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mencent leur journée par une lutte entre le plaisir et l'ennui; dans une belle matinée d'été chacun voudrait être levé dès l'aurore, mais chacun est retenu par l'ennui de s'habiller et de quitter le lit qui est un plaisir simple. Voilà un pauvre début de journée; plaisir simple et perspective d'un quart d'heure d'ennui : il manque à tous les civilisés une passion véhémente qui les sorte du lit par amorce d'un plaisir composé, assez fort pour faire dédaigner le plaisir simple de rester au lit.

Le jeu des trois passions mécanisantes exigeant de courtes séances, il faut, pour le courant de la journée, au moins quatorze séances, savoir: une majorité de 8 séances en plaisirs composés, 5 en plaisirs simples pour délassement des composés, plus un ou deux parcours, genre de jouissance tout-à-fait inconnu des civilisés, et qu'il faut définir.

Le parcours est l'amalgame d'une quantité de plaisirs goûtés successivement dans une courte séance, enchainés avec art, se rehaussant l'un par l'autre, se succédant à des instants si rapprochés. qu'on ne fasse que glisser sur chacun. L'on peut, dans le cours d'une heure, éprouver une foule de plaisirs différents et pourtant alliés, quelquefois réunis dans un même local, par exemple:

Léandre vient de réussir auprès de la femme qu'il courtisait. C'est plaisir composé, pour sens et âme. Eile lui remet l'instant d'après un brevet de fonction lucrative qu'elle lui a procurée; c'est un 2o plaisir. Un quart d'heure après elle le fait passer au salon où il trouve des surprises heureuses, la rencontre d'un ami qu'il avait cru mort; 3 plaisir. Peu après entre un homme célèbre, Buffon ou Corneille, que Léandre désirait connaître et qui vient au diné; 4 plaisir. Ensuite un repas exquis, 5e plaisir. Léandre s'y trouve à côté d'un homme puissant qui peut l'aider de son crédit et qui s'y engage, 6 plaisir. Dans le cours du repas un message vient lui annoncer le gain d'un procès, 7e plaisir.

Toutes ces jouissances, cumulées dans l'intervalle d'une heure, composeront un parcours qui doit rouler sur un plaisir de base continué dans tout le cours de la séance. Ici Léandre atteint le but par la compagnie de sa nouvelle conquête et le succès affiché au repas C'est le plaisir pivotal qui broche sur le tout, et intervient en continuité pendant la durée des sept autres. Cette sorte de plaisir, nommé PARCOURS, est inconnue en civilisation; les rois mèmes ne peuvent pas se procurer des parcours, charme très fréquent en harmonie, où un homme richo est assuré de rencontrer

chaque jour au moins deux parcours, indépendamment des séances de plaisir composé à 2 jouissances, sur-composé à 3, et bi-composé à 4 jouissances cumulées. Qu'on juge après cela du dénuement des civilisés en fait de bonheur ! Voyez (III, 183) la défi→ nition méthodique du vrai bonheur.

Les parcours à septuple variante sont des jouissances réservées à la haute harmonie. Dans le début on aura à peine des parcours à quadruple variante; ce sera déjà merveille pour des échappés de civilisation, qui ne peuvent pas se procurer une seule journée de vrai bonheur. Pour composer à un civilisé une journée de cette espèce, il m'a fallu supposer (IV, 535) une réunion de jouissances beaucoup plus nombreuses et plus rapprochées que ne le comporte l'état civilisé; encore ai-je dù, en recourant à cette hypothèse, commettre 2 fautes: l'une d'y entremettre l'amour, qui est crime selon les lois civilisées, l'autre d'admettre dans la distribution de cette journée neuf vices d'équilibre passionnel, neuf lésions que n'éprouverait pas ùn harmonien. Je les ai admises parce que la civilisation est si bornée en plaisirs, que je n'ai trouvé dans les faibles ressources qu'elle présente aucun moyen de remplir le cadre d'une journée complètement heureuse, telle que l'obtiendra chaque jour le plus pauvre des harmoniens. Les civilisés sont si dénués de jouissances, que lorsqu'ils ont eu quelque sujet de charme, quelque fèle passable, ils en rabâchent pendant une semaine entière; encore ces fêtes ne sont elles que de mauvaises caricatures des plaisirs vrais, des équilibres de passions que l'harmonie fait réguer dans tous ses travaux, ses repas et ses festivités. On peut s'en convaincre par l'exposé des neuf vices (IV, 513) que j'ai été obligé d'introduire dans l'emploi d'une journée heureuse, bornée aux ressources de la mesquine civilisation.

Outre l'inconvénient de rareté de plaisirs, elle ignore complètement l'art de les aménager. Telle jouissance est usée au bout d'une quinzaine; elle se serait soutenue plusieurs mois, si on l'eût distribuée avec discernement et variantes nombreuses; mais la civilisation, en fait de plaisirs, mange son blé en herbe, épuise une jouissance en peu de temps, faute de variété pour la relayer. Aussi les riches civilisés sont-ils accablés de maladies résultant de ces excès. En harmonic l'aménagement des plaisirs est calcul de haute politique sociale, fonction des autorités principales: on n'y use aucune jouissance, parce que les relais et nouveautés surabondent. Si tel amusement n'est séduisant que de mois en mois,

on en a mille autres à mettre en scène dans l'intervalle, afin de varier artistement les nuances de bonheur, d'une séance à l'autre, d'un repas à l'autre, de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois, de saison en saison, d'année en année, d'âge en âge, etc., jusqu'au terme d'une pleine carrière estimée 444 ans, åge auquel les riches harmoniens atteindront plus facilement que: les pauvres, par l'extrême variété de plaisirs qui est le plus sûr garant contre les excès.

Quel sujet de réflexion pour cette philosophie qui place le bonheur en civilisation, et qui raisonne sur l'équilibre des passions aussi judicieusement qu'un aveugle-né, raisonnant sur les couleurs!

Pour compléter la leçon, il faudrait disserter sur le triste sort de tant de civilisés qui, pourvus de santé, fortune et moyens de bien-être, n'arrivent qu'à un extrême malheur. Les contretemps de toute espèce, les disgraces fondent parfois sur le riche comme sur le pauvre: le jeu, les piéges, la mort d'un enfant, l'inconduite d'une femme, les maladies, les échecs d'ambition, les revers de parti viennent empoisonner la vie de ceux dont on vante la condition comme suprême bonheur. Qu'est-ce donc de ceux que l'indigence accable, et quel parallèle à faire de tant de misères avec l'immensité de plaisirs qui seront prodigués à tous, dès qu'un fondateur aura fait l'épreuve d'où dépend l'issue de civilisation et l'avénement aux destinées heureuses !

CHAPITRE XL.

Boussole en étude des passions; le rallicment aux vues de Dieu.

L'un des piéges auxquels on a pris la multitude en tous les temps, a été de lui persuader que les vues de Dicu étaient impénétrables, que l'homme ne devait pas même chercher à connaître Dieu. Le bon sens exige tout le contraire; il veut que notre première étude soit celle de Dicu, la plus facile de toutes.

Dans l'antiquité, lorsque la fable travestissait le Créateur, en le confondant avec une cohue de 35,000 faux dieux, plus ridicules les uns que les autres, il était assurément difficile d'étudier les. vues de Dieu, de les débrouiller à travers cette mascarade céleste; aussi Socrate et Cicéron se bornèrent-ils à s'isoler des sottises de leur siècle, et adorer le DIEU INCONNU, sans pousser plus loin

leurs recherches, qui auraient été contrariées par l'esprit du temps: Socrate en fut victime.

Aujourd'hui que ces superstitions sont dissipées, et que le christianisme nous a ramenés à de saines idées, à la croyance en un seul Dieu, nous avons une boussole fixe pour procéder à l'étude de la nature. En partant du principe que toute lumière doit venir de Dieu, et que la raison ne peut entrer dans les voies de lumière qu'en se ralliant à l'esprit du Créateur, il reste à déterminer les caractères essentiels de Dieu, ses attributions, ses vues et ses méthodes sur l'harmonie de l'univers, dont certaines règles déjà connues peuvent nous acheminer aux inconnues.

Il faut dans cette étude procéder par degrés, analyser d'abord un très petit nombre des caractères de Dieu, en s'attachant aux plus évidents, tels que les suivants.

1. Direction INTEGRALE du mouvement.

2. Economie de ressorts.

3. Justice distributive.

4. Universalité de Providence

5. UNITÉ De système.

1° Direction intégrale du mouvement. Si Dieu est le supérieur en direction du mouvement, s'il est seul maître de l'univers, seul créateur et distributeur, c'est à lui de diriger toutes les parties de l'univers, entre autres la plus noble, celle des relations sociales en conséquence la législation des sociétés humaines doit être l'ouvrage de Dieu et non des hommes; et pour diriger au bien nos sociétés, il faut chercher le code social que Dieu a dû composer pour elles.

Grand sujet de querelle avec la philosophie! Il s'ensuivrait que ce n'est pas elle qui doit faire des lois, et qu'on doit chercher un code social composé par Dieu. Dans ce cas Dicu se trouverait au 4r rang, et la raison humaine au 2o; ce n'est pas ainsi que la philosophie établit les rangs; elle veut que Dieu soit au 2o et la raison humaine au 1er; en conséquence elle exclut Dieu de la prérogative de législation, pour la transmettre aux philosophes, à Diogène et Mirabeau.

2o Economie de ressorts. Si le mécanisme des sociétés était réglé par Dieu, on y verrait briller l'économie de ressorts que nous lui attribuons, en le nommant SUPRÊME ÉCONOME. Or, l'économie exige qu'il opère sur les plus grandes réunions sociétaires, et non pas sur la plus petite que nous nommons famille, mé

nage conjugal. Elle exige surtout que Dieu choisisse pour moteur l'attraction passionnée, dont l'emploi lui garantit douze économies que l'on ne trouve pas dans le régime de contrainte; ce sont (II, 240 et 276):

1. Boussole de révélation permanente; car l'attraction nous stimule, en tous temps et en tous lieux, par des impulsions aussi fixes que celles de la raison sont variables.

2. Facultés d'interprétation et d'impulsion combinées, ressort apte à révéler et stimuler à la fois.

3. Concert affectueux du Créateur avec la créature, ou conciliation du libre arbitre de l'homme obéissant par plaisir, avec l'autorité de Dieu commandant le plaisir.

4. Combinaison du bénéfice et du charme, par entremise de l'attraction dans les travaux productifs.

5. Epargne des voies coercitives, des gibets, stires, tribunaux et mo- * ralistes, qui deviendront inutiles quand l'attraction conduira au travail, source du bon ordre.

6. Elévation de l'homme au bonheur des animaux libres qui vivent dans l'insouciance, ne travaillant que par plaisir, et jouissant parfois d'une grande abondance où notre peuple, malgré ses fatigues, ne parvient jamais.

7. Garantie d'un minimum refusé aux animaux libres, et dont on aura le gage dans les immenses produits du régime sociétaire, étayé de l'équilibre de population.

8. Bonheur assuré à l'homme, dans le cas où la sagesse de Dieu serait moindre que la nôtre; car ses lois exécutées par attraction nous assureraient une vie heureuse, au lieu de la contrainte que nous imposent les constitutions des philosophes.

9. Intégralité de providence, par révélation des voles de bonheur social, ajoutée à la révélation des voies de salut des âmes, fournie par le Messic et l'Ecriture-Sainte.

10. Garantie de libre arbitre à Dieu, faculté à lui de régir l'univers, y compris le genre humain, par l'attraction, seul ressort digne de sa sagesse et de sa générosité.

11. Récompense des globes dociles par le charme du régime attrayant, et punition des globes rebelles par l'aiguillon de l'attraction toujours persistant.

12. Ralliement de la raison avec la nature, ou garantie d'avènement à la richesse, vœu de la nature. par la pratique de la justice et de la vérité, vœu de la raison.

Y. Unité Interne, fin de la guerre interne qui met dans chacun la passion ou attraction aux prises avec la sagesse et les lois, sans moyen de conciliation (I, 184).

A. Unité externe ou avènement au bien sous la direction du ressort

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