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miniftere. Il ne leur défend pas de vivre fur le leur, & il ne les oblige pas de recevoir des Fidéles les chofes dont ils auroient befoin; mais il le leur permet feulement, en forte néanmoins qu'il leur foit permis de n'ufer pas de cette permiffion, comme S. Paul en effet n'a point voulu en user en 1. cor... certains lieux, où il a cru qu'il feroit plus de fruit 15. s'il prêchoit gratuitement l'Evangile.

4. Rois

4.29.

Ne faluez perfonne dans le chemin. C'étoit aparemment une espece de proverbe, pour fignifier qu'il falloit faire une chofe avec diligence. Car nous voions qu'Elifée cnvoiant fon ferviteur chez fon hôteffe de Sunam, lui dit de même: Si vous rencontrez quelqu'un ne le faluez point. On dit que les Orientaux fe faluoient avec beaucoup de complimens & de ceremonies.. Ainfi ces paroles,> Ne falucz perfonne en chemin, veulent dire : Que rien ne vous arrête & ne vous detourne. Faites promtement ce qui vous eft ordonné: & imitez un voiageur, qui étant preffé, ne s'amufe point à discourir avec ceux qu'il rencontre, parce qu'il veut avancer.

J. C. ne défend donc pas les marques de refpe&t & de civilité qu'on fe doit les uns aux autres: au contraire il veut que fes difciples difent en entrant dans une maifon: Que la paix foit dans cette maifon. C'étoit la maniere de faluer ufitée parmi les Juifs, qui par ces paroles fouhaitoient toute forte: de biens à ceux qu'ils faluoient.

Sils'y trouve quelqu'enfant de paix,c'cft-à-dire qui foit digne de la paix, & des biens que vous lui fouhaiterez; comme enfant de mort dans l'Ecriture, fignifie un homme digne de mort: Votre paix repofera fur lui; finon, elle retournera fur vous. En ne recevant pas votre parole, il ne recevra pas non plus l'effet de votre priere. Il faut Tome X. H

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recevoir l'Evangile pour jouïr des biens que promet l'Evangile. Si on ne lui obéit pas, la prédication qui eft inutile à l'auditeur, ne laiffera pas d'être utile au Predicateur, dont Dieu recompenfera le zele & le travail, & qui jouira feul des biens qu'il vouloit communiquer à fon auditeur.

Demeurez, en la même maison. J. C. avoit ordonné à fes Apôtres de choifir en chaque lieu où ils iroient les plus honnêtes gens, & de demeurer dans la maifon qu'ils auroient choifie, tant qu'ils Matt.1. demeureroient dans le même-lieu. C'eft ce qu'il

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z. Cor. 9.

II.

repete ici, ne voulant point que fes difciples en changeant continuellement de demeure, faffent paroître de la legereté & de l'inconftance dans leur conduite, ou faffent injure à leurs hôtes en allant chez d'autres, comme s'ils devoient y être mieux.

Mangeant & buvant de ce qu'il y aura; car celui qui travaille merite fa recompenfe. Il repete encore auffi-tôt la même chofe, en difant : Ne paffez point de maison en maison, & en quelque ville que vous vous trouverez, mangez ce qu'on vous prefentera. Voici donc le fens de ces paroles: Ne faites aucun fcrupule de manger ce que vous trouverez chez vos hôtes, & de vivre à leurs dépens; parce que celui qui travaille merite fon falaire. D'ailleurs ne foiez pas delicats pour le manger; ne changez pas votre demeure pour faire meilleure chere en une autre ; contentez-vous de ce qui vous fera presenté. Ainfi il leur permet de recevoir leur nourriture, parce qu'ils travaillent; & il apelle du nom de recompenfe ce qui leur fera donné, parce qu'il leur doit être donné comme un falaire qu'ils auront gagné par leur travail. Car, comme dit S. Paul, fi nous avons femé chez vous des biens fpirituels, eft-ce une

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une grande chofe que nous recueillions quelque fruit de vos biens temporels?

Les Chrétiens ne doivent donc pas regarder comme de fimples aumônes, ce qu'ils donnent aux ministres fidéles de l'Evangile; ils doivent rougir au contraire de ce qu'ils ont fi peu de foin de ceux qui fervent l'Eglife, puifqu'ils marquent par là & le peu de zele qu'ils ont pour la maison de Dieu, & leur peu de reconnoiffance pour la grace que Dieu leur a faite de les apeller dans fa maifon. Qu'ils écoutent l'Apôtre qui dit: Que Gal. 6.6% celui que l'on inftruit dans les chofes de la foi, affifte de fes biens en toute maniere celui qui l'in ftruit. Mais auffi que ceux qui inftruifent, ne reçoivent pas l'affiftance dont ils ont befoin comme le prix de leur miniftere. Malheur à eux s'ils préchent l'Evangile pour avoir de quoi manger, au lieu qu'ils ne doivent recevoir leur nourriture que pour prêcher l'Evangile. Dieu même doit être la recompenfe de leur travail, s'ils ne travaillent que pour lui, s'ils n'ont en vue que fa gloire & le falut des ames; & s'ils travaillent non feulement fans interêt, mais encore avec la difpofition de donner & leurs biens & leur vie pour le fervice de celui qui les envoie. :

Gueriffez les malades. Il leur donne pouvoir de: faire des miracles, & il veut qu'ils ufent de ce pouvoir pour faire du bien à ceux qui les auront reçus. Les guerifons miraculeufes concilioient les efprits, & les difpofoient à recevoir la parole de falut. En les guériffant on leur difoit: Le regne de Dieu est proche de vous. Le regne que vous attendez, le Meffie par qui vous cfperez que toutes chofes feront rétablies, eft arrivé. C'eft lui:: que nous vous annonçons ; c'est devant lui que nous marchons pour vous preparer à lui donner

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entrée non feulement dans vos maisons, mais encore dans vos cœurs. C'est par ces paroles; Le regne de Dieu eft proche, que S. Jean, JefusChrift, les Apôtres, les difciples, ont tous commencé leur prédication.

LE regtic de Dieu arrive encore tous les jours, Seigneur; dans la priere que vous-même nous avez apprife, nous demandons qu'il arrive. En vain pour nous vous avez paru fur la terre, fi vous ne regnez par votre grace dans nos cœurs. C'eft pour vous y preparer un trône que vous envoicz vos predicateurs: l'Evangile que nous lifons eft encore votre precurfeur; puifque fi nous recevons votre parole, nous vous recevrons auffi vousmême.

Vos Evangelistes avoient ordre de laiffer ceux qui ne les recevroient pas, & de fecouer la pouffiere de leurs piés pour fervir un jour de témoignage contre eux. Que nous avons à craindre que la verité qui nous éclaire dans votre Evangile, ne fe retire de nous pour punir le mauvais ufage que nous en faifons; qu'il ne s'éleve au lieu d'elle une pouffiere qui nous aveugle, & qu'au dernier jour cette même verité que nous aurons méprifée, ne fe faffe voir à nous, & ne rende contre nous un témoignage qui fera fuivi de notre condannation!

Seigneur, qui envoiez vos difciples vous pre-.. parer la voie, vous prépariez vous-même par votre grace, les cœurs de ceux qui devoient recevoir vos difciples. Faites encore la même chofe, mon Dieu; difpofez nos cœurs à bien recevoir votre parole, & par l'obéiffance à votre parole nous meriterons de vous recevoir vous-même, & de voir établir votre régnc en nous.

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LE XIX. OCTOBRE,

S. PIERRE D'ALCANTARA, Double.

Saint Pierre, né de parens nobles à Alcanta ra en Efpagne, entra à l'âge de feize ans dans r'Ordre de S. François, où il fe rendit un modéle parfait de toutes les vertus religicufes. Etant entré par obeïflance dans le miniftere de la prédication, il prêcha fortement & efficacement la penitence; mais plus encore par fes exemples, que par fes paroles. Car il affligeoit fon corps par des jeûnes, des veilles, des cilices, & des difciplines prefque continuelles. It s'expofoit indifferenment aux plus grands froids & aux plus grandes chaleurs ; & il n'y a point d'aufterité qu'il n'ait exercée pour executer fi délement la refolution qu'il avoit prife, de ne donner aucun repos à fa chair pendant cette vie. Il eut un grand zele pour la reforme de fon Ordre, & il cut le bonheur de l'établir dans l'Espagne, & même dans les Indes. Son humilité lui fit refufer les emplois que lui offroicnt les Princes qui le confultoicnt comme un oracle; & il ne voulut pas être le Confeffeur de l'Empereur Charles V. Il avoit neanmoins un talent particulier pour la conduite des ames, & Dieu lui avoit donné le difcernement des efprits: ce que fainte Therefe reconnut avantageufement pour elle dès la premiere fois qu'elle le vid. Il la confola, il l'anima, il lui éclaircit fes tenebres, & lui leva tous les fcrupules; en forte que depuis elle eut une grande confiance dans fes confeils, & dans fes prieres. Il mourut dans la foixante-troifiéme année de fon âge, à l'heu

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