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linguam. M. Hitzig suppose que, par le mot besta lingua, il faut entendre la langue de la contrée, c'est-à-dire celle des Philistins. Toutefois, dans une note, il hésite à se prononcer, et se demande si l'on ne pourrait pas reconnaître ici la langue des Bedja, de ce peuple barbare, qui occupait les côtes occidentales de la mer Rouge et portait si souvent le ravage dans l'Égypte. Mais, dans l'édition qu'a donnée le P. Papebrock, on lit bessa lingua. Je pense que ce mot a été mis au lieu de arabissa lingua, et que le mot arabissa est une forme barbare, pour arabica. On pourrait encore lire persa, au lieu de persica; mais, dans tous les cas, il me paraît impossible de voir ici une désignation de la langue des Philistins. A l'époque où écrivait ce voyageur, c'est-à-dire dans le x1 ou xır° siècle, les Philistins avaient, depuis bien longtemps, disparu de la scène du monde, et le langage qu'ils avaient autrefois parlé n'avait laissé aucune trace.

L'ouvrage de M. Hitzig est, sans doute, un livre savant. L'auteur a su tirer grand parti d'un sujet assez ingrat, et qui semblait ne pouvoir fournir matière qu'à un petit nombre de pages. Comme je n'ai pu adopter l'idée fondamentale de l'ouvrage, celle qui consiste à donner aux Philistins une origine pélasgique, bien des faits, dont l'auteur avait entouré et étayé son hypothèse, ont, à mes yeux, perdu beaucoup de leur importance. Mais je n'en rends pas moins justice à l'érudition et à la critique du savant écrivain. Toutefois, s'il m'était permis de lui adresser un conseil, je l'engagerais à se mettre un peu en garde contre l'érudition indienne; à se souvenir que la recherche des étymologies a souvent quelque chose d'un peu trop conjectural; et que, dans cette route dangereuse, on ne doit jamais s'engager sans prendre pour guide le flambeau d'une critique judicieuse, mais sévère, qui soit disposée d'avance à rejeter tout ce que ne confirment pas des témoignages historiques, et à ne point accepter trop facilement bien des rapprochements nouveaux, ingénieux, brillants, qui plaisent au premier abord, mais qui, n'étant pas appuyés sur une base assez solide, n'ont qu'une existence éphémère, et ne sauraient jamais prendre rang parmi les vérités reconnues pour incontestables.

QUATREMÈRE.

AMPELOGRAPHIE, ou Traité des cépages les plus estimés dans tous les vignobles de quelque renom, par le comte Odart, membre correspondant des sociétés royales d'agriculture de Paris et de Turin, de celles de Bordeaux, de Dijon, de Metz, etc.; président honoraire des congrès viticoles tenus à Angers en 1842 et à Bordeaux en 1843. Paris, chez Bixio, quai Malaquais, no 19; et chez l'auteur, à la Dorée, près Cormery (Indre-et-Loire), 1845, 1 vol. in-8° de XII-433 pages.

POMOLOGIE PHYSIOLOGIQUE, ou Traité du perfectionnement de la fructification, par M. Sageret. Paris, chez Mme Huzard (née Vallat-la-Chapelle), rue de l'Éperon-Saint-André, no 7, 1830. De la dégénérATION et de l'extinction des variétés de végétaux propagés par les greffes, boutures, tubercules, etc., et de la création des variétés nouvelles par les croisements et les semis, par M. A. Puvis. Paris, chez Mme Huzard, rue de l'Éperon, no 7, 1837.

CINQUIÈME ARTICLE'.

$ 4. CONSÉQUENCES DES FAITS EXPOSÉS DANS LE § 3, RELATIVEMent a la FIXITÉ DES ESPÈCES VÉGÉTALES DANS LES CIRCONSTANCES ACTUELLES.

S'il existe des corps vivants qui éprouvent de profondes modifications de la part du monde extérieur ($ 3), et qui les conservent hors des circonstances où ils les ont acquises, on a dû voir, par les détails dans lesquels nous sommes entré, combien la plupart ont de tendance à perdre ces modifications pour reprendre la forme la plus ancienne de leurs espèces respectives, ou, ce qui est plus exact, selon nos définitions, la forme la plus stable que le corps vivant puisse affecter dans les circonstances où il a perdu ses modifications.

Les hommes qui se sont le plus occupés d'expériences sur les modifications des végétaux ont tous été frappés de la réalité de cette grande stabilité d'une certaine forme, vers laquelle oscillent sans cesse dans leurs modifications tous les individus que nous rapportons à une même espèce. Ce fait fondamental dans l'économie de la nature a donc fixé l'attention des observateurs praticiens sans cesse à portée de mesurer la puissance en vertu de laquelle il existe, par la grandeur et la continuité même de leurs efforts, pour soustraire à son empire les végétaux

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Voir, pour les quatre premiers articles, les cahiers de décembre 1845 (p. 705), de janvier 1846 (p. 27), mai (p. 296) et juin (p. 340).

qu'ils veulent modifier. Qu'est-ce qui a frappé M. Vilmorin dans sa longue carrière? Comme il nous l'a écrit, c'est cette puissance de la nature à reprendre possession des individus auxquels la culture a imposé de nouvelles formes. M. Poiteau professe la même opinion.

Van Mons a une foi si vive dans le principe de la stabilité des formes spécifiques, que les modifications imprimées par l'homme aux végétaux cultivés n'atteignent pas, selon lui, jusqu'aux individus qui peuvent être considérés comme les représentants types de l'espèce; car, dans son opinion, chacun des groupes de plantes modifiées par la culture auxquels on donne un nom, comme beurré, bon-chrétien, etc., par exemple, comprend des individus provenant d'un type qu'on rencontre dans la nature, et dont, à ses yeux, la fixité est telle, qu'il le qualifie du titre de sous-espèce : il assure avoir retrouvé, sur les coteaux sauvages des Ardennes, toutes les formes possibles des pommes et des poires cultivées en Belgique. Il ajoute que les pépins de ces arbres sauvages, semés là où leurs porte-graines sont indigènes, ne donnent naissance qu'à des individus identiques aux types de la nature sauvage. Que faut-il donc pour modifier les individus issus de ces types? Il faut, selon lui, semer leurs graines en pays exotique et là où les circonstances sont différentes de celles de leur pays natal; récolter les graines de la première génération pour les semer; récolter les graines de la seconde génération pour les semer aussi; et ainsi de suite. Au second semis, la variation ou la disposition organique à la modification est établie, et d'une manière si profonde, qu'elle ne peut plus, suivant Van Mons, être changée; il suffit de plusieurs semis consécutifs pour en obtenir le résultat désirable, et ce résultat s'accomplit dans le pays même dont le type est indigène.

Mais les modifications qu'éprouveront des graines appartenant à la sous-espèce ou au type beurré ne constitueront que des variétés de beurré, comme les graines appartenant à la sous-espèce ou au type du bon-chrétien ne constitueront que des variétés de bon-chrétien.

Sans doute il est inutile au but que nous nous proposons, d'examiner si tous les arbres fruitiers de la Belgique ont leurs types respectifs à l'état sauvage dans les Ardennes. Nous n'avons aucun motif de considérer comme une erreur ce qui pourrait être un cas particulier; mais nous devons nous expliquer sur la proposition par laquelle on affirmerait en principe que toutes les variétés cultivées, douées d'assez de constance pour mériter le titre de race tel que nous l'avons défini, remontent à des types doués de la fixité que nous attribuons à nos sous-espèces, lesquels types viennent se placer entre ces variétés cultivées et les espèces mêmes d'où ces types sont dérivés. Nous repoussons ce

principe, par la raison que, dans un grand nombre de cas, il n'existe évidemment aucun de ces types intermédiaires entre les races cultivées et les individus types de l'espèce; nous nous bornons à l'exemple de la carotte: il n'y a pas d'intermédiaire entre les individus sauvages types de l'espèce et les races qu'on en obtient par la culture.

Nous ferons encore deux remarques sur ce qui nous paraît trop absolu dans les opinions de Van Mons.

1 remarque.Si nous sommes des premiers à reconnaître la grande influence des causes qui agissent, dans des lieux différents, pour modifier les végétaux, d'après tout ce qui précède nous ne pouvons admettre en principe, avec Van Mons, qu'une modification dans une plante n'est possible que là où elle est exotique, puisque nous avons reconnu : 1° l'influence de l'organisation dans une graine ou son idiosyncrase, organisation qui peut elle-même être modifiée par des circonstances particulières, soit naturelles, soit artificielles, dans lesquelles un porte-graines sera placé (1 période de la vie du végétal, § 111.); 2° l'influence des causes capables d'agir différemment suivant les temps, ou suivant quelque circonstance particulière dans un même lieu. Et rappelons, à ce sujet, l'influence d'un simple changement d'époque dans le semis, changement qui peut être le résultat de la volonté de l'homme tout aussi bien que le résultat de quelque accident naturel. Exemple : semis de la carotte sauvage fait en été. (2o période de la vie du végétal, § III.)

2o remarque. Van Mons condition nécessaire des pour ayant admis modifications des végétaux, que les graines soient semées dans un lieu étranger à leur origine, et considérant que la variation est établie dès le second semis dans ce lieu, ajoute qu'elle ne saurait plus, par aucun moyen, être détournée de cette espèce (du végétal modifié), et qu'elle augmente sans cesse par de nouveaux semis faits de père en fils, etc.; ces paroles, à notre sens, ne sont point l'expression de la vérité. S'il existe des espèces peu disposées à être modifiées, et des espèces disposées à l'être, il faut, parmi celles qui l'ont été, en reconnaître dont les individus tendent à retourner à leur première forme lorsque les circonstances deviennent ce qu'elles étaient avant qu'ils eussent subi leur modification, tandis que des individus appartenant à d'autres espèces paraissent conserver leurs modifications hors des circonstances qui les ont déterminées. Nous n'admettons pas non plus en principe que les modifications soient invariablement produites au second semis, nous croyons généralement, au contraire, qu'elles s'établissent peu à peu par voie de générations successives dans certaines circonstances, et qu'elles s'arrêtent à un de

gré où une sorte d'équilibre est établi entre le monde extérieur et les forces organiques propres à l'espèce.

Certes, si les modifications des végétaux provenant de semis étaient si faciles et si profondes déjà dans les individus d'un second semis, on ne comprendrait pas comment Duhamel, MM. Alfroy fils, père et grand-père, de Vitry, n'auraient rien obtenu de bon de leurs semis d'arbres fruitiers; on n'expliquerait pas comment M. Vilmorin, en semant des pepins des meilleures poires, n'a obtenu qu'un extrême petit nombre d'individus producteurs de bons fruits, la plupart ayant une tendance prononcée à rétrograder vers l'état sauvage. Ce sont de tels résultats qui motivent la remarque que nous avons faite précédemment sur la nécessité d'indiquer par des nombres la proportion des individus qui peuvent différer des autres, soit dans des semis de plantes cultivées,soit dans des semis de plantes sauvages, en un mot, dans tous les cas où il s'agit d'étudier les modifications des végétaux.

Les conséquences que nous venons de déduire des faits précédemment exposés sont limitées à ces faits conformément à la méthode expérimentale; il nous reste à examiner la question de l'effet du temps sur nos variétés d'arbres à fruits dans les lieux mêmes où ils ont été modifiés, sous le double rapport (a) de la persistance des modifications actuelles et (b) de la durée même des variétés qui les présentent considérées comme corps vivants.

a. PERSISTANCE DES MODIFICATIONS DES VARIÉTÉS ACTUELLES DANS LES LIEUX OÙ ELLES ONT ÉTÉ PRODUITES.

Si M. Sageret est d'accord avec Van Mons pour admettre que la disposition des plantes est d'autant plus prononcée à s'éloigner de leurs types naturels qu'elles en sont déjà plus loin, cependant reconnaissons qu'il doit y avoir une limite à la variation; et cette limite nous semble devoir être plus tôt atteinte que cela ne résulterait de la proposition de M. Sageret et de Van Mons. Mais, quoi qu'il en soit, ne méconnaissons pas l'insuffisance de la science actuelle pour poser cette limite, et, à plus forte raison, pour savoir si les graines des individus qui l'auraient atteinte donneraient elles-mêmes naissance, par les semis qu'on en ferait dans leur lieu natal, à des individus tous identiques à leurs ascendants, comme le pense M. Puvis, ou bien, dans le cas contraire, pour savoir la proportion des graines qui reproduiraient identiquement leurs ascendants relativement à celles qui ne les reproduiraient pas, et combien ces dernières donneraient d'individus constituant de nouvelles variétés, et d'individus qui rétrograderaient vers le type spécifique originel.

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