Le commandant tira sa révérence. Il sort : le bruit des verrous effrayans Tel gronde au loin de caverne en caverne Tandis qu'il traîne en ces divers ennuis Près de deux mois l'excédé solitaire Avait gémi dans sa cellule austère. Le commandant vient lui dire un beau soir, « Monsieur le Comte, on en veut placer d'autres; « Le roi renonce à vous loger chez lui. << Accusez-en le crédit de madame: << Elle a tant fait ! tant remué! - Ma femme? Qu'elle est aimable! et que je suis content!»> Amis! pas trop; pas trop; mais parlant d'amitié; Monsieur Lainet n'était pas oublié. Ainsi l'on voit sur la scène magique Où l'on conspire, où l'on aime, en musique, Une cité remplacer des déserts, Et tout l'Olympe au sortir des enfers. L'époux fut gai, gais furent les convives, Le souper fin, les caresses très-vives; Pope l'anglais aurait dit : Tout est bien. Lainet conta que le roi très-chrétien Était prudent, équitable et sensible; Mais que le pape était seul infaillible; Que le monarque avait été surpris Par ses agens; que l'on s'était mépris; Qu'il se faisait chaque jour des mécomptes; Que dans le monde il existait deux comtes: L'un Franc-Comtois, et l'autre Limousin, Tous deux portant le nom de Valespin; Que cette fois Besançon, par mégarde, Avait payé pour Brive-la-Gaillarde. Il parlait d'or; et le bon Franc-Comtois, Fêté, choyé, sablant le vin d'Arbois, Crut fermement ce qu'il entendait dire, En rit beaucoup, mais fit beaucoup plus rire. Ce qui vaut mieux : pour dédommagement, Du roi d'Espagne il eut un régiment; A la Comtesse il dut ce bon office. Dans le grand siècle on aimait la justice. Il fut cocu, prisonnier et content. Fit quelque bruit dans l'une et l'autre cour: Paris la sut; la Province eut son tour. Sous le beau nom d'Histoire édifiante. DE CONSTANCE. PRÉFACE. A M***, PASTEUR DE LA CONFESSION D'AUSBOURG. A Dieu ne plaise qu'aucun de nous prétende élever quelque doute sur les mystères! On s'occupe depuis dix-huit siècles à démontrer leur vérité. Désormais rien n'est si clair. Aussi n'est-il plus en Europe d'homme un peu raisonnable qui n'en soit convaincu tout aussi bien que vous et moi. Pourquoi? C'est qu'il ne faut que du bon sens pour concevoir la sainte Trinité, l'Incarnation, sans en excepter la Rédemption. Malheur aux incrédules qui sont assez mauvais logiciens pour n'y rien comprendre! Les miracles ne font guères plus de difficulté. Je parle ici des miracles de Jésus, de ses apôtres, et des premiers siècles de l'église. En effet, le christianisme n'a pu s'établir sans miracle. Or, Dieu voulait l'établissement du christianisme; donc il a voulu, de toute éternité, que l'ordre |