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puisse surprendre, quand on sait qu'Ajax, fils de Télamon, né à Salamine, était, de la part des habitants de cette île, l'objet d'un culte spécial, et qu'on y célébrait sa fête sous le nom d'Alávlεia. Le personnage athénien, nommé Alavτódwpos, était vraisemblablement né dans cette île qui dépendait de l'Attique. C'est donc un nom local qui devait se rencontrer à Athènes, et point ailleurs, au moins dans l'origine.

J'ai terminé ce que j'avais à dire sur la série des noms divins et héroïques qui finissent en Swpos. Il reste à examiner la seconde classe, celle des älɛα ¿vóμata, c'est-à-dire des noms ayant même terminaison, mais dont le premier terme est un adjectif ou une particule. Leur examen donne lieu à plus d'une observation intéressante. J'en traite dans la suite de ce mémoire; mais je m'arrête ici, ayant terminé le fragment que je m'étais proposé de transcrire, comme un spécimen de ce qui reste à faire sur un sujet qu'on pouvait croire épuisé.

Le dictionnaire de M. Pape, étudié dans une vue philologique et historique, doit conduire à perfectionner une branche dont on était loin de soupçonner la fécondité et la richesse. C'est un des genres d'utilité que doit offrir cet ouvrage, qui est aussi exact et aussi complet que peut l'être la première édition d'un livre de ce genre.

Je m'estimerais heureux si ces articles avaient pour effet, en donnant à penser aux jeunes philologues, de diriger leur attention et leurs efforts sur une étude pleine d'intérêt, qui les récompensera, je n'en doute pas, par une foule de résultats curieux et inattendus. Appelé par d'autres travaux, je me contente de leur montrer la route qu'ils pourraient suivre avec avantage.

LETRONNE.

NOUVEAUX DOCUMENTS INÉDITS sur Antonio Perez et Philippe II1.

PREMIER ARTICLE.

Depuis la publication des articles insérés dans ce recueil sur Antonio Perez et Philippe II, j'ai eu connaissance de documents nouveaux, dont je crois devoir communiquer les résultats aux lecteurs du Journal des Savants. Ces documents ne sont rien moins que les lettres particu

'Voir le Journal des Savants d'août et décembre 1844 et de janvier à juin 1845.

lières et secrètes de don Juan d'Autriche et d'Escovedo à Perez et à Philippe II sur leurs véritables projets; celles de Perez et de Philippe II sur le meurtre d'Escovedo, et celles du président du conseil de Castille, don Antonio de Pasos, sur Perez et la princesse d'Éboli, après leur emprisonnement.

Je dois les premières de ces lettres à M. Gachard, archiviste général du royaume de Belgique, dont les savantes recherches ont été si utiles à l'histoire de son pays, et qui, en toute occasion, m'a donné des preuves de sa rare obligeance. Il les a trouvées dans un manuscrit de la bibliothèque de La Haye, et il a eu la bonté de me transmettre les copies qu'il en a faites lui-même à Bruxelles'. Les dernières m'ont été envoyées du riche dépôt de Simancas, placé sous la garde de don Manuel Garcia, qui m'a accoutumé aussi depuis longtemps à ses gracieuses communications. Son empressement m'a même permis de compléter les dépêches de La Haye par des renseignements tirés des dépêches qui sont à Simancas, sur les affaires de Flandre.

La correspondance de don Juan d'Autriche, d'Escovedo, de Perez et de Philippe II, venue de La Haye, n'est pas originale, mais elle est parfaitement authentique. L'écriture est du xvr° siècle. Les passages les plus importants et les plus propres à justifier les assertions de Perez y sont soulignés à l'encre rouge. Les observations et les réponses de Philippe II y sont écrites en marge avec la minutieuse prolixité qui était particulière à ce prince. Chaque lettre a un titre qui indique son objet et le but dans lequel elle avait été conservée. C'est, sans aucun doute, une copie des fameux papiers que Perez avait su soustraire à Philippe II, et qu'il avait présentés au tribunal du Justicia mayor d'Aragon. Quoi qu'il en soit, il est impossible de contester l'authenticité de ces curieuses lettres, où se montre dans tout son jour le caractère des divers personnages qui les ont écrites, et qui sont toutes remplies des faits les plus importants, des mouvements les plus naturels, des épanchements les plus intimes, et contiennent des secrets qu'il est impossible d'inventer. Il suffit de les lire pour en être convaincu. On y retrouve don Juan avec son âme ardente, son imagination inquiète, ses projets aventureux, ses sentiments magnanimes et naïfs; Escovedo avec sa rudesse, ses emportements, ses désespoirs, ses instances; Philippe II avec ses désolantes lenteurs, ses indécisions perpétuelles, ses faciles défiances, ses dangereuses promesses, ses profondes dissimulations;

Ce manuscrit renferme 62 lettres ou billets, dont 6 sont déjà imprimés dans Perez. Quelques-unes des dépêches de don Juan sur les affaires des Pays-Bas sont très-longues et ont une grande importance historique.

enfin Perez avec sa légèreté, son esprit, son adresse, sa perfidie, ses justes embarras et ses éloquentes angoisses.

Je vais faire servir ces documents à examiner de nouveau et sommairement 1° jusqu'à quel point les projets ambitieux attribués par Perez à don Juan ou à Escovedo ont été réels et ont provoqué le meurtre de ce dernier; 2° jusqu'où s'est étendue la complicité de Philippe II dans ce meurtre; 3° si l'intimité de Perez avec la princesse d'Eboli et la crainte de voir cette intimité dénoncée à Philippe II n'ont pas été les causes décisives qui ont poussé Perez à faire tuer le secrétaire de don Juan, et si cette dénonciation, opérée plus tard, n'a pas été elle-même la cause de l'emprisonnement simultané de Perez et de la princesse d'Éboli, ainsi que de leur irrévocable disgrâce.

Il y avait six mois que les Pays-Bas étaient sans gouverneur lorsque don Juan y arriva, le 4 novembre 1576. En acceptant cette mission, il croyait avoir trouvé une occasion facile d'exécuter la conquête de l'Angleterre, concertée avec le pape, et à laquelle Philippe II semblait avoir donné son assentiment1. Des côtes d'Italie, où il commandait la flotte espagnole, il s'était rendu d'abord à Madrid. Là, Philippe II lui avait donné pour instructions de ramener à une soumission effective les dix-sept provinces devenues presque indépendantes depuis la mort du grand commandeur Requesens, en leur concédant la sortie des soldats espagnols qui avaient livré au pillage plusieurs de leurs villes et qu'elles ne voulaient plus tolérer sur leur territoire; la convocation régulière des états généraux, et le rétablissement de leurs anciens priviléges, à la condition, toutefois, que son autorité serait fidèlement obéie, et que le catholicisme serait strictement maintenu. Il lui avait permis, après qu'il aurait pacifié ces provinces, de se servir des soldats espagnols, si les états gé. néraux consentaient à leur embarquement, pour mettre son entreprise sur l'Angleterre à exécution. Au moment même de son arrivée, les deux provinces de Hollande et de Zélande, qui s'étaient insurgées sous le prince d'Orange, négociaient une union étroite avec les quinze provinces qui étaient restées soumises à l'Espagne, union qui fut conclue quatre

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Sur l'affaire d'Angleterre, dit Perez à don Juan dans une lettre du 14 mars 1577, j'écris à Escovedo que j'ai vu dans le roi un vif désir qu'il eût été possible de l'exécuter dans cette occasion-ci... Il dit que le poste d'où V. A. pourra exécuter le plus promptement le projet est celui qu'elle occupe. Velez pense de même. » -En lo de Ynglaterra escrevo a Escobedo que he visto en el Rey grande desseo <de que se hubiera podido executar en esta ocasion... Y dice que el puesto de donde podra V. Al mas presto executar aquello es esse. Y lo mismo le parece a Belez. Ms. de la bibliothèque de La Haye, fol. 20 à 24.

jours après, par la célèbre Pacification de Gand. Les états généraux refusèrent de le reconnaître pour gouverneur et de l'admettre dans les Pays-Bas, jusqu'à ce qu'il eût ordonné la sortie des troupes espagnoles, adhéré à la remise et à la démolition des citadelles construites par le duc d'Albe, et pris l'engagement de respecter tous les anciens droits des provinces. Pendant que, de la frontière du Luxembourg, il négociait sur tous ces points avec les états généraux, auxquels le prince d'Orange l'avait rendu suspect et dont il se défiait lui-même, il redemandait Escovedo qu'il avait laissé à Madrid pour l'argent et les moyens nécessaires aux succès de sa mission, et il écrivait à Perez, le 21 décembre :

« Je ne suis après tout qu'un homme, et je ne saurais suffire seul à tant de choses sans quelqu'un à qui me fier et surtout quelqu'un comme Escovedo... Il est pourtant parfaitement vrai que je me couche à minuit et me lève à sept heures, aux bougies, sans savoir de tout le jour si j'aurai un moment pour manger et donner au corps ce dont il ne peut se passer pour vivre. Aussi m'en coûte-t-il déjà trois fièvres... Je me désespère de me voir comme vendu ici avec si peu de monde et sans un réal, sachant très-bien quelle lenteur on met là-bas à tout faire 1.»

Escovedo, n'était pas resté inactif en Espagne. Il avait pressé Philippe II avec une ardeur extrême et même avec une rudesse inconsidérée, de seconder son jeune maître. Dans l'emportement de son zèle il avait remis au roi un écrit où il allait jusqu'à blâmer le décousu de sa politique 2. Perez, qui s'intéressait de bonne foi à Escovedo dans ce moment, avait cherché à le détourner d'une façon d'agir aussi téméraire et aussi dangereuse. «Par amitié pour moi, lui avait-il dit, bien que vous soyez mon aîné, je vous engage à suivre mon conseil en ne marchant pas si vite, parce que, tout en croyant atteindre plus tôt le but, on fait de faux pas et on recule le moment de l'arrivée.

1 Porque yo no puedo, siendo hombre umano, y no savré acudir solo a tanto sin tener hombre de quien confiar, mayormente persona tal...Si es verdad, como lo es « sin duda, qui me acuesto a las doce y me lebanto a las siete perpetuamente, con bela, sin saver en todo el dia si tendré ora segura para comer, y dar al cuerpo lo que es menester forçosso para la vida, y asi me cuesta ya tres calenturas... Desesperado estoy de verme entre esta gente bendido, y con tan poca, y sin un real, y saviendo el espacio con que alla se hace todo. 21 déc. 1576, don Juan à Perez, ms. de la bibliothèque de La Haye, fol. 1-4. C'est ce dont Philippe II se plaint à Perez en disant: Por que nunca, que lo vi, yo siendo tan descosido como lo dice.» (Billete de su Maga para Antonio Perez.) Ms. de la bibliothèque de La Haye, fol. 62 à 63. Copia de un billete de su Mag para Ant. Perez. «Presentasse para que ⚫se bean los enfados de su Magd con Escobedo y como llama un papel suyo papel sangriente.» [Juillet 1576.] Même manuscrit, f. 62-63.

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D'ailleurs les rois n'aiment pas à en entendre trop long, et, quoiqu'il faille leur parler toujours avec sincérité, et les avertir de ce qui est bon ou mauvais pour leur politique, il convient pourtant de procé, der avec mesure et prudence de manière à ne pas dépasser la limite imposée par leur grandeur et le respect qui se doit à leur majesté 4. b Philippe II avait appelé la lettre d'Escovedo un papier sanglant, et il s'en était plaint à Perez dans les termes d'un mécontentement profond. «< En vérité, lui avait-il dit, j'en suis épouvanté; il faut que ce soit là dù fruit d'Italie et de Flandre. Certes, s'il m'avait dit de vive voix ce qu'il m'a écrit, je ne sais si j'aurais pu me contenir sans altération visible » Perez était cependant parvenu à calmer sa colère. Excusant auprès de Philippe II l'humeur emportée et les vives exigences d'Escovedo, qu'il représenta comme procédant d'un zèle estimable, il lui persuada dé répondre sans dureté au secrétaire de don Juan, de peur de le rebuter. Philippe II le fit, mais Escovedo devint l'objet de sa haine secrète. Colui-ci avait quitté Madrid au commencement de décembre, et il arriva en Flandre peu de jours après le départ de la lettre, dans laquelle don Juan le demandait à Perez d'une manière si instante.

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Dès qu'il y fut, don Juan l'envoya négocier la sortie par mer des troupes espagnoles, mais cette négociation ne réussit pas. Les états généraux, poussés par le prince d'Orange, qui craignait que l'armée espagnole ne s'emparât des îles de la Zélande, et par l'ambassadeur de la reine Élisabeth, qui soupçonnait le secret dessein de don Juan, refusèrent les vaisseaux pour le transport des troupes, et exigèrent qu'elles se rendissent par terre des Pays-Bas en Italie. Cette résolution obstinée, à laquelle don Juan fut à la fin obligé de souscrire, le jeta dans une sorte de désespoir. C'est alors que, voyant ses plans renversés, il écrivit à Perez: «Ahl seigneur Antonio, qu'il est vrai que je suis un malheu

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Que por amor de mi, aunque era mas biejo que yo, tomasse mi consejo de « no correr tanto aunque paresca que se llega mas presto asi, suele tropeçarse y lle"garse mas tarde... Y que aun los reyes todas beces de oir mucho, aunno gustan «que se les ha de decir las berdades y advertirles de lo bueno y de lo malo, conbiniendo a su servicio, aun se deve en esto ir con tiento y con consideracion en el modo y en no passar los limites y terminos devidos à la grandeça y respeto que se « deve à V. M. Ms. de La Haye, fol. 63 à 67. Me a parecido de ymbiaros su carta para que beais quan sangrienta biene.» (Billete de Su Mag' para Antonio Perez.) Ms. de La Haye, fol. 62 à 63. «Que cierto me a espantado, y deve de ser fruto de Ytalia o Flandes... Ibid. 62-63. «Cierto que si me dixera de palabra « lo que me escriviò no sé si pudiera contener sin descomponerme como lo hice. (Billete de Antonio Perez para Su Magestad y repuesta del a la margen de su real mano.) Ms. de La Haye, fol. 63-67.

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