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ment de sculpture romaine et d'un ordre secondaire tel que celui-ci ? Quelles preuves, d'ailleurs, a-t-on pu alléguer d'un Jupiter à double visage, particularité qui n'est connue, dans toute l'antiquité figurée, que pour Janus, ainsi que le déclare expressément Ovide, en deux endroits de ses Fastes 1?

Solus de superis, qui tua terga vides.

Ede simul causam, cur DE COELESTIBUS UNUS

Sitque quod a tergo, sitque quod ante, vides.

A défaut de quelque témoignage concernant un Jupiter bifrons, comme Janus, a-t-on pu du moins produire un monument? Il existe bien une inscription 2 portant une dédicace: GEMINO.IOVI.O.M. Mais cette inscription, qui d'ailleurs n'a pas été citée par M. Ém. Braun, a été déclarée suspecte par M. Orelli3; il ne serait donc pas prudent d'en faire usage. Notre auteur s'est cependant flatté de trouver une figure en pied de Jupiter avec un double visage, et c'est sur une médaille de Géta, de la collection Farnèse, publiée par Pedrusi, qu'il a rencontré cette figure extraordinaire, seul monument qu'il ait pu citer à l'appui de son Hermès double de Jupiter, du palais Spada. Cette médaille, dont il a reproduit le dessin sur une de ses planches, est un denier d'argent assez commun 5, qui offre, au revers de la tête de Sept. Géta, une figure d'homme debout, vêtu, ayant deux visages de profil, et tenant de la main gauche abaissée un foudre; et de la droite une haste, dont la pointe est tournée vers le sol. C'est à cause de ces symboles que M. Ém. Braun a reconnu un Jupiter dans cette figure; et c'est malgré ces symboles que Pedrusi s'était déterminé à y voir un Janus, avec toute raison, suivant M. Forchhammer", dont je partage entièrement l'avis. Effectivement, et c'est une observation qui appartient encore au savant antiquaire de Kiel, le foudre et la haste sont les attributs de Jupiter Conservator, type des médailles de Caracalla; et Janus bifrons, avec le même titre de Conservator, est figuré debout et tenant la haste, sur des médailles de Pertinax', qui s'éloignent bien peu de cette époque. Il est donc probable qu'il se fit alors une combinaison des

et

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Ovid. Fast. I, 66, Gruter, p. мVIII, 3. 'Orelli, Inscript. latin, select. n. 1242, t. I, 268. P. Taf. III, 6. Je remarque que le module de la médaille a été considérablement agrandi, et que, d'après le dessin, on pourrait la prendre pour un moyen bronze, tandis que c'est réellement un denier d'argent. Il en existe deux exemplaires, de coin différent, dans notre Cabinet des médailles; et M. Mionnet estimait six francs cette pièce, qui a pourtant échappé à l'observation d'Eckhel. Zeitschrift, etc., n 135, p. 1075. Eckhel, D. N. t. VII, p. 141.

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types des deux Conservatores, de manière à réunir en une seule figure le foudre de Jupiter et la double tête de Janus; mais il y aurait encore plus d'une observation à faire sur cette médaille de Géta et sur l'application qui en a été faite par M. Ém. Braun à son idée d'un Jupiter geminus, inconnu de toute l'antiquité.

Le même type de Janus debout, vêtu du pallium, et tenant de la main droite la haste, se rencontre sur d'autres monnaies impériales de modules différents, en argent et en bronze, frappées sous Hadrien, sous Antonin Pieux, sous Commode, sous Pertinax, et jusque sous Gallien. Malgré quelques variantes, qui peuvent tenir au caprice de l'artiste, ces images monétaires doivent procéder de quelque simulacre célèbre, peut-être de la statue de Janus, qu'Auguste avait consacrée dans son temple à Rome, et qui est citée par Pline'. Or cette figure de Janus, par son costume et par son attribut, la haste, s'assimilait presque absolument à Jupiter, ainsi que l'avait remarqué Boettiger 2, et cela, avec d'autant plus de raison, que le Janus consacré par Auguste était un IANVS PATER, de même que le Janus représenté sur l'aureus de Gallien3, qui a pour inscription: IANO PATRI; lequel Janus Pater ne peut véritablement avoir été, pour les Romains de cet âge, qu'un Jovis Pater. Alors aussi, il se fit, de ces images de Janus, qui pouvaient se prêter à tant de combinaisons, plus d'un usage, propre à expliquer comment le type du Jupiter-Janus, de la médaille de Géta, a pu se rapporter, suivant une idée ingénieuse de M. Forchhammer, à la situation du monde romain, partagé entre deux empereurs. Ainsi l'on connaît l'étrange caprice de Commode, qui s'était fait représenter, sur une de ses médailles de grand bronze, en Janus bifrons; et il est bien probable que, sur la médaille d'or de Gallien qui a pour type Janus debout, avec un visage barbu et un visage imberbe 5, c'est un caprice d'un même

-

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'Plin. XXXVI, iv, 8: « JANUS PATER in suo templo dicatus ab Augusto. - 'Ideen, etc., t. I, p. 268, 2). Pellerin, Mélanges, t. I, pl. v, n. 9, p. 166; Eckhel, D. N. t. VII, p. 397.-Mus. Medic. tab. 43, 44, ed. de Camps; cf. Eckhel, D. N. t. VII, p. 119. Encore n'était-ce pas là le premier exemple d'un portrait sous la forme de Janus, puisque nous avons des as de Sext. Pompée, qui ont pour type un Janus imberbe, dont l'un des visages est idéal, l'autre offre les traits du grand Pompée, avec l'inscription MAGNVS, Morell. Famil. Roman. Pompeia, tab. 1, n. v; voy. Havercamp, t. II, p. 335. Eckhel avait cru pouvoir mettre en doute la réalité de cette double tête, l'une barbue, l'autre imberbe, sur l'aureus de Gallien, et il pensait que Pellerin s'était laissé tromper par sa vue, ou par son dessinateur. Mais cette supposition n'est pas admissible pour un homme tel que Pellerin, et quand il s'agit d'une pièce d'or d'une conservation telle que celle-là; il faut donc accepter le fait et tâcher de l'expliquer; ce qui n'est certainement pas impossible.

genre qui a donné lieu à cette singulière figure, c'est-à-dire l'envie de produire son portrait sous la forme de Janus. A l'appui de ces sortes de fantaisies impériales, M. Forchhammer a rappelé fort à propos un curieux passage d'Hérodien1, déja cité par Caylus et par Eckhel 3, où l'historien se moque de la manie qu'avait Caracalla, de se faire peindre debout, avec une seule tête à deux visages de profil, dont l'un offrait son portrait, et l'autre, celui d'Alexandre. Il est donc bien avéré que le type de Janus avait pu servir à plus d'une combinaison du genre de celle que nous offre le denier de Géta, et que, de toutes ces applications, celle qui tendait à associer Jupiter et Janus dans un même simulacre à double tête, comme on le voit sur les médailles d'Hadrien, d'Antonin, de Commode et de Pertinax, était celle qui avait dû trouver le plus de faveur à Rome, à une époque où l'on affectait, dans tous les monuments du culte, le retour aux anciennes traditions, suivant lesquelles, le Janus latin n'était véritablement que le Záv ou Adv des Grecs primitifs. C'est évidemment par suite des mêmes idées, et à l'imitation des mêmes monuments numismatiques, que le type d'un Jupiter-Janus, avec le foudre et avec la haste, fut admis sur la monnaie de Géta; et il n'y a conséquemment rien à inférer d'un pareil type en faveur d'un simulacre de Jupiter à double tête,

Il résulte de cette discussion que l'Hermès double de dieu barbu, du palais Spada, n'est, en réalité, qu'un Janus bifrons, tel qu'il dut en exister un grand nombre dans l'antiquité romaine; et l'idée de M. Em. Braun, toute spécieuse qu'elle peut paraître, tout ingénieuse qu'elle est en effet, ne saurait obtenir, à notre avis, l'assentiment des antiquaires. Il y aurait d'ailleurs un moyen, indiqué par M. Forchhammer, de s'assu rer si ce monument est effectivement un Janus bifrons; ce serait en vérifiant s'il y existe ou non, dans le haut de la tête, à l'endroit de la réunion des deux profils, une cavité pouvant servir à l'insertion d'une cheville ou tige métallique, telle que Passeri l'avait remarquée sur cinq de ces Janus, en marbre, qui se conservaient de son temps dans des col lections de Pesaro. Quel que fut le véritable motif de cet appendice qui se voit au-dessus des têtes de Janus, type principal des as des familles romaines, jamais, à ma connaissance, sur les asses unciales, et qui

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* Herodian. IV, νι : Εσθ ̓ ὅπου δὲ καὶ χλεύης είδομεν ἀξίας εἰκόνας ἐν γραφαῖς, ΕΝΟΣ ΣΩΜΑΤΟΣ ὑπὸ περιφερεία ΚΕΦΑΛΗΣ ΜΙΑΣ όψεις ΗΜΙΤΟΜΟΥΣ ΔΥΟ, Αλεξάνδρου τε καὶ Ἀντωνίνου, τ Caylus, Recueil II, p. 151. Eckhel, D. N. 1. V, p. 217. Boettiger, Ideen, etc., t. I, p. 249. Lucern. fictil, Mus, Passer., t. I. tab. IV, p. 7: In his omnibus signis, qua caput capiti hæret, profundum forą men observatur, quo fortasse æreus obelus firmaretur,

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s'y montre sous des formes très-variées1, la cavité en question n'avait pu avoir d'autre objet que de servir à l'y insérer, et, si cette circonstance se trouve au double Hermès du palais Spada, c'est, à coup sûr, un Janus bifrons. Dans le cas contraire, et s'il était bien reconnu que les traits de cette double tête ne peuvent convenir à Janus, et qu'ils appartiennent certainement à Jupiter, bien qu'il soit difficile, à mon avis, d'après les monuments qui existent, de déterminer en quoi une tête de Jupiter put différer de celle de Janus, à l'époque romaine, où le type du Janus Pater et celui du Jovis Pater tendaient, par tant de raisons, à s'assimiler et à se confondre, il y aurait une explication à proposer pour ce monument, qui pourrait sembler plus satisfaisante que celle d'un Jupiter à double caractère. On sait que, dans les nombreuses combinaisons qui se firent chez les Grecs de l'Hermès bicéphale, il y en eut une qui consista à réunir de cette manière deux divinités d'un ordre équivalent, ou d'une nature semblable, ou d'un caractère analogue. C'est à cette combinaison que durent leur naissance les Hermathene, les Hermaphroditi, les Hermeracle, les Hermarès2, et autres monuments pareils, dont il se fit tant d'usage à l'époque romaine. Indépendamment de cette combinaison, où entrait toujours Hermès, pour le nom comme pour la composition du simulacre, il y en eut une autre du même genre, en dehors du nom et de la figure d'Hermès, et l'on en a des exemples dans la notion d'un Heraclammon, Hermès double, composé des têtes d'Hercule et d'Ammon, d'un Sérapammon3, Hermès double, dans la composition duquel entrent Ammon avec Sérapis, d'un Zènoposeidon, autre Hermès double, composé des têtes de Jupiter et de Neptune. Or ce serait un Hermès de ce dernier genre, et précisément un Zènoposeidon, qu'on pourrait voir dans l'Hermès du palais Spada; et l'on conçoit, d'après la ressemblance qui existait entre les deux frères olympiens, que

' Cette particularité avait été remarquée par Eckhel, sans qu'il ait essayé d'en donner l'explication, qui lui paraissait trop difficile, D. N. t. V, p. 215. Celle que propose M. Forchhammer, Zeitschrift, etc., n. 135, p. 1076-1077, et qui consiste à voir dans cette espèce de cheville métallique l'extrémité supérieure d'un cardo, est peut-être la véritable, et elle est, en tout cas, très-ingénieuse. Un de ces Hermès doubles, avec la tête d'Hermès adossée à celle d'Arès, a été publié par M. Éd. Gerhard, Antik. Bildwerke, Cent. IV, Taf. CCCXVIII, 1, P. 408.

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Un monument, offrant celte combinaison des têtes de Serapis et d'Ammon, existe au musée du Vatican; il a été publié par M. Éd. Gerhard, Ant. Bildwerke, Cent. IV, Taf. cccxx, 3. -Machon apud Athen. vIII, p. 337, C, t. III, p. 243, Schw. Il s'agit, il est vrai, dans ce passage, d'un temple dédié aux deux divinités en commun; mais, à plus forte raison, dut-il se faire des Hermès doubles qui les réunissaient sur le même cippe, et un monument de ce genre put très-bien s'appeler de même un ZŋνoñoDedov; voy. Heinrich, Hermaphroditorum, etc., p. 14.

l'auteur de cette sculpture ait donné aux deux têtes qu'elle réunit des traits qui peuvent convenir à Jupiter, avec une différence presque insensible de physionomie qui s'appliquerait à Neptune.

Je continuerai, dans un prochain article, l'examen du recueil de M. Em. Braun.

RAOUL-ROCHETTE.

CORRESPONDANCE mathématique et physique de quelques célèbres géomètres du XVIIIe siècle, précédée d'une notice sur les travaux de Léonard Euler, tant imprimés qu'inédits, et publiée sous les auspices de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, par P. H. Fuss, secrétaire perpétuel de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg. Saint-Pétersbourg, 1843, 2 volumes in-8°.

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DEUXIÈME ARTICLE 1.

Dans un précédent article, nous avions annoncé que l'importante publication entreprise par M. Fuss devait se continuer, et que les deux volumes déjà imprimés de la correspondance d'Euler seraient bientôt suivis de plusieurs volumes contenant le commerce épistolaire que ce grand géomètre entretenait avec Lagrange et avec d'autres savants. D'après des nouvelles plus récentes, ce projet aurait fait place à un dessein plus vaste, à la réalisation duquel tous les mathématiciens s'empresseront d'applaudir. Il s'agirait d'entreprendre la publication des œuvres complètes d'Euler inédites ou déjà imprimées. On peut dire sans exagération que ce serait là le plus vaste, le plus utile monument élevé aux sciences mathématiques; et nous pensons qu'il ne faudrait pas moins de soixante à quatre-vingts volumes in-4° pour reproduire tous les écrits de ce génie si fécond et si original à la fois. En effet, si, sans tenir compte des écrits inédits, qui paraissent fort nombreux, on ajoute à une quarantaine de volumes publiés séparément sur des matières spéciales les mémoires de mathématiques pures et appliquées qui, au nombre de plus de sept cents, se trouvent insérés dans tous les recueils scientifiques de l'Europe, on comprendra que nous avons été bien mo

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