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corde avec l'Ecriture sur l'époque de cette grande catastrophe. La philosophie du dernier siècle ne parloit que de la prodigieuse antiquité des Égyptiens, des Chaldéens, des Indiens, des Chinois. Aujourd'hui les écoliers mêmes se moquent de cette antiquité chimérique, dont les Goguet (1), les Fréret (2), les Bennettis (3), et d'autres savans du premier ordre (4), ont mis à découvert la fausseté. Plus on approfondit l'histoire de ces nations, plus on la voit se rapprocher, en ce qu'elle offre de certain, de la chronologie mosaïque. Celle des Indiens, que Voltaire y opposoit avec tant de hardiesse, ne remonte pas plus haut qu'Alexandre (5). Enfin

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(1) Origine des lois, des arts, des sciences, etc. Paris, 1778.

(2) Chronologie chinoise, t. XI, XII, XIII et XIV, des OEuvres complètes. Paris, 1796.

(3) Chronologia critica historiæ profanæ et sacræ in tomos VI tributa. Romæ, 1766.

(4) Bailly lui-même a ramené par des calculs très-simples, la chronologie des Égyptiens, des Chaldéens, des Indiens et des Chinois à la chronologie mosaïque. Voyez Hist. de l'astronomie ancienne, etc., p. 298 et suiv. Paris, 1781.

(5) « Le Maha - Barata des Indiens, ou prétendue grande histoire, n'est qu'un poëme; leurs Pouranas ne » sont que des légendes; et l'on a beaucoup de peine en

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l'on sait comment le fameux Zodiaque de Denderah, transporté à grands frais d'Egypte en France, semble n'y avoir paru que pour détruire les objections qu'en tiroit l'incrédulité (1).

Mais nous avons encore dans la tradition universelle, une preuve plus éclatante de la vérité des faits racontés par Moïse. Toute la terre en a conservé la mémoire. La création du monde, celle de l'homme fait à l'image de Dieu, son innocence et sa félicité primitive; la séduction de la femme par le serpent; l'homme à son tour séduit par la femme, sa chute, sa punition

» les comparant avec les auteurs grecs et romains, à éta» blir quelques lambeaux d'une espèce de chronologie » interrompue à chaque instant, et qui ne remonte pas plus haut qu'Alexandre.

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Il est prouvé aujourd'hui que leurs tables astronomiques, d'où l'on vouloit déduire leur extrême antiquité, ont » été calculées en rétrogadant; et l'on vient de reconnoître » que leur Suria Siddhanta, qu'ils regardent comme leur >> plus ancien traité scientifique d'astronomie, et qu'ils prétendent révélé depuis plus de deux millions d'années, » ne peut avoir été composé que depuis environ 750 ans.>> M. Cuvier, Recherches sur les ossemens fossiles. Disc. prélimin.

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(1) Il est maintenant reconnu que, des quatres fameux Zodiaques découverts en Égypte, aucun n'est antérieur à la domination romaine.

pour avoir mangé du fruit qu'il lui étoit défendu de toucher; les maux qu'entraîne bientôt sa désobéissance; enfin le déluge, et un seul juste sauvé des eaux avec sa famille: telle fut, dans tous les temps, la croyance générale; et on doit y joindre l'attente d'un Envoyé céleste, qui vaincroit le serpent, et délivreroit le genre humain (1).

Maintenant, qu'on s'explique : veut-on rejeter le récit de Moïse? Il faut rejeter en même temps la tradition du monde entier; il faut nier ce qu'attestent non pas quelques peuples, mais tous les peuples; il faut détruire, par conséquent, l'autorité du témoignage, et déclarer qu'il est impossible d'acquérir la certitude d'aucun fait, impossible même de le discuter, de juger à quel point il est ou n'est pas probable; car pour cela il seroit nécessaire de le comparer avec d'autres faits également incertains, et d'où l'on ne pourroit dès lors rien conclure; il faut

(1) Les preuves de l'universalité de ces croyances se trouvent dans plusieurs ouvrages, auxquels nous renvoyons pour ne pas tomber dans des répétitions inutiles. Voyez Huet, Alnetan. Quæst., lib. II. Faber, Hora mosaicæ, vol. I, sect. I. Maurice, Hist. of Hindostan.

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Asiatic Research, passim. - Stolberg, Geschichte der Relig. Jesu-Christi. Erster Theil, p. 355 et seq. Hamburg, 1811.

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dire que l'histoire n'est qu'un grand problème, un doute éternel, sans distinction de lieux ni d'époques, puisqu'à toutes les époques et dans tous les lieux, les faits qui ne frappent pas-immédiatement nos sens, ne sauroient nous être connus que par le témoignage; il faut oublier cette ombre du passé qui fuit sans laisser de trace, et se renfermer dans le jour présent, incapables que nous sommes de savoir s'il eut une veille, et s'il aura un lendemain.

Il est vrai, et nous le confessons, les philosophes ne tirent point dans la pratique les dernières conséquences de leurs principes; il n'y a point de sceptique parfait. Mais qu'importe qu'ils soient, ou non, d'accord avec eux-mêmes? Ce n'est pas leur conduite, c'est leur doctrine que nous examinons. En la suivant jusqu'au bout, ils ne s'arrêteroient que dans le pyrrhonisme complet; et s'ils conservent encore avec un reste de foi un reste de raison, c'est en violant leurs propres maximes. On éprouve une pitié profonde à la vue de cet extrême abaissement de l'intelligence. Qu'y a-t-il donc dans l'homme qui le porte à descendre jusque-là ? Ésprits superbes, esprits déchus, dites-le-moi, si vous le savez; expliquez-moi ce mystère qui étonne et consterne ma pensée. Hélas! je vous demande ce que vous ignorez comme noi, l'im

pénétrable secret de l'orgueil, qui sera dévoilé, mais non sur la terre.

Considérez cependant, vous qui nous traitez d'hommes crédules parce que nous cédons à l'autorité du genre humain, considérez en quel abîme de contradictions vous vous précipitez ; car il vous est impossible de ne pas céder vousmêmes tous les jours à quelque autorité moins grande. Vous croyez certains faits, ou à certains témoignages; vous rejetez d'autres faits, ou d'autres témoignages; et ces témoignages que vous rejetez sont plus nombreux, plus constans, c'est-à-dire, offrent plus de motifs de croyance que ceux auxquels vous déférez. Si les premiers sont incertains, ceux-ci nécessairement le sont davantage. Vous y croyez pourtant, et vous y croyez contre la raison, puisqu'il est absurde qu'après avoir rejeté comme insuffisant un motif de croire, on croie sur un motif plus foible. Par quelles règles inconnues de certitude justifierez-vous un pareil jugement? Pourquoi, ne croyant pas ce qui est plus croyable ou plus attesté, croyez-vous ce qui l'est moins, et quelquefois infiniment moins? Voici pourquoi: dans le premier cas, vous voulez croire, et dans l'autre vous ne le voulez pas. C'est la volonté, une volonté libre qui détermine vos croyances. Ne dites donc plus que la foi n'est pas en votre pouvoir, et

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