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COMÉDIE.

ACTE PREMIER.

Le premier et le deuxième actes se passent dans les appartemens de sir Arnold.

SCÈNE PREMIÈRE.

SIR ARNOLD, LADY JOSÉPHINE.

SIR ARNOLD.

NON, madame, jamais; non, soyez en certaine... Je ne souffrirai point vos airs de souveraine.

1. Cette comédie, dont nous ne possédons que les fragmens ci-après, est la traduction littérale des principales scènes de l'École de la médisance, par Sheridan. L'intention de Chénier était, à ce qu'il paraît, d'en faire une comédie plus appropriée à nos mœurs et à notre théâtre : voilà pourquoi quelques-uns des rôles secondaires de la pièce anglaise n'ont pas été compris dans

LADY JOSEPHINE.

Monsieur, de me réduire en vain vous vous Je dois, je prétends faire en tout mes volon

SIR ARNOLD.

Où donc est le respect?

LADY JOSEPHINE.

Du respect!

SIR ARNOLD.

Oui, mac

LADY JOSEPHINE.

Pour vous!

SIR ARNOLD.

Pour un mari.

LADY JOSEPHINE.

Non, je sais qu'une f

Du moment qu'elle vit sous le nom d'un épo Peut agir à sa tête et contenter ses goûts. Parce qu'on m'éleva jadis à la campagne, Vous me feriez votre humble et docile compa Oh! si comme un enfant vous vouliez me trai Pourquoi m'épousiez-vous? il fallait m'adopter Vous étiez assez vieux...

son plan. Toutefois, le titre qu'il a choisi nous étonne : d cole de Shéridan, la scène des portraits de famille n'est qu sode accessoire; ici notre auteur en fait le sujet princip. comédie. Quels peuvent avoir été ses motifs ? Le défaut d mens nous met à cet égard dans une complète ignorance. de l'éditeur.)

SIR ARNOLD.

Voilà, voilà ma faute;

Et l'on ne fit jamais de sottise plus haute.
Quand j'aurais le malheur de vous mettre en courroux,
Je le dirai tout franc: chacun se plaint de vous;
On jase, on rit tout haut de vos folles dépenses;
Et vous vous illustrez par des extravagances.
L'essaim d'écervelés qui flatte vos travers
Assiége sur vos pas les bals et les concerts;
On cite votre nom pour les modes nouvelles;
Vous changez tous les jours de plumes, de dentelles;
Vous entassez rubans, fleurs de toutes saisons,
Chapeaux, perruque blonde, et mille autres chiffons;
Enfin... quoi! vous riez!

LADY JOSEPHINE.

Oui, de votre folie :

Mais regardez-moi donc, je suis jeune et jolie.
Est-ce ma faute à moi si l'on me suit partout?
Faut-il me reprocher aussi d'avoir du goût?

Au lieu de m'applaudir...

SIR ARNOLD.

A merveille, madame;

Mais aviez-vous du goût quand je vous pris pour femme?

LADY JOSÉPHINE.

Non, puisqu'à cet hymen mon cœur a consenti?

SIR ARNOLD.

J'étais pour vous, je pense, un assez bon parti.
Je me rappelle encor ma première visite:

Quel était votre état? vous l'oubliez bien vi LADY JOSEPHINE.

Il fallait qu'il fût triste et des plus ennuyeuz Pour me déterminer...

SIR ARNOLD.

Toujours de mieux en

Songez donc au village où vous fûtes nourr Sous l'œil de votre père, et dans sa métairie Quand chez lui, pour vous voir, je vins le premi Vous brodiez, l'œil baissé, devant votre tamb Vous étiez près de moi modestement assise; Vous portiez cheveux noirs, jupons gris, rob Des clefs en long trousseau pendaient à vos

LADY JOSEPHINE.

Oh! ce n'est que cela: vraiment vous m'encl
J'ai du talent aussi pour la caricature,
Et je vais de bon cœur achever la peinture.
Je lisais quelquefois sur un lugubre ton
Pour ma tante Arabelle un ennuyeux sermon
Souvent je récitais d'uue voix lamentable
Du fameux prince Arthur l'histoire véritable;
J'endormais, aux accords d'un clavecin criard
Mon père, à son retour de la chasse au renar
Ou bien avec Andreus, vicaire du village,
Je jouais à la mouche, à l'ombre, au mariage

SIR ARNOLD.

C'est vrai. Je crois encor vous entendre et vous Vous souvient-il aussi que le dimanche au soi

Avec le grand papa vous alliez en partie
En chariot, traîné par le vieux cheval-pie?
Et pour votre cocher, dites, n'aviez-vous pas
Le sommelier Martin, qui vous menait au pas?
Aujourd'hui vous avez, grâce à ma complaisance,
Vis à vis, phaéton, berline, diligence,
Cocher, trois grands laquais, un petit postillon,
Six chevaux, pour traîner madame à Kensington.
Votre état fut long-tems éloigné de l'aisance;
Vous voilà parvenue à l'extrême opulence.
Tout vous manquait; chez vous tout se trouve à foison:
Jeu, grand train, table ouverte, excellente maison;
Les plaisirs, les entours d'une très haute dame;

Vous avez, en un mot, l'honneur d'être ma femme.

LADY JOSEPHINE.

Et je n'aspire plus qu'au singulier honneur
D'être bientôt...

SIR ARNOLD.

Ma veuve! oui, j'entends.

LADY JOSÉPHINE.

Votre humeur

Devient de jour en jour plus aigre et plus fâcheuse;
J'imite votre exemple, et suis un peu grondeuse.
J'ai tort: laissons cela. J'espère qu'à la fin
Vous avez terminé vos leçons du matin.

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