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Il faut donc s'occuper des dispositions à faire pour tirer parti du petit nombre de 300 sectaires, auquel la Tribu est réduite en 4re phase, et marcher avec ce faible noyau à la conquête du monde.

Persuadons-nous bien que le but de la Tribu n'est pas de faire une opération mercantile, gagner de l'argent, rendre à ses actionnaires 100 pour 0/0 de dividende. Elle le pourrait, elle en aurait cent moyens que je ne daigne pas écrire; elle ne doit tendre qu'à un but, qui n'est pas de conquérir l'or, mais les esprits et les cœurs; elle doit aspirer aux victoires passionnelles et non pas aux victoires mercantiles. Si ce faible germe d'harmonie veut suivre la marche que je vais lui tracer pour ses opérations, il verra, au terme de sa première campagne, les grands, les sybarites, les monarques même, à ses pieds et lui offrant des trésors pour être admis à remplacer les sectaires habituels. On leur répondra: « Nous ne voulons pas seulement gagner des trésors, mais conquérir le monde. On refusera ces illustres solliciteurs, parce qu'un sociétaire neuf et non intrigué ne conviendrait nullement pour remplacer un sociétaire déjà intrigué et équilibré en passionnel. Un remplaçant, avec les meilleures intentions, perdrait 2 ou 3 mois en fausses manœuvres par l'influence des préjugés civilisés, dont il ne pourrait pas se défaire avant d'avoir formé ses intrigues de séries, et celui qui arriverait avec ces préjugés au moment où les travaux champêtres touchent à leur fin n'aurait plus aucune aptitude à passer le premier hiver, époque bien critique sous le rapport des calmes passionnels qui seront inévitables pour la première année.

Pensera-t-on que la Tribu devrait s'organiser de manière à débuter avec 400, et se former, au bout de l'automne, en Tribu complète à 700 ? Cela serait facile sans doute si les édifices et plantations étaient disposés en conséquence; mais, dans ce cas, il vaudrait encore mieux débuter franchement avec le nombre de 500 pour s'élever à 800 en 4 phase, et puisque nous spéculons sur une limite de 400, qui est la moindre en début de Sérisophie, restreignons nos calculs à ce nombre et étudions les moyens de le faire valoir, puisqu'il peut, si la manœuvre est sagement drigée, suffire à déterminer la chute de la Civilisation et le concert des monarques et des peuples à fonder l'harmonie universelle. Quand nous saurons opérer attractionnellement sur une donnée de 300, 1re phase; 400, 2o phase; 500, 3o phase; 600, 4e phase, nous saurons d'autant mieux moduler sur un accroissement de 100 ou 200 par phase, sauf la masse de capital nécessaire. Dans ce cas, qui peut le moins peut le plus; mais nous devons prudemment spéculer sur le minimum de capitaux et de moyens.

Il faut se garder d'objecter contre les instructions que je vais donner, les habitudes et préventions du monde civilisé. Des soldats de recrue,

comme sont tous mes lecteurs en manœuvre d'harmonie passionnelle, doivent-ils opposer leurs craintes aux plans d'un général expérimenté ? ils ne doivent qu'obéir et espérer. La veille de la bataille d'Austerlitz, les troupes françaises étaient inquiètes; les maréchaux disaient à Napoléon L'ennemi est bien nombreux, nous sommes cernés. Il leur répondit: Soyez tranquilles, cette armée est à moi, et demain tout sera fini de bonne heure. Le lendemain, sa victoire était complète à midi. Sa réserve de 20 bataillons de grenadiers n'avait pas même donné. Telle sera la victoire de la petite Tribu débutant avec 300 sectaires. Si elle veut suivre exactement le plan que je vais lui tracer, on peut lui pronostiquer que tout sera fini de bonne heure, et que, entrant en exercice au printemps, elle aura dès le milieu de l'été fait capituler à discrétion la pétaudière civilisée.

A quoi se réduit la force réelle de cette société qui s'arroge le titre de politique? Existe-t-il de la politique là où il n'y a point d'Unité, et peut-on voir dans tout le système civilisé autre chose que la duplicité d'action, des pauvres soulevés contre les riches, des valets ligués contre les maîtres, des jeunes gens ligues contre les vieillards, des épouses contre les époux ? Un tel ordre n'est-il pas celui d'un général qui divise ses forces devant l'ennemi, comme François Ier à Pavie? Telle est la sagesse politique de la Civilisation; il faut bien lui opposer la tactique d'Unité. C'est le coup de partie qu'il faut préparer dès le début, sans s'arrêter à quelques railleries qui ne manqueront pas d'assaillir les fondateurs; mais en pareil débat rit bien qui rit le dernier. On attendra les plaisants au dénouement, à l'époque où la tribu exercée par une [ ] en 4re et 2e phases, en viendra au bout de cinq mois à démasquer ses batteries et moduler de pleine unité sur toutes cardinales à son entrée en 3 phase. Dès qu'on aura atteint ce but, et ce sera dans le cours de juillet, la tribu fera l'effet d'une Méduse, et la Civilisation sera si pétrifiée qu'on ne pourra pas même tirer vanité de son anéantissement.

CHAPITRE III.

LES ACTIONNAIRES.

« Combien nous rendra-t-elle cette tribu? donnera-t-elle en dividende 20 p. 0/0, ou 25, ou 30? » Voilà le vrai sens de la question pour un bailleur de fonds, et comme les vrais libéraux sont gens peu chargés d'argent, il ne faut pas négliger de mettre en perspective des chances d'intérêt pécuniaire, proposables à de riches capitalistes, qui,

comme on le sait, ne jettent pas leur poudre aux moineaux, et seront beaucoup moins empressés de la conquête du monde que d'un agio de 50 0/0.

Quels éclats de rire si on s'avisait de leur dire : vous allez faire une opération qui changera la face du monde, vous serez les dieux du genre humain: il vous récompensera magnifiquement, chacun de vous aura pour le moins un califat du contenu de 2,000,000 d'habitants. -Ah! le bon homme! il rêve tout éveillé, il nous promet des royaumes. Pauvre garçon, prenez-en un pour vous, chacun de nous vous cède sa part.

Voilà ce qu'on appelle en Civilisation du bon sens, et vraiment le bons sens d'un civilisé ne doit pas s'étendre à juger des questions de mouvement, puisqu'il n'en connaît pas les lois.

Tenons donc le langage qu'il faut tenir à des cretins politiques, tous aheurtés au principe d'Harpagon : « Il faut bien que je touche quelque chose. » Ils voudraient toucher tout de suite et dès la première campagne. Répondons avec Frosine : « Ah! vous toucherez assez », et je vais le prouver, non pas en bénéfices négatifs comme ceux de Frosine, mais en profits très-positifs.

Il n'est aucun actionnaire qui ne sache qu'en plantant un verger ou un arbre on ne peut pas espérer du fruit la première année. On s'estime fort heureux et bien payé de sa peine si les arbres ont réussi, et surmonté l'année de début, qui est le pas difficile à franchir. On sait que dès la saison suivante la plantation plus forte, mieux enracinée pourra déjà se maintenir d'elle-même et sans irrigation. Jusque-là, loin d'en exiger du fruit, on est déjà enchanté que les jeunes plants aient bien fourni des feuilles, qui deviennent une valeur réelle en garantissant le succès de la plantation, jusque-là douteux.

Ainsi, l'homme le plus avare sait qu'il serait ridicule dans certaines entreprises de prétendre à un grand bénéfice dès la première année. Tel est le sens dans lequel on doit envisager la fondation d'une Tribu sérisophe. C'est un végétal exotique ; il donnera assez de fruit, pourvu qu'on parvienne à l'acclimater, et notre sollicitude pour la première année doit se borner à ce point. Si l'on réussit à la consolider, l'enraciner, l'équilibrer en passionnel au bout de sept mois de saison agricole, ce sera un triomphe éclatant; elle aura ensuite à lutter contre les calmes passionnels du 1er hiver. Alors le défaut de culture et d'aliments d'intrigue sériaire se fera vivement sentir; mais parvenue au 2o printemps, elle sera si forte des liens de l'année précédente qu'elle n'aura plus rien à redouter. Ce sera un aiglon capable de s'élancer de l'aire, et certes il ne faudra pas attendre jusque-là pour juger le grand procès entre l'incohérence et l'association; il sera au bout de quatre

mois jugé en dernier ressort; mais nous avons à disserter ici sur l'intérêt des actionnaires, sur les [ d'un homme qui, antérieurement à cette fondation, calcule strictement les chances de gain et ne veut rien donner aux illusions.

Ne voit-on pas chaque jour de ces hommes cupides prendre part à des entreprises qui ne promettent un dividende qu'au bout de trois ans? Telle est une compagnie des Indes. Assurément ce n'est ni la première année, ni la deuxième qu'on en peut prétendre un dividende. Combien de temps avant qu'on ait fondé et organisé les comptoirs éloignés? Quelques secours qui arriveront la deuxième ou troisième année ne donneront pas encore une répartition, et cependant l'affaire est réellement bonne, si on veut patienter trois ou quatre ans et spéculer là dessus comme sur la plantation d'un verger, dont on ne s'épouvante pas de ne rien tirer pendant trois ans.

C'est ainsi qu'on doit envisager la Tribu. Il faut d'abord dix-huit mois tant pour construire les bâtiments et les sécher que pour emplanter les terres. Supposons qu'ensuite on entre en exercice, est-il raisonnable d'exiger un bénéfice au début, et des actionnaires sensés devrontils s'étonner si on leur dit que la première campagne sera, quant au produit industriel, une année blanche, ne donnant que l'équivalent des frais? Ce qui est déjà un fort beau résultat pour une première année, où la Tribu n'a point jeté de racines, où les sociétaires se connaissent à peine, ont peu de liens passionnels, peu de force en mécanique sociétaire, et pas davantage en agricole, puisque leurs plantations et ateliers seront au berceau.

Sur ce, tout actionnaire judicieux conviendra qu'on ne peut pas sans démence prétendre davantage, mais puisqu'il faut absolument une chance aux illibéraux, une voie de bénéfice subit, en voici plus d'une. La première se composera du tribut prélevé sur les curieux. J'en ai déjà parlé en traitant de la Phalange. Elle sera moins forte ici, puisque la Tribu, plus circonscrite, ne pourra admettre que peu d'étrangers, sous peine de compliquer son mécanisme passionnel. C'est caver bien bas que d'estimer à 400,000 fr. le bénéfice à percevoir de la curiosité; mais sera ce le seul dans le cours de la première année ? Combien de ces curieux supplieront pour l'admission permanente et offriront à tout actionnaire le double de son capital dès le troisième mois, et le quadruple dès le huitième, et le décuple à la fin de la saison d'hiver. Si les actionnaires sont confiants et veulent tenter une opération mercantile, selon mon opinion, ils construiront leur édifice de manière à contenir un surcroft de 200 agrégés non sociétaires, lesquels seront tous de la classe riche et n'auront que l'admission conditionnelle et accidentelle, sans intervention permanente au mécanisme, jusqu'à ce qu'ils aient

justifié d'aptitude à entrer en ligne de série. Ces prétendants se présenteront en foule dès le troisième mois, et si les fondateurs veulent spéculer sur 2 millions de bénéfice extraordinaire dès la première année, ils sont assurés d'avoir à 10,000 fr. par tête lesdits agrégés, qu'on pourra sans inconvénient porter à 200, et sauf indication de l'emploi à donner à leur intervention.

Selon cette chance, qui est des plus sûres, il faudrait que l'édifice et les jardins fussent préparés pour une Tribu de 600 personnes, quoique débutant avec 300 seulement, et pussent contenir en édifice accessoire 200 agrégés. Je donne cette idée en réponse à ceux qui veulent des calculs mercantiles. Celui-là serait le plus profitable et le plus sûr, mais comme il pourra arriver qu'une société d'actionnaires ait à peine de quoi fonder et bâtir pour 400, et qu'elle contienne bon nombre de gens clairvoyants qui sentiront qu'on ne doit spéculer que sur la conquête du globe et la démonstration effective de l'ha: monie passionnelle, bornons-nous à établir notre plan sur ce nombre de 600 en final, 300 en initial, et continuons sur les détails préparatoires.

Je ne m'arrêterai pas à parler des dividendes et répartitions entre séries et groupes, le mode en étant le même, à peu de chose près, que dans la Phalange dont j'ai expliqué, touche 6e majeure, les relations à cet égard. Je donnerai seulement à la fin du traité un court article sur ce sujet. Quand on connaît les règles de répartition entre 1,200 on peut bien les connaître entre 400, le mécanisme étant le même, en raison directe des masses, inverse des distances de capitaux : je renvoie pour cet objet à la Touche qui en a traité.

CHAPITRE IV.

COMPOSITION ET DISTRIBUTION DE LA TRIBU.

Aux approches d'une lutte décisive, un général, faible de nombre, donne tous ses soins à voiler ses projets et sonder l'ennemi. C'est ce que nous allons faire dans cette section, où nous traitons des préparatifs et des escarmouches qui, je l'ai dit, doivent employer environ 4 à 5 mois pour la 4re et la 2e phases.

J'ai raillé et raillerai encore sur le dicton des Français: Gniak Paris! Gniak Paris! Mais pour cette fois je serai obligé de faire chorus avec eux, car les habitants de Paris et le voisinage de cette ville sont ce qui convient le mieux au monde pour l'opération de la tribu sérisophe. C'est une entreprise où excelleront les gens adonnées au plaisir et distingués par les manières polies. A ces titres on conçoit que ((la tribu

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