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goûts des divers âges et sexes; elle est très-bien liée a l'industrie locale, employant les produits indigènes combinément avec les exotiques.

D'ailleurs la phalange d'essai aura sur les lieux mêmes, une consommation assurée de ses produits de corf.serie, pour les curieux opulents qui viendront la visiter, y passer trois ou quatre jours : elle serait bien dupe de mettre cent mille francs, successivement à l'achat de confiseries dont la fabrication ne lui coûtera que moitié et favorisera beaucoup l'attraction industrielle.

Tel est, sauf erreur, le choix de fabriques spéculatives le mieux assorti aux convenances primaires d'une phalange d'essai : elle devra donc engager en ces trois genres, au moins une douzaine de bons maîtres d'enseignement, 4 pour chacune des 3 branches.

Toutefois ces manufactures quoique éminemment convenables, ne pourraient exciter aucune attraction, si les ateliers de la phalange étaient dégoûtants de saleté comme les nôtres qui, par leur exiguité, ne se prêtent pas aux dispositions d'agrément, au luxe et aux ressorts d'enthousiasme. Le luxe est premier but de l'attraction, c'est son premier besoin; il est donc difficile qu'elle naisse directement dans une industrie dont le luxe est banni. C'est le vice de tous nos ateliers civilisés.

Mais si le séristère de confiserie est construit pour une masse de 5 à 600 personnes, hommes, femmes et enfants, avec luxe des habits et instruments de travail; on pourra, même dans la pièce des fours qui est la plus malpropre, mettre de l'élégance : une graduation de fours garnis en marbres différents, des murs souvent repeints en gris ou brun, des bordures souvent rafralchies. Les autres pièces non enfumées seront susceptibles de tout ornement, et l'ensemble du séristère sera aussi séduisant que le sont, au premier de l'an, les chapelles sucrées de nos confiseurs.

Ces trois manufactures primaires sont faites pour entretenir pendant l'hiver de grandes séries bien intriguées, et suppléer aux lacunes d'attraction agricole.

Je passe aux fabriques secondaires qui sont des travaux attenants à l'agriculture, mais pouvant en être séparés et former fonction spéciale.

4 D.- La Fromagerie, fabrication des fromages et beurres: la phalange d'essai pourrait vendre ses laitages à la ville voisine; il sera mieux d'en fabriquer des fromages qui auront nécessairement

une supériorité par suite des soins qu'elle donnera aux pâturages et à la bonne tenue des bestiaux.

Le travail de la laiterie plaît aux femmes, c'est leur apanage; il plaît de même aux enfants. Le soin des fromages fournit pour les hommes diverses fonctions.

Cette fabrique se lie bien à l'éducation des troupeaux. Elle est très-propre à exciter des rivalités sur les divers systèmes de nutrition et d'éducation; ils seront jugés par la saveur des fromages tirés de trois divisions d'un même bétail diversement traitées. Si l'on vendait le lait, on ne pourrait pas savoir quel effet il produit à l'emploi en fromage et en beurre. Plus cet effet sera constaté, mieux les divers groupes se passionneront pour leurs méthodes réciproques. C'est donc une fabrication qui satisfait à la double règle de passion cabalistique et d'intérêt local.

5 E.-La Charcuterie et macération est encore un travail bien lié au mécanisme agricole, et attrayant même pour les femmes ; elles sont assez intelligentes à préparer la cochonnaille. Les hommes exerceront volontiers le travail de grande salaison, et les enfants ne craignent pas celui de triperie. D'ailleurs dans la partie rebutante on s'aidera de la cohorte des 100 salariés adjoints.

Cette fabrique doit être comptée parmi les attrayantes : elle se le cabalistiquement avec le soin des pourceaux qui seront trèsnombreux dans la phalange, pour consommer les énormes débris des tables et cuisines: on en formera plusieurs systèmes d'engrais, et la série des charcutiers opérera sur diverses qualités de porcs auxquels des variantes en aliments auront donné des saveurs différentes.

Dans cette industrie figurera la macération qui donne de beaux produits, tels que le bœuf fumé de Hambourg. Cette série sera fort utile pour habituer peu à peu les enfants au travail de boucherie, de manière qu'on puisse, au bout de deux ans, se passer de bouchers salariés et hors d'harmonie.

6 F. La Conserve artificielle de fruits et légumes, industrie fort étendue, attrayante et très-négligée en France, où on ne sait pas même conserver le haricot vert, comme en Allemagne, le pois vert, ie chou en chou-croûte, les prunes à gâteau, tant d'autres légumes et fruits dont les harmoniens garniront toute l'année leurs tables, même celles de classes inférieures ou troisième degré.

La France ne connaît guère que la conserve des fruits à l'eaude-vie, et de quelques vilenies, comme poires tapées. La phalange d'essai devra réunir toutes les branches de conserve artificielle, et en faire le travail principal de ses premiers essaims, qui seront installés avant l'entrée en demi-exercice : elle emploiera les procédés d'Appert et autres, pour donner la plus grande extension à cette série qui sera très-précieuse, tant pour la bonne chère de curieux payants, que pour celle du peuple qui, dans cette phalange, mangera des fruits et des légumes précieux, à l'époque où les grands des capitales n'en auront pas.

7 G.- La grèneterie de fleurs et légumes. L'art de recueillir, préparer, classer et conserver les graines, est à peu près inconnu en civilisation. Le paysan n'a sur ce point ni lumières ni moyens. Le travail de grènetier est confié à quelques hâbleurs mercantiles, aussi trompeurs que les pépiniéristes.

Ce travail occupera, dans la première phalange, une série distincte, avec qui chaque série et groupe agricole sera en relation. C'est une série embranchée, puisant dans toutes celles d'un ordre, dans toutes les séries du règne végétal. Son approvisionnement, destiné pour la vente, sera indépendant des graines que chaque groupe gardera pour son usage spécial.

X.-On s'étonnera si je désigne pour manufacture principale la LUTHERIE OU fabrique d'instruments à vent et à cordes: on objectera qu'elle satisfait peu aux deux conditions imposées.

C'est une erreur : elle se lie bien avec l'agriculture par emploi des bois, comme l'ébénisterie; elle s'allie bien aux facultés des femmes et des enfants par la marqueterie, les petits ouvrages de luxe en bois, en ivoire; en nacre, etc. Je suppose qu'on n'adopterait que les ornements en nacre, en bois et non ceux en cuivre.

Ce qui formera dans ce genre de travail le lien de passion, c'est que chacun, dans la phalange, deviendra musicien au bout de six mois, excepté chez les nations disgraciées d'oreille comme les Français; mais en Italie, en Allemagne; chacun deviendra musicien trois mois après l'organisation sociétaire; chacun s'occupera des instruments et prendra un vif intérêt à cette fabrication; elle passionnera les trois sexes, et favorisera le progrès musical, qui est de haute importance en éducation harmonienne.

Quant à l'intérêt pécuniaire, j'observe que rien ne sera plus précieux au début de l'association que les instruments de musique.

Li sera impossible pendant trois ans, de s'en approvisionner et de trouver subitement

Un million de jeux d'orgues,

Vingt millions de violons et altos,

Six millions de basses et contre-basses,

et en proportion tous les autres instruments d'orchestre et de fanfare.

En conséquence, la fabrique de lutherie sera très-digne de choix et très-profitable sous les rapports d'attraction industrielle et bénéfice. Du reste, on pourra la négliger.

K.-L'OISELLERIE, ou éducation de jolis oiseaux grands et petits, est encore un travail qui remplit très-bien les conditions, et dont les produits seront infiniment précieux, car toute phalange aura besoin de volières en divers genres. C'est une forte branche d'attraction et un moyen d'habituer les enfants de la classe riche à la dextérité dans le soin des colombiers. Cette industrie est dédaignée en civilisation, parce que les oiseaux deviennent insipides quand on les voit dans les boutiques sales et fétides des oiseliers de Paris, où l'on entasse pêle-mêle des criards et des chanteurs, tous dans des cages étroites, où ils sont comprimés et infectés.

Le séristère d'oisellerie sera un vaste colombier à plusieurs chambrées distinguant les espèces : toutes y seront tenues dans le plus grand luxe et commodément, en grand espace, avec ombrages et arbustes enfermés dans les cages d'été, avec ruisseaux, gazons et tentes. Les incommodes, comme les perroquets, seront assez éloignés pour ne pas troubler les espèces harmonieuses ou paisibles.

L'oisellerie est une branche d'industrie qui n'a jamais pu être exercée en grand chez les civilisés : elle sera l'une des curiosités de la phalange d'essai.

Il suffira bien de ces fabriques spéculatives pour ménager à la première phalange un commerce de produits manufacturés, avec les autres qui s'élèveront autour d'elle. Quant aux civilisés, il sera indifférent qu'elle manque de commerce avec eux dans ses débuts. car le régime de négoce véridique ne pourra être établi qu'entre phalanges, et tout commerce avec des êtres faux comme les civilisés, ne pourrait exciter dans aucun cas des intrigues favorables à l'attraction industrielle.

Quelques fondateurs opineront à choisir des fabriques plus distinguées que D, E, comme seraient la broderie et la passemente

DISPOSITIONS DE LA PHALANGE D'ESSAI. rie, propres à passionner le sexe féminin; mais ce sont deux travaux fort ingrats quant au bénéfice; d'ailleurs, ils ne peuvent comporter qu'un des deux liens exigés; celui d'affinité en passion; mais non pas celui d'affinité avec le produit local.

Ces deux fabriques n'alimenteraient donc pas des intrigues de rivalité dans les exploitations du règne animal et végétal; tandis que la fromagerie et la charcuterie, fabriques non élégantes, et pourtant adaptées au goût des femmes, se lient aux travaux de règne animal et règne végétal, par rivalités sur les systèmes de nutrition, les qualités des laitages et viandes.

La broderie et la passementerie présentent l'avantage de convenir pour l'hiver aux deux classes riche et moyenne; mais cette convenance ne repose que sur l'absence d'intrigues, dont ces deux classes sont fort dénuées dans leur domestique. Ce vide spirituel n'aura plus lieu en association. Du reste, on peut admettre ces deux fabriques et d'autres qu'il serait trop long d'examiner.

Je ne prétends pas que les neuf, cotées A BC, DEF G, X, K, soient exclusivement convenables pour la phalange d'essai. Je répète que le choix des fabriques spéculatives propres à intriguer une série de groupes, devra se proportionner aux moyens locaux que je ne peux pas prévoir : j'ai voulu seulement enseigner l'application de la règle qui doit servir de boussole en pareil choix, c'est d'établir le double lien d'intrigue cabalistique et d'intérêt local entre les sociétaires et leurs cultures.

CHAPITRE XVI.

Distinction entre les séries faussées et les hongrées,

Nous passons des fabriques spéculatives aux fabriques usuelles, qui peuvent fournir une douzaine de séries en fonctions obligées, comme buanderie, travail sur bois, sur cuir.

Ces séries que je vais indiquer, seront la plupart défectueuses, peu compatibles avec deux des trois règles posées au chapitre vi, la compacité d'échelle et l'exercice parcellaire. C'est un vice inévitable pendant quinze à vingt années d'initiative sociétaire.

Les fonctions non compactes en échelle pourront s'élever à une cinquantaine de genres et une douzaine de séries dans la phalange d'essai; elle ne voudra pas être dupe des ouvriers de la ville, ni les appeler chaque fois qu il y aura un clou à poser; ce

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