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dée de métamorphose universelle ct subite, quelque heureuse qu'elle puisse être.

Il faut donc se garder de spéculer sur des partis. On doit s'adresser à un de ces hommes qui ont de grands moyens en fortune ou en influence et qui, ayant manqué un ministère, seront flattés de s'élever subitement à un poste bien supérieur, tout en faisant d'énormes bénéfices. Quant aux partis, ils peuvent voir aux chap. L et LI que, même en se bornant à organiser la 4 phase du tableau précédent, en créant dans les campagnes la ferme fiscale garante, et dans les villes l'entrepôt trinaire concurrent, on obtiendrait déjà dix fois plus d'améliorations que le libéralisme et la philosophie n'osent en rêver; on verrait cesser en moins de 3 ans la mendicité, l'indigence, les fourberies, les brigandages, les extorsions fiscales, etc. Les gouvernements y gagneraient grandes propriétés, grands revenus, moyens d'extinction des dettes, et stabilité sans inquiétude.

Une classe vivement intéressée à cette heureuse innovation est celle des journalistes de Paris, tous assis sur un volcan. Si l'absolutisme triomphe, comme tout l'annonce, il leur donnera à tous un congé de réforme, sans distinction de partis, et ne conservera qu'une seule gazette assoupissante, comme à Vienne ou Madrid. D'autre part, si on procède à sortir de la civilisation, les journaux obtiennent le lendemain triple nombre d'abonnés, cours en tous pays, et main-levée du bâillon, parce que les querelles politiques seront oubliées à l'instant.

Ce changement importe surtout au parti libéral, très-chancelant ; s'il regagnait du terrain, une ordonnance ou un coup d'état en ferait raison. Il oublie que l'opinion est peu de chose, qu'en civilisation le 8o oppresseur l'emporte sur les 7/8 résistants, et qu'en lutte politique, il faut des moyens neufs et non des discours. Il faut que les deux partis soient bien aveuglés pour ne pas reconnaitre que l'unique voie de salut est de s'élever plus haut que la civilisation, et non pas de rétrograder comme ils le font tous deux. Quoi qu'en disent les libéraux, c'est rétrograder que d'organiser la discorde permane..te entre les princes et les peuples, tandis que les opérations de garantisme, telles que la ferme fiscale et l'entrepôt concurrent, établiraient la concorde, l'unité de vues, d'intérêts et d'action entre toutes les classes. Alors les absolutistes comprendraient qu'il leur convient de tendre au progrès réel, et non pas de retourner au 10o siècle; mais ils s'obstineront nécessairement dans les voles obscurantes, si on persiste à leur tendre le piège du faux libéralisme, vraie cataracte intellectuelle, puisqu'il repose sur quadruple cécité du monde savant.

1° Cécité des économistes qui, pour nous enrichir, emploient la plus petite et la plus coûteuse réun'on, celle de famille; et la plus grande fourberie possible ou concurrence anarch'que des marchands.

2. Céité des moralistes qui veulent donner à l'homme des vertus avant de lui donner du pain, veulent armer l'homme contre ses passions, vantent la vérité et l'amour du trafic ou mensonge.

3o Cécité des politiques, organisant la ruine du peuple par la baisse du salaire, par l'exubérance de population et cent autres monstruosités. 4° Cécité des méthaphysiciens qui prétendent que Dicu a créé les passions au hasard, ou sans révéler à l'homme les lois de leur harmonie, et qui croient étudier l'homme, sans étudier l'attraction, moteur de l'homme.

On remplirait des pages sur les absurdités de chacune de ces 4 sciences, dont le quadrille forme la cataracte intellectuelle, servant de guide à l'esprit libéral. Faut-il s'étonner qu'il ne sache que perpétuer le mal, et que ses antagonistes le repoussent comme une coupe empoisonnée! Icquel des deux partis est le plus obscurant, ou de celui qui rétrograde franchement, ou de celui qui promettant le progrès social, est de falt immobiliste, ne voulant pas que l'esprit humain avance au-delà du bourbier civilisé, s'efforçant de nous ramener à la 2o phase de civilisation, aux commotions démocratiques, et poussant l'autre parti à la rétrogradation par les craintes qu'il lui inspire.

Lorsqu'enfin le remède à cette anarchie est découvert, chacun sentira combien il est fâcheux de manquer d'un ressort d'opposition aux vandales, d'un jury examinateur des inventions, obligé de poser, cn séance publique et en présence de l'inventeur, des questions dont la première serait celle-ci : Est-il certain que l'auteur ait continué la théorie commencé par Newton, l'étude de l'attraction; qu'il l'ait étendue du matériel au passionnel? Ensuite de la décision affirmative, d'autres questions succèderaient, et le débat réduirait au silence la détraction qui a tout pouvoir, tant qu'on ne lui oppose pas un contrepoids, tant qu'il n'existe dans le monde savant, comme dans le monde commercial, qu'une concurrence de fraude, sous le masque de vérité et de liberté.

Prenons en flagrant délit cet obscurantisme scientifique. Dernièrement unphysicien de France, M. ARAGO, démontrait (Annuaire du bureau des longitudes, 1829) que l'invention du mécanisme à vapeur est due à PAPIN, Français natif de Blois. Molesté d'abord par l'Académie des sciences de Paris, Papin fut accueilli en 1681 par la société royale de Londres; et 80 ans plus tard, en 1764, Watt se fit passer pour inventeur de ce mécanisme, qu'il avait un peu travesti, selon l'usage des plagiaires. Ainsi la France revendique après coup toutes les découvertes, même les minuties comme la soupe Rumford. Pourquoi donc est-elle si vandale envers les inventeurs, qu'aucun d'eux ne peut, DE SON VIVANT, trouver accès et examen méthodique en France? Elle prétend aujourd'hui:

Que la vaccine, attribuée à Jenner, est du français RABAUD.; Que l'enseignement mutuel, attribué à l'école de Lancastre, est du français SAINT-PAULET;

Que l'arbre encyclopédique, attribué à Bacon, est du sieur SAVIGNY de Rethel:

Que le bateau à vapeur n'est point de Fulton, mais du comte de Jouffroy (Version de 1822);

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Que ledit bateau n'est ni de Jouffroy ni de Watt, mais de Papin, mort il y a un siècle (Version de 1829).

Il faut donc qu'un inventeur soit trépassé depuis long-temps pour trouver grâce aux yeux des académiciens français ! Là-dessus M. Arago nous dit :

L'homme de génie est toujours méconnu quand il devance son siècle dans quelque genre que ce soit,

C'est la faute de ces corps savants que Thomas a dénoncés avant, M Arago, en disant: Le dernier des crimes qu'on pardonne est celuid'annoncer des vérités nouvelles. Consentiront-ils à être justes dans cette circonstance, à faire examiner le calcul de l'attraction; ou bien suivront-ils leur méthode usitée, diffamer un inventeur dans les journaux et faire refuser l'insertion de sa réplique? On ne voit autre chose en France que détraction dans le monde savant, faurberie dans le monde mercantile, et calomnie dans le monde électoral. Tels sont les trophées de la belle France régénérée par le commerce et la philosophie.

Aucune classe n'est plus dupe de ces travers que les philosophes et les savants. Chacun d'entre eux pourra, en Harmonie, se former un revenu (93) bien supérieur au médiocre budget de 400,000 fr., qu'ils se partagent dans Paris. J'ai indiqué dans l'épilogue un de ces moyens de fortune colossale, j'en ajoute quatre.

2o Les récompenses unitaires (93). Qu'un ouvrage couronné obtienne 1 franc, par vote moyen des phalanges, c'est 500,000 fr.

3o La vente directe. Si l'ouvrage est bon, la consommation de 7 ou 8 exemplaires par phalange fait 4 millions d'exemplaires avec profit estimé cinq sous, c'est pour l'auteur deux millions de fr.

Quel coup de fortune pour ces écrivains qui, aujourd'hui, se plaignent que tout le bénéfice est pour les libraires! Quel motif pour ceux de Paris de prendre leurs mesures pour que la langue française soit adoptée, comme langue unitaire provisoire, pendant le premier siècle d'harmonie! Cette affaire importe surtout aux journalistes de Paris, qui, dans ce cas, auraient subitement cours par tout le globe, et qui verraient tripler le nombre de leurs abonnés, du moment où la fondation d'une phalange d'essai près Paris exciterait une curiosité ardente et ferait oublier les vieilles disputes politiques, pour ne s'occuper que des approches du bonheur général.

4° Autre amorce pour les écrivains : ils se plaignent tout de manquer de sujet; ils en sont réellement dépourvus. Ils auront, outre l'analogie (459), beaucoup de sujets excessivement féconds, neufs et faciles, entre autres la glose critique des 4 sciences philosophiques. On en réimprimera tous les ouvrages notables, avec la glose en regard -( voyez-en

deux exemples sur le Télémaque, IV, 477, et sur l'Homme des champs, 360). Ce seul sujet pourra, pendant plus de vingt ans, entretenir de nombreux écrivains, avec débit à 20 par phalange, dix millions d'exemplaires.

Enfin l'enseignement sera une autre mine d'or pour les savants, artistes et lettrés. Les sciences et les arts devenant productifs dans l'harmonie, il faudra que tout le peuple reçoive la haute instruction; mais on n'aura pas le vingt-millième des instituteurs nécessaires : on se les disputera pour former des écoles normales de canton, pour inspecter des provinces, des districts; les moindres savants de nos cités obtien. dront de forts dividendes sur plusieurs cantons; et, par cette seule branche de travail, ils jouiront des bénéfices et du lustre dont jouit en France un grand maître de l'Université.

C'est donc à eux un acte de démence que de contrecarrer l'examen et l'essai de la théorie d'attraction industrielle : Duperie d'autant plus grande, que depuis vingt ans ils protègent une secte d'association fausse, dirigée par M. Owen; secte qui n'a aucun moyen neuf. Il faut, à ce sujet, conclure sur ce qui a été dit aux pages 4, 153, 369, et dessiller les yeux sur le compte de ces loups couverts de peaux de brebis. La crédulité qu'ils ont obtenue est un des indices les plus frappants de la cataracte inlellectuelle qui offusque notre siècle.

II. RÉFUTATION DES OWÉNISTES.

Depuis vingt ans environ, l'opinion est circonvenue par ces sycophantes de la secte OWEN, gens très-dangereux, non par le mal qu'ils font, mais par le bien qu'ils empêchent; car en persuadant que leur chef est un homme intelligent en mécanisme sociétaire, ils ont tellement fasciné l'opinion, que chacun croit le problème entièrement résolu par la sagacité de M. Owen, qui, loin d'avoir en association la moindre connaissance, est préciséinent à l'opposé des méthodes naturelles dans sa bizarre doctrine, réduite à trois thèses des plus saugrenues que j'examinerai à quelques lignes d'ici.

On assure que la société qui le soutient a dépensé depuis vingt ans des sommes énormes pour faire retentir les journaux des vertus de ce régénérateur présomptif, et le faire présenter au congrès de Vienne et à divers souverains. D'autres disent que c'est lui-même qui a fourni à tous ces frais, à l'aide de sa grande fortune; en ce cas, il est bieu maladroit, car avec le quart des dépenses qu'il a faites pour éire CANONISÉ TOUT VIVANT, il aurait pu fonder la véritable association, et s'élever au plus haut degré de fortune, à une gloire durable, méritée.

Le public débonnaire, habitué depuis longues années à un chorus d'apologies sur ce nouveau thaumaturge, pense qu'on est un blasphémateur, si on ne considère pas M. Owen comme un saint; et qu'on est sacrilège,

on prétend donner sur l'association des lumières plus certaines que ses diatribes contre la propriété, la religion et le mariage.

Son plan de communauté a eu d'abord quelque vogue, parce que c'était un masque d'esprit de parti, un voile du plan secret qui tend à détruire les prêtres et le culte. Cette perspective rallia au prédicant Owen toute la coterie de l'athéisme; quant à ses deux autres dogmes, celui de 】 communauté des biens est si pitoyable qu'il ne mérite pas de réfutation; celui de suppression subite du mariage est encore une monstruosité (Voyez 154).

La vraie association suivra les 3 routes opposées : 1o elle sera religieuse par passion, par conviction de la haute sagesse de Dieu, dont elle recueillera à chaque instant les bienfaits. Le culte public sera pour elle un besoin : le moindre vicaire y jouira du sort actuel des évèques, et on sera obligé en France de créer, par ordination accélérée, au moins trente mille prêtres, afin que chaque phalange en ait un nombre suffisant pour exercer en relais, sans assujettissement journalier à leurs fonctions; 2° en opposition à l'esprit de communauté, on excitera l'esprit de propriété par des coupons d'action et des voles économiques accordés aux prolétaires qui, par des économies assidues, auront accumulé le 12o du capital donnant vote en aréopage : on l'accordera aussi à beaucoup d'autres titres, afin de ne pas imiter les civilisés, qui, dans leur système représentatif, n'estiment le mérite qu'au marc d'argent. 3o Quant au mariage, on a vu (154) qu'il sera, avec le temps, modifié, gradué et non pas supprimé; et l'on n'y touchera que par degrés dans la génération prochaine, lorsque les modifications auront été votées par 4 classes réunies, gouvernement, sacerdoce, pères et maris.

Toutefois c'est bien une preuve de la cataracte intellectuelle du siècle que de s'être laissé abuser sur l'objet le plus important au monde social, sur le mécanisme sociétaire, par un prédicant qui n'a ni doctrines neuves, ni dogmes précis. Son plan de destruction des prêtres est un résidu de "révolution : si on supprimait toutes les classes qui abusent de leurs fonctions, je ne sais quelle classe de civilisés pourrait être conservée. Son dogme de communauté est un réchauffé de Sparte et de Rome; celui de libre amour est de même un plagiat sur divers peuples (155), < entr'autres les Népauliens, les Otahitiens, etc.

Le côté remarquable dans ces dogmes c'est l'ambiguité, les réserves d'escobarderie, les moyens de remanier le système selon les évènements. Ainsi, en affaires de religion, Rob. Owen ne renie pas positivement Dieu, il le condamne seulement à garder l'incognito, sans prêtres ni culte, jusqu'à ce qu'on ait statué sur le rôle qui lui sera assigné; rôle variable selon les progrès de la secte qui, dans le cas d'échec, lui accorderait une ombre de culte, et, dans le cas de succès, pourrait bien donner congé absolu à Dieu comme au sacerdoce; car qui congédie l'un, est suspect de vouloir congédier l'autre.

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