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duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, prit parti contre Louis XI dans la guerre du bien public; cette coalition de grands vassaux, ce soulèvement de la féodalité contre l'administration unitaire et royale. Le traité de Conflans y mit fin; plus tard, le duc de Bourgogne se plaignit de la violation des traités d'Arras et de Conflans. Ce nouveau dissentiment fut étouffé par un traité signé à Péronne, où Louis XI se rendit personnellement (1).

Les traités d'Arras et de Conflans furent confirmés. Louis XI permit au duc « de garder, entretenir et faire garder et entretenir par tous ses » vassaux et subjects toutes les alliances et aussi les traictez de trève » et l'entrecours de la marchandise (traités de commerce) qu'il a faits et » passez avec le roi Édouard, nostre ennemi et adversaire, et le » royaume d'Angleterre, » pourvu toutefois qu'il n'aidât point les Anglais à guerroyer contre la France.

Les deux princes jurèrent « sur la vraye croix, ès-mains, dit le roi de » France, de nostre cher et féal amy le cardinal d'Angers. » Dans les termes du traité, rien ne fait penser que Louis XI fut captif.

Cet accord dura peu. Le duc de Bourgogne reçut d'Edouard l'ordre de la Jarretière et prit la croix rouge, emblème d'Angleterre. Il fit même quelques descentes en Normandie et confisqua les biens des marchands français venus à la foire d'Anvers (2).

Attachés à l'histoire des institutions plutôt qu'à celle des faits, nous n'entrerons pas dans les détails de la lutte. Charles le Téméraire fut tué sous les murs de Nancy, le 5 janvier 1476. Louis XI voulut recueillir son héritage; mais la Bourgogne était remplie de Français mécontents et transfuges; il fallait les rassurer sur les suites d'une réunion à la France. Des lettres d'abolition, de restitution de leurs biens confisqués leur furent accordées (3). Marie, fille et seule héritière de Charles le Téméraire, n'avait aucune influence. Bientôt les États de Bourgogne remirent la province à Louis XI, réservant seulement leurs coutumes et privileges du temps du duc Philippe (2).

(1) Péronne, 14 octobre 1468.

(2) Déclaration contenant les griefs contre le duc de Bourgogne,' rendue sur l'avis des princes du sang et des notables assemblés à Tours, par laquelle le roi est déchargé des obligations du traité de Péronne. Amboise, 3 décembre 1470.- Traité entre le roi et le duc de Bourgogne. Au Cretoy, 3 octobre 1471, Louis XI.

(3) Selommes, 19 janvier 1476, Louis XI.

(4) Acte des états de Bourgogne, qui se remettent en garde à Louis XI. Arras, 18 mars 1476. Déclaration pour faire condamner la mémoire du duc de Bourgogne comme coupable de lèse-majesté. Arras, 11 mai 1478, Louis XI.

PROVENCE.

La Provence a pour limites le comtat Venaissin, le Dauphiné, le comté de Nice, la Méditerranée, le Languedoc, dont elle est séparée par le Rhône, voisin de son embouchure. Aix était la capitale de cette province.

La Provence est séparée en haute et basse par la rivière la Durance. Près des côtes, nous trouvons, entre Toulon et Saint-Tropez, les fles d'Hyères, fertiles en orangers; en face de Cannes, les fles Sainte-Marguerite, où fut enfermé le mystérieux masque de fer, et l'tle SaintHonorat.

La Provence, conquise par les Romains et réduite en province avant les autres parties de la Gaule, conserva le titre de province par excellence, Provincia, dont son nom est la traduction altérée. Florissante pendant la domination des Romains, elle est couverte encore de leurs monuments ruinés. Ils ont laissé dans Arles des arènes, un théâtre et des tombeaux ; à Fréjus, les restes d'un port, un cirque, les piles d'un aqueduc. Malgré la beauté de son ciel, cette contrée est d'un aspect aride. Ses campagnes pierreuses appellent des travaux d'irrigation. Peu de prairies et de bétail, si ce n'est dans le delta du Rhône, aux maraís de la Camargue; presque point d'arbres. On montre comme une rareté quelques souches vigoureuses sur le mont de la Sainte-Baume.

Comparée aux forêts du Nord, la forêt de l'Esterelle, voisine du Piémont, n'est qu'une immense broussaille. Heureuse nature, mais qui n'est pas assez secondée par l'art, tel est le caractère du sol provençal; les melons mal cultivés y abondent. On y trouve la pastèque, fruit à l'écorce verte, à la chair rose, aux pepins noirs, à la saveur d'eau sucrée, née pour balancer l'effet dévorant du climat; les figues, les aubergines.

Le long des rochers, la terre, soutenue, comme en Palestine, par des remparts de pierres, porte l'olivier au feuillage gris et bleuâtre.

Les orangers apparaissent aux environs d'Hières; des plantes africaines se montrent sur quelques points de la côte. Le pays n'est pas industrieux; on y remarque une négligence presque espagnole; le vin, très abondant, de bonne qualité, perd sa valeur par la grossièreté de la fabrication; mais le soleil vient au secours de l'homme. Malgré son aridité générale, la Provence présente de beaux aspects, et malgré l'insouciance de ses habitants, elle n'est pas pauvre.

(La suite prochainement.)

VICTOR HENNEQUIN.

VICTOR CONSIDERANT.

MANUSCRITS DE FOURIER.

L'INVENTEUR ET SON SIÈCLE.

SOMMAIRE.

I. Le sphinx sans OEdipe, ou l'énigme des Quatre mouvements.

II. L'entretien.

III. Annonce d'une nouvelle publication.

IV. Du monopole de génie qu'exerce la ville de Paris.

V. La nouvelle Isabelle.

LE SPHINX SANS OEDIPE, OU L'ÉNigme des quatre MOUVEMENTS.

(232 pièce, cote supplémentaire.)

Tel brille au second rang qui s'éclipse au premier.

Les Français si habiles à deviner les énigmes d'enfants, les charades, les logogriphes, ont échoué sur une grande énigme contenue dans un livre bizarre qui fut publié en mai 1808, sous le titre de Théorie des quatre mouvements et des destinées générales; Prospectus et annonce de la Découverte.

Ils m'adressèrent à ce sujet des plaisanteries usées, des critiques dignes d'échappés de collège, des sobriquets d'imbécillité, de démence, d'ânerie et autres grossièretés familières aux Français qui aiment à se faire valoir en dépréciant ce qui est au dessus de leur portée.

Tout autre que moi se serait morfondu à prouver aux journalistes qu'il n'était pas une bête. Pour moi qui n'ai pas de prétention à l'Académie, je ne répliquai rien à ces Messieurs, qu'il m'eût été bien facile de confondre en rassemblant sur une feuille, que j'aurais fait distribuer, les principaux arguments de ce livre qu'ils accusaient de démence;

TOME IX

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mais en me démasquant trop tôt j'aurais perdu le fruit de mon travestissement. Il me convenait de rester âne à leurs yeux pendant une année au moins. Après ce délai il eût été trop tard pour riposter sur des facéties oubliées. Aujourd'hui que je publie une seconde annonce, je puis lever le masque au sujet de la première; c'est à mon tour de badiner les plaisants, de rendre à chacun selon ses œuvres et de prouver que dans cette affaire « le plus âne de tous n'est pas celui qu'on pense. >>>

Comment ces beaux esprits n'ont-ils pas reconnu par le seul titre, Théorie des mouvements, que le livre était une parodie publiée avant la pièce, que je spéculais sur leur manie de railler en leur jetant cet os à ronger et que je faisais usage d'une ruse bien connue depuis Brutus jusqu'à la fausse Agnès, c'est de contrefaire l'idiot, le niais ou le visionnaire, pour se tirer d'un mauvais pas, et que le livre n'avait de bizarre que l'écorce, chose si vraie que les détracteurs n'ont pas osé en transcrire un seul argument et se sont coupés, confondus eux-mêmes en m'accusant de démence et avouant dans la même feuille que mes raisonnements sont si bien faits, si bien suivis, etc.?

Il suffit donc d'une mascarade littéraire pour mettre en défaut ces Parisiens si subtils, à ce qu'ils disent. Comment n'ont-ils pas reconnu que l'auteur des 4 mouvements était la cruche qui craint de heurter le pot de fer. Je m'étais affublé d'un travestissement pour sonder le terrain. J'avais choisi le déguisement le plus connu, celui d'Arlequin. J'avais fait un livre cousu de toutes pièces, bizarre, de diverses couleurs et divers tons. Quelques-uns me disaient au sujet de ce livre: « Vous avez des passages de grande force, puis tout-à-coup vous tombez bien bas. » Oui, selon les matières dont je traitais; quand j'osais prendre le franc-parler, j'étais bien grave, bien compassé. Quand la discussion devenait épineuse, comme au sujet du mariage, je tombais à dessein, je me cachais sous un masque de grivoiserie, de paradoxe affecté, enfin j'imitais l'habit d'arlequin qui passe tout-à-coup du rouge au gris, du jaune au bleu.

Depuis cette annonce j'ai gardé le silence jusqu'à ce que le temps m'eût fait raison des plaisants. Quel a été le dupé dans cette affaire, ou de moi ou du siècle? a-t-on depuis 1808 fait de grands pas vers le bonheur? La Civilisation tant en Europe qu'en Amérique a-t-elle coulé des jours tissus de fleurs? Quelle différence pour elle si elle eût accepté et éprouvé sur un village la théorie que je lui offrais en 1808! Dès 1809 on aurait vu cesser les guerres par toute la terre; on aurait procédé à l'organisation de l'Unité universelle qui aurait été pleinement achevée en 1813. Le fondateur (je suppose que c'eût été le monarque de France) aurait vu dès l'an 1812 toutes les nations du globe députer un

congrès dans sa capitale pour l'élever au trône de l'unité universelle, et l'Angleterre, dès cette époque, lui aurait remis ses escadres sur estimation pour être employées au service unitaire. La perspective d'un tel résultat ne valait-elle pas l'examen et l'épreuve d'une découverte gratuitement offerte, et si l'on veut faire le parallèle de ce bonheur manqué avec le sort dont jouit à présent la Civilisation, ne conviendra-t-on pas que la raillerie a été payée cher et que c'est jouer trop gros jeu que de persifler avant de la connaître une chose d'aussi haute importance que la théorie de l'unité universelle ?

« Il est vrai, dira-t-on, mais votre prospectus ou volume d'annonce était si bizarre qu'il était impossible d'y ajouter confiance. » Voilà sur quoi je vais contester, et le débat est facile à juger. Si cette bizarrerie était naturelle, c'était un titre, un heureux augure en faveur de la découverte annoncée. On sait que les esprits bizarres et originaux ont la propriété de découvrir ce que les savants ont manqué et qu'en fait de découvertes il y a plus de ressources et de moyens dans une tête bizarre que dans celle de vingt académiciens pétris de méthode, et qui ne savent que se traîner dans les sentiers connus, sans jamais concevoir une idée heureuse et hardie. Il était donc fort indifférent que mon prospectus manquât de méthode, puisqu'on y voyait des indices péremptoires d'une grande découverte. Ce prospectus se recommandait par sa bizarrerie même, et si je démontre aujourd'hui que cette bizarrerie, qui à la vérité m'est naturelle, était dans cette occasion, affectée poussée à l'excès dès le titre, qu'eile était une ruse pour sonder le siècle et tendre un piège à quelques malins, on avouera que le livre était bien moins bizarre que les juges n'étaient sots de ne pas y voir une mascarade régulière et conseillée par la prudence. Ainsi, que ma bizarrerie soit naturelle ou simulée, voilà mes juges convaincus de sottise dans l'un et l'autre cas, et voilà un siècle dupé, privé de la plus importante découverte, pour s'être fié au jugement de quelques beaux esprits pétris de mauvaise foi, de malignité et de préjugés. C'est ce que je leur prouverai dans le cours de ce prologue où je vais expliquer la mascarade des 4 mouvements.

Les découvertes, les vérités neuves ne peuvent s'établir que sur la ruine de quelque préjugé: or, il est reconnu que les civilisés, savants comme ignorants, sont incapables de raisonner quand on heurte leurs préjugés quelque énorme avantage qu'on leur fasse entrevoir, ils sont sourds à toute nouveauté qui va contre les préjugés.

Colomb, en leur proposant d'aller chercher le nouveau continent, servait en tous sens leurs intérêts; il servait l'avidité des Génois ses compatriotes, et pourtant les Génois le conspuaient, le bannissaient. Il ser

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