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tinctes. Il nous semble donc possible que des espèces qui sont considérées maintenant comme parfaitement établies aient une origine commune, de sorte que, si l'on pouvait remonter à leurs ascendants les plus anciens, on leur trouverait le même père et la même mère.

Mais, si un tel résultat venait quelque jour à être démontré, faudraitil en conclure qu'il n'y a pas d'espèces, et qu'il est inutile d'étudier les êtres organisés pour les ramener à des types parfaitement définis? Non certainement, et, pour dire toute notre pensée, nous pousserons la chose à la dernière extrémité, en supposant que ce qu'on appelle aujourd'hui des espèces ne sont que des sous-races, parce que la véritable espèce réside dans la famille. Eh bien, quelle serait la conséquence de cette supposition? C'est que les caractères de l'espèce seraient beaucoup plus généraux qu'ils ne le sont aujourd'hui. C'est que, probablement on saurait alors que des individus de cette espèce vivant dans telles circonstances auraient éprouvé les modifications qui en auraient fait autant de races diverses qu'il y a de genres dans la famille actuelle, et enfin que nos espèces, en se reproduisant constamment les mêmes, feraient autant de sous-races. D'après cette manière de voir, nous concluons donc que, quoi qu'on en ait dit, les progrès des sciences de l'organisation exigent impérieusement tous les travaux qu'on a entrepris et que l'on continue dans la vue de définir les espèces de plantes et d'animaux, et que les maîtres, loin de frapper de découragement ceux que de pareilles recherches occupent, ne peuvent trop exciter leur zèle à les continuer, tout en insistant pour qu'ils recueillent les faits concernant les modifications, les variations des caractères dans les individus objets de leurs études, afin de préparer à l'anatomiste, au physiologiste et au philosophe, de précieux matériaux propres à éclairer la recherche des causes qui modifient les êtres organisés. Ces matériaux seront toujours les bases de la science, lors même que des travaux ultérieurs prouveraient que les espèces seraient représentées par nos familles actuelles, les races par les genres de ces familles, et les sous-races par les espèces de ces genres. Evidemment la notion de l'espèce n'en existerait pas moins, n'en serait pas moins aussi nettement définie qu'elle l'est maintenant; seulement le nombre des espèces se trouverait très-restreint, et les variations auxquelles l'essence de chacune d'elles serait sujette s'étendraient bien au delà des limites dans lesquelles nous les resserrons aujourd'hui.

E. CHEVREUL.

ANTIKE MARMORWERKE zum ersten Male bekannt gemacht von Em. Braun, Ite und IIte Decade, Leipzig, 1843, in-fol.

DEUXIÈME ARTICLE1.

La seconde planche du recueil de M. Ém. Braun nous présente une statue de Diane, qui se trouve, de même que la précédente, au palais Stoppani, à Rome, et qui paraît lui avoir servi de pendant, dans l'antiquité même, attendu qu'elle est de la même proportion, du même marbre, du même travail, qu'elle offre une composition correspondante pour l'attitude, et, à ce qu'il semble aussi, pour l'intention, et que toutes ces circonstances réunies autorisent à croire que les deux statues, trouvées probablement ensemble, étaient liées anciennement l'une à l'autre dans la pensée de l'artiste qui les exécuta. Cette opinion du savant interprète nous semble effectivement très-vraisemblable, et elle constitue, pour les deux statues qui nous occupent, un cas qui dut être très-fréquent dans l'antiquité, mais dont nous avons recueilli bien peu d'exemples, dans l'incertitude qui règne aujourd'hui sur la provenance de beaucoup d'antiques, même de ceux du premier ordre, et qui ne permet de regarder, par exemple, notre belle Diane de Versailles comme ayant servi de pendant à l'Apollon du Belvédère, avec lequel elle offre tant de rapports de proportion, de style et de travail, que par une conjecture, qui manque encore et qui manquera probablement toujours de la certitude désirable.

La Diane du palais Stoppani, dont nous devons la connaissance à M. Ém. Braun, est une statue qui se recommande, moins encore par son exécution que par sa conservation et par l'ensemble de sa composition, qui doit reproduire quelqu'un des beaux types sous lesquels l'art grec perfectionné représenta la fille de Latone. A l'exception des deux bras, qui manquent à cette figure, le droit, à partir de l'épaule, et le gauche, un peu au-dessous du coude, elle a conservé toutes ses parties; sa tête même, qui ne paraît pas avoir été détachée, est intacte, jusque-là que l'ornement nommé par les Grecs stéphane 2, qui décore le haut du front, et qui est propre aux figures de Diane, est donné comme antique par M. Em. Braun. Le vêtement est la tunique courte, relevée Voir, pour le premier article, le n° de décembre 1845, p. 743. Sur ce genre d'ornement et ses diverses formes, consult. M. Éd. Gerhard, Ant. Bildwerke, Cent. IV, Taf. CCCII, n. 20-34, p. 392.

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au-dessus des genoux, qui caractérise Diane comme chasseresse, avec le cothurne pour chaussure et avec une peau de béte fauve placée en travers sur la poitrine, de l'épaule droite au-dessous du sein gauche, que M. Em. Braun regarde comme une nébride, élément de costume qui convient effectivement à Diane, et qui offre, avec l'égide portée de la même manière sur la statue de Minerve, un trait d'analogie que notre auteur n'a pas manqué de relever. Jusqu'ici tout se trouve parfaitement d'accord pour nous faire reconnaître dans cette statue Diane, sous la forme de chasseresse; et le chien de chasse qui se voit à ses pieds ne laisse aucun doute à cet égard. Mais la difficulté commence, dès qu'il s'agit d'appliquer à cette figure une qualification particulière; et celle que M. Em. Braun a adoptée mérite d'autant plus d'être examinée, que nous y trouverons une nouvelle application de ce système qui tend à substituer, dans l'interprétation des monuments de l'antiquité figurée, des considérations de goût et de sentiment, des impressions propres, à des preuves directes, tirées, soit de l'étude des textes, soit de l'observation des monuments, système qui nous paraît avoir de graves inconvénients.

Dans l'absence de tout attribut qui ait pu servir à caractériser plus particulièrement Diane, M. Ém. Braun n'a pas hésité à la reconnaître pour une Sôteira, de même qu'il avait reconnu, dans la Minerve qui l'accompagnait, une Agoraia, d'après des raisons du même ordre. Čes raisons sont que l'attitude entière offre plus de calme que de mouvement, que la déesse y paraît moins animée par une passion véhémente que par un sentiment tranquille, sans compter qu'il est permis de supposer que le bras droit qui manque était levé pour fermer le carquois; d'où il résulte, aux yeux de M. Ém. Braun, que la déesse devait tenir de la main gauche un javelot, et non un arc; ce qui, avec le carquois fermé, constitue pour lui le type d'une Diane Sôteira. J'ai exposé fidèlement les idées de notre auteur. Voici maintenant les réserves que je me crois obligé de faire, pour empêcher qu'on n'accorde à des allégations dénuées de preuves plus de valeur qu'elles n'en ont, et surtout qu'on ne prenne des impressions pour des faits.

Je n'opposerai point à M. Em. Braun qu'on peut être d'un autre avis que le sien sur le sens qu'il donne à l'attitude de la déesse et sur l'expression qu'il lui trouve. Je ne dirai pas que rien ne s'oppose à ce que, en considérant le mouvement du pied gauche à demi-levé, et l'ensemble de toute la figure, d'accord avec le caractère de la tête, on ne complète la statue d'une manière toute différente de la sienne, en supposant que le bras droit était levé pour tirer une flèche du carquois,

et que le bras gauche portait un arc. Ce serait combattre des impres sions par des impressions, et ce n'est pas ainsi que doit procéder une méthode vraiment critique d'interprétation. Mais je demanderai sur quoi se fonde cette détermination d'une Diane Sôteira, dans une attitude tranquille, avec le carquois fermé, et avec le javelot pour attribut? Dans quel texte antique a-t-on trouvé cette notion? dans quel monument l'a-t-on vue réalisée? et comment introduit-on dans la science de l'antiquité, sous cette forme indirecte d'axiomes, des opinions qui ne reposent que sur le sentiment individuel, et qui ont de plus l'inconvénient de créer une théorie pour une figure, et d'embrasser ainsi toute une classe de statues, à propos d'une seule?

Déjà un savant antiquaire allemand, M. Forchhammer, a fait justice de ce qu'il y avait de hasardé et d'arbitraire dans ces suppositions. Il a montré que les éléments de la représentation d'une Diane Sôteira, allégués par M. Ém. Braun, c'est à savoir, l'attitude tranquille, l'absence d'émotion et le carquois fermé, ne se trouvaient indiqués dans aucun texte classique; il a pu ajouter que le type d'une Diane Sôteira n'était décrit par aucun auteur ancien, et que surtout il n'y avait aucune raison de croire que l'attitude tranquille fut une des conditions essentielles d'un pareil type. Je suis tout à fait, sur ces divers points, de l'avis de M. Forchhammer; comme lui, je soutiens que, dans le petit nombre de statues de Diane mentionnées avec la qualification de Sôteira par Pausanias, nonseulement rien n'indique que ces statues fussent dans une pose tranquille, qu'elles eussent le carquois fermé, et qu'elles portassent pour attribut le javelot au lieu de l'arc, mais encore que tout fait supposer le contraire; j'affirme, de plus, que, sur des centaines de médailles appartenant à une foule de villes de la Grèce tant européenne qu'asiatique, le type le plus fréquent de la figure de Diane, qui ne peut avoir été si souvent reproduit que d'après un modèle consacré au plus haut degré par la religion publique, est celui qui la représente, dans un mouvement plus ou moins prononcé, ployant le bras droit au-dessus de l'épaule pour tirer une flèche de son carquois, et portant un arc de la main gauche, et personne ne contestera qu'un pareil type ne fût bien plus propre à exprimer l'idée d'une Diane Soteira, que celui sous lequel nous la représente M. Ém. Braun. Déjà M. Forchhammer a réfuté 2 l'étrange doctrine de l'antiquaire de Rome par un exemple qui me paraît décisif en effet, par celui des médailles de Syra cuse, qui offrent, en deux modules et en deux métaux, l'or et le bronze,

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Zeitschrift für die Alterthumswissenschaft, IITM Jahrg, n: 134, p: 1067-1068; Zeitschrift, etc., p. 1068.

une tête de Diane, accompagnée de l'épithète EQTEIPA ', lesquelles médailles, rapprochées d'autres monnaies de la même ville, en or et en argent, ayant pour type une figure en pied de Diane, dans l'attitude de décocher un trait 2, avec un chien courant à ses côtés, nous autorisent suffisamment à regarder cette figure de Diane, certainement empruntée de quelque belle statue, telle que celle qui fut érigée dans le temple de Diane à Syracuse 3, à la regarder, disons-nous, comme celle de la déesse adorée avec le titre même de Sôteira; d'où il suit qu'à Syracuse au moins type de cette déesse ainsi qualifiée n'était rien moins qu'en une attitude tranquille, puisqu'ici elle apparaît dans l'action même de décocher un trait. Mais je puis compléter ces explications données par l'antiquaire de Kiel, au moyen d'autres exemples cités par Pausanias, ou fournis par la numismatique.

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Nous savons par Pausanias qu'il y avait à Pellène̟, en Achaïe, u bois consacré à Diane, sous l'invocation de Sôteira: Ahoos wepiwnodoμημένον τείχει Σωτείρας ἐπίκλησιν Αρτέμιδος; or, par une circonstance bien heureuse et trop rare, il se trouve que, quelques lignes plus loin, Pausanias nous fait connaître aussi quel était le type de la statue de Diane érigée dans son temple, à proximité de son bois sacré; cette statue la représentait en attitude de décocher un trait: Naós oliv Αρτέμιδος· ΤΟΞΕΥΟΥΣΗΣ δὲ ἡ Θεὸς παρέχεται σχῆμα. Voilà donc à Pellène le même fait que nous venons de constater à Syracuse, c'est-àdire Diane adorée comme Sôteira, et représentée en attitude de décocher un trait; d'où il suit certainement, avec un assez haut degré de probabilité, que cette attitude était un des éléments constitutifs de la représentation de Diane Sôteira. Nous pourrions donc nous croire suffisamment autorisé à considérer d'autres statues de Diane, décrites dans la même attitude, et citées dans la même région du Péloponnèse, par Pausanias, comme représentant cette déesse sous la même invocation de Sôteira. C'est ainsi que nous la trouvons à Ægium, d'Achaïe, avec cette circonstance très-remarquable, que son temple était situé sur l'agora, où se trouvait un téménos de Jupiter Soter : ἔστι δὲ καὶ Διὸς ἐπίκλησιν Σωτῆρος ἐν τῇ ἀγορᾷ τέμενος; ce qui tend a faire regarder aussi la Diane

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Idem,

› Ser

'Torremuzza, Vet. Sicil. numm. tab. LXVIII, 3, 4, et tab. c, 14. 15. ibid. tab. LXVIII, 18, LXXI, 1, 2. Mionnet, Description, etc., pl. LXVII, 6. radifalco, Antichità di Siracusa, tav. IX, p. 121-123. Diodor. Sic. V, 1; Ciceron. ad Verr. iv, 53; Schol. Pindar. in Pyth. 11, 12: Ísputaι yàp ĂгAAMA Àptéμidos étti τῇ Αρεθούσῃ. Pausan. VII, XXVII, 1. — - 'M. Forchhammer, qui cite le bois sacré de Diane Sôteira à Pellène, s'était trop hâté d'ajouter Keine weitere Angabe über Ursprung und σχῆμα. Pausan. VII, xx111, 7.

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