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comme on a recours au semis pour obtenir des variétés, cependant il faut reconnaître que l'individu séparé d'un autre pourra éprouver des modifications de la part du monde extérieur. Sans cela on serait dans l'impuissance d'expliquer les changements produits dans des vignes propagées par bouture, les changements qu'une greffe présentera dans un pays très-différent de celui où végétait la plante mère; et, si l'on admet que cette greffe, reportée dans son pays natal, reprendra ses caractères primitifs, cependant nous ne voudrions pas poser cela en principe absolu et indépendamment du temps où les causes modificatrices du monde extérieur sont capables d'agir, par la raison que nous ne pouvons nous refuser à admettre que des changements survenus dans un corps organisé peuvent se maintenir, du moins pendant un certain temps, dans des circonstances différentes de celles où ils ont eu lieu.

Si l'opinion de Knight sur le terme de la vie des plantes propagées par la division de l'individu n'est point au fond incompatible avec le principe de l'immutabilité des espèces, lors même qu'on admet que ces plantes vivent plus longtemps que l'individu d'où elles viennent, cependant M. Puvis a donné un tel développement à cette manière de voir, qu'il a compromis le principe de l'immutabilité des espèces dans les circonstances du monde actuel.

C'est en partie pour discuter cette opinion, et développer nos idées relativement à l'étude de l'influence du monde extérieur sur les corps vivants, que nous avons saisi l'occasion qui nous a été présentée d'examiner l'Ampélographie du comte Odart, et d'y rattacher, par suite de la manière dont nous avons envisagé la généralité du sujet, les recherches de M. Sageret et l'ouvrage de M. Puvis.

En remontant à la source des faits que nous avons mis en œuvre, on se convaincra que le plus grand nombre de ceux qui concernent les végétaux ont été donnés à la science par l'horticulture. Cette branche des connaissances agricoles doit donc arrêter notre attention, si nous voulons apprécier les services qu'elle rendra par ceux qu'elle a déjà rendus.

Le domaine de l'horticulture est indéfini, puisqu'il comprend les arbres fruitiers, les plantes potagères, toutes les plantes d'agrément susceptibles de vivre dans nos jardins ou dans des serres; il est donc incomparable, pour le nombre des espèces et de leurs variétés, au domaine de l'agriculture, qui, dans un pays donné, n'en comprend qu'un nombre

excessivement restreint.

Le but de l'horticulture étant non-seulement d'assurer la vie et de multiplier les individus de toutes les plantes de son domaine, mais en

core d'obtenir autant de modifications de ces individus qu'il est possible. elle a recours à des moyens, à des procédés bien plus nombreux et bien plus diversifiés que ne le sont les pratiques agricoles; aussi fait-elle varier les températures des milieux, l'humidité d'atmosphères limitées où certaines plantes sont placées, compose-t-elle des engrais et des sols de toutes sortes nécessaires à la fin qu'elle se propose. Continuellement elle fournit des occasions d'observer des faits, qui, sans elle, ne se seraient pas présentés; elle suscite une foule d'expériences dont le but final est la connaissance intime de l'histoire des plantes qui sont l'objet de ses travaux. Puisqu'en définitive elle comprend les procédés employés pour propager les plantes et pour les modifier de toutes les manières imaginables, on conçoit l'importance dont elle est au point de vue des études physiologiques, aussi bien qu'à celui des études agricoles, et la moindre réflexion la montre comme le chaînon nécessaire qui rattache la science du naturaliste à celle de l'agriculteur.

E. CHEVREUL.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

INSTITUT ROYAL DE FRANCE.

ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS.

L'Académie, dans sa séance du 11 juillet, a élu M. Lesueur à la place vacante dans la section d'architecture, par suite du décès de M. Vaudoyer.

LIVRES NOUVEAUX.

FRANCE.

Histoire de Théodoric le Grand, roi d'Italie, précédée d'une revue préliminaire de ses auteurs, et conduite jusqu'à la fin de la monarchie ostrogothique, par L. M. du Roure. Paris, imprimerie de Duverger, librairie de Téchener, 1846, 2 volumes in-8° de xx1-496 et 538 pages. Le fondateur de la monarchie des Goths en Italie n'avait pas encore eu d'historien, à moins qu'on ne veuille donner ce nom à Jean Cochlée, chanoine de Breslau, qui écrivit en latin, au commencement du xvI° siècle, une Vie de Théodoric, œuvre succincte et sans critique, sèchement extraite des annalistes du moyen âge. L'importance d'une histoire complète de Théodoric et de

ses institutions avait frappé Montesquieu, et nous ignorons par quel motif il renonça au projet qu'il avait formé de l'écrire. (Voyez Esprit des lois, liv. III, chap. xII., M. le marquis du Roure, pénétré de l'intérêt d'un tel sujet, l'a traité avec tous les développements désirables, et avec une érudition qui assure à son livre une place distinguée parmi les ouvrages historiques entrepris depuis quelques années. Les œuvres de Cassiodore et de Boece offrent, comme on sait, d'inappréciables matériaux pour l'intelligence de cette période de l'histoire d'Italie. L'auteur a puisé abondamment à cette excellente source. Les Varia de Cassiodore, recueil en douze livres des lettres diverses de Théodoric, de sa fille la régente Amalasonthe et de son petit-fils Athalaric, forment toute la substance de son récit depuis l'établissement des Goths dans la Péninsule jusqu'au temps de la guerre de Bélisaire. Il a fait aussi un usage heureux des lettres et du panégyrique d'Ennode, évêque de Pavie, et des actes des saints contemporains; et, lorsqu'il a eu à retracer, en terminant, la guerre sanglante qui a mis fin à l'empire des Goths, il s'est servi particu lierement de Procope et de son abréviateur Léonard Arétin. Dans la préface qui précède l'ouvrage, M. du Roure, après avoir passé en revue et apprécié les écrivains qui se sont occupés de Théodoric, examine si la ruine de la monarchie des Visigoths a été heureuse ou funeste pour la civilisation. Il résout la question dans ce dernier sens, et son travail tout entier est le développement de cette pensée. L'ouvrage est divisé en dix livres, dont cinq sont compris dans le tome I. Le premier livre traite de l'origine des Goths et contient un aperçu de leur histoire depuis l'an 3660 avant J.-C. jusqu'à la naissance de Théodoric Amale, en 454. On trouve dans les quatre livres suivants le récit de la guerre de Théodoric contre Odoacre, de l'établissement de la monarchie des Goths et des événements qui en ont marqué le commencement jusqu'à la défaite d'Alaric II, roi des Visigoths, par Clovis, à la bataille de Vouglé. Le second volume, qui embrasse les cinq derniers livres, poursuit le tableau du règne de Théodoric depuis l'an 508 jusqu'à sa mort, en 526, expose les faits qui se rapportent au gouvernement d'Amalasonthe, tutrice du jeune roi Athalaric, et se termine à l'année 567, époque de la mort de Narsès, dont les victoires sur Totila et sur Téias mirent fin à la domination des Goths en Italie. Nous rendrons compte très-prochainement de cet important ouvrage.

Bibliothèque de l'école des chartes, revue d'érudition consacrée principalement a l'étude du moyen âge; septième année, deuxième série, tome deuxième (mai-juin 1846). Paris, imprimerie de Didot, librairie de Dumoulin, in-8°, p. 385-488. On trouve dans cette livraison une intéressante notice de M. H. Bordier sur Francois de Bonivard, chroniqueur génevois du xvr siècle, né vers 1494, mort en 1571, et une nouvelle leçon, publiée par M. Rodolphe Dareste, des vers d'Abailard à son fils Astralabe. M. Cousin, qui avait le premier mis au jour cet ouvrage d'Abailard dans le tome second de ses Fragments philosophiques, l'avait tiré d'un manuscrit de la bibliothèque Cottonienne. La nouvelle leçon donnée par M. Dareste, d'après un manuscrit de l'abbaye de Clairmarais, conservé aujourd'hui à SaintOmer, renferme 308 vers qui manquent dans celui dont M. Cousin a fait usage. En revanche, ce dernier en offre 92 qui ne sont pas dans l'autre; d'ailleurs les vers communs aux deux manuscrits y sont placés dans un ordre tout différent, sauf les trois distiques qui forment comme la préface de l'ouvrage. L'éditeur a donné en appendice les variantes peu importantes fournies par un troisième texte, que M. Wright, garde du British Museum, a inséré en 1839 dans les Reliquiæ antique.

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Rabbi Yapheth-ben-Heli Bassorensis Karaitæ in librum psalmorum commentarii arabici duplici codice mss. Bibliothecæ regiæ parisiensis edidit specimen et in latinum convertit

L. Barges, apud sacram theologie Facultatem parisiensem litterarum hebraicarum professor, etc. Lutetiæ Parisiorum, 1846, in-8°, excud. Firmin Didot. — Rabbi Yaphethben-Heli florissait en Orient dans la seconde moitié du x° siècle de notre ère. Il appartenait à la secte des Karaïtes, dont il a été l'un des premiers champions. Contemporain et émule du célèbre rabbanite Saadias le Gaon, il a traduit comme lui et commenté en arabe tous les livres hébreux de l'Ancien Testament. Avant l'année 1840, on ne connaissait des écrits de cet auteur que les passages et les citations qui se trouvent dans les commentaires hébreux de la bibliothèque de Leyde, et qui portent à tort le nom de Rabbi Yapheth. C'est M. S. Munk qui, ayant retrouvé, en 1839, chez les Karaïtes du Caire les ouvrages en langue orientale de ce commentateur, les a, le premier, apportés en Europe et déposés à la Bibliothèque royale. En 1841, ce même savant publia dans les Annales israélites, rédigées en allemand par M. Jost, la nouvelle de son importante découverte, et une courte notice sur l'auteur arabe. Pour compléter en quelque sorte ce premier travail, M. l'abbé Bargès, professeur d'hébreu à la Sorbonne, vient de faire paraître un specimen du commentaire de Rabbi Yapheth, précédé d'une longue préface dans laquelle il décrit le contenu des volumes, qui sont au nombre de vingt. Le specimen se compose proprement du texte de la préface du commentaire sur les Psaumes, et de celui des deux premiers psaumes avec leur commentaire; le tout accompagné d'une traduction latine, de notes philologiques et d'observations exégétiques. Le texte arabe a été reproduit tel qu'il est dans l'original, c'est-à-dire en caractères rabbiniques, et un alphabet, placé en tête du commentaire, est destiné à venir au secours des arabisants, à qui cette sorte d'écriture pourrait n'être pas familière.

DANEMARK.

Le Catalogue des manuscrits français du moyen âge de la bibliothèque de Copenhague, par M. Abraham, ouvrage dont nous n'avions pu que donner le titre dans un de nos précédents cahiers, forme un volume in-4° de 152 pages. Une notice, placée en tête de ce catalogue, fournit des détails sur la formation et les progrès de la bibliothèque royale à Copenhague. La générosité de quelques bibliophiles a beaucoup accru ses richesses. Le comte de Thott, dont les collections dépassaient 120,000 volumes, lui légua 6,159 ouvrages imprimés avant 1530, et 4,154 manuscrits, dont 400 sur vélin. Plus tard, la bibliothèque fit l'acquisition, moyennant une rente viagère, de 100,000 volumes appartenant à un historien distingué, M. de Suhm. Aujourd'hui elle compte près de 250,000 volumes imprimés. On a senti qu'un catalogue était nécessaire : il a été entrepris, mené avec activité et terminé en 1830. Il se compose de 192 volumes; il est rangé par ordre de matières, et maintenant on s'occupe avec zèle d'un catalogue alphabétique. — 800 volumes forment la section dite des paléotypes, c'est-à-dire des ouvrages imprimés avant 1480. On compte 101 volumes imprimés sur vélin; 4 sont en danois, 2 en islandais. Les manuscrits sont au nombre de plus de 20,000, et le catalogue de ceux en langue orientale ne tardera pas à être publié. Parmi les manuscrits français les plus dignes d'attention, on peut citer : Une Bible française du XIV siècle (le second volume seulement); L'Apocalypse, traduit en vers, le texte latin en regard;- Le livre de l'espérance, par Alain Chartier, XIV siècle; - L'estrif de vertu et de fortune, par Martin Lefranc; in-folio; dix belles miniatures. On sait que cet ouvrage, mêlé de prose et de vers, a été imprimé en 1480 et en 1519; les deux éditions sont très-rares. Goujet a donné

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une analyse de ce livre dans le tome IX de sa Bibliothèque française. A la fin du vo-
lume, le copiste a ajouté un morceau de poésie de 332 vers, intitulé: Lay de con-
fession composé par honorable homme maistre Robert Regnaud, en son vivant grant
bedeau de l'université d'Angiers; divers traités traduits du latin en français, par
Jean Miélot, xv° siècle, in-4°. Ces traités sont : 1° Debat de honneur entre Hannibal, duc
de Cartage, Alexandre, roy de Macedoine, et Scipion, consul romain, estrinans ensemble
lequel deulx troiz estoit de plus grant renom et le plus resplendissant en gloire; 2° Debat
de noblesse jadis plaidoié à Romme entre Publius Cornelius et Gayus Flaminus; 3° Lettre
de Ciceron à son frère; 4° Traité de vieillesse et de jeunesse, extrait du Livre des eschez
amoureux. Miélot était -chanoine de Saint-Pierre à Lille, et serviteur du duc de
Bourgogne; il a traduit plusieurs autres ouvrages. Traité de médecine, par May-
fredus de Monte-Imperiali, 2 vol. in-folio, XIV siècle. Cet ouvrage, partie en latin,
partie en français, est accompagné d'une table de matières en provençal.
Bestiaire de Philippe de Thann, XIV siècle, in-folio; le Livre du roi Modus et de la
reine Ratio, xv siècle. — Facetus de moribus, traduit en français, xv° siècle. Theo-
duli ecloga, avec traduction en vers par Jean Lefèvre, xv° siècle. Métamorphoses
d'Ovide, traduites et moralisées, même époque. Quinte-Curce, traduction de
Vasque de Lucène. La Chronique martinienne, très-beau manuscrit du xva siècle,
qui a fait partie des bibliothèques de Harley et de Menars. Histoire de la Toison
d'or, par Guillaume Filastre. Les deux premières parties de cet ouvrage ont été
imprimées; mais l'un des manuscrits de Copenhague renferme une troisième partie
qui est restée inédite, et dont l'existence n'a point été connue de M. de Reiffemberg
(Histoire de la Toison d'or, p. xiij) ni de M. Paris, lequel a cru que Filastre avait eu
seulement le temps de terminer la seconde partie. Ce tiers liure, traittant de la vertu
de prudence, commence par ces mots : «Tres-excellent et tres-reluisant prince et
mon très redoubté Seigneur, qui en resplendeur de vertus et de puissance reluisies
et qui à œuures vertueuses appliquies vostré excellent engin comme la haultesse et
dignité de vos tres-nobles principautez requierent. Pour ce que vous, comme chief
et souuerain du tres-noble ordre de la Thoyson d'or, auez commandé à moy Guil-
laume, evesque de Tournay, escripre des six thoysons dont par la sainte Escripture
en diuers pas... Maintenant est à parler de dame Prudence, de laquelle, par la
grace et ayde de Dieu, nous ferons le tiers liure qui sera de la thoyson de Gédéon. »

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TABLE.

De la philosophie écossaisc (article de M. Cousin). .

Revue des éditions de l'Histoire de l'Académie des sciences par Fontenelle (4° et
dernier article de M. Flourens). . . . . . .

Urgeschichte und Mythologie der Philistaer, Histoire ancienne et Mythologie
des Philistins, par M. Hitzig (2° et dernier article de M. Quatremère)..
Ampélographie, ou Traité des cépages les plus estimés dans tous les vignobles de
quelque renom, par le comte Ödart (5′ et dernier article de M. Chevreul)...
Nouvelles littéraires..

FIN DE LA TABLE.

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