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,,rez de la foi, & fe font embaraffez en une in,,finité d'affli&tions & de peines.

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Qui defire donc d'être riche, defir la tentation, & en quelque maniere, le peché; puifque ce defir, felon la doctrine de S. Paul, eft la racine de tous les maux. C'est ce que le Sage femble nous avoir marqué dans le commencement de cette Epître par ces paroles: Heureux l'homme qui s'eft trouvé fans tache, & qui n'a point couru après l'or, &c. comme s'il vouloit dire que la plus part des taches, c'est-à-dire des grands défauts, viennent ou du defir des richelles ou de leur mauvais ufage. Il ne veut pas que le riche, pour être heureux mette fa confiance en fon argent : & S. Paul apelle cette confiance, une efpece d'idolâtrie; parce qu'elle fait atendre des richeffes, ce qu'on ne doit atendre que de Dieu, en qui feul l'homme doit fonder toutes fes efperances. Après quoi il ne faut pas s'étonner fi le même Apôtre dit que defirer des richcffes, s'cft s'expofer au peril de perdre la foi; & fi J. C. nous affure luimême, qu'il eft impoffible, felon l'homme qu'un riche fe fauve, puifqu'il ne peut fe fauver qu'en méprifant fes richeffes, qu'en les vcrfant liberalement dans le fein des pauvres qu'en évitant d'y atacher fon coeur, & d'y mettre fa confiance.

Il n'y a que la grace du Seigneur qui puisse operer des effets fi extraordinaires, que le Sage ne craint pas d'apeller du nom de miracles: I a fait des miracles dans fa vie. Pourquoi donc defirer des biens qu'il ne faut point aimer, quand on les poffede; qui ne peuvent fervir qu'en les perdant volontairement ; & qui font perdre à quiconque les veut garder, le plus grand & le plus

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folide de tous les biens, qui eft la vie éternel. le? Il cft certain que fi nous jugions des biens & des maux éternels comme nous jugeons des biens & des maux de cette vie : un petit bien qui nous en peut faire perdre un grand, nous pafferoit pour un mal; & nous paroîtroit bien plus digne de notre averfion, ou au moins, de nos craintes, que de nos efperances & de nos defirs.

SOicz vous-même notre tréfor & nos richeffes, Seigneur ; & nous mépriferons les richeffes de la terre, foit que nous les aions, foit que nous ne les aions pas. Faites-nous connoître que vous feul étcs tout notre bien; qu'en vous poffedant nous ne pouvons être pauvres, quoique tout le refte nous manque : & que quand tout le monde feroit à nous, nous ne pouvons être riches & heureux, fi nous ne vous avons pas.

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EXPLICATION DE L'EVANGILE.

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Ve vos reins foient ceints. J.C. dit ces pa- Lue 1 roles à fes difciples cinq ou fix mois avant is. fa Paffion. Il fe fert de deux comparaisons differentes, pour leur aprendre à veiller fur euxmêmes l'une prife des ferviteurs qui atendent le retour de leur maître ; & l'autre d'un pere de famille qui atend le voleur.

Que vos reins foient ceints. Les Juifs portoient des habits longs, qu'ils trouffoient lors qu'ils alloient en voiage. Les ferviteurs les relevoient auffi, & fe ceignoient lors qu'ils avoient quelque fervice à rendre à leurs maîtres, où il fal

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loit de l'action. Voici donc en quoi confifte la comparaison de notre Seigneur. Comine les bons ferviteurs qui atendent pendant la nuit, leur maître qui doit revenir d'une nôce, fe ceignent, afin d'être tout difpofez à lui rendre les fervices qu'il exigera d'eux; & tiennent leurs lampes alumées & toutes prêtes, afin de l'éclairer quand il fera arrivé: de même, veillez dans l'atente du fecond avenement du Fils de l'homme.

S'étant ceint il les fera mettre à fa table, & viendra les fervir. Le Fils de Dieu pourfuit la même comparaifon. Un maître qui auroit été atendu de fes ferviteurs en la maniere qu'il a raportée, marqueroit une grande bonté envers eux, s'il fe ceignoit à fon tour pour les fervir; s'il les faifoit mettre à table, & s'il leur prefentoit lui-même les viandes, allant de tous côtez pour avoir foin que rien ne leur manque. Cet honneur extraordinaire qu'il leur feroit, n'eft qu'une legere image de la recompenfe que doivent atendre de Dieu ceux qui ne s'ocupent ici bas que du foin de lui obéir, & de faire fa volonté. Les ferviteurs qui n'auroient point foupé pour atendre le retour de leur maître, fe trouveroient bien recompenfez de leurs veilles par le repas qu'il leur feroit faire lui-même à fa table après fon retour: & tous ceux qui pour ne manquer à rien de ce qu'ils doivent à Dieu, auront negligé ou méprifé quelques biens & quelques commoditez paffageres, recevront, felon la parole de J. C. même, le centuple de ce qu'ils auront quité, & feront recompenfez de tout ce qu'ils auront bien voulu perdre, par une gloire qui furpaffera infiniment leurs merites & leurs efperances.

S'il arrive à la feconde, ou à la troifiéme veille. Les anciens féparoient la nuit en quatre veil. les: la feconde finiffoit, & la troifiéme commençoit à minuit. Ainfi J. C. appelle heureux ces ferviteurs qui ne s'ennuient point d'atendre leur maître, & qui font toujours prêts de lui ouvrir à quelque heure de la nuit qu'il arrive.

Le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous n'y pensez pas ; & il viendra, dit-il ailleurs comme un voleur. Or quiconque fauroit à quelle heure de la nuit le voleur doit venir, il veilleroit à cette heure: & s'il favoit fimplement que le voleur doit venir la nuit fans favoir l'heure qu'il viendra, il veilleroit à toutes les heures de la nuit, afin de ne fe pas laiffer furprendre. Ainfi, dit le Fils de Dieu, veillez à toute heure, & foiez toujours prêts.

Le Fils de Dieu viendra comme un voleur, non pour voler ou égorger, mais pour furprendre. Il viendra à la fin du monde pour juger les hommes ; & il viendra lors qu'ils l'atendront le moins. Il vient à la fin de chaque homme en particulier, c'eft-à-dire, à l'heure de la mort ; & il vient encore à cette heure comme un voleur, parce que perfonne ne fait en quel tems il doit mourir. Dieu nous cache donc, dit S. Augustin, le dernier jour de notre vie, afin que nous veillions tous les jours de notre vic, & que nous atendions le Seigneur. Car nous ferons tels au jour du Jugcement, que nous aurons été trouvez à l'heure de la mort.

Il vient à la feconde ou à la troifiéme veille, c'est-à-dire il apelle à lui les uns dans la fleur Le 21. de la jeuncffe, les autres en un âge plus avan- 36. cé, & il veut que nous foions toujours prêts. C'est pourquoi il dit ailleurs, que nous de

vons chaque jour veiller & prier.

Celui-là cft prêt à l'heure de la mort, qui fe trouve en l'état où il doit être, c'est-à-dire, ocupé à ce que Dieu demande de lui. Tout le monde craint la mort fubite, & peu la craignent de cette crainte fage qui fait prendre les précautions neceffaires pour éviter ce qu'on craint. L'Eglife ne dit pas à Dieu feulement : Delivrez-nous d'une mort fubite; mais d'une mort fubite & imprevue. Car il n'eft pas en notre pouvoir de ne pas mourir fubitement; mais nous pouvons & nous devons prévoir notre mort; & la mort fubite n'eft point dangereufe, lors qu'elle n'eft point imprevue.

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Les Saints Peres difent que les ferviteurs de Dieu fe ceignent les reins, lorfque par la continence & la temperance ils tiennent la chair foumife à l'efprit, & ne la fuivent pas dans fes defirs déreglez. Ils portent leurs lampes allumées lorfqu'ils font de bonnes œuvres, non pour être louez des hommes mais afin que Dieu foit loué & glorifié. Car la juftice & la vertu chrétienne confifte en ces deux chofes: fuir le mal & faire le bien; s'abftenir de ce que la Loi de Dieu défend, & executer avec fidelité ce qu'elle ordonne.

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Veillez fur nous par votre mifericorde, Sei

gneur, afin que nous veillions; & ne vous retirez pas de nous, afin que nous foions tout prêts lorfque vous viendrez. Car qui vous ou vrira lorfque vous fraperez à la porte, finon celui en qui vous ferez déja par votre grace? Soiez donc en nous, afin qu'à chaque heure nous vous puiffions dire: Vencz, Seigneur, quand il vous plaira.

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