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Les lois mêmes consacrofent la règle de l'antiquité; et il falloit qu'on y attachât une haute importance, puisque les ennemis de Socrate s'en servirent pour le perdre, en l'accusant d'introduire des dieux nouveaux (1). C'etoit un crime chez les Romains aussi bien que chez les Grecs (2). La loi des Douze Tables ordonnoit de suivre la religion des ancêtres, c'est-à-dire, selon Cicéron, de la vénérer comme la religion donnée » par les dieux mêmes, parce que l'antiquité »'étoit près des dieux (3). »

Il n'est pas jusqu'aux oracles qui ne proclamassent ce principe universel. Les Athéniens

θεοὺς ᾤοντο τὰς πρῶτας ουσίας εἶναι, θείως ἂν εἰρῆσθαι νομίσεις... Η μὲν οὖν πάτριος δόξα, καὶ ἡ παρὰ τῶν πρώτων, ἐπὶ τοσοῦτον spis gavepà μóvov. Aristot. Metaphysic., lib. XII, cap. VII, Oper. tom. II, pag. 744.

(1) Κατηγόρησαν αὐτοῦ οἱ ἀντίδικοι, ὡς οὓς μὲν ἡ πόλις νομίζει θεοὺς, οὐ νομίζοι, ἕτερα δὲ καινὰ δαιμόνια εἰσφέροι. Xenoph., Apolog. Socrat. et Plat., tom. I, pag. 56.

(2) Separatim nemo habessit deos: neve novos... privatim colunto.... Ritus familiæ patrumque servanto. Lex XII tabul. ap. Cicer., De Legib., lib. II, c. VIII. Non erit in te deus recens, neque adorabis deum ali enum. Ps. LXXX, 10.

(3) Jam ritus familiæ patrumque servare (lex jubet), id est quoniam antiquitas proximè accedit ad deos, à diis quasi traditam religionem tueri. Ibid., cap. XI.

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ayant consulté Apollon Pythien pour savoir à quelle religion ils devoient s'attacher, l'oracle leur répondit: A celle de vos pères. Mais, direntils, nos pères ont changé de culte bien des fois; lequel suivrons-nous? Le meilleur,» répondit l'oracle. « Et en effet, observe Cicéron, on doit » croire que le meilleur est le plus ancien et le plus près de Dieu (1). De là cette maxime que les Romains regardoient comme fondamentale: Il n'y a jamais de raison de changer ce qui est antique (2). «Chez vous aussi, disoit Tertullien; il » est de la religion d'ajouter foi à l'antiquité (3)

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Du reste le trait qu'on vient de lire prouve que les païens s'inquiétoient quelquefois des variations qu'ils remarquoient dans leur culte. Les

(1) Deinceps in lege est, ut de ritibus patriis colantur optimi; de quo quum consulerent Athenienses Apollinem Pythium, quas potissimùm religiones tenerent; oraculum editum Eas quæ essent in more majorum. Quò cùm iterùm venissent, majorumque morem dixissent sæpè esse mutatum, quæsivissentque, quem morem potissimum sequerentur è variis; respondit, Optimum. Et profectò ità est, ut id habendum sit antiquissimum et Deo priximum, quod sit optimum. Ibid., cap. XVI.

(2) Nihil motum ex antiquo probabile est. Tit. Liv., lib. XXXIV, cap. LIV.

(3) Apud vos quoque religionis est instar fidem de temporibus asserere. Apologet., cap. XIX.

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plus sages d'entre eux gémissoient de sa corruption, et ils n'y voyoient d'autre remède que le retour à la religion antique. « Pour dire la » vérité, (c'est Cicéron qui parle), les âmes de presque tous les hommes sont accablées » sous le poids de la superstition, qui, répan>> due chez tous les peuples, tyrannise la foi» blesse humaine; et nous croirions rendre aux >> autres et nous rendre à nous-même un éminent » service, si nous parvenions à la détruire entière»ment. Car, etc'est ce que nous désirons que l'on comprenne bien, en ôtant la superstition, l'on n'ôte point la religion. Conserver le culte des » ancêtres, c'est le devoir du sage: et qu'il existe une nature parfaite, éternelle, à laquelle tous >> les hommes doivent élever avec admiration » leur esprit et leur cœur ; la beauté du monde et » l'ordre des cieux, ne nous forcent-ils pas de » l'avouer? C'est pourquoi, autant l'on doit s'appliquer à propager la religion, autant il est utile d'extirper la superstition, qui nous poursuit et » nous presse de quelque côté que nous nous » tournions (1). » En donnant les mêmes con

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(1) Ut verè loquamur, superstitio fusa per gentes, oppressit ferè animos, atque hominum imbecillitatem occupavit.... Multum et nobismet ipsis, et nostris profuturi videbamur, si eam funditus sustulissemus. Nec verò ( id

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seils, Plutarque recommande d'éviter un excès non moins dangereux ; car « y en a, dit-il, qui fuyans la superstition, se vont ruer et précipiter en la rude et pierreuse impiété de , l'athéisme, en sautant par-dessus la vraye religion, qui est assise au milieu entre les » deux (1). "

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Ces voix qui s'élevoient de toutes parts contre le paganisme, cette règle de vérité toujours connue, toujours rappelée au milieu du monde idolâtre, rien ne pouvoit le tirer de son sommeil, rier ne pouvoit vaincre les passions, ni ramener áu culte du vrai Dieu les hommes endurcis. Il falloit que la vérité vivante vînt elle-même renverser les autels qui l'outrageoient, et chasser de la terre tous ces dieux déjà chassés du ciel.

enim diligenter intelligi volo) superstitione tollendâ religio tollitur. Nam et majorum instituta tueri sacris cæremoniisque retinendis, sapientis est; et esse præstantem aliquam æternamque naturam, et eam suspiciendam, admirandamque hominum generi, pulchritudo mundi, ordoque rerum cœlestium cogit confiteri. Quamobrem, ut religio propaganda etiam est, sic superstitionis stirpes omnes ejiciendæ : instat enim et urget, quo te cumque verteris, persequitur. Cicer. de Divinatione, lib. II, cap. LXXII.

(1) Plutarque, de la Superst. œuvres morales, tom. I, fol. 315. Traduct. d'Amiot. Edit. de Vascosan.

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Le crime des païens étoit d'autant plus grand, qu'il suffisoit à chaque peuple de sa tradition particulière pour discerner la vraie religion, qui a été la première chez tous les peuples. En remontant à leur origine, ils auroient trouvé le culte saint pratiqué par leurs pères; comme, en remontant de quelques siècles, tous les protestans trouvent des ancêtres catholiques.

Si les Grecs, corrompus par leur philosophie raisonneuse, ne laissèrent pas de conserver, comme la plus sûre règle des croyances, le principe de la tradition, on ne peut pas douter qu'il ne fût encore plus respecté dans l'Orient, où la tradition même avoit pris naissance. L'EzourVedam en fournit la preuve. «Un homme plongé » dans les ténèbres de l'idolâtrie y rapporte, sous »* le nom de Biache, les fables les plus accrédi»tées dans l'Inde, et expose tout le système de » la théologie populaire de ce pays. Le philosophe Chumontou rejette cette mythologie » comme contraire au bon sens, ou parce qu'il ne l'a pas lue dans les anciens livres (1). »

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Il condamne l'idolâtrie presque dans les mêmes termes que Moïse. «Il n'y a que trop de >> nations qui abandonnent le vrai Dieu, pour se

(1) L'Ezour-Vedam; Disc. prélimin., par M. de SainteCroix; tom. I, pag. 146, 147.

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