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beaucoup moins que chez le peuple choisi de Dieu pour être le dépositaire des promesses.

Il y avoit encore entre les Juifs et les autres nations une différence importante. Celles-ci n'avoient point d'Ecriture sacrée, parce qu'il n'existoit point parmi elles de tribunal souverain divinement établi pour en être l'infaillible interprète, La connoissance des dogmes et des devoirs se conservoit, comme les prophéties, par la tradition. Les Juifs seuls possédoient la parole de Dieu consignée dans des monumens authentiques; de sorte que la doctrine du genre humain, avant la venue du Messie, doit être cherchée et ne peut être trouvée que dans la tradition universelle, et cette tradition atteste l'existence du don prophétique dans le monde entier. Sans cela, on ne pourroit pas même concevoir la religion, puisqu'elle est entièrement fondée sur un Redempteur attendu, et par conséquent prédit.

Les prophéties nombreuses que renferme l'Ecriture peuvent être divisées en trois classes: 1o. Celles qui ont eu leur accomplissement avant Jésus-Christ.

2o. Celles que Jésus-Christ lui-même a accomplies.

3o. Les prophéties de Jésus-Christ et des Apôtres, parmi lesquelles il en est plusieurs qui

ont eu déjà leur accomplissement, et d'autres qui ne l'auront qu'à la fin des temps.

Les premières servoient à fortifier la foi des secondes; elles étoient comme la preuve de leur accomplissement futur pour ceux qui n'en devoient pas être témoins. Qu'elles se soient vérifiées exactement, qui pourroit en douter, après le témoignage unanime de ceux qui en étoient les dépositaires, l'objet, et qui dès lors ont pu mieux que personne et les entendre, et en faire l'application aux événemens? Nier l'existence de ces prophéties ce seroit nier l'existence de l'Ecriture; nier leur accomplissement, ce seroit nier l'histoire des Juifs.

Il y a plus: ce seroit nier encore l'histoire des nations voisines, et celle même des puissantes monarchies de l'Orient, que Dieu faisoit servir à l'exécution de ses desseins sur son peuple, et dont, par ce motif, les destinées furent souvent prédites. Ainsi la prise de Babylone par Cyrus est annoncée dans Isaïe et Jérémie (1), avec ses plus légères circonstances. Le Prophète tout vu, jusqu'au moyen que le vainqueur emploieroit pour se rendre maître de cette ville su

(1) Voyez Bossuet, Disc. sur l'hist. univ., IIa part., chap. VI.

perbe (1). Cyrus lui-même, qu'Isaïe avoit appelė par son nom deux cents ans avant qu'il fût né (2), reconnoît le manifeste accomplissement de la parole divine, et ravi des oracles qui avoient », prédit ses victoires, il avoue qu'il doit son empire au Dieu du ciel (3) que les Juifs ser» voient (4). »

«

Si quelques unes des prophéties qui les concernent particulièrement, nous paroissent obscures aujourd'hui, nous ne devons pas nous en étonner, puisqu'elles n'ont point été faites pour nous. Les Prophètes, selon la remarque d'Origène, n'annonçoient pas seulement de grands » événemens qui intéressoient toutes les nations » de la terre, ou tout le corps des Juifs, comme » ce qui regarde le Messie, les empires, la con> version des gentils, mais aussi des faits parti

(1) Jerem. L, 38. LI, 36.

(2) Qui dico Cyro : Pastor meus es, et omnem voluntatem meam complebis. Is. XLIV, 28. Hæc dicit Dominus Christo meo Cyro, cujus apprehendi dexteram, ut subjiciam ante faciam ejus gentes, et dorsa regum vertam, et aperiam coram eo januas, et portæ non claudentur. Ego ante te ibo... et vocavi te nomine tuo. Id., XLV, 1 et seqq.

(3) II Paralip. XXXVI, 23. I Esdr., 1, 2. (4) Bossuet., loc. cit.

» culiers: c'est de quoi il y a plusieurs exemples » dans les livres des Juifs (1).

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Quand ce peuple n'attesteroit pas que les prophéties de ce genre se sont accomplies, ou quand on refuseroit de croire son témoignage, s'il est certain d'ailleurs que ceux qui les ont faites étoient réellement prophètes, cela suffit pour être assuré que tout ce qu'ils ont prédit s'est vérifié. Or l'accomplissement incontestable d'une seule prophétie avérée, prouve l'inspiration de son auteur, et Écriture offre un grand nombre de semblables prophéties, sans même y comprendre celles qui ont le Messie pour objet, et dont nous parlerons tout à l'heure. C'est dans l'Écriture Sainte, que Porphyre et Julien, ces ardens ennemis du Christ, vont chercher des exemples de prophéties véritables (2). Porphyre étoit même si frappé de celles de Daniel, qu'il essaya de tirer de leur clarté même un argument contre elles, prétendant qu'elles, n'avoient pu être écrites qu'après les événemens qu'elles prédisent, parce que le Prophète paroît bien plutôt raconter le passé,

(1) Origen. contr. Cels., lib. II, n. 37. Traduct. de Gourcy.

(2) Porphyr. de Abstin. lib. IV, cap. 15.-Id., Porph. et Julian. ap. Cyrill., lib. V et VI. in Julian..

qu'annoncer l'avenir (1). Or il n'est pas maintenant un seul incrédule qui conteste l'authenticité des prophéties de Daniel : et voilà les incrédules des premiers siècles, qui, terrassés par l'évidence de leur accomplissement, vous disent que ce ne sont pas des prédictions, mais une histoire. Je ne sais ce qu'on peut demander ce qu'on peut désirer encore après ce double

aveu.

Mais, comme nous l'avons fait observer déjà, le dernier objet des prophéties étant constamment le Messie qui devoit venir, celles qui se sont accomplies avant sa venue, tendoient toutes au même but, qui étoit d'affermir la foi dans les prophéties qu'il devoit accomplir lui-même ; et certainement personne ne doutera qu'elles n'aient produit leur effet, puisqu'au moment où JésusChrist apparut sur la terre, il étoit attendu non seulement des Juifs, mais du genre humain tout entier. Ecoutons Pascal.

(1) Contra prophetam Danielem duodecimum librum scripsit Porphyrius, nolens eum ab ipso, cujus est inscriptus nomine, esse compositum : sed à quodam qui temporibus Antiochi qui appellatus est Epiphanes, fuerit in Judæâ ; et non tam Danielem ventura dixisse, quàm illum' narrâsse præterita. S. Hieronym., lib. XIV, in Daniel. Præfat., Oper. tom. III, cel. 1071, 1072.

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