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Les dispostions de M.. Owen sur l'amour tombent également dans le vague, l'ambigu et l'anarchie : on voit que ce novateur à voulu, sur chaque dogme, se ménager des faux-fuyants, afin de pouvoir modifier ses méthodes selon les circonstances. On le voit surtout dans sa doctrine de communauté des biens; elle ne s'étend pas à toutes les classes de sociétaires; il en dispense les actionnaires, prévoyant bien qu'ils n'auront pas assez de philanthropie pour renoncer à l'agio de leurs capi

taux.

Dans ses lubies morales, il veut persuader aux cénobites de NewLanark (pauvres tisserands allant nu-pieds en pays très froid) qu'ils vont entrainer le monde entier à l'imitation, qu'ils vont convertir tous les voisins. Ces pauvres gens, dépendant de lui pour la subsistance, n'ont garde de contredire ses sermons; mais on n'a pas vu depuis vingt ans que leurs voisins, le duc d'Hamilton et les riches négociants de Glasgow, aient renoncé à tenir bonne cuisine et bonne cave; qu'ils aient opiné à boire de l'eau claire et aller nu-pieds pour s'élever à la hauteur de la philanthropie owéniste.

Il faut toute la bonhomie de notre siècle pour avoir admis, comme voie d'association, ce réchauffé de lieux communs philanthropiques, ce ramas de paradoxes baroques, tel que celui qui prétend que les trois sources de mal en politique, sont la religion, la propriété et le mariage, et que leur suppression va nous élever au superlatif de la sagesse : risum teneatis! Mais le prédicant qui débite ces fadaises promet d'anéantir tous les prètres; dès-lors c'est un colosse de vertu, au dire de quelques biographies; c'est un thaumaturge en régénération; c'est un astre moral devant qui pâlissent tous les flambeaux de vertu présents et passés.

Je m'abstiendrais de réfuter cette chimère, si elle n'eût mis en scène que des bizarreries sans conséquence, comme celles de son modèle W. PENN, qui défend de mettre des boutons aux habits, et ne veut d'autre couleur que du gris. Ces niaiseries morales ne causèrent aucun préjudice au genre humain; mais la secte Owen a jeté les modernes dans un égarement funeste, en leur donnant le change sur l'important problème de l'association; en persuadant que tout est fait en ce genre d'étude, et que toute recherche serait inutile après M. Owen, génie sans pareil, foudre de philanthropie à qui on doit croire aveuglément, sans aucun examen de ses moyens, sans tenir compte de l'expérience qui le tonfond depuis vingt ans, par le refus d'adhesion des sauvages et des civilisés voisins, en Ecosse et en Amérique.

L'influence de ce sophiste, la confiance qu'il a usurpée, étant le principal obstacle à l'essai du régime sociétaire naturel, il importe de le réfuter exactement. Je résume par deux arguments sur la déraison et les escobarderies de sa doctrine.

Il veut retrancher 3 parties d'un tout collectivement vicieux, retran

ober du régime civilisé le sacerdoce, la propriété et le mariage. Le restant vaudra-t-il mieux après cette suppression? Jugeons-en par un parallèle qu'un homme soit atteint d'une contagion, peste ou flèvre jaune, sera-ce un moyen curatif que de lui couper un pied, une main et une oreille, parce que ces parties sont infectées du virus? Chacun répond qu'il faut traiter le corps entier au lieu de faire une amputation de trois parties qui · n'aboutirait qu'à tuer le malade. Il en est ainsi de la Civilisation; c'est dans son entier qu'elle est gangranée, et non pas dans telles parties exclusivement; les autres portions, le commerce, la finance, la judicature, la police, la diplomatie, et même la Cour, ne sont-elles pas encroûtées de vices comme les 3 que proscrit M. Owen? Il faut donc purger l'ensemble au lieu d'en amputer trois portions. SI vous coupez quelques branches de l'euphorbe ou du mancenillier, l'arbre n'en sera pas moins vénéneux; il faut le remplacer par un autre d'espèce salubre. Voilà ce que ne peut promettre M. Owen: il ne connaît pas les sociétés supérieures à la civilisation, XI. Il voit que le siècle raisonne confusément d'association; et il bâtit sur ce mot une chimère sociétaire, un régime tout monastique, étayé de quelques diatribes morales.

Un siècle judicieux lui aurait dit : vous voulez, comme les agitateurs de S9, débuter par détruire nos coutumes, quelle garantie donnez-vous de les remplacer utilement? Vous parlez d'association, en avez-vous résolu les problèmes ; et d'abord les deux principaux, ceux d'attraction industrielle et de répartition proportionnelle aux 3 facultés, capital, travail et talent ?

C'est ici qu'on reconnait son plan d'escobarderie ; quant à l'attraction, il répond: ON TÂCHERA de rendre les fonctions attrayantes autant que possible; mais tâcher n'est pas effectuer; il y a 3,000 ans qu'on TÂCHE de rendre les hommes vertueux, et l'on est moins avancé qu'au premier jour; il faut des moyens absolument neufs et plus sûrs qu'une promesse de TÂCHER. Voyez ces ressorts aux chap. V et VI. (Les 3 passions mécanisantes, appliquées à des séries échelonnées en double sens 63).

En se bornant à ucher, sans aucun moyen fixe, M. Owen a-t-il réussi à préserver ses disciples des vices généraux, tels que le grivelage? Non, car ses établissements sont spoliés à tel point qu'on ne dit mot du bénéfice, et que beaucoup d'actionnaires en retirent leurs fonds. Cependant le profit et les économies devraient étre copieux dans des réunions excédant mille personnes, mais il parait que dans ces communautés morales il se trouve, parmi les gérants, quelques philanthropes un peu trop amis du bien commun, et mettant le bénéfice du côté de l'épée. Faut-il s'en étonner? toute grande réunion industrielle, qui n'est pas distribuće en Séries passionnées, est sujette à deux vices radicaux :

Médiocrité de produit, faute å attraction industrielle;
Gaspillage, faute de garantie sur la gestion.

De là vient que les owénistes ne font pas mention des bénéfices ni des dividendes annuels, première chose dont ils devraient parler. Ils s'en tiennent à vanter les charmes de la philanthropie, le bonheur d'ètre utile à la communauté, dont quelques aigrefins soutirent les profits.

Reconnaissons enfin que, pour associer, il fallait découvrir une théorie régulière, mathématiquement exacte, et qu'on devait imposer des conditions; à défaut on verra vingt sophistes se flatter, comme M. Owen, qu'ils ont résolu le problème, et qu'on doit se fier aveuglément à leurs illusions philanthropiques. Il n'en est rien : j'ai prouvé que la vraie science, en mécanique sociétaire, est partout d'une exactitude mathématique, notamment sur le problème principal, celui de la répartition (chap. XXXIVe et XXXV), dont les owénistes esquivent savamment la solution, au moyen de leurs dogmes de COMMUNAUTÉ.

Je pourrais ajouter beaucoup de preuves de leur impéritie et de leurs Intentions suspectes; mais je crois avoir suffisamment désabusé cette multitude crédule qui, lorsqu'on parle d'association, répond : Eh! c'est M. Owen qui fait l'association, il faut lui parler de cela. On peut voir maintenant quel rôle il joue en ce genre (4, 153, 369), le même rôle qu'ont joué les alchimistes avant la naissance de la chimie expérimentale, ou les magiciens avant la naissance de la médecine. Toute science, dans son origine, est la proie des intrigants, jusqu'à ce qu'on ait substitué une théorie exacte aux charlataneries. Faut-il s'étonner que la théorie sociétaire, dont on ne s'occupe que depuis très-peu d'années, ait été, comme toutes les sciences, profanée dans sa naissance par les charlataneries!

III. DU SIMPLISME OU CAUSE DE LA CATARACTE. Ce reproche de cataracte intellectuelle, adressé à un siècle savant sur divers points, pourrait sembler indécent si je ne l'étayais de preuves très-palpables. Je serai bref sur ce sujet peu flatteur; il va débrouiller une vieille querelle qui s'élève entre chaque siècle et ses inventeurs. Tout siècle se hâte de dire que les inventeurs ont perdu la raison, parce qu'ils ne sont pas d'accord avec le préjugé d'impossibilité; mals d'ordinaire, c'est le siècle qui, comme au temps de Colomb, manque de raison.

La cause de ces bévues générales, de ces faux jugements de la multitude, nait d'un vice que j'ai nommé SIMPLISME ou manie d'envisager en mode simple tout le système de la nature. Ce travers suffit à fausser les plus beaux génies : c'est le péchė origincl de l'esprit humain.

Par exemple, nos philosophes prétendent étudier l'homme, l'univers et Dieu, et ils font de Dieu une âme sans corps; de l'homme, un corps sans åme; et de l'univers, un vaissean sans pilote, sans moteur, sans chef. Ainsi, l'homme, l'univers et Dieu scraient trois corps simples. Aujourd'hui les philosophes, par crainte de l'autorité, ont modifié ces

doctrines; ils les désavouent au besoin; mais on sait quelles ont été leurs opinions dans les temps où régnait sur ce point une pleine liberté, à l'époque du matérialisme et des dictionnaires d'athées: on n'admettait pas même un Dieu simple, esprit sans corps; encore moins un Dieu de nature composée, ayant âme et corps (Son corps est le feu).

Même simplisme dans les détails : ceux qui admettent l'âme, ne lui attribuent qu'une destinée simple en ce monde; ils la condamnent à végéter sans retour dans l'état subversif, chaos civilisé et barbare. En étude de l'univers, ils admettent l'analogie nominalement, et ne l'admettent pas réellement, car ils contestent que le monde social alt, comme le monde sidéral, deux destinées figurées par les planètes et comètes (Harmonie et subversion). Ils nient aussi, PAR LE FAIT, que l'analogie s'étende aux substances dont notre globe est meublé, et qu'elles soient miroir des passions, parce qu'ils ne savent pas expliquer ce miroir dans chaque animal, végétal et minéral.

Leur intelligence est donc tout-à-fait faussée par la manie des jugements simples, qui ne savent pas assembler une conséquence avec un principe, et qui prônent tel ressort, commerce ou autre, sans tenir compte de ses résultats vicieux, comme fausseté universelle, etc., etc.

C'est sur ce travers de jugements simples que reposent les 4 sciences philosophiques; elles tomberaient du moment où on les soumettrait au jugement composé, exigeant le sceau de l'expérience, conformément à l'avis de Jésus-Christ et de Descartes (368) : elle frapperait de nullité toute science, morale, économisme, donnant des résultats contraires à ses pro

messes.

On remplirait cent pages si l'on voulait donner un tableau de nos jugements et méthodes SIMPLISTES, comme d'établir des garanties pour la classe riche, sans en établir pour la classe pauvre, qui n'a pas même celle de travail et subsistance; des garanties pour le sexe masculin, et non pour le féminin; accueillir des théories d'industrie qui repoussent toute étude sur l'attraction industrielle; des perspectives de bonheur applicable aux civilisés et non aux barbares et sauvages; des systèmes de mœurs qui veulent faire aimer la vertu simple, sans l'étayer du bénéfice et du plaisir, associer l'industrie sans associer les passions, établir le ll- . béralisme et n'admettre pour base d'éligibilité que le marc d'argent; chercher des lumières, et n'estimer les écrits que selon le style.

C'est par cette habitude de faux jugements que l'esprit humain s'est engouffré dans tous les ridicules, et dans un abime intellectuel qui est la DUPLICITÉ D'ACTION. Il serait trop long de la définir ; j'en signale seulement les principaux, tels que contrariété de l'intérêt collectif avec l'individuel (34); haine réciproque (324) des trois classes qui composent le corps social; dissidence entre les gouvernements et les peuples; dissidence entre les sexes, dont l'un ne cherche qu'à opprimer le faible, et l'autre qu'à tromper l'oppresseur; dissidence de l'homme avec lul

même, par opposition de la raison au vœu des passions; dissidence de la science avec elle-même, par recherche de la vérité, et apologie du tra→ fic ou mensonge; études pour le bonheur du peuple, et apologic de la civilisation qui ne donne pas même du pain au peuple. On n'en finfrait pas du tableau de ces duplicités d'action; c'est à tel point que dans une famille réunie on trouvera au moins douze duplicités, comme discord dé la belle-mère avec la belle-fille, et discords de goûts en toutes choses en éducation, comestibles, degrés de chaleur des appartements, occupations, délassements, animaux, etc.

La création a bien dépeint ce destin des sociétés actuelles ; elle a soumis par analogie tout le mobilier du globe à la duplicité de système, et d'abord le matériel de l'homme qui tombe en duplicité par la double couleur de races blanche, noire et mixte; par sa discordance avec les 、eaux de mer dont il ne peut pas s'abreuver, et avec les eaux douces qu'il ne peut parcourir faute d'amphibéité: (elle ne tient qu'à l'ouver ture de la cloison du cœur : c'est une des facultés dont jouira la race régénérée après douze générations passées en harmonie),.

Il sera curieux de rechercher la source de ces jugements simples qui nous abusent sur le faussement évident du mécanisme des passions et des sociétés, sur le MONDE A REBOURS que le peuple entrevoit confusément, selon l'adagé, un mal ne va pas sans un autre... Abyssus abyssum invocat. La philosophie, au contraire, loin de s'apercevoir que l'homme est fait pour un sort composé, bonheur ou malheur composé, et ja-: mais simple (348), persiste à nous vanter la simple nature, qui est l'an tipode de notre destinée.

J'en ai dit assez pour convaincre que le reproche de cataracte intellectuelle n'est pas une facétie critique: l'infirmité est bien régulière dans ses causes, ses développements et ses résultats; car la civilisation et la philosophie seraient confondues dès le moment où on voudrait passer, des jugements simples-aux composés, consulter l'expérience, mettre en parallèle théorfes et résultats de nos sciences, dont l'une prêche, lá vẻrité et rend les nations de plus en plus fourbes; l'autre promet aux nations dés richesses, et ne fait qu'augmenter le nombre de leurs indigents. Il y a certainement croûte de ténèbres sur les esprits d'un sièclo`qui nes'aperçoit pas de cette 'subversion-sociale, et l'honneur de dégager l'en. téndement humain de ce crétinîsme scientifique, de lui lever la cataracte du SIMPLISME, est une dés palmes à faire briller aux yeux d'un-fondateur.

IV. DÉMONSTRATIONS’FAMILIERES DE LA.

CATARACTE

J'al abrégé sur la partie aridé, sur Tahatýse’dé lá ̃cause; dite”stM÷: PLISMEƒ on sera'mieux convaincu par 'quelques tableaux des effets ́ì jë“

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