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vers ouvrages de Xénophon; le XII contient deux historiens, Polybe et Diodore de
Sicile. Là se termine la série des grands écrivains ayant retracé les annales antiques
et particulièrement celles de la Grèce. Le tome XIII, actuellement sous presse, et
les suivants nous initieront à l'histoire romaine en prenant pour base Denys d'Ha-
licarnasse et Tite-Live. On remarquera dans l'examen de Diodore un éloquent por-
trait d'Alexandre. M. Daunou embrasse l'opinion de Sénèque sur ce conquérant
célèbre, et combat avec une vive énergie les éloges que Montesquieu, Voltaire,
Gillies et d'autres modernes, lui ont décernés. Après avoir rapidement rappelé les
faits principaux qui ont caractérisé la carrière du fils de Philippe, le savant profes-
seur s'écrie: «qu'il reste donc fameux cet Alexandre, par l'immensité de ses inutiles
conquêtes; qu'il soit vanté pour quelques consolations fastueuses données à des
infortunes particulières, au milieu des calamités du genre humain : pour nous qui
ne connaissons rien d'illustre que la vertu, rien d'héroïque que le bien qu'on fait
aux peuples, nous dirons que celui qui tuait ses meilleurs amis, qui brûlait des
cités florissantes, qui ne conçut l'idée d'aucune institution salutaire, qui s'offensa
de la publicité des écrits de son précepteur Aristote, qui ne sut régner que par la
terreur des armes, par les mensonges des prêtres et par l'ignorance des peuples,
qui n'a légué au monde ravagé que les sanglantes discordes de ses successeurs,
n'a pu mériter le nom de grand que par l'excès des maux consommés en un règne

si court. »

-

Leçons d'anatomie comparée, tome VIII, contenant les organes de la génération et
des sécrétions, avec une leçon complémentaire des organes de relations, par
Georges Cuvier et G.-L. Duvernoy, professeur au collège de France. Seconde édi-
tion corrigée et augmentée. Paris, imprimerie de Bourgogne et Martinet, librairie
de Fortin, Masson et compagnie, 1846, in-8° de XII-848 pages. On sait que la
tâche difficile de mettre au courant des connaissances actuelles le grand ouvrage qui
a constitué, comme science, l'anatomie comparée, n'a pu être achevée par M. Cuvier
lui-même. Il n'a eu le temps de publier que les deux premiers volumes de la nou-
velle édition, et M. Duvernoy, qui avait coopéré à la première, a été chargé par
l'auteur de la suite du travail. Cinq volumes, rédigés par le savant continuateur,
ont successivement paru. Le tome VIII, que nous annonçons, termine cette impor-
tante publication.

TABLE.

Théâtre français au moyen âge, publié d'après les manuscrits de la bibliothèque
du Roi, par MM. L.-G. Monmerqué et Francisque Michel (1" article de
M. Magnin)......

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Histoire de la poésie française à l'époque impériale, par Bernard Jullien (2* ar-
ticle de M. Patin)..

17

Ampélographie, ou Traité des cépages les plus estimés dans tous les vignobles de
quelque renom, par le comte Odart (2 article de M. Chevreul)...
Antike Marmorwerke zum ersten Male bekannt gemacht von Em. Braun (2o ar-
ticle de M. Raoul-Rochette)....

27

37

Correspondance mathématique et physique de quelques célèbres géomètres du
XVIII siècle, par P.-H. Fuss (2o article de M. Libri)...

50

Nouvelles littéraires.

62

FIN DE LA TABLE.

JOURNAL

DES SAVANTS.

FÉVRIER 1846.

SATIRES DE C. LUCILIUS, fragments revus, augmentés, traduits et annotés pour la première fois la première fois en français, par E.-F. Corpet. Paris, imprimerie et librairie de Panckouke, 1845, in-8° de 287 pages 1.

PREMIER ARTICLE.

Parmi les poëtes latins que, malgré leur génie naturel, devait à la longue faire disparaître le progrès de la langue et du goût, il n'en est point qui se soient plus défendus contre cette inévitable destinée que Lucilius. Il n'en est point non plus dont, à la renaissance des lettres et depuis, on ait plus vivement regretté la perte. Quels précieux suppléments à l'histoire n'eussent pas offerts les attaques personnelles dirigées avec l'audace de l'ancienne comédie athénienne 2 contre les hommes les plus considérables du temps, par ce censeur de nouvelle sorte, ce nouveau Caton, armé comme l'autre, pour dégrader le vice puissant et honoré, de sa probité, de son courage, mais ne tenant ses pouvoirs que de sa vocation satirique! Quels suppléments non moins précieux n'eût pas reçus la comédie des Romains, tant celle qui nous est connue par ses principaux chefs-d'œuvre, la fabula palliata, que celle dont nous avons seulement les débris informes, la fabula togata, de ces peintures

1

Cet ouvrage, réuni dans un même tome, avec la traduction, donnée par M. Jules Chenu, de Lucilius Junior, Saleius Bassus, Cornelius Severus, Avianus, Dionysius Cato, forme la quatorzième livraison de la seconde série de la Bibliothèque latine-française, publiée par C.-L.-F. Panckoucke. 2 Horat. Sat. I, IV, 1 sqq.

-

plus libres, auxquelles désormais n'était soustrait aucun désordre moral, où, comme sur une scène affranchie de gênes de la loi et de la surveillance d'une aristocratie ombrageuse, on voyait traduite la société tout entière, les ordres, les tribus2, le peuple en masse; où revivait, dans sa dernière crise, la lutte de l'ancienne austérité contre la corruption apportée par les nations conquises à leurs vainqueurs, et par laquelle, non moins que par leur littérature et leurs arts, elles en triomphaient à leur tour! De combien de détails intéressants des productions dans lesquelles s'exprimait tout l'ensemble de la vie romaine n'eussent-elles pas enrichi les livres d'antiquités! Que d'expressions ajoutées par elles au vocabulaire du langage familier! Comme on eût cherché à y saisir le véritable caractère de cette urbanité difficile à définir, même pour les anciens, dont Lucilius passa pour le modèle le plus accompli 3, jusqu'au temps où ce qu'elle retenait de rudesse républicaine cessa de se trouver d'accord avec les convenances nouvelles introduites dans le commerce du monde par le régime, monarchique ! Enfin, à l'attrait de l'instruction se fùt ajouté celui du plaisir : c'eût été une lecture bien piquante que celle d'un poëte auquel on a pu, sans doute, avec justice, reprocher une composition précipitée, des formes de style diffuses, négligées, dures, un ton trop constamment amer et emporté 5, mais aussi, de l'aveu de tous, plein de verve et d'esprit, abondant en inventions originales, en pensées fortes, en traits hardis, en saillies heureuses, en beaux vers; d'un poëte de bonne heure traité en classique, sujet favori pour les critiques, de lectures, d'éditions, de commentaires, qui charma son siècle, comme on le voit par les éloges et les citations de Cicéron, dont la faveur constante, même dans l'âge suivant, importunait quelquefois Horace; qu'Horace' cependant, et après lui Perse et Juvénal, louèrent avec un éloquent enthousiasme; que Quintilien 10 défendit à la fois contre le double fanatisme de ses admirateurs et de ses détracteurs; que les témoignages de l'antiquité nous montrent comme toujours présent à l'imagination des Romains, ne cessant de fournir aux entretiens des allusions, aux traités des rhéteurs et des grammairiens11 des exemples, aux poëtes 12 des souvenirs et des inspirations; dont on re

1

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2

Fragm. XXVII, 14. Horat. Sat. II, 1, 69. nib. I, 3; etc. 'Horat. Sat. I, x, 13, 65.

'Cic. De orat. II, 6; De fiHorat. Sat. I, IV, 7-13; x, 1-30, 46-71.-Suet. De illustrib. gramm. II, XIV; Horat. Sat. I, x, vers. suppositit. 2-3; Porphyr. Ad Horat. epist. I,

Sat. I, 19-21, 165-168. crob. Saturn.; passim, etc.

xv, ad Tetrad. sat. script., etc.

7

I, 1. Horat. Sat. II, 1, 62 sqq.

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10

Sat. I, 114.

1o Inst. orat. X, 1, 93.— " A. Gell. Noct. att.; MaMartial. Epigr. XI, 91, 5; XII, 95, 7. Auson. epist.

trouve la trace jusque dans les écrits des apologistes du christianisme, chez Lactance, par exemple, qui se plaît à le citer comme un des interprètes les plus respectables et les plus accrédités de la sagesse païenne.

Malheureusement, d'un tel poëte il n'est resté que des fragments, rapportés en grande partie par des grammairiens et pour des raisons toutes grammaticales. Quelques-uns sont insignifiants, mais beaucoup étincellent, pour ainsi dire, au milieu même de ces textes si propres à les éteindre. Par la force du sens et la vivacité du tour, par ce qu'ils révèlent ou par ce qu'ils laissent pénétrer, ils excitent à un très-haut degré l'intérêt et la curiosité.

Turnèbe2 en parlait ainsi au xvi° siècle, et les Estienne, cédant euxmêmes à cet attrait, s'appliquèrent à les recueillir dans leurs Fragmenta poetarum veterum latinorum, publiés à Paris en 1564.

En 1597, il en parut à Leyde un recueil spécial sous ce titre qui vaut presque une notice: C. Lucilii Suessani Aurunci, satyrographorum principis eq. romani (qui magnus avunculus magno Pompeio fuit) satyrarum quæ supersunt reliquiæ. Franciscus Jani filius Dousa collegit, disposuit, et notas addidit. C'était le temps de ces restitutions: déjà en 1590 et 1595, à Naples et à Dordrecth, Columna (Jérôme Colonna) et Merula (Van Merle) avaient ainsi ressuscité le vieil Ennius..

T

Jean Dousa (Van der Does) était un noble hollandais, illustre à bien des titres, comme négociateur, magistrat, historien, poëte, philologue. Dans l'université de Leyde fondée par son influence, dont il avait été le premier procurateur et le bibliothécaire, s'étaient élevés ses nombreux enfants, tous érudits et célébrés par les savants du temps dans des pièces latines sous le nom collectif de Pleias Dousica. Ce fut le quatrième d'entre eux, François Dousa, qui, à vingt ans, avec l'aide de son père, donna le livre dont nous venons de rapporter le titre, un Lucilius rassemblé, disposé, commenté, restauré même quelquefois dans d'ingénieux centons.

François Dousa, dans la dédicace, se vante de l'approbation donnée à son entreprise par Joseph Scaliger, que son père avait attiré à l'université de Leyde pour y remplacer Juste Lipse, et qu'il appelle, avec l'emphase érudite du temps: Summus ille scientiarum omnium dictator... heros ille! Cette politesse, au reste, lui est rendue en tête du livre, dans une flatteuse épigramme du héros. Suit, selon la coutume, un assez grand nombre de compliments du même genre signés par des savants de noms

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plus ou moins illustres, par Merula entre autres, qui célèbre som jeune émule dans deux pièces, l'une en style d'Ennius, l'autre en style

de Lucilius.

Ces éloges étaient mérités; cependant la critique ne pouvait s'en tenir, sur Lucilius, au livre de François Dousa. D'autres fragments restaient à recueillir, et ceux qu'on donnait pouvaient, grâce à l'amélioration progressive des textes auxquels on les avait empruntés, être rapportés avec plus d'exactitude, placés dans un ordre moins arbitraire, mieux éclaircis. Ainsi sans doute en pensèrent ceux qui, comme D. Heinsius, dans son édition d'Horace donnée à Leyde en 1612, réimprimèrent d'après les Estienne les fragments de Lucilius. Ainsi en pensa Bayle, qui, dans son article sur Lucilius, invita, mais vainement, les érudits à une nouvelle recension du vieux satirique. Malgré ces réclamations plus ou moins directes, ce fut le Lucilius de François Dousa que reproduisirent sans aucun changement, pour ne parler que des grandes collections, en 713, à Londres, celle de Maittaire; en 1766, à Pesaro, celle d'Amati; plus tard, en 1785, celle des deux Ponts; enfin assez récemment, en 1830, la bibliothèque classique latine de M. Lemaire.

Depuis cette dernière réimpression Lucilius est enfin redevenu l'objet de travaux sérieux et originaux. La biographie du créateur de la satire latine, la distribution de son recueil, le plan de ses diverses pièces, les vers qui en sont restés, ont été étudiés sans relâche par de nombreux critiques. De là les écrits publiés successivement, en 1835 et 1836, à Bonn et à Stettin, par M. Varges 1; en 1840, à Berlin, par M. Schmidt 2; en 1841, à Breslau, par M. Petermann 3; en 1841, à Halle, par M. Schoenbeck'; en 1842, à Utrecht, par M. J.-A.-C. VanHeusde; en 1843, à Marbourg, par M. J. Becker'; en 1844, à Bâle, par M. Gerlach". Il y faut ajouter les articles critiques auxquels ces productions ont donné lieu dans diverses recueils; par exemple, en 1843, celui de M. G. Fr. Hermann, dans le trente-sixième numéro des Éphémérides de Gættingue, et, dans la première livraison d'octobre 1845 de la Revue des deux mondes, celui d'un jeune littérateur de grande distinc

1

Specimen questionum Lucilianarum, dans le Rheinisches Museum, Bonn, 1835, t. III, p. 15 à 69; C. Lucili satirarum quæ ex libro III supersunt, Stettin, 1836.

3

Halle, 1841.

6

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C. Lucilii satirarum quæ de libro nono supersunt disposita et illustrata, Berlin, 1840. De Lucili vita, Breslau, 1842. Questionum Lucilianarum particula, 5 Studia critica in C. Lucilium poetam, Utrecht, 1842. . Ueber die Eintheilung der Satiren des C. Lucilius dans le Zeitschrift für die Alterthumwissenschaft. Marbourg, mars 1842, n° 30-33.-' Lucilius und die Römische Satura, Bâle, 1844.

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