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hommes, qui, après une si longue et si paisible possession, se présentent seuls pour contester à deux grands peuples leurs actes publics; qui veulent que leur assertion prévale sur le témoignage de tant de siècles. Mais si ce témoignage ne suffit pas pour produire la certitude, si ce qu'ont attesté uniformément de génération en génération des millions d'hommes éclairés et sincères, peut être révoqué en doute, que sera-ce donc du témoignage isolé de quelques hommes? et sur quel fondement les croira-t-on, si on refuse de croire à un témoignage d'une autorité incomparablement supérieure? Ne voit-on pas qu'en l'attaquant, on détruit toute certitude, toute croyance, toute raison; qu'on ne peut plus rien admettre comme vrai, rien rejeter comme faux, puisqu'il n'y a plus de preuves possibles; en un mot, qu'on établit le scepticisme absolu. Otez cette foi, dit Aristote en parlant du consentement commun, vous ne direz rien de plus croyable (1).

Dès qu'on a reconnu l'authenticité de l'Écriture (2), on ne peut former de doute raison

(1) Quod omnibus ità videtur, id ità esse dicimus; qui verò hanc fidem velit tollere, nihilo ipse credibiliora dicet. Arist. Ethic. Nicomach., lib. X, cap. II.

(2) Newton, qui avoit fait une étude particulière des

nable sur la vérité des faits qu'elle contient. Presque tous ces faits, et principalement les plus merveilleux, sont des faits public; ils se sont passés à la vue d'une multitude d'hommes à qui l'on n'a pu faire illusion, et qui n'ont pu vouloir se tromper eux-mêmes. Ils composent une histoire dont toutes les parties s'enchaînent, se supposent mutuellement, et qu'il est impossible d'ébranler sans renverser toutes les autres histoires. Enfin, sous quelque rapport qu'on les envisage, ils offrent des caractères de vérité si manifestes, tant de preuves de tout genre les environnent, ils sont appuyés sur tant de témoignages et des témoignages si divers, qu'à peine s'explique-t-on comment quelques esprits peuvent résister à desi nombreux motifs de croyance. Considérons d'abord l'Ancien-Testament. Il commence par le récit de la création. Dieu appelle l'univers, il sort du néant; son auteur en dispose successivement toutes les parties, et y établit ce bel ordre que nous admirons (1). II

Livres saints, disoit au docteur Smith, chef du collége de la Trinité: « Je trouve plus de marques certaines d'au»>thenticité dans la Bible, que dans aucune histoire pro» fane quelconque. » Watson, an Apology for christianity, in a series of letters addressed to Ed. Gibbon, p. 62.

(1) Dieu lui-même déclare que ce qu'il a fait est bon :

dit: Que la lumière soit, et elle fut (1). L'homme est formé d'un peu de limon; le souffle de vie l'anime, et il devient l'image de Dieu, qui, en le créant à sa ressemblance, voulut le rendre digne

sance

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Et vidit quod esset bonum. Ce n'est pas sans motif que cette expression est répétée sept fois dans le premier chapitre de la Genèse. En inculquant que Dieu n'a rien fait que de bon, Moïse, ou plutôt l'Esprit saint qui l'inspiroit, célèbre la sagesse du Créateur aussi bien que sa puiset renverse le système des deux principes, fondé sur la tradition de la révolte des anges, que quelques philosophes avoient défigurée. Ce système, ancien dans l'Orient, et renouvelé par Manès, qui y mêla des rêveries nouvelles, ne s'est répandue que parce que l'homme coupable, en voyant le mal dans l'univers, a cru que l'univers lui-même étoit mauvais, et par conséquent l'ouvrage d'un mauvais principe. Si Rousseau avoit dit : « Tout étoit » bien, sortant de la main de l'Auteur des choses auroit parlé comme Moïse, et n'eût pas nié la chute de l'homme, qui seule a derangé l'harmonie de la création.

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(1) Dixitque Deus: Fiat lux, et facta est lux. Gen. I, 3. L'hébreu est plus concis encore: 721 798 272 Sit lux, et fuit lux. Suivant le récit de la Genèse, les corps célestes ne furent créés qu'après la lumière. C'est, ce nous semble, une preuve très-forte que ce récit n'est point une invention de Moïse. Accoutumé, comme tous les hommes, à regarder le soleil comme le principe et le foyer de la lumière, il n'auroit jamais pensé à séparer ces deux choses, s'il n'avoit écrit que d'après ses propres idées.

d'entrer en société avec lui: magnifique prérogative qui le rapproche des purs esprits, et annonce ses hautes destinées. Il prend possession de la terre en donnant à chaque être vivant son nom (1), et c'est par la parole qu'il exerce premièrement sa puissance, qu'il se fait reconnoître comme souverain. Cependant il n'étoit pas bon que l'homme fût seul. Faisons-lui, dit le Seigneur, une aide semblable à lui (2). Alors, dela susbtance même d'Adam il forme la femme, il la lui donne pour compagne (3), et désormais ils seront deux dans une même chair (4): expression qui nous montre, dans l'unité de la première famille, l'unité du genre humain.

Dieu place ces créatures heureuses dans un lieu de délices, que l'Ecriture appelle le Paradis de volupté (5). La nature leur étoit soumise, mais à la condition qu'ils seroient euxmêmes soumis à son auteur. A moins d'être pri

(1) Genes. II, 19 et 20.

(2) Dixit quoque Dominus Deus: Non est bonum esse hominem solum faciamus ei adjutorium simile sibi. Genes. II, 18.

:

(3) Ibid., 21 et 22.

(4) Et erunt duo in carne unâ. Ibid., 24.

(5) Tulit ergo Dominus Deus hominem, et posuit eum in Paradiso voluptatis. Ibid., 15.

vés de toute espèce de rapports avec les autres êtres, ils ne pouvoient vivre indépendans. Pour entrer dans la société dont ils devoient être membres, dans la société des intelligences dont Dieu est le roi, il falloit qu'il connussent un ordre moral, des lois, des devoirs ; pour mériter, il falloit qu'ils obéissent librement. En cela consiste la perfection des créatures raisonnables; et puisque Dieu avoit daigné les appeler à cette perfection, il ne pouvoit leur refuser le moyen d'y parvenir; sa bonté leur devoit un commandement, afin qu'ils pussent s'élever jusqu'à l'obéissance libre, jusqu'à la vertu.

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En effet,« il donne un précepte à l'homme, » pour lui faire sentir qu'il a un maître; un précepte attaché à une chose sensible, parce que l'homme étoit fait avec des sens, un précepte aisé, parce qu'il vouloit lui rendre la vie com» mode tant qu'elle seroit innocente. »

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« L'homme ne garde pas un commandement » d'une si facile observance : il écoute l'esprit » tentateur (1), » l'antique serpent (2), chef des

(1) Bossuet, Disc. sur l'hist. univers., II part., ch. I, p. 166. Edit. de Versailles.

(2) Draco ille magnus, serpens antiquus, qui vocatur Diabolus, et Satanas, qui seducit universum orbem. Apocal., XII, 9. Scheitam, Satan, signifie en arabe, dit

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