Obrazy na stronie
PDF
ePub

sont bien marqués sur la seconde et la quatrième syllabe, c'est-à-dire que les pieds iambes sont bien décidés : on le sent bien à leur douce harmonie : ils sont très-commodes pour la musique.

Quelques vers sont défectueux sous le rapport de ces accens: alors, moins commodes pour la musique, leur prosodie sera en contradiction avec le chant. Mais puisqu'on a pu observer exactement la mesure métrique dans la plus grande partie de ces vers, qui voudra contester qu'on ne pourrait soutenir la même exactitude dans les autres?

§ 306. Sans que je m'engage à comparer avec ce vers français toutes les autres règles et observations que j'ai faites sur le settenario italien, il suffit de dire en un mot qu'elles conviennent parfaitement au settenario français, comme mes lecteurs pourront l'observer par eux-mêmes.

§ 307. De tout ce que nous avons observé sur la nature du vers settenario qui est réellement le même dans les deux langues italienne et française, on peut avancer franchement, qu'il est plus facile aux Français qu'aux Italiens d'obtenir dans cette espèce de vers l'exacte mesure et l'harmonie qui puisse se concilier avec la mesure musicale. La raison en est, que ces sortes de vers sont composés de pieds à deux tems en rhythme iambe or la langue française, par son propre génie, abonde immensément en pieds iambes, pendant que l'italienne est riche en pieds trochées, comme nous l'avons observé aux §§ 44, 45, 46, et comme personne ne peut l'ignorer. Il est donc évident que la langue française par cette abondance de mots iambes peut, mieux que l'italienne, combiner facilement trois pieds pour former le vers settenario trèsharmonieux.

$308. Quelque petit esprit italien sera scandalisé de cette

conclusion. Qu'il tâche au moins de m'éclairer sur les règles de logique qui peuvent la rendre illégitime.

CONTINUATION DU MÊME ARTICLE II.

DU VERS ITALIEN

DIT MARTELLIANO OU ALESSANDRINO.

$309. Deux vers settenarii réunis ensemble, et placés de suite dans l'écriture, forment ce qui en italien s'appelle vers martelliano ou alexandrin: comme dans l'exemple suivant pris de la comédie de Goldoni, dont le titre la Peruviana, act. IV, sc. 3. Deterville parle à Zilia :

« Perchè sfuggirmi ingrata? - Zilia perchè sfuggirmi?
» Non mi chiamar nemico -se amante non vuoi dirmi,
» Ai tu rossor ch' io sappia - ch' ami un amante infido?
» Colpa non à il tuo core che di costnaza è nido.

» Mas' ei crndel ti lascia s'altra bellezza onora,
» Vendica i torti tuoi, -volgiti a chi ti adora. »

$310. On les appelle alessandrini, parce qu'ils ne sont que l'imitation parfaite des vers héroïques français dits alexandrins, que les Français eux-mêmes ont imité d'une ancienne rapsodie qui célébrait la vie d'Alexandre-leGrand, comme l'observent l'abbé Fauchet et Pasquier.

On les appelle Martelliani du nom de l'auteur italien Jacques Martelli, savant très-ingénieux, qui voulant soutenir que le vers italien-héroïque n'était un vers qu'en grace de la rime, voulut introduire et emprunter pour la poésie italienne les vers alexandrins français, dont il recounut l'harmonie et la gravité digne des vers tragiques. «E' forza confessare, disait-il, che il lor verso ales» sandrino (il parle du vers héroïque des Français) » avvegnacchè d'un suono non molto ritondo o colante, è

» assai comodo per la sua lunghezza ad esprimere inte>> ramente qualunque difficile sentimento: à le rime che » per esser troppo contigue dovrebbero stomacare con » troppa dolcezza, scemando ancora la gravità, e la » maestà de' ragionamenti; pur tuttavia non lo fanno,

mercecchè non si ascoltano così da vicino come si ve» dono; e dall' una rima interponendo una distanza di » dodeci sillabe, non viene ad essere infastidito dall' » uniformitá di troppo frequenti cadenze, la correspon» denza delle quali è pur interrotta nel recitarli colla po>> satura che interviene sulla sesta, o sulla settima, etc. »

Dans cette persuasion il composa ses tragédies en vers alexandrins, comme on peut le voir dans ses tragédies La Perselide, Procolo, Ifigenia in Tauro, et Rachele.

Quoique Jacques Martelli ait pu avoir beaucoup de raison d'admirer, et d'imiter les vers alexandrins des Français; il a eu cependant un très grand tort de mépriser notre vers héroïque-italien, si admiré par les étrangers mêmes.

:

S 311. Ce nouveau genre de versification plut aùx Italiens, et trouva beaucoup d'imitateurs le célèbre Goldoni et l'abbé Chiari s'en servirent en plusieurs de leurs comédies on s'en sert aussi pour de petites poésies en style épistolaire, en des chapitres burlesques, et même en des matières graves : comme

Gli uomini no, ma solo la sapienza eterna

Sia in pace, o siasi in guerra noi popol suo governa.

[ocr errors]

$312. Ces vers comme on voit, sont composés de quatorze syllabes; mais on est libre de les compter de sept en sept avec les mêmes règles qui ont été exposées sur le vers settenario. En conséquence leur rhythme marche constamment en pieds iambes jusqu'à la fin. A

mesure qu'on y néglige les accens le vers devient grave et majestueux: il devient très-doux et très-coulant, si les règles des accens sont exactement observées.

COMPARAISON DE CE VERS

AVEC LE VERS ALEXANDRIN DES FRANÇAIS.

§ 313. Il n'y a aucun littérateur italien qui ne soit parfaitement persuadé que l'alexandrin italien et le français sont les mêmes : leur ressemblance est frappante: l'oreille, la plus rebelle, y reconnaît la même coupe, le même nombre, la même harmonie (1). Mais ce vers en italien est un composé de deux settenarii : donc en français il est composé aussi de deux settenarii.

§ 314. La force de ce raisonnement est imposante : mais elle ne serait rien pour moi, si elle n'était confirmée par des faits, et par une application exacte sur chaque vers alexandrin-français.

Prenons, par exemple, et au hasard, ces vers de la Henriade de Voltaire :

Ce dangereux enfant si tendre et si cruel,

Tient en sa faible main - les destins de la terre,
Donne avec un sourire

et la paix et la guerre ;

Et répandant partout ses trompeuses douceurs,
Ranime l'univers - et règne en tous les cœurs.

(1) Le P. Affò, dans son Dictionnaire della Poesia volgare italiana, après avoir démontré que le vers alexandrin des Français est absolument le même que l'italien partagé en deux vers settenarii, s'écrie : « Con» viene esser di stucco per non accorgersi che il settenario francese »

Je chante Henri-le-Grand

» à la medesima armonia, e la stessa disposizione d'accenti che à, messo » in italiano,

Io canto Enrico il grande.

Partageons en deux chacun de ces vers à l'endroit de l'hémistiche et l'on verra tout de suite que chacune de ces parties est un vers settenario, c'est-à-dire de sept sillabes s'il est piano ou féminin, de six syllabes s'il est tronco ou masculin.

Je vais improviser quelques vers alexandrins italiens :

Madama ritornate nel vostro appaltamento.

[ocr errors]

et je place vis-à-vis l'équivalent en français, qui est une traduction de mot par mot, syllabe par syllabe, et qui fait sentir la même harmonie que celle du vers italien :

Madame, retournez dans votre appartement. Rac.

encore d'autres semblables :

Che incanto àvran per voi questi occhi sfortunati
Che ad un eterno pianto avete condannati?
Quel charme auront pour vous des yeux infortunés
Qu'à des pleurs éternels vous avez condamnés?
Io v' offro la mia mano posso sperar ch' ancora
Con essa accetterete, un core che vi adora.
Je vous offre ma main; puis-je espérer encore
Que vous accepterez un cœur qui vous adore.

Rac.

Rac.

$315. Ce n'est pas assez encore. L'on demande plus d'évidence il faut prouver par le fait, que ces septenarii sont réellement munis des mêmes accens, des mêmes pieds iambes, selon les règles établies aux §§ 292, 293, 303, 305. Les voici :

Ce dangereux enfant,
Si tendre et si cruel,

Ranime l'univērs

Et regne en tous les cœurs, etc.

5316. Ce n'est pas cependant que dans tous les hémistiches des cinq grands vers cités, et dans tous les alexandrins, dont sont composées toutes les tragédies françaises, on puisse trouver exactement trois pieds iambes : nous

« PoprzedniaDalej »