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en civilisation désole les valets et parfois les maltres mêmes, devient dans la phalange une source de liens innombrables.

Ce ralliement en doit faire pressentir un autre plus précieux encore, c'est celui de l'éducation qui est toute passionnée : chaque enfant pauvre est entraîné à une trentaine de fonctions et même une centaine dans le cours de sa jeunesse ; partout il trouve des vieillards qui, zélés pour la continuation de ces travaux, se plaisent à instruire tel enfant pauvre en qui ils entrevoient un héritier de leur travail favori; de là vient que souvent un petit garçon sans fortune devient l'un des adeptifs d'une femme âgée, qui a reconnu en lui le continuateur de quelqu'un de ses travaux favoris, et lui fait un legs à ce titre.

C'est pour ménager ce beau ralliement, que la nature donne aux enfants des penchants différents de ceux des pères qui s'en plaignent amèrement en civilisation. Bientôt ils admireront la sagesse du créateur dans les harmonies sublimes que l'état sociétaire fait naître de cette diversité de goûts en même lignée (cinquième section).

En opposition à ces brillants accords, l'industrie morcelée n'aboutit en tout sens qu'à brouiller les âges opposés et les classes opposées; le salaire y devient un sujet de querelles interminables, et le commandement individuel un sujet de haines. Tout commandement arbitraire est humiliant pour celui qui obéit. L'individu en harmonie n'est jamais commandé que pour discipline convenue, collective, et consentie passionnément; dans ce cas il n'y a rien d'arbitraire dans l'ordre donné, rien d'offensant dans l'obéissance; tandis que la méthode civilisée ou régime de domesticité individuelle et salariée crée toujours double et souvent quadruple discorde, là où la méthode sociétaire produit double et quadruple charme, liens et accords de toute espèce.

Passant aux initiatives en attraction collective, je comptais en décrire trois ressorts:

L'emploi des passions ambigues (III, 435),

Les relations galantes aux armées,

L'échelle d'amour maternel. Je me borne au premier.

On appelle Groupes d'ambigu, Séries d'ambigu, les réunions mues par des goûts bâtards et méprisés parmi nous, où l'on n'en a aucun emploi. Démontrons l'utilité de ces prétendus vices, précieux en exercice combiné.

Je suppose qu'il s'agisse d'entreprendre un travail difficile,

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– MÉCANISME ET HARMONIES DE L'ATTRACTION. comme la plantation d'une forêt, pour couronner ou meubler une montagne nue qui dépare le canton: l'on ne trouvera guère à former une série qui veuille se charger passionnément de l'ensemble du travail; il faudra mettre en jeu une série d'ambigu, en rechange successif.

D'abord on fera agir la cohorte de salariés pour les premiers transports de terre et le dégrossissement du travail. (Je parle de la phalange d'essai, car au bout de trois ans on n'aura plus besoin de cohorte salariée).

Ensuite on fera intervenir les initiateurs, gens qui commencent tout et ne finissent rien, n'ont qu'un feu de paille limité à quelques séances : n'importe, ils sont précieux pour aider à franchir les premiers pas qui sont les plus épineux; ces caractères sont faciles à stimuler, l'entreprise la plus inconsidérée ne les effraie pas : ils mettront donc la main à l'œuvre, fourniront quelques séances de 2 heures, et lâcheront pied au bout d'une quinzaine, ainsi qu'on l'aura prévu. Entretemps l'ouvrage aura déjà pris couleur; les initiateurs aidés d'une cohorte salariée auront bien avancé le dégrossissement et placé quelques bouquets d'arbres sur divers points.

Alors on aura recours aux caractères occasionnels ou girouettes, gens versatiles tournant à tout vent, inclinant pour l'avis du dernier venu, et ne goûtant une nouveauté que lorsqu'elle commence à prendre crédit : ils jugeront l'entreprise très-plausible, quand ils la verront en activité, et s'adjoindront à ce qui restera des initiateurs aidés d'une masse de salariés.

On recourra ensuite aux ambiants ou fantasques, gens qui veulent s'entremettre dans ce qui est fait à demi, le modifier et remanier, refaire la maison à moitié construite, changer inconsidérément de fonctions, quitter même un bon poste pour un mauvais, sans autre motif qu'une inquiétude naturelle dont ils ne peuvent pas pénétrer la cause. Ils s'entremettront ardemment dans la plantation quand ils la verront avancée; on leur accordera quelque changement insignifiant pour les amadouer, et ils figureront pendant quelque temps dans ce travail avec le restant des coopérateurs précédents.

Viendront ensuite les caméléons ou protées, sorte d'ambigus très-nombreux en civilisation, gens qui s'engagent dans une affaire quand ils la voient en bon train. Ils ne voudront pas paraître insouciants pour l'entreprise parvenue aux deux tiers, et

opineront à y coopérer sans attendre la fin. Leur intervention avancera d'autant le travail qui, dès lors, approchera de son terme. Ce sera le moment d'engager les finileurs, gens qui se pas sionnent pour un ouvrage quand ils le voient presque achevé. Jamais il n'obtient leur suffrage au début; ils crient à l'impossible, au ridicule, se répandent en diatribes contre l'autorité qui fait une amélioration, traitent de fou le propriétaire qui construit, dessèche, innove en industrie.

Mais lorsque l'ouvrage en est aux trois quarts, ou voit ces aristarques changer de ton, se déclarer prôneurs de ce qu'ils ont tant décrié, prétendre, comme la mouche du coche, qu'ils ont aidé l'entreprise; on les voit souvent prôner cet ouvrage à ceux même qu'ils ont indécemment raillés pour l'avoir soutenu dans le principe. Ils ne s'aperçoivent pas de leur inconséquence, entralnés par la passion qui ne germe chez eux qu'au dénouement de l'affaire. C'est en France que ce caractère est le plus commun; aussi les Français revendiquent-ils, après coup, toutes les nouveautés qu'ils ont raillées à l'apparition.

Les Français ne manqueront pas de se montrer en finiteurs sur la fondation de l'harmonie ou Attraction industrielle. Ils ont débuté par diffamer l'invention et l'auteur; plus tard ils railleront les actionnaires fondateurs, puis ils commenceront à se raviser, lorsqu'ils verront s'avancer les dispositions du canton d'épreuve. Enfin, au moment de l'installation, ils rachèteront les actions au triple et au quadruple; ils prouveront que ce sont eux qui ont protégé l'auteur, qu'ils ont admiré, encouragé sa découverte. Et comme les extrêmes se touchent, les Français sont grands initiateurs sur les choses connues; aucun peuple n'est plus enclin à tout commencer sans rien finir, changer de plan sur un travail à moitié fait. On ne voit jamais chez eux un fils achever sur le plan du père, ni un architecte continuer sur le plan de son prédécesseur : les Français sont ambiants, ne pouvant se tenir fixément à un goût, à une opinion, passant brusquement d'un extrême à l'autre et amalgamant les contraires. Ils étaient, il y a un demi-siècle, pleins de mépris pour le commerce, ils en sont aujourd'hui plats adulateurs; ils se vantaient de loyauté, et maintenant ils sont dans le commerce, aussi faux que les Juifs et les Chinois.

Bref, on voit affluer chez eux tous les caractères d'ambigu que je viens de décrire. L'ambigu, en tous genres, est le caractère

national chez les Français; et quand les harmoniens, écrivant l'histoire de la civilisation, classeront les peuples par échelles de caractères, le Français y figurera comme type de l'ambigu et non de la loyauté.

On peut entrevoir ici que nos goûts les plus critiqués par la morale, seront utilisés et deviendront vertus précieuses en régime sociétaire. Les civilisés ne cessent de se railler l'un l'autre sur tel goût bizarre; en réponse à cette critique, je viens de décrire un ouvrage des plus pénibles, des plus rebutants, effectué passionnément par le concours de tous ces caractères ambigus.

Plus on avancera dans l'examen du mécanisme des Séries pas sionnées, plus on se convaincra qu'il existe surabondance de moyens pour attirer à l'industrie les masses comme les individus; que nos penchants, nos instincts, nos caractères même les plus bizarres, seront bons tels que Dieu les a faits, sauf à les employer en Séries passionnées; que le règne du mal ne provient aucunement des passions, mais du régime civilisé qui les emploie en exercice morcelé ou familial, d'où naissent autant de calamités que le régime divin aurait produit de bienfaits.

Résumant sur le sujet de ce chapitre, je pourrais indiquer beaucoup d'autres voies d'initiative en Attraction industrielle; mais il suffit de ces quatre :

Exercice parcellaire,
Intrigue de contact,

Domesticité indirecte,
Emplois d'ambigu (III, 135),

pour prouver que le monde social est hors des voies de la nature quand il distribue l'industrie par familles, méthode où la fourberie des relations, la longueur des séances, la saleté des ateliers, la complication des travaux, l'ingratitude des fonctions subalternes, l'injustice et l'égoïsme des maîtres, la grossièreté des coopérateurs, tout concourt à transformer l'industrie en supplice, et, qui pis est, !, à réduire le produit au quart de ce qu'il serait en régime sociétaire. L'état civilisé est donc l'antipode de la destinée, le monde à re-` bours, L'ENFER SOCIAL: il faut être frappé de la cataracte philosophique pour ne pas reconnaître cet égarement de la raison.

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CHAPITRE XXVI.

Engrenage des Séries par la gastronomie
cabalistique. ·

Dans le cours des sections précédentes et de la Préface, on a badiner sur une thèse plusieurs fois répétée et risible au premier abord; c'est (224) qu'en régime sociétaire la gourmandise est source de sagesse, de lumières et d'accords sociaux. Je puis donner sur cette étrange thèse les preuves les plus régulières.

Aucune passion n'a été plus mal envisagée que la gourmandise. Peut-on présumer que Dieu considère comme vice la passion à laquelle il a donné le plus d'empire ? (car il n'en est point de plus généralement dominante sur le peuple.) D'autres passions, l'amour, l'ambition, exercent sur les âges adulte et viril beaucoup plus d'influence; mais la gourmandise ne perd jamais son empire sur les divers âges : elle est la plus permanente, la seule qui règne depuis le berceau jusqu'au terme de la vie. Déjà très-puissante sur la classe polie, elle règne en souveraine sur le peuple et sur les enfants, qu'on voit partout esclaves de la gueule. On voit le soldat faire des révolutions pour qui veut l'enivrer; et le sauvage, si dédaigneux pour les civilisés, s'associer à leur industrie moyennant un flacon d'eau-de-vie, leur vendre au besoin sa femme et sa fille pour quelques bouteilles de liqueurs fortes.

Dieu aurait-il asservi si impérieusement les humains à cette passion, s'il ne lui eût assigné un rôle éminent dans le mécanisme auquel il nous destine ? Et si ce mécanisme est celui de l'Attraction industrielle, ne doit-elle pas se lier intimément avec l'attr ac tion gastronomique dite gourmandise? En effet, c'est la gourmandise qui doit former le lien général des Séries industrielles, être l'âme de leurs intrigues émulatives.

Dans l'état civilisé la gourmandise ne se lie pas à l'industrie, parce que le producteur manouvrier ne goûte pas des denrées exquises qu'il a cultivées ou manufacturées. Cette passion devient donc parmi nous l'attribut des oisifs; et par cela seul elle serait vicieuse, si elle ne l'était déjà par les dépenses et les excès qu'elle occasionne.

Dans l'état sociétaire la gourmandise joue un rôle tout opposé:

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