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A madame Ninon daignez vous informer.

J'ai voulu tout exprès vous conduire chez elle.

AUBERTIN.

Qu'en pensez-vous, madame?

NINON.

On m'a dit la nouvelle.

HORTENSE.

Il est certain qu'hier le bruit en a couru.

AUBERTIN.

L'a-t-on rendu public?

NINON.

Autant que l'on a pu.

AUBERTIN.

Si cela se trouvait au moins dans la gazette!
Mais j'admets, je suppose une preuve complète:
Que vous était Gourville?

DORLIS.

Ah! mon cousin germain.

AUBERTIN.

Comment démontrez-vous que du susdit cousin
Vous êtes, vous tout seul, l'héritier véritable?

DORLIS.

Comment? par la raison que c'est indubitable.

AUBERTIN.

Et que produisez-vous?

DORLIS.

La vérité.

AUBERTIN.

C'est beau.

Elle est au fond d'un puits.

DORLIS.

Discours de buveur d'eau!

Parlez d'un vin d'Aï dont la mousse odorante
Déborde à flots pressés la coupe transparente:
C'est là qu'avec la joie elle aime à s'épancher.

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Eh! non. Dans tout ceci,

Je vois des notions, non des preuves exactes;
Je n'instrumente pas, si je n'ai point des actes.
D'autres collatéraux...

DORLIS.

N'ayez nul embarras:

Il n'en existe aucun. C'est-il assez?

Quoi! pas encore?

AUBERTIN.

DORLIS.

Non pas.

AUBERTIN.

Eh! non. De ses biens il fut maître.

En faveur d'étrangers il a testé peut-être.
Force cousins germains furent exhérédés.

DORLIS.

Exhérédés! quel mot! les vilains procédés! Gourville! un cher cousin! fi! c'est lui faire injure; Il ne m'a jamais vu, d'accord; mais la nature...

AUBERTIN.

Ah! fort bien. La nature, et puis la vérité...
Point de pathos. Un fait, mais dûment constaté;
Bons actes; bons contrats; bons extraits baptistaires;
Bon testament bien net, fait par de bons notaires:
Avec ces titres-là vous serez héritier.

J'ai quarante ans d'étude, et je sais mon métier.

ΝΙΝΟΝ.

A quoi bon tous les deux vous échauffer la bile?

HORTENSE.

Il est vrai: vous prenez une peine inutile.

NINON.

Il ne faut pas, Dorlis, vous animer ainsi;

Car en fort peu de tems tout doit être éclairci.
Votre compte, après tout, sera facile à faire;
Et ce qui n'est qu'un jeu vous paraît une affaire.

DORLIS.

C'est juste. Encore un mot. Voyons quels sont mes biens.

Les siens.

AUBERTIN.

DORLIS.

Le chicaneur! eh bien! passons. Les siens?

AUBERTIN.

D'abord cent mille francs, qu'on lui doit avec termes.

DORLIS.

Cent mille francs! c'est bon.

AUBERTIN.

Sa maison, ses deux fermes.

DORLIS.

Vous estimez cela?

AUBERTIN.

Cinquante mille écus.

DORLIS.

Cinquante mille écus! c'est bon.

AUBERTIN.

Il a de plus

Trois cent mille francs...

DORLIS.

Bon.

AUBERTIN.

Déposés.

DORLIS.

L'honnête homme!

AUBERTIN.

Madame a conservé le tiers de cette somme.

DORLIS.

Ma foi, quand il est mort, vive un cousin germain!

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