irving, se considérait comme marqué par la Providence pour remplir une haute destinée. Il pensait avoir vu sa future découverte décrite dans l'Écriture sainte et obscurément annoncée par les Prophètes, lorsqu'ils parlent des extrémités de la terre appelées à se rejoindre et montrent toutes les nations devant être un jour réunies sous la bannière du Sauveur. Sa glorieuse entreprise devait relier les régions d'un monde nouveau à l'Occident chrétien, en portant la lumière de la foi parmi les peuples assis dans les ombres de la mort et en les soumettant à l'autorité de l'Église (1). Christophe Colomb fit entrevoir aux souverains de Castille et d'Aragon qu'en abordant aux extrêmes confins de l'Asie il rencontrerait la contrée

Un autre motif qui animait le grand homme dans ses desseins était l'espoir de délivrer le saint Sépulcre. « L'or, disait-il, qu'il tirerait des pays nouveaux permettrait aux souverains catholiques de préparer une croisade qui arracherait enfin les saints lieux des mains des infidèles. » La guerre de Grenade venait de finir; l'Espagne entière était encore remplie de l'enthousiasme qu'avait inspiré cette lutte héroïque, et la réalisation du projet de Colomb n'avait

(1) Irving, Hist. de la Vie et des Voyages de rien d'invraisemblable dans un pays qui

Chr. Colomb, Francf., 1828.

offrait autant d'éléments religieux que

ENCYCL. THÉOL. cath. — T. V.

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qu'on nomme le Grand-Kan, qui a déjà plusieurs fois envoyé à Rome demander des ouvriers de la foi, et après avoir représenté combien de peuples se perdaient dans les ténèbres de l'idolâtrie... Leurs Altesses pensèrent ellesmêmes, en leur qualité de souverains catholiques, de propagateurs de la foi, d'ennemis de Mahomet et de toutes les hérésies, de m'envoyer, moi, Christophe Colomb, dans ces régions lointai

l'Espagne. « J'assurai à Leurs Altesses, ce sont les propres paroles de Christophe Colomb (1), « que tout le profit de mon entreprise devait être employé à la conquête de Jérusalem. Leurs Altesses sourirent et dirent que ce plan leur plaisait, et que d'ailleurs elles entreprendraient, même sans l'espoir de cet avantage, la croisade projetée. » Colomb resta fidèle à cette idée, dont il parla encore dans le testament qu'il fit avant son troisième voyage, en ordonnant ànes, pour apprendre à en connaître les son fils de déposer une somme d'ar- princes et les peuples, et à découvrir en gent dans ce but, afin de pouvoir un même temps les voies et moyens de les jour accompagner le roi dans son ex- convertir à notre sainte foi. »> pédition contre Jérusalem, ou de pouvoir lui-même organiser une croisade si le roi ne voulait pas s'y résoudre. Enfin, ajoutait le pieux testateur, si un schisme venait à éclater dans l'Église, son fils devait se jeter aux pieds du Pape, et offrir sa personne et sa fortune à l'Église et à la défense du Saint Siége (2). »

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Les historiens de nos jours, trop disposés à attribuer des opinions modernes à d'anciens personnages, ont méconnu cette idée première de Colomb, ont négligé un fait si manifeste dans ses écrits et sa conduite, et n'ont presque pas fait mention du sentiment qui prédominait dans d'auteur de la découverte de l'Amérique. C'est le mérite d'Irving d'a

réveillé l'attention à ce sujet, et d'avoir ramené les esprits à cette considération importante.

Cf. Herrera, Indias occident., décad. I, lib. 1, c. 8; Fernando Colon (fils de Christophe), Historia del Almirante, cap. 13.

On ne peut donc nullement: douteryoir de l'influence que la religion exerça sur la grande entreprise du tardi.naviga: teur. Cette foi vive et sincère, cette sainte et courageuse ardeur le soutinrent dans les contradictions et les épreuves qu'il eut à subir avant d'atteindre son but. Elles lui valurent les amis qui l'aidèrent à réussir dans ses projets, amis parmi lesquels il faut compter surtout les moines de Rabida et la reine Isabelle de Castille. Colomb rappelle luimême que l'espoir de propager la foi l'anima et le soutint. « Après les explications que je donnai à Leurs Altesses, dit-il dans la relation de son premier voyage (3), sur l'Inde et sur le prince

(1) Voy. son journal, dans Navarrete, Coleccion de viages y descubrimientos que hicieron por mar los Españoles, I, 117.

(2) Dans Irving, t. II, p. 292, de la trad. allem., Francf., 1828.

(3) Dans Navarrete, I, 2, p. 117; trad. franç., II, p. 3, 4.

KERKER.

COLOMBA (S.), apótre de l'Écosse. Le nom primitif de S. Colomba, que de temps à autre on confond avec celui de S. Colomban (1), apôtre des Souabes, était Crimthan; on en fit le nom latin Columba, et le nom hébraïque Iona, à cause de la sainteté et de la pureté de l'homme. Il reçut aussi, par suite de la multitude de couvents qu'il fonda, d'après Bède, le nom de Columbkille.

Il naquit vers la fin de 520 ou au commencement de 521. Il fit ses études dans l'école alors célèbre de S. Finnien, évêque de Maghbile, s'y mon

(1) Voy. COLOMBAN (S.).

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tra assidu au travail et d'une pureté virginale. Avant d'être prêtre il fonda un couvent très-considérable dans Tirconnel, en 546, et ce couvent devint la ville de Derry (Londonderry).

En 550 il fut fait prêtre, ne voulant point, par humilité, être consacré évêque. Malgré les services qu'il rendait à son pays il ne put se soustraire à la colère du roi Dermot, et le biographe du saint, Adamnan, raconte qu'il fut, pour de futiles motifs, illégalement excommunié. Cependant, grâce à l'intervention de l'abbé Brendan, qui reconnut et défendit son innocence, il fut relevé de la sentence. Colomba résolut, à la suite de cette injustice, d'abandonner sa patrie et de se rendre en Écosse, de travailler à la conversion des, Pictes du nord encore païens, l'évêque breton Ninian, élevé à Rome, ayant, dès 412, converti les Pictes du sud; et pour cela il alla instruire d'abord plus à fond les Écossais, qui depuis 503 résidaient au nord de la Bretagne, et prêcher dans les îles Hébrides. En 563 il s'embarqua avec douze disciples pour une de ces îles, que lui avaient offerte en présent, d'après Bede, les Pictes convertis, d'après Usher, son parent Conall, roi des Écossais. C'était l'île d'Hy, qui depuis lors se nomma aussi Iona. Après y avoir bâti un couvent et une église, le saint se mit à évangéliser les Pictes. Les prêtres païens lui firent une violente opposition; ils tâchèrent d'empêcher le peuple idolâtre d'entendre les chants religieux de Colomba et de ses moines, parce que ce chant faisait une vive impression sur lui, et le disposait à écouter favorablement la prédication évangélique.

Le saint s'étant approché un jour d'une source à laquelle les païens rendaient un culte religieux, les prêtres s'en réjouirent dans l'espoir que l'eau de cette source lui serait nuisible; mais Colomba la bénit, y lava ses mains, en

but ainsi que ses compagnons, et, loin de leur nuire, elle devint un moyen de guérison pour beaucoup de malades. Une autre fois il avait converti et baptisé toute une famille, dont bientôt après un jeune garçon mourut, à la grande joie des prêtres païens, qui virent dans ce malheur une preuve de la force de leurs divinités et de la faiblesse du Dieu des Chrétiens; mais Colomba ressuscita le mort; et c'est ainsi que fréquemment il confondait ses adversaires et qu'il parvint peu à peu, à l'aide de ses coopérateurs, à convertir tous les Pictes.

Le saint apôtre, en même temps qu'il prêchait dans les îles Hebrides, y élevait plusieurs couvents, surveillait les Écossais bretons, parmi lesquels il fondait des communautés religieuses, et ne perdait pas de vue les couvents déjà fondés par lui en Irlande. Colomba obtint ainsi le respect des Pictes et des Écossais, en Bretagne et en Irlande; il recevait de fréquentes visites des Irlandais, qui peuplèrent ses monastères. En 590 il retourna en Irlande et assista à l'assemblée de Drumceat, convoquée par Aïd,. roi d'Irlande. On y délibéra sur l'abolition et le bannissement des bardes irlandais, devenus par trop nombreux et qu'on accusait de cupidité et de vénalité; ils furent épargnés à la demande de Colomba, mais à certaines conditions. Cette douceur du saint se montrait dans toutes les occasions. Il était affable envers tout le monde, compatissant à l'égard des pauvres, rachetait les esclaves et les prisonniers, protégeait les opprimés, méprisait les présents. Malgré sa mansuétude, il se vit obligé de prononcer l'excommunication contre les pirates bretons-écossais, qui trop souvent pillaient les néophytes. Les pauvres trouvaient de perpétuelles ressources dans ses couvents, où on leur donnait des aliments et des remèdes.

Colomba était un père miséricordieux non-seulement pour les pauvres, mais

exercé par Colomba, des fonctions dues à son initiative, et qui se conserva longtemps chez ses successeurs, les abbés de Hy, comme on le voit dans Bède. « De ces deux couvents, dit-il, sortirent beaucoup de couvents qui, grâce aux disciples de Colomba, s'établirent en Bretagne et en Hibernie, et sur lesquels le couvent de Hy, où reposent les restes du saint, exerce la primauté. Hy a toujours un abbé, qui est prêtre, dont la juridiction s'étend sur toute la province et sur les évêques eux-mêmes, ordine inusitato, à l'instar de ce premier abbé, qui était, non pas évêque, mais simplement prêtre et moine (1). »

pour les moines, qui se livraient assidu- | d'elle-même, par suite de l'apostolat ment au travail, cultivaient les champs, se construisaient eux-mêmes leurs maisons, leurs couvents et leurs églises, mais que Colomba n'aimait pas à voir surcharges de besogne. La présence de Colomba portait partout la bénédiction; il guerissait les malades, opérait des miracles, convertissait les pécheurs, écoutait leurs aveux, leur donnait de salutaires conseils, leur imposait de saintes penitences (1), dirigeait avec sollicitude son clergé, exigeait que les prêtres ne célébrassent le saint sacrifice qu'avec un cœur pur, découvrait | les peches secrets de ceux qui montaient à l'autel (2) et témoignait le plus profond respect à la haute dignité des évêques.

Un jour il reçut la visite d'un évêque qui ne se fit pas reconnaître, et qui, ayant, à la prière de Colomba, offert le dimanche le saint sacrifice, Christi corpus ex more conficere, invita Colomba à communier à sa messe. A l'autel Colomba reconnut l'évêque et dit : « Que . le Seigneur vous bénisse, mon frère; offrez seul le saint sacrifice suivant le rite épiscopal, episcopali ritu, car nous savons maintenant que vous êtes un évêque. Mais pourquoi vous êtesvous caché et ne nous avez-vous pas permis de vous témoigner le respect qui vous est dû? ut tibi a nobis debita non redderetur veneratio? »

Colomba, quoiqu'il ne fût que prêtre, exerçait la surveillance et la juridiction ecclésiastique sur tous les couvents de sa règle, sur les Pictes du nord, sur les Écossais bretons, sur les îles Hébrides et même sur les évêques de ces contrées, situation certainement extraordinaire, notamment au temps de Bède, mais qui s'était formée comme

(1) Adamnan, dans Vita S. Col., Boll., 9 jun., p. 204 et 223.

(2) Ibid., p. 210,

Colomba, parvenu à l'âge de soixanteseize ans, mourut dans l'église, entouré de ses moines, qu'il bénit pour la dernière fois, et qui célébrèrent pendant trois jours les funérailles de leur respectable supérieur (597).

Sa fête fut célébrée non-seulement à Hy, sous l'abbé Adamnan, mais dans toute la Grande-Bretagne, en Espagne, en France, en Italie et même à Rome, ipsam quoque Romanam civitatem, quæ caput est omnium civitatum (2). L'esprit du fondateur se maintint après sa mort dans les nombreux instituts créés par lui, surtout dans le couvent principal de Hy. La vie de Colomba avait été comme une trame céleste, tissue des fils d'or de la prière, de la lecture, de la copie des manuscrits, de travaux apostoliques de tous genres; c'est ce modèle que les moines de Hy ne se lassaient pas d'étudier. Hy resta le foyer d'une ardente piété et d'une sévère discipline, le sanctuaire des études et de la science, le berceau des hommes les plus remarquables, entre autres de S. Aïdan, l'apôtre de la Northumbrie, le lieu de

(1) Bède, Hist. Angl., III,4.

(2) Adamnan, dans Vita S. Col., 1. cit., p. 235 et 226.

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