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qui en était voisine comme une Sôteira; or, ici encore, Pausanias nous la représente en attitude de décocher un trait : ἔστι δὲ ἐν τῇ ἀγορᾷ ἱερὸν Αρτέμιδος· ΤΟΞΕΥΟΥΣΗ, δὲ εἴκασται. Je suis convaincu que la statue de Diane, érigée près de celle de Jupiter Sôter, à Mégalopolis d'Arcadie et qualifiée pareillement de Sôteira', représentait cette déesse dans la même attitude, bien que Pausanias ne nous le dise pas. C'est aussi mon opinion, que les deux statues de Diane, vues dans le temple de cette déesse, à Aulis, et décrites par Pausanias, l'une comme portant ane torche de chaque main, Sadas Pépov (äyaλua), l'autre comme décochant un trait, čoine TOEEYOÝZH.2, la représentaient en qualité de Sôteira; et, comme j'ai déjà produit des monuments à l'appui de la seconde de ces attitudes, je puis de même en alléguer à l'appui de la première,

Nous savons par Pausanias qu'il y avait à Page de la Mégaride une statue en bronze de Diane Sôteira, absolument de la même forme et de la même grandeur que celle de la même déesse, portant le même surnom, qui se trouvait à Mégare. Le voyageur ancien nous apprend de plus quelle avait été la circonstance qui avait donné lieu à l'institution de ce culte et à l'érection de ce double simulacre. Un parti de Perses, détaché de l'armée de Mardonius, s'était égaré sur le territoire de Mé gare, au milieu d'une obscurité soudaine que la déesse avait répandue sur eux. Troublés par cette nuit profonde qui les enveloppait sur ce sol étranger, ces soldats se crurent assaillis par une troupe ennemie, et, prenant une roche qui se trouvait devant eux pour cette troupe ennemie, ils se mirent à lancer tout ce qu'ils avaient de flèches dans leur carquois; de sorte que les Mégariens, venant à tomber sur eux dès que le jour eut reparu, n'eurent pas de peine à exterminer des adversaires auxquels il ne restait plus d'armes pour se défendre; et c'est à raison de cela, ajoute Pausanias, qu'ils érigèrent une statue de Diane Sôteira: Καὶ ἐπὶ τῷδε Σωτείρας ἄγαλμα ἐποιήσαντο Αρτέμιδος. L'auteur ancien n'ajoute pas en quelle attitude, avec quel attribut, était représentée cette Diane Sôteira, et M, Forchhammer a regretté qu'aucun autre témoignage n'ait suppléé au silence de Pausanias 4. Mais le savant critique était dans l'erreur à cet égard. Il nous reste des médailles de Page

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+ Pausan. VIII, xxx, 5.-' Idem, IX, XIX, 5.- Pausan, I, XL, 2; cf. I, XLIV, 7: ἐν δὲ ταῖς Πηγαῖς θέας ὑπελείπετο άξιον Αρτέμιδος Σωτείρας ἐπίκλησιν χαλκοῦν ἄγαλμα, μεγέθει τῷ παρὰ Μεγαρεύσιν ἴσον, καὶ σχῆμα οὐδὲν διαφόρως έχον. Ζείτ schrift, etc., n. 134. p. 1068: Welches die Gestalt der beiden Bildsäulen war, erfahren wir leider nicht, Ces médailles avaient été publiées, avec plus ou moins d'exactitude, par Pellerin, Méd, de peupl, t. III, pl. cxxxvi, 3, p. 253; Froelich, Tentamen IV, p. 253; Sestini, Descriz, di molt, medagl. etc., t. I, tav. x1, 3, p. 79, et Descriz, del mus. Fontan. t. I. p. 47, 4; voy. aussi Eckhel, D. N. t, II,

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qui ont pour type une figure de Diane, vêtue dans le costume de chasseresse, et représentée en course, avec un flambeau de chaque main, figure qu'un habile antiquaire, M. Streber1, a expliquée par la Diane Sôteira adorée à Page et à Mégare, en montrant avec quelle justesse l'attitude de la déesse et le flambeau qu'elle porte répondaient au motif de l'érection de ce double simulacre indiqué par Pausanias. Le même type s'étant rencontré sur des médailles de Mégare, connues depuis le der nier siècle 2, et devenues assez communes dans le nôtre, il en résulte, d'une manière indubitable, que ce type d'une Diane en course, avec un fambeau de chaque main : ἄγαλμα δάδας φέρον, répété absolument de même sur les médailles de Page et de Mégare, ne peut représenter que la statue de Diane Sôteira, qui existait en tout pareille dans ces deux villes, au témoignage exprès de Pausanias; et voilà certainement un point d'antiquité qu'on peut regarder comme fixé avec toute la certitude possible. Il suit de là aussi, comme conséquence à peu près irrécusable, que ce type d'une Diane Sôteira, que nous venons de voir réalisé sous deux formes différentes, mais toujours dans une attitude animée, avec un mouvement énergique, conformément à l'idée même que ce surnom exprimait, ne peut être reconnu dans la statue du palais Stoppani, à laquelle M. Em. Braun a cru devoir appliquer cette qualification, en se fondant sur son attitude tranquille; car cette manière de voir n'était justifiée par aucun texte, et nous venons de montrer qu'elle avait contre elle le témoignage des monuments.

Du reste, je suis tout à fait de l'avis de M. Forchhammer, que le surnom de Sôter et celui de Sôteira, donnés à Jupiter et à Diane, et aussi à d'autres dieux, à raison de circonstances diverses, qui avaient dû nécessairement influer sur la composition de leurs simulacres, que ces surnoms, dis-je, ne comportent pas l'idée d'un type uniforme pour chacune de ces divinités; et c'est en ce point surtout que consiste le vice de la doctrine de M. Ém. Braun, en ce qu'elle tend à faire considérer une seule statue, qualifiée Sôteira, comme représentant toute une classe de figures qualifiées de même; comme si un même surnom avait entraîné un même type. Il est de fait, pourtant, que la statue d'un dieu réputé Sôter et d'une déesse réputée Sôteira pouvait être conçue en des attitudes diverses, avec des attributs différents, suivant les motifs religieux et les circonstances locales qui avaient dé'Streber, Numismat. nonnull. græc. tab. 11, n. 2, p. 147-155. Num. vet. t. I, tab. vii, 4, p. 224; Cabin. de M. Allier, pl. vi, n. 10. trouve trois dans notre Cabinet des médailles; voy. Mionnet, Description, etc., t. II, p. 141. n. 318, 319. — Zeitschrift, etc., n. 134, p. 1069.

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2 Neumann, -'Il s'en

terminé l'érection du simulacre. Nous venons d'en avoir la preuve pour la Diane Sôteira de Syracuse et de Pellène, représentée tirant de l'arc, et pour celle de Page et de Mégare, portant des flambeaux. M. Forchhammer a rapproché1 de même le Jupiter Sôter, de Mégalopolis, qui était assis sur un trône2, de celui de Cyzique, que les médailles représentent debout3; et il serait facile de multiplier ces rapprochements, à l'aide de la numismatique. Mais je n'admettrais pas au nombre des exemples que l'antiquaire de Kiel allègue à l'appui de sa manière de voir, d'ailleurs très-fondée, celui de la statue même publiée par M. Ém. Braun, dans laquelle M. Forchhammer croit reconnaître, à raison de la peau de loup qu'elle porte en guise de nébride, la Diane Lykeia, adorée à Trézène, d'après un motif indiqué par Pausanias 5, tout en convenant que cette statue de Diane, telle que nous la voyons représentée sur des médailles de Trézène, tirant une flèche de son carquois, et portant de la main gauche une tête de loup, nous offre un type tout différent de celui de la statue Stoppani. A mon avis, la véritable Diane Lykeia est bien celle que représentent les médailles de Trézène', attendu que le motif qui avait donné lieu à l'érection de cette statue, la destruction des loups qui ravageaient la contrée, n'avait pu être exprimé d'une manière plus claire et plus conforme à toutes les habitudes de l'art grec, que par la figure qui a fourni le type de ces médailles, tandis qu'une peau de loup, portée en guise de nébride, même en admettant que ce soit réellement une peau de loup, ne serait pas un élément suffisamment caractéristique pour une représentation de ce genre.

Le troisième monument, dont nous devions la publication à M. Ém. Braun, pl. In a et pl. 11 b, est une double tête d'un dieu barbu, qui se trouve au palais Spada alla Regola, à Rome, où elle avait échappé, jusqu'ici, à l'attention des antiquaires. C'est un monument rare et curieux

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1 Le même, au même endroit. Pausan. VIII, xxx, 10. 3 Mionnet, Supplément, t. V, p. 316, n. 215. — Je n'y comprendrais pourtant pas l'Hercule de Thasos, cité aussi par M. Forchhammer. Le dieu agenouillé en attitude d'archer, sur les médailles d'ancien et beau style, représente un type asiatique, ainsi que je l'ai montré dans mon Mémoire sur l'Hercule assyrien et phénicien; tandis que le dieu debout, appuyé d'une main sur sa massue, avec sa peau de lion sur l'autre bras, et désigné comme Sôter par l'inscription, HPAKAEOYE ENTHPOΣ, type des mé dailles d'une époque voisine de la décadence, reproduit un motif purement hellénique. Pausan. II, xxxi, 6 : Λύκους. . . τὴν Τροιζηνίαν λυμαινομένους ἐξελεῖν Cette Diane Lykeia était donc considérée comme Avxoxτóvos; et rien ne s'accordait mieux avec une pareille idée que le type des médailles de Trézène. • Sestini, Descript. num. vet. p. 215, n. 2; Mionnet, Supplément, t. IV, p. 268, n. 201. C'est ce qu'avait déjà reconnu, avec la sagacité ingénieuse qui le distingue, M. l'abbé Cavedoni, dans son Spicilegio numismatico, p. 107.

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dans son genre, qu'on doit lui savoir beaucoup de gré de nous avoir fait connaître, même quand l'explication qu'il en donne ne serait pas admise; et nous pensons que c'est pour nous un devoir, afin de répondre à ses intentions, de combattre cette explication, qui tient au même système d'impressions personnelles, tout à fait contraire, suivant nous, à l'esprit de la véritable exégèse archéologique.

Le monument dont il s'agit consiste en une réunion de deux têtes adossées, dans le genre des Hermès doubles, sans qu'il soit certain, toutefois, que cette double tête ait appartenu à un Hermès; la fracture du marbre, qui commence au haut du cou, ne permettant pas de décider si ce marbre faisait partie d'une statue ou d'un Hermès. M. Ém. Braun a donc cru devoir laisser cette question indécise; mais j'avoue que la première supposition me paraît tout à fait invraisemblable, attendu que nous ne connaissons pas encore de statue à double tête, même pour Janus; tandis que rien n'est plus avéré, à la fois par les témoignages de l'antiquité classique et par les monuments, que l'existence d'Hermès à deux têtes, soit pareilles, soit dissemblables. Quoi qu'il en soit de cette première question, c'est la détermination même de cette double tête qui forme ici l'objet principal. M. Ém. Braun y reconnaît Jupiter, représenté sous une double forme, avec un caractère de physionomie différent, imprimé sur chaque visage, de manière à montrer le même Dieu suprême, dans l'un, sous un aspect plus doux, dans l'autre, sous un aspect plus sévère. C'est encore là, comme on le voit, un trait de ce système adopté par M. Ém. Braun, qui consiste à expliquer les monuments d'après ses propres impressions. Mais ces impressions sontelles tellement sûres, tellement appuyées sur des signes certains, qu'elles doivent produire le même effet sur les autres, et tenir lieu de témoignages directs? J'avoue que je ne puis être de cet avis, et qu'avec la meilleure volonté du monde je n'ai pu distinguer, dans la gravure du monument publié par M. Ém. Braun, la différence de caractère et de physionomie qu'il a découverte; et il faut bien que cette différence soit réellement bien peu sensible sur le monument même, puisque M. Éd. Gerhard, à qui il fit voir cette double tête, ne put y trouver ce double caractère: Gerhard, dem ich das Original sehen liess, konnte dies nicht finden. Voilà donc un point qui peut être regardé comme constaté, c'est que la détermination d'un Jupiter, à double visage, avec un double caractère, ne repose que sur un sentiment individuel d'antiquaire, lequel sentiment n'est justifié ni par la vue de l'estampe, ni par l'inspection de l'original. Prétendra-t-on, avec M. Ém. Braun, que les anciens, à l'art desquels appartient ce monument, ne peuvent avoir représenté le dieu

suprême pour rien, surtout quand ils le représentaient avec un double visage : Ich kann nur nicht denken, dass die Alten den höchsten Gott für nichts und wider nichts mit Doppelantlitz gebildet haben sollten. A cela je répondrai, sans entrer dans la question générale des monuments à double tête, question si vaste, si compliquée, si difficile, que notre auteur n'a pas même indiquée, et que je me réserve de traiter dans un travail particulier, je répondrai qu'il existe à la fois des textes et des monuments qui prouvent que les anciens faisaient des Hermès doubles, avec le même visage de chaque côté. Voici, sur ce point, un témoignage de Lucien 2, qui ne saurait laisser lieu à aucun doute : Διπρόσωπος, οἷοι τῶν Ἑρμῶν ἔνιοι, διπλοὶ καὶ ΑΜΦΟΤΕΡΩΘΕΝ ΟΜΟΙΟΙ; et, quant aux monuments qui déposent à l'appui de ce témoignage, je me contenterai de citer les deux Hermès doubles de Bacchus indien, avec deux tétes parfaitement semblables l'une à l'autre, l'un du musée du Capitole 3, l'autre, de celui du Vatican, et tous les deux certainement bien connus de M. Ém. Braun, qui les a sous les yeux, à Rome. Il est certain, d'ailleurs, que le Janus bifrons ou geminus, type de tant d'as romains qui nous sont parvenus, offrait la même particularité, c'est-à-dire celle d'un double visage absoJument pareil; aussi bien que la double tête imberbe, type de quelques as italiques, et la double tête, aussi imberbe et coiffée d'un pileus pointu, type des as étrusques de Volterra. Notre Hermès double du palais Spada peut donc fort bien avoir été dans le même cas, c'est-à-dire avoir représenté le même dieu, avec le même visage de chaque côté, sans qu'il faille y chercher, contre l'évidence, une différence de physionomie qui n'a frappé jusqu'ici que M. Ém. Braun.

Mais ce dieu, qualifié Jupiter par notre auteur, est-il réellement Jupiter? C'est encore là une question qui mérite d'être examinée, bien qu'elle n'ait point paru à M. Braun susceptible même d'être mise en discussion. A quels signes, si ce n'est aux traits du visage et à l'arrangement des cheveux, pourrait-on reconnaître ici le dieu suprême? Mais qui ne sait combien de pareils signes peuvent être équivoques sur un monu

'Dans un Mémoire sur le dieu Temps des Pheniciens, des Grecs et des Etrusques, qui fera partie de mes Mémoires d'archéologie comparée, asiatique, grecque et étrusque. En attendant, je renvoie aux savantes recherches sur Janus, de Buttman, Mythologus, Th. II, 5 xv, 70-92, et de Boettiger, Ideen zur Kunstmythologie, t. I, p. 247-277, et à la dissertation de Heinrich, Hermaphroditorum origines, etc. (Hamburgi, 1805, 4°), p. 1-30. Lucian. in Jov. tragoed. $ 43, t. VI, p. 276, Bip. Ce passage, déjà connu de Caylus, Recueil II, 151, a été rapporté par Eckhel, D. N. t. V. p. 217, et par Boettiger, Ideen, etc., t. I, p. 266. Mus. Capitolin. t. I, p. 19, tav. agg. VI, n. ill. Mus. P. Clem., t. VI, tav. vIII, n. 1, 2, p. 12. 5 Marchi et Tessieri, Es grave, cl. 1, tav. Vi et VII. Ibidem, cl. 111, tav. I.

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