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J.

très-parfaitement à la pieté. Délivrez-nous de l'ignorance qui nous feroit prendre pour notre Dieu quelqu'autre chose que vous; ou qui nous feroit faire pour vous honorer ce qui ne vous feroit pas agréable. Et puifque nous avons reçu de vous l'être, le mouvement & la vie; faites que nous ne vivions que pour vous, que tous les mouvemens de notre ame tendent à vous, que tout notre être foit à vous qui ne nous l'avez donné que pour vous.

EXPLICATION DE L'EVANGILE."

Donnez-vous de garde du levain des Pharifiens, qui eft l'hipocrifie. S. Luc raporte que Luc 12 le Fils de Dieu dit ces paroles à fes Difciples de vant une grande multitude de perfonnes qui acouroient à lui de tous côtcz. Il venoit de prononcer malheur fur les Pharifiens, & de leur reprocher leurs déreglemens. Ici il avertit fes Apô tres de fe défier d'eux, & de ne fe pas laiffer furprendre par les aparences trompeufes de leur fauffe fainteté, qui n'étoit qu'une veritable hipocrifie. Il avoit dit la même chofe de leur do&trine, & il l'avoit auffi apellée du nom de levain. . Car le levain dans l'Ecriture, fe prend en langage figuré pour tout ce qui fe communique & fait impreffion aifément, comme le levain s'infinue dans la pâte & lui imprime fa faveur. Il fe prend donc tantôt en bonne part, comme quand notre Seigneur compare le roiaume du ciel, ou la doarine de l'Evangile, à du levain qui fait lever la pâte; & tantôt en mauvaife part, comme quand S. Paul ordonne aux Corinthiens de fe purifier du vieux levain, en chaffant un d'entr'eux qui avoit cominis un incefte. La

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La méchante doctrine eft donc à craindre, & fur tout quand elle eft acompagnée d'un exterieur compofé, tel qu'étoit celui des Pharifiens, La profeffion qu'ils faifoient de garder exactement les preceptes de la loi leur donnoit une grande autorité fur l'efprit du peuple, qui recevoit aisément d'eux les traditions humaines par lefquelles ils avoient alteré la loi de Dieu. L'hipocrifie eft encore en un autre fens un levain pernicieux qui corrompt les meilleures actions. Car combien de bonnes œuvres les Pharifiens faifoient-ils inutilement; parce que ne les faifant que pour s'attirer l'eftime des hommes, ils n'en devoient attendre de Dieu aucune récompenfe? Combien de bonnes œuvres devenoient-elles mauvaises en eux, parce qu'elles n'avoient point d'autre principe que l'orgueil, que cette cupidité, que S. Auguftin dit être la fource de tout mal,. comme la charité eft la racine de tout bien ? li faut donc en deux manieres fe donner de garde du levain de l'hipocrific: 1. En ne fe laiffant pas féduire par les hipocrites: 2. En ne fe laiffant pas corrompre par l'hipocrifie. Défions-nous d'une fainteté affectée; & craignons pour nousmêmes le defir d'être louez du bien que nous faifons; puifque nous devons craindre jufqu'à la complaifance fecrette & interieure, nous fouvenant que notre amour propre fe peut gliffer dans toutes nos actions; & que comme un levain dangereux, il n'eft capable que de gâter tout.

Il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, Et par confequent le mafque de l'hipocrifie fera bevé quelque jour, & l'on verra cet orgueil caché, & cette corruption qui étoit couverte fous une fauffe apparence de vertu. Le Seigneur 1.Cor. 4. viendra, dit l'Apôtre, & il produira au jour ce 5. Tome X.

D

Paris

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qui eft caché dans les tenebres. C'est alors que chacun recevra de Dieu la louange qui lui fera due. On peut bien tromper les hommes pour un tems; mais on ne trompe point celui qui fonde les cœurs.Heureux ceux qui meritent d'être louez par celui qui ne peut ni louer ce qui est blamable, ni condanner ce qui eft digne de louange.

Ce que vous avez dit à l'oreille dans des chambres fera publié fur les toits. Toutes ces manieres de parler étoient des proverbes ufitez parmi les Juifs. Le deffus de leurs maifons étoit plat en forme de terraffe où l'on fe promenoit, & d'où l'on pouvoit parler à ceux qui étoient dans des rucs. Comme on monte fur un lieu élevé pour fe faire entendre de beaucoup de monde; on difoit en maniere de proverbe, Publier fur les toits; pour dire, Publier par tout, & devant

tous.

Le Fils de Dicu se servoit assez ordinairement · de ces proverbes ufitez, & en faifoit diverfes applications. Il s'étoit déja fervi une fois de celuici pour exhorter fes Apôtres à précher hardiment & hautement les veritez dont il les inftruifoit en particulier, & à ne point craindre les calomnies & les perfécutions des hommes; parce que puifqu'il n'y a rien de caché qui ne doive être un jour découvert, ils devoient s'affurer que leur innocence feroit à la fin reconnue & honorée de tout le monde. Ici il paroît leur vouloir faire craindre l'hipocrifie, parce qu'elle fera découverte tôt ou tard, & que le mal qu'on aura fait en fecret fera expofé aux yeux de tout le monde. Ainfi de cette feule verité, qué tout fera connu, J. C. tire deux conclufions importantes. L'une, qu'il faut dans les ocafions confeffer librement & gencreufement la verité. L'autre, qu'il ne faut point

chercher à paroître vertueux, mais à l'être effe&tivement; d'autant que les aparences cefferont, & qu'on fera connu alors pour ce qu'on aura été.

Ne craignez point ceux qui tuent le corps, & qui après cela n'ont rien à vous faire. davantage : Parce que, comme J. C. le dit ailleurs, ils ne peuvent tuer l'ame. Celui-là doit être le plus craint qui peut faire le plus de mal. Or les hommes, quelque puiffans qu'ils foient, ne peuvent faire mourir que le corps ; & après qu'ils l'ont fait mourir, ils n'ont plus rien à lui faire qui foit fenfible, & qui faffe de la peine à celui qu'ils vouloient tourmenter. Mais Dieu qui eft le Maître de la vie & de la mort, le Createur & le Seigneur du corps & de l'ame, peut détruire l'un & l'autre; & ce qui eft plus à craindre, peut tourmenter l'un & l'autre pendant toute l'éternité. C'est ce que le Fils de Dieu veut dire par ces mots : Craignez celui qui après avoir ôté la vie, a encore le pouvoir de jeter dans l'enfer. Ce qu'il exprime ainfi dans S. Matthieu: Craignez celui qui peut perdre dans l'enfer le corps & l'ame. Il ne dit pas, qui peut tucr; mais qui peut perdre, Ce n'eft pas que ce qu'il fera fouffrir aux dannez dans l'enfer ne s'apelle une mort, parce que Pame y fera vraiment morte, puisqu'elle y fera à jamais feparée de Dieu qui eft fa vie. Mais cette mort ne fera pas la deftruction de l'être ni de l'ame ni du corps; au contraire le corps fera reffuscité & réuni à fon ame, afin de fouffrir avec elle ce qu'il aura merité. Dieu perdra donc l'un & l'autre en les livrant tous deux à un feu & à des fuplices qui ne finiront jamais, & faifant fentir éternellement à l'ame une doulcur infinie de fe voir privée du bonheur éternel qu'elle pou

voit meriter. Voilà ce qui fera plus dur que mille morts, puis que felon la parole de l'Écriture, les dannez defireront la mort fans la pouvoir obtenir; fouhaiteront que les montagnes les écrafent pour les dérober à la colere de l'Agneau; & enfin aimeront mieux n'être plus du tout que de n'être que pour fouffrir éternellement.

N'eft-il pas vrai que cinq paffereaux, c'est-àdire, cinq des plus petits & plus vils oifeaux, fe donnent pour deux petites pieces de monnoie? J. C. aiant fait voir qu'on doit plus craindre la perte éternelle du corps & de l'ame, que la feule mort temporelle du corps, fait voir maintenant à fes Apôtres, qu'ils ne doivent pas même craindre la mort du corps, par une confideration tirée de la puiffance & de la providence de Dieu. Celui qui peut perdre le corps & l'ame de fes ennemis, peut fauver la vie corporelle de fes amis & de fes fervitcurs. S'ils mouroient malgré lui, ce feroit parce qu'il ne le fauroit pas, ou parce qu'il ne le pourroit pas empêcher. Or il peut l'empêcher, parce qu'il eft le Tout-puiffant; & il n'ignore pas ce qui leur arrive, parce que rien n'échape à fa providence. Comme il a tout créé, il gouverne tout, & il a foin de tout. Rien ne fubfifte ou ne perit que par fes ordres. Il n'y a rien de plus vil que ces pctits oifeaux qu'on a prcfque pour rien cependant il n'y en a pas un feul qui foit en oubli devant Dieu, il n'en tombe pas un, c'est-à-dire, il n'en meurt pas un, fans que Dieu le fache, fans qu'il l'ordonne. Comment donc feroit-on mourir un homme, la plus noble des créatures corporelles, à l'infçu & contre la volonté de celui fans l'ordre duquel le moindre des oifeaux ne tombe pas à terre?

Les cheveux même de votre tête font tous com

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