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les grands établissements sont favorables à la bonne tenue du peuple, pourvu qu'on ne les organise pas à la manière philosophique, sous la direction de prétendus économes dont personne ne peut inspecter les comptes ni les tours de bâton. La comptabilité des fermes fiscales serait visible à tout porteur d'un certain nombre d'actions, à tout représentant des porteurs.

Redisons que la classe pauvre se hâterait de se défaire de ses ambeaux de terre, pour acheter des coupons d'actions à la ferme, s'y enrôler, y mener une vie joyeuse, et abandonner son ménage moral et sans pain. Il ne resterait d'exploitations séparées que celles des propriétaires ou fermiers aisés, qui paieraient cher les domestiques mieux disposés pour la ferme que pour eux. Elle joindrait à ces parcelles de terrain beaucoup de domaines acquis des emprunteurs obérés; elle posséderait bien vite le tiers du territoire et des établissements industriels, dont le produit estimé six milliards en France, donnerait un revenu de deux milliards, élevé à trois un au fisc, et deux aux actionnaires et coopérateurs.

Observons que la ferme serait lucrative, en raison du charme qu'elle procurerait aux classes inférieures. A l'instar des phalanges d'harmonie, on donnerait au peuple une fête réelle aux jours de festivité, repas plus délicats, danses, jeux, etc., au lieu des tortures et pénitences auxquelles on l'assujétit dans nos dépôts de meudicité: un pauvre y coute 25 sous par jour à l'Etat (Voyez les comptes détaillés sur le dépôt de mendicité de Clermont en Auvergne, établi sous le règne de Bonaparte); il en rendrait au contraire 25 dans les fermes d'asile on le stimulerait par les chances d'avancement en grade, esprit de propriété inhérent aux coupons d'action, insouciance de l'éducation dont se chargerait la ferme; elle se rapprocherait du régime sériaire et de l'attraction industrielle, dès que les enfants seraient assez nombreux pour former les tribus et les chœurs, au moins trois tribus au lieu de cinq.

Je n'aborderai pas ici les détails relatifs à la garantie de vérité qui regnerait dans les fermes d'asile, et d'où résulterait l'envahissement du commerce en gros et en détail. Ce tyran des rois et des peuples n'est qu'un colosse au pied d'argile, qui tombera sans coup férir quand on saura l'attaquer par voie indirecte. Si l'on heurte le serpent de front, l'on sera atteint de sa morsure; il faut le saisir par la queue, lui ôter son point d'appui: c'est ce qu'ont ignors le ministère autrichien (404), et tous ceux qui comme lui

ont essayé la répression des menées mercantiles: tous ont commis double faute, laisser au commerce son point d'appui, ét n'en donner aucun au gouvernement. Quand un siècle opèresi gauchement, faut-il s'étonner qu'il en vienne à dire avec Bonaparte, on ne connail rien au commerce! Dites plutôt que vous ne connaissez rien à la politique sociale.

Au moins devait-on apercevoir dans ce colosse nommé commerce, qui menace de tout envahir, les propriétés odieuses de fourberie et d'obscurantisme ! Si nos moralistes cherchaient sin→ cèrement la vérité, ils auraient bien vu qu'elle n'est pas dans le commerce, vraie patrie de l'obscurantisme; car tout jeune homme qui laisse entrevoir du goût pour les sciences et les arts, est réprouvé dans les comptoirs des négociants et n'y obtiendra pas d'avancement. Le bon sens ne conseillait-il pas de suspecter ce vampire d'obscurantisme et de fourberie, qui peu à peu s'empare de toutes les richesses? N'était-il pas évident qu'à défaut de con naître un procédé pour rivaliser le commerce, on aurait déjà essuyé moins de lésions sous un monopole général et préservatif? Comment l'administration et la philosophie, qui ont reconnu les dangers de la fourberie dans diverses professions, telles que médecine et pharinacie, jugent-elles bon de la favoriser dans le commerce et d'y encourager une pullulation d'agens élevée au vingtuple du nécessaire? D'ou vient tant d'impéritie chez les modernes, sinon de leur obstination à se confier aux sciences politiques et morales dont la tactique est d'encenser tous les vices dominants, pour se dispenser d'en chercher le remède?

On a vu, dans ces deux chapitres, la marche que suivrait l'industrie dans le cas de progrès réel et antérieur à la découverte des Séries passionnées: j'aurais pu distinguer dans cette marche bien des degrés dont le plus bas forme la 4 phase de civilisation, et le plus élevé est la 2o phase de garantisme, 6e période sociale et initiative de bonheur dont nous allons parler.

Tirons de ce chapitre une conclusion sur le savoir-faire de nos écrivains politiques : ils veulent, disent-ils, pondérer les pouvoirs, équilibrer le mécanisme social, et ils confient la direction du mouvement industriel à une caste mercantile qui, par le libre exercice de la fourberie, envahit toutes les richesses, maîtrise tous les ressorts de la circulation, et paralyse les gouvernements mêmes. Nos économistes n'opposent à ces cosaques industriels aucun contrepoids, aucune corporation opérant par la vérité. Dès

lors le mensonge doit triompher sans obstacle; aussi l'arbre de fausseté grandit-il à vue d'œil; la banque, l'agiotage et le commerce accumulent de plus en plus les trésors, tandis que la pauvre agriculture végète sans moyens de fortune. Voilà l'œuvre de ces philosophes modernes dont les écrits ne retentissent que de balance, contrepoids, garantie, équilibre, et amour de l'auguste vérité. . N'est-ce pas le cas de dire, avec Beaumarchais, que les gens d'esprit sont bétes; ou bien que les badauds sont béles de se confier aux beaux esprits, et que les gouvernements sont aveugles de ne pas voir qu'ils manquent d'un point d'appui pour résis ter au commerce.

CHAPITRE LI.

Construction intégrale de la 6o période.

J'envisage ici l'ensemble du régime des garanties; le sens commun nous en indique d'abord deux, savoir: celle de travail, subsistance et bien-être pour la classe pauvre, et celle de vérité en relations sociales pour les classes moyenne et riche.

La philosophie ne veut entendre à aucune de ces garanties; elle consacre la pleine licence des marchands, qui font régner la fourberie universelle en relations d'achats et ventes, puis elle organise une législation qui expose tout propriétaire sans défense, ou sans astuce, à être spolié par les gens d'affaires, gens de justice, etc.

Voilà pour la classe aisée; quant aux pauvres, la philosophie leur donne, pour toute ressource, les dépôts de mendicité, séjour de supplice, et les bagnes industriels nommés grandes fabriques; deux sortes de prisons où le pauvre fait son enfer dès ce monde.

J'ai démontré qu'il n'eût pas été difficile d'imaginer les deux méthodes qui créeront une garantie de sûreté et vérité pour les riches, en affaires d'intérêt; une de bien-être pour le pauvre qui n'a, en civilisation, d'autre garantie que celle d'être fusillé, déci mé, s'il vient en masse demander du travail et du pain qu'on refuse aux individus, ou s'il ose demander un adoucissement aux corvées et tortures qu'on lui inflige pour prix d'une chétive subsistance; puis d'être décoré du beau nom d'homme libre, lors

qu'on l'envoie, la chaîne au cou, mourir pour une charte octroyée. Telles sont les garanties que la philosophie a su imaginer pour le peuple dont elle se dit l'amie. Quel génie en amitié l

Les garanties, en cadre général, doivent s'appliquer aux douze passions, assurer du plus au moins le libre exercice de chacune. Il suffit que la garantie s'étende aux neuf dites sensuelles et affectueuses; elle s'étendra par suite aux 3 autres, nommées mécanisantes.

En relations industrielles on avait, dans le système monétaire, un beau fanal de garantie qu'il eût fallu étendre au commerce entier. Tel serait l'effet de l'entrepôt trinaire concurrent. Ce serait une régie à double contrepoids formé par la liberté de ventes particulières, et par l'entremise d'actionnaires surveillants. Les fermes fiscales ou fermes d'asile rentrent dans ce mécanisme.

Les garanties doivent s'étendre aux plaisirs des sens comme aux autres passions; or la philosophie, sous prétexte de liberté individuelle, frustre de bien-être sensuel tout le corps social. Examinons les lésions des sens.

4°. LE TACT: une de ses branches le plus précieuses est le contact de l'air; un air insalubre donne la mort, et pourtant les philosophes consacrent la liberté de construction insalubres qui, dans certains quartiers de Paris, font périr les sept huitièmes des petits enfants dès leur première année. Un système de garantie en tact défendrait ces constructions meurtrières; il mettrait en vigueur un code architectural pourvoyant à la salubrité et à l'embellissement, et astreignant à ces deux fins l'intérieur comme l'extérieur des édifices (Voyez III, 302, un aperçu de ce code auquel on n'a jamais songé).

2o. LA VUE : elle est de toutes parts blessée par cette licence de construction. L'on voit quantité de vandales travailler à plaisir pour l'enlaidissement, construire tel mur qui ne leur donne d'autre profit que de masquer une demi douzaine de voisins: c'est le bonheur suprême pour les petits esprits; ils aiment à enlaidir le quartier, les alentours, et molester les voisins pour jouir du beau nom d'homme libre. La philosophie applaudit à ce vandalisme qu'elle nomme liberté, et qui n'est que désordre comme toutes les libertés individuelles sans contrepoids, sans subordination au douze garanties. On croit faire preuve de sagesse en méprisant les garanties de l'agréable, comme celle des constructions harmoniques (III, 302); l'esprit humain a commis

dans cette affaire un fâcheux mécompte, car en négligeant les constructions harmoniques, branche de garantie visuelle, il a manqué l'invention des approximations sociétaires, où l'aurait conduit ce genre de construction:

3o. L'OUIE: la nation française, remplie de prétentions, a l'oreille faussée comme l'esprit; une seule ville fait exception: le peuple, ou du moins partie du peuple de Toulouse, a l'oreille juste et va chanter sur le théâtre dans les chœurs. Ce qui a été possible à Toulouse ne l'était-il pas dans toute la France? pourquoi donc laisse-t-on passer des siècles sans songer à régénérer les oreilles? La morale répond que cela est inutile, qu'un vrai républicain ne doit s'occuper qu'à planter des raves: c'est avec ce sot principe qu'elle a faussé le jugement des nations civilisées. Dans l'ordre garantiste, il faut que l'utile et l'agréable marchent de front; si on manque les garanties de l'agréable, on manque par contre-coup celles de l'utile, et de là vient que les civilisés sont privés des unes et des autres. Ils ont si peu d'idées justes sur ce point, qu'ils autorisent dans Paris, sous prétexte de liberté, 3 à 4,000 empoisonneurs publics nommés marchands de vin, vrais marchands de poisons déguisés qui minent la santé du peuple; c'est absenco de garantie sur le sens du goût. Tout absorbés dans les visions de charte et de système représentatif, les modernes sont frappés de cataracte sur tout ce qui touche aux vraies libertés, aux garanties solidaires. Je n'ai examiné ici que les matérielles, parce qu'on les croit indignes d'attention; si je passais aux spirituelles, à celles d'ambition, d'amour, d'amitié, de paternité, je pourrais analyser dans notre politique plus d'aveuglement encore qu'elle n'en a sur le matériel: son travers en toutes branches de garantie est de vouloir opérer sur l'utile sans y joindre l'agréable, croire qu'on peut scinder le système de la nature, en admettre telles branches et repousser telles autres; établir des garanties pour les droits des farouches républicains, sans en établir pour les classes moins farouches.

Si je donnais une théorie détaillée du mécanisme des garanties sociales, on y verrait toutes les passions marcher de front, et l'agréable toujours allié à l'utile (1). Comment des hommes

(1) Ici devrait se trouver un chapitre sur la construction de la 7o pé

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